Si vous n’avez vu dans le rachat d’Activision Blizzard King par Xbox que l’ajout de très nombreux jeux et exclusivités dans le Xbox Game Pass, sur PC ou consoles prochainement, vous avez raté une dimension très importante du deal historique qui a été annoncé mardi.
« Cette acquisition accélérera la croissance de l’activité de jeu de Microsoft sur mobile, PC, console et cloud et fournira des éléments de base pour le métavers », annonce d’entrée Microsoft. Tout le décor est posé, de manière pas si étrange que cela.
Métavers gaming en cours
Depuis que Facebook devenu Meta a plongé dans le métavers et entraîné à sa suite toute la Tech désireuse de (re)découvrir un nouveau monde, on ne compte plus l’utilisation à bon escient ou non du terme, de sa philosophie ou même de son concept. Microsoft s’y est également jeté à corps perdu, mais tout d’abord par un biais différent, le télétravail et la productivité, sans jamais cacher que le jeu vidéo en serait un des pans, de l’aveu même de Phil Spencer.
Il y a peu, le patron de Xbox et future tête pensante de l’entité Microsoft Gaming évoquait ainsi sa propre définition du métavers en le rapprochant de Minecraft. Un parallèle pas si farfelu tant le jeu repose sur une importante communauté, des supports très variés (console, PC, smartphone, tablette, etc.) et de multiples possibilités de création comme d’échanges.
« Le jeu est la catégorie de divertissement la plus dynamique et la plus excitante sur toutes les plateformes aujourd’hui et jouera un rôle clé dans le développement des plateformes métavers », ajoute Satya Nadella, président-directeur général de Microsoft. Le jeu vidéo tient sa force de sa capacité à réunir des joueurs de tous horizons, à proposer des expériences multi support et parfois crossplatforms, tout en mêlant mondes physique et virtuels. Les bases du métavers, univers transversal par essence, sont bien là.
Des millions de joueurs et des communautés grâce à Activision
Et le patron de la firme a promis des investissements dans du « contenu de classe mondiale » et dans le cloud pour ce qu’il annonce comme « l’inauguration d’une nouvelle ère du jeu ». Pour cela, Microsoft remplit son catalogue de jeux en rachetant les studios parmi les plus créatifs et diversifiés du monde, et attire tranquillement des millions de joueurs avec sa proposition mûrie depuis des années et qui porte enfin ses fruits : communauté élargie, consoles puissantes, contenus forts.
Activision revendiquait plus de 390 millions d’utilisateurs mensuels entre ses franchises fortes (Call of Duty, World of Warcraft, Heartstone, Diablo…). Ce sont autant de joueurs à gogo et de communautés bien installées qui tombent dans les mains de Microsoft. Des joueurs qui viendront progressivement, au moins en partie, enrichir le Xbox Game Pass aux ramifications sur consoles, PC, smartphones et tablettes, avant bien d’autres supports encore. Et aussi poser les bases du futur univers accessible depuis n’importe où.
Car l’intérêt du rachat d’Activision est aussi d’offrir à Xbox et Microsoft un pied sur mobile avec les licences King et Call of Duty Mobile notamment, mais surtout une véritable expertise qui faisait défaut. Et d’imaginer déjà les jeux multijoueurs, ceux avec des univers transversaux comme Minecraft ou qui permettent d’en voir fleurir sous la bannière Microsoft. Avec le rachat d’Activision, c’est « une course à l’armement dans le métavers » qui s’organise selon l’analyste David Wagner chez Aptus Capital Advisors. Et Microsoft est plus que jamais en bonne position.
Des concurrents désormais baptisés Google et Meta
Phil Spencer et Satya Nadella le laissent transparaître entre les lignes : leurs concurrents ne sont plus vraiment PlayStation ou Nintendo, mais les Google, Amazon, Meta et autres qui voient plus loin et plus large que le simple jeu vidéo. Ce n’est sans doute pas sans raison que la nouvelle branche se nomme Microsoft Gaming et pas simplement Xbox Gaming qui restreindrait la vision de beaucoup aux simples consoles et PC.
Le métavers, terme terriblement à la mode, consiste avant tout à proposer une expérience fluide, massivement partagée avec des amis ou des contacts, dans un environnement virtuel, sans perdre totalement contact avec la réalité au moyen d’accessoires. Vous le voyez le parallèle avec des MMO, ces mondes massivement multijoueurs à la World of Warcraft récemment tombé dans le giron de Microsoft ? WoW d’un côté, Minecraft plus grand public de l’autre, Call of Duty et même avec son gratuit Warzone ou sa version mobile multijoueurs : des endroits où les joueurs se côtoient et échangent, comme autant de petits métavers potentiels.
« Lorsque nous réfléchissons à notre vision de ce que peut être un métavers, nous pensons qu’il n’y aura pas de métavers unique et centralisé et qu’il ne devrait pas y en avoir », avait confié Nadella lors d’un appel avec des investisseurs. « Dans le jeu, nous voyons le métavers comme un ensemble de communautés et d’identités individuelles ancrées dans des franchises de contenu solides, accessibles sur tous les appareils. » En cela, le rachat d’Activision est déjà un pas solide dans ces multiples métavers et autant de moyens de garder des joueurs captifs chez soi, quel que soit le lieu d’origine ou leur support de jeu.
Des jeux très populaires, des univers riches et interactifs : Microsoft récupère là plus de passerelles que réellement de métavers clé en main. Encore faut-il fidéliser les joueurs, dont certains faisaient les beaux jours de la PlayStation. Pour les attirer sur Xbox Series X⎮S, Microsoft a un argument de taille : le Xbox Game Pass.
Quoi de mieux qu’un service d’abonnement et un accès à une liste longue comme le bras de jeux à découvrir à l’envi et pour un simple prix ? Nourrir la curiosité et la satiété du futur acteur du métavers est une fine stratégie élaborée depuis le lancement de l’offre. En s’attachant des licences fortes, Microsoft va donner envie aux joueurs de rester et de découvrir d’autres expériences, gaming ou autres. Et en cela, la réalité virtuelle, annoncée comme la porte d’entrée au métavers, pourrait être la prochaine étape pour le fabricant dont la console Xbox ne prend pourtant toujours pas en charge ce type d’appareil. Il est temps que cela change.
Prochaine étape, le casque ?
Car pour aller titiller les ambitions de Meta ou Google en matière de métavers, il faut savoir proposer des univers interactifs, communautaires et riches, faciles d’accès. Microsoft a les serveurs Azure pour la puissance, les outils (Teams, Mesh ou le jeu vidéo) pour le faire tourner, et les contenus à disposition avec sa trentaine de studios pour plancher sur les jeux et univers. Il ne lui manquerait presque plus qu’un vecteur pour concurrencer le casque de réalité virtuelle Oculus Quest 2, ou désormais Meta Quest.
Certes, Microsoft dispose de son casque HoloLens, très polyvalent et efficace, mais onéreux et surtout tourné vers le monde professionnel. L’entreprise de Redmond avait noué quelques partenariats il y a quelques années avec des fabricants comme HP pour des casques de réalité mixte et une approche de l’expérience VR simplifiée, mais rien n’a réellement pris et la partie gaming du projet n’a pas son accessoire comme Sony a le PlayStation VR. Et pourquoi pas de rêver à un rachat de Steam pour hériter d’une plateforme et d’un casque Valve. Microsoft n’est plus à une folie près…
C’est sans doute là la prochaine étape pour Microsoft, la prochaine brique du métavers en construction. Satya Nadella n’a visiblement pas peur de sortir le chéquier pour des projets fous (mais jamais si fous que ça quand on connaît le pragmatisme du groupe américain). Son entreprise construit son métavers sur des avatars personnalisés qui pourront passer d’un environnement de travail à celui du jeu vidéo, tout en restant dans un espace immersif bien cadré. Il leur faut un vaisseau pour cela. Le smartphone peut en être un via la réalité augmentée, mais un casque n’a pas son pareil en confort, ergonomie et plongée dans un autre monde.
Reste que le rachat d’Activision Blizzard et l’accès à toutes les technologies de cette dernière se fera au plus tard en juin 2023. Le métavers sera-t-il passé de mode d’ici là ou une réalité bien ancrée ? C’est l’autre grand mystère de l’avenir de Microsoft et la réponse à ce deal historique.
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Ça me paraît hautement hypothétique tout ça et conditionné par beaucoup de réussites technologiques et réseau...
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