La grande campagne de communication de Microsoft continue pour faire approuver son rachat d’Activision-Blizzard par les autorités. Plus tôt dans la semaine, Microsoft a fait publier dans le Washington Post un édito de Brad Smith renvoyant PlayStation à un simple loueur de DVD à l’ère de Netflix. Au même moment, la CWA, le premier syndicat américain dans le jeu vidéo, a fait publier un édito dans le média The Hill pour soutenir le rachat et annoncer un exemple historique avec Bethesda.
Désormais, c’est sur le sujet de Call of Duty que Microsoft veut rassurer les autorités avec des accords très concrets.
Une promesse à lire attentivement
C’est au tour de Phil Spencer de prendre la parole pour défendre le dossier. Le patron de Microsoft Gaming s’était un peu mis en retrait sur le sujet, la portée du rachat étant hiérarchiquement au niveau de la direction de Microsoft à présent.
Sur Twitter, il a confirmé la signature d’un accord important avec Valve et Nintendo. À en lire minutieusement la formulation des tweets, les deux contrats sont différents.
Concernant Nintendo, il s’agit d’apporter la licence Call of Duty pendant 10 ans sur les plateformes de Nintendo. On pense évidemment à la Switch, mais avec une période aussi longue, il faut aussi avoir en tête à la prochaine console du fabricant. Par contraste, dans le second tweet, Phil Spencer indique que Xbox s’est engagé à sortir les jeux Call of Duty simultanément sur Xbox et Steam.
Bien sûr, tout cela ne se fera que si Microsoft peut prendre le contrôle d’Activision-Blizzard, et donc si les autorités acceptent le rachat.
Call of Duty arrive sur Switch, mais comment ?
On comprend donc que dans le cas de Nintendo, il ne s’agit pas forcément d’une sortie simultanée avec Xbox et Steam. En réalité, dans ce tweet, Microsoft ne s’engage même pas à sortir les mêmes jeux Call of Duty que sur les autres plateformes.
Évidemment, le contrat signé avec Nintendo est plus détaillé que la retranscription en un tweet de Phil Spencer. Mais c’est aussi un engagement public où chaque mot présente son importance. Dans le même ordre d’idée, s’il s’engage à proposer Call of Duty chez Nintendo pendant 10 ans, il ne s’engage pas à proposer chaque épisode.
Par exemple, commercialiser le jeu Call of Duty Mobile sur Nintendo Switch et le maintenir à jour durant les 10 prochaines années correspondrait à l’accord tel que formulé par le tweet. Si l’on imagine les épisodes principaux de la franchise arriver sur Switch, cela pourrait se faire grâce au cloud. De plus en plus de jeux multiplateformes se reposent sur cette solution pour la version Switch.
Pour Microsoft, on peut penser qu’il s’agit d’un compromis important pour obtenir l’accord des autorités. En réalité, depuis le début du projet de rachat, Microsoft a souvent utilisé une analogie entre Call of Duty et Minecraft dans sa stratégie.
Une situation gagnant-gagnant pour le géant de la tech : il augmente massivement ses revenus avec le succès probable sur Switch tout en mettant en avant son Game Pass sur ses propres plateformes. Cet accord le contraint finalement surtout à obtenir une nouvelle source de revenus pour une licence phare. On a déjà vu pire comme contrainte.
PlayStation acculé
La signature de cet accord avec Nintendo et Valve est surtout un geste politique pour acculer Sony.
Le constructeur de la PlayStation ne peut plus faire craindre publiquement l’idée d’une exclusivité Xbox pour Call of Duty qui pourrait mettre en danger sa plateforme de jeu. Avec ce retournement, Microsoft veut faire passer Sony pour le mauvais élève de l’industrie : en situation de force, mais qui refuse d’évoluer vers une forme de Netflix du jeu vidéo. Sony s’opposerait au rachat de façon malhonnête pour protéger sa position.
Comme indiqué plusieurs fois publiquement, Microsoft a proposé le même accord à Sony.
Dans une interview avec Bloomberg, Phil Spencer va plus loin sans mâcher ses mots à l’égard de PlayStation.
De notre point de vue, il est clair qu’ils passent plus de temps avec les régulateurs qu’avec nous pour essayer de conclure cet accord.
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