Microsoft x Activision : comment les États-Unis ont court-circuité l’UE

 
On connaît mieux le contexte derrière la plainte surprise déposée par la FTC aux États-Unis contre le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft à la fin de l’année 2022. La manœuvre aurait été stratégique pour ralentir la procédure en Europe.
Source : Microsoft

En décembre 2022, la Federal Trade Commission aux États-Unis a décidé de poursuivre Microsoft et Activision en justice pour faire bloquer le rachat du dernier par le premier. Un projet de rachat historique, à la fois le plus gros de l’histoire pour le jeu vidéo, la tech et Microsoft.

Une enquête de Bloomberg vient désormais lever le voile sur le contexte de cette accusation qui précise la stratégie des Américains et clarifie l’un de leurs objectifs : l’Union européenne.

Mettre à mal la négociation entre Microsoft et l’Europe

Comme certains analystes avaient pu l’imaginer, la décision de la FTC de poursuivre Microsoft et Activision et de l’annoncer dès la fin de l’année 2022 a pris de vitesse la firme de Redmond ainsi que l’Union européenne.

D’après Bloomberg, la FTC a publié son annonce quelques heures après une conversation entre des représentants de l’agence américaine et leur équivalent du côté de l’Union européenne. Au cours de cette discussion, les représentants européens auraient indiqué leur intention de négocier avec Microsoft.

Des sources proches du dossier interrogées par le média ont révélé qu’elles s’attendaient plutôt à une action de la FTC au printemps 2023, après les avis de l’UE et du Royaume-Uni. En prenant tout le monde de court, la FTC a donc envoyé un signal très fort. Ce faisant, là où le projet pouvait paraître bien parti, avec Microsoft très confiant de son dossier, son avenir est paru bien plus incertain après l’ouverture de cette procédure.

Pourquoi la FTC a-t-elle choisi cette stratégie ? Si Microsoft avait réussi à mener une négociation avec l’Union européenne, cette dernière aurait pu valider très tôt le projet. Cette validation de l’Europe aurait rendu plus difficile toute manœuvre des autorités dans les autres pays. En effet, Microsoft comptait sans doute signer des accords avec l’UE qui auraient eu une valeur internationale du type « nous allons proposer Call of Duty sur d’autres plateformes partout dans le monde pendant plusieurs années ». Ce genre d’accord aurait grandement affaibli le dossier de la FTC.

La négociation est encore possible

La suite, on la connait, l’Union européenne n’a finalement pas négocié avec Microsoft et s’apprêterait à publier un avertissement contre le rachat. Ce dernier devrait lister les points problématiques du projet et ouvrir officiellement une nouvelle phase de négociation.

L’UE et le Royaume-Uni doivent rendre leur décision d’ici à la fin du mois d’avril 2023.


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