Activision Blizzard : le Royaume-Uni bloque le rachat, Microsoft et Activision réagissent

 
La décision était attendue depuis de nombreux mois et marque un grand défi pour le projet de rachat d’Activision Blizzard par Microsoft : l’autorité de la concurrence au Royaume-Uni a bloqué le rachat.
Source : Microsoft

Les équipes d’avocats de Microsoft et d’Activision vont devoir repartir à la charge. Alors qu’elle semblait avoir changé d’avis après s’être montrée plutôt défavorable à l’origine, la CMA, l’autorité de la concurrence au Royaume-Uni, vient d’annoncer le blocage du projet de rachat d’Activision Blizzard King par Microsoft.

Cette annonce est très importante, c’est un grand coup de frein au projet porté par Microsoft depuis l’annonce du rachat le 18 janvier 2022, dans l’un des quatre territoires majeurs pour trancher le rachat. La firme doit aussi faire face à une tentative de blocage aux États-Unis et l’incertitude de la décision de la Chine et de l’Union européenne.

Le cloud gaming a été déterminant

En février 2023, la CMA était inquiète par deux aspects du rachat : l’avenir du marché de la console de jeu face à PlayStation et celui du cloud gaming où Microsoft a déjà une grande avance. La première crainte a été écartée en mars quand la CMA est arrivée à la conclusion que PlayStation ne serait pas mis en danger par ce rachat.

Concernant la seconde crainte, les nombreux accords signés par Microsoft avec ses concurrents dans le cloud gaming pour garantir l’accès à ses jeux ne semblent pas avoir éteint les craintes de la CMA.

La décision finale d’empêcher le rachat intervient après que la solution proposée par Microsoft n’a pas permis de répondre efficacement aux préoccupations du secteur du cloud gaming, exposées dans les conclusions provisoires de l’autorité de la concurrence et des marchés (CMA) publiées en février.

Microsoft n’a pas convaincu

D’après la CMA, le marché du cloud gaming est en pleine croissance. Sur ce marché, Microsoft occupe déjà 60 à 70% des parts du marché britannique. Le rachat impliquerait la main mise de Microsoft sur des licences juteuses comme Call of Duty, Overwatch et World of Warcraft qui pourraient renforcer cette avance.

Microsoft s’est engagée de manière constructive avec nous pour tenter de résoudre ces problèmes et nous lui en sommes reconnaissants, mais ses propositions n’ont pas permis de répondre à nos préoccupations et auraient remplacé la concurrence par une réglementation inefficace sur un marché nouveau et dynamique.

Les accords signés par Microsoft n’ont pas convaincu, car d’après la CMA, ils ne permettent pas de couvrir suffisamment de modèles économiques. En effet, Microsoft a surtout signé avec des services où il est nécessaire d’acheter les jeux, comme GeForce Now, plutôt que des services à catalogue, comme le Xbox Game Pass. Par ailleurs, la CMA pointe du doigt que les accords ne permettaient pas aux fournisseurs de service de se détacher de Windows pour leur infrastructure, donnant toujours un avantage à Microsoft.

Microsoft et Activision préparent déjà leur appel

Microsoft a été la première à réagir suite à cette décision par un tweet de Brad Smith, le président de Microsoft, en annonçant souhaiter faire appel.

La réaction d’Activision Blizzard par voix de presse est, sans surprise, solidaire de la décision de Microsoft de faire appel. Le ton employé par le porte-parole d’Activision est un peu plus musclé : « nous travaillerons de façon agressive avec Microsoft pour retourner cette décision en appel ». Le porte-parole affirme carrément que « Le Royaume-Uni est manifestement fermé aux entreprises » et que « les conclusions du rapport ne rendent pas service aux citoyens britanniques ».

La réaction d’un porte parole d’Activision // Source : Melinda Davan-Soulas

Et maintenant ?

L’Union européenne devrait être la prochaine juridiction majeure à rendre son verdict. La date limite est fixée au 22 mai 2023. Avec un premier refus aux États-Unis et désormais au Royaume-Uni, le projet de rachat commence sérieusement à battre de l’aile.

Si Microsoft et Activision indiquent aujourd’hui qu’elles souhaitent continuer le combat, cela signifie qu’elles s’embarqueraient dans des combats juridiques assez longs. Le procès avec la FTC pourrait à lui seul durer plusieurs années. Les deux firmes peuvent à tout moment abandonner le projet de rachat malgré la communication actuelle.


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