Microsoft fait un pari sur la fusion nucléaire, bien que ce soit encore flou

 
Le géant des technologies Microsoft a trouvé un accord avec l’entreprise américaine Helion Energy afin d’être un de ses premiers clients à lui acheter de l’énergie produite par fusion nucléaire, dès 2028. Un projet aux objectifs encore incertains et possiblement risqué pour la multinationale.
Microsoft a signé un partenariat avec Helion Energy pour être parmi les premiers à lui acheter de l’énergie par fusion nucléaire // Source : Montage Frandroid

Après son pari à succès de plusieurs milliards de dollars dans OpenAI, Microsoft relance les dés dans le domaine de l’énergie. Le 10 mai 2023, l’entreprise Helion Energy a annoncé sur son site un accord exclusif avec le géant du web : dès 2028, Microsoft pourra faire partie de ses premiers clients à lui acheter de l’énergie produite par sa future centrale à fusion nucléaire.

C’est le premier accord de ce type au monde pour cette technologie… pourtant encore bien trop immature.

Passer du prototype à la centrale d’ici à 5 ans

Encore en développement, cette technologie (identique à celle de notre soleil) fait l’inverse de nos centrales nucléaires actuelles : plutôt que de diviser des atomes pour produire de l’énergie, elle les fusionne, permettant de créer bien plus d’électricité Et ce, sans dégager de déchets radioactifs à vie longue, réglant l’un des principaux défauts de nos centrales d’aujourd’hui.

Plusieurs entreprises cherchent donc à appliquer cette méthode à grande échelle afin de commercialiser cette énergie propre. Helion est déjà à l’origine de six prototypes de réacteurs à fusion nucléaire et prévoit de mettre en route un septième réacteur d’ici à 2024, précise son site.

Mais dans son annonce de partenariat avec Microsoft, Helion promet cette fois-ci qu’une centrale à fusion nucléaire commerciale serait prête « d’ici à 2028 et visera une production d’électricité minimum de 50 mégawatts après une période de montée en puissance d’un an ». Une quantité encore assez faible, mais notable pour cette technologie, précise le média en ligne The Verge.

Helion ne précise pas toutefois le montant du chèque mis sur la table par Microsoft, ni à quel prix l’entreprise lui vendra cette énergie très chère à produire. Mais la présence de Sam Altman (PDG d’OpenAI) au conseil d’administration d’Helion a dû aider à convaincre l’entreprise de ce mariage improbable, note The Verge.

Une technologie encore immature

Que Microsoft mise sur ce partenariat pour tenir son engagement d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030, ou simplement pour avoir un retour sur investissement, le pari semble risqué face au temps restant et à l’immaturité de cette technologie.

L’objectif de 2028 semble très optimiste car « plus précoce que les projections habituelles pour le déploiement de l’énergie de fusion commerciale », reconnaît Helion dans son communiqué.

Une photo de la lumière produite par la réaction de fusion nucléaire // Source : Helion Energy

« Sur ces enjeux, il ne faut jamais dire jamais. Mais ce serait étonnant qu’ils réussissent », déclare ainsi à The Verge Robert Rosner, physicien à l’université de Chicago. Et pour cause : le média en ligne rappelle que les estimations d’experts tablent plutôt sur une production commerciale de la fusion nucléaire d’ici « la fin de la décennie ou d’ici plusieurs décennies ».

Helion devra donc obtenir des avancées scientifiques majeures en très peu de temps pour atteindre ses objectifs et tenir ses engagements, estime The Verge. Au risque de ne pas tenir ses engagements auprès de Microsoft.


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