Microsoft va quitter le Royaume-Uni ? Satya Nadella ne dit pas non

 
Le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft a été approuvé par l’Union européenne, mais bloqué par le Royaume-Uni. Pour la première fois, le géant n’exclut plus une sortie du marché britannique. Gros coup de bluff ?

Le projet de rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour une valeur approchant les 70 milliards de dollars a pris un nouveau tournant cette semaine avec la validation de l’Union européenne. C’est la première validation obtenue par Microsoft sur les 4 marchés les plus importants : les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et l’Europe.

La firme doit toujours faire face à un blocage pur et simple du rachat par la CMA au Royaume-Uni. Une décision qui a surpris Microsoft, qui n’exclut désormais plus un retrait du marché britannique.

Le gros coup de bluff de Satya Nadella

Le patron de Microsoft Satya Nadella était invité par CNBC pour discuter de la croissance très forte d’OpenAI ChatGPT, avec lequel la firme a un accord commercial de taille, et l’avancement du projet de rachat.

Sur ce dernier sujet, le journaliste interroge précisément le patron de Microsoft : « Pourriez-vous imaginer une ère où vous commercialiseriez vos produits aux États-Unis, si c’est validé, en Europe, mais pas au Royaume-Uni, si ce n’est pas approuvé ? ». Satya Nadella y répond, avec un sourire et une assurance presque menaçante, « attendons que les choses se déroulent ».

Évidemment, il ne peut pas répondre de façon définitive à ce stade. Microsoft et Activision souhaitent pour le moment faire appel de la décision de la CMA au Royaume-Uni et écouler toutes les démarches possibles. Cela reste toutefois très significatif, sur le plan politique, de ne plus exclure un retrait du marché du Royaume-Uni.

Bien qu’il soit plus petit que le marché des États-Unis, de l’Europe ou de la Chine, le marché du Royaume-Uni est tout de même une place centrale du commerce international. On ne quitte pas le territoire d’un claquement de doigts. D’autant que Microsoft et Activision Blizzard ont une vraie présence sur le sol britannique, notamment à travers des studios comme Playground Games ou Rare.

Ne plus commercialiser ses produits au Royaume-Uni, cela voudrait dire priver le pays de Windows, des serveurs Azure ou encore des solutions Office pour les entreprises. Autant de rouages complètement intégrés au quotidien de l’économie occidentale aujourd’hui. Une menace qui sonne donc quelque peu Cyberpunk, un univers dystopique où les entreprises ont davantage de pouvoir que les États.

On a tout de même du mal à imaginer Microsoft passer à l’action sur cette porte ouverte menaçante. Cela signifierait laisser à ses concurrents comme Amazon AWS ou Google Workspace, l’intégralité du marché britannique. Un pied dans la porte qui pourrait déstabiliser les résultats de Microsoft à l’échelle internationale.

La CMA également critiquée par l’Europe

Lors de la publication de la décision par l’Union européenne, la CMA a publié un thread sur Twitter justifiant son désaccord avec le reste de l’Europe sur ce projet de rachat.

Interrogé sur cette différence de jugement, un représentant de l’Union européenne cité par le Financial Times a indiqué que la CMA avait « surestimé » le poids de Microsoft dans le cloud gaming. Un discours que Frandroid est également en mesure d’attester.

Les 60 à 70 % de parts de marché attribuées à Microsoft par la CMA correspondraient à la totalité des abonnés au Xbox Game Pass Ultimate. Toujours d’après le représentant, ces abonnés n’utilisent pas forcément tous l’accès au cloud gaming proposé par leur abonnement, ce qui entraine une grande erreur de calcul. Par ailleurs, d’après la Commission, le cloud gaming ne constitue pas un marché séparé, mais un segment du marché du jeu vidéo au sens large.


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