PS6 en 2028, les aveux de Sony, Call of Duty en exclu PS5, Indiana Jones : les premières révélations du procès de Microsoft

 
Le procès entre la FTC et Microsoft concernant l’injonction pour empêcher le rachat d’Activision Blizzard a ouvert le jeudi 22 juin 2023. Comme attendu, ce terrain d’affrontement juridique a été le lieu de plusieurs révélations sur les coulisses de l’industrie.

Le tribunal est le lieu où les marques sont parfois obligé d’abandonner les faux semblants pour déclarer la vérité et rien que la vérité. C’est donc une occasion parfaite pour en apprendre plus sur les coulisses d’une industrie et en décortiquer des détails juteux.

Comme dans le cas du procès Epic Games vs Apple, le procès qui oppose la FTC et Microsoft devant un tribunal fédéral de Californie permet d’ores et déjà de découvrir certains de ces détails. Voici un résumé de ce que l’on a appris lors du premier jour du procès.

Une PS6 et une nouvelle Xbox dès 2028 ?

Avant même l’ouverture du procès, l’un des documents juridiques a mis le feu aux poudres de la presse vidéoludique. On peut, en effet, lire que Microsoft prédit le lancement de la prochaine génération de consoles pour l’année 2028. Il s’agirait de l’année estimée pour le lancement de la PlayStation 6 et de la prochaine Xbox.

Cette date est importante pour Microsoft, car la firme a promis un contrat de 10 ans à Sony pour garantir l’accès de PlayStation aux jeux Activision Blizzard. Le contrat serait donc toujours valable au moment du lancement de la prochaine génération de consoles.

Dans un témoignage daté d’avril 2023 devant la FTC, Jim Ryan, le patron de PlayStation, déclare que Sony ne souhaiterait plus communiquer les informations sur sa prochaine console de jeu si le rachat se faisait. « On ne pourrait tout simplement pas courir le risque qu’une entreprise appartenant à un concurrent direct ait accès à ces informations ».

Call of Duty aurait pu être une exclusivité PS5

Le témoignage de Sarah Bond, qui est à la tête de l’écosystème Xbox ce qui comprend la relation avec les développeurs externes, a permis de révéler des détails sur les relations entre Microsoft et Activision.

On a pu notamment découvrir que Bobby Kotick, le patron d’Activision, a forcé la renégociation du partage de revenu entre Microsoft et l’éditeur grâce à Call of Duty. En effet, le patron a menacé de ne pas lancer Call of Duty sur Xbox Series en 2020 lors du lancement de la génération de consoles. De facto, cela aurait fait de Call of Duty une exclusivité PS5.

Compte tenu de la force de la licence, c’était une éventualité impossible pour Microsoft qui a consenti à renégocier le partage de revenu. On comprend du témoignage que la firme a validé un partage 80 / 20 à la faveur d’Activision, plutôt que le partage classique 70 / 30 pratiqué dans l’industrie.

Par ailleurs, on apprend de la part de Sarah Bond que le contrat marketing liant PlayStation et Activision sur le lancement de Call of Duty Vanguard empêchait Microsoft d’annoncer dans sa conférence une disponibilité du jeu sur Xbox. En fait, Microsoft pouvait seulement communiquer sur le lancement du jeu là où il n’y avait pas de clients d’autres plateformes, autrement dit ni sur YouTube ni sur le reste du web.

La révélation sur le partage de revenu et les coulisses de la négociation pourraient avoir des répercussions sur les futures négociations menées par Microsoft avec d’autres partenaires comme Ubisoft ou EA.

Indiana Jones sera une exclusivité Xbox à cause de Microsoft

Le 12 janvier 2021, Bethesda a dévoilé que l’éditeur avait signé avec Lucasfilm Games pour le développement d’un jeu Indiana Jones. Nous n’avions eu aucune nouvelle du jeu, du moins jusqu’à aujourd’hui. Le jeu ayant été annoncé après le rachat de Bethesda par Microsoft, mais le contrat ayant été signé avant, la question de l’exclusivité Xbox se posait depuis lors.

Le témoignage de Peter Hines, le directeur de l’édition chez Bethesda, a permis de clarifier la situation. Le contrat d’origine concernait bien le développement d’un jeu multiplateforme, une pratique courante pour un jeu adapté d’une licence de cinéma, mais Microsoft a fait modifier le contrat après le rachat.

Désormais, Indiana Jones est officiellement une exclusivité Microsoft qui ne devrait donc sortir que sur PC et consoles Xbox.

PlayStation n’aurait pas vraiment de problèmes avec le rachat

Depuis l’annonce du projet de rachat d’Activision Blizzard, Sony PlayStation a été un opposant particulièrement vocal de l’idée. La marque a clamé à de nombreuses reprises que le risque de voir Call of Duty devenir une exclusivité Microsoft pouvait mettre en danger l’avenir de PlayStation.

Lors du procès avec la FTC, Microsoft a révélé un échange de mails entre Jim Ryan, le patron de PlayStation, et Chris Deering, alors président de la branche européenne. Dans cet échange, Jim Ryan confesse que « Il ne s’agit pas du tout d’une question d’exclusivité, Microsoft voit plus grand que cela. Je suis presque sûr que nous continuerons à voir CoD sur PlayStation pendant de nombreuses années » avant de conclure « tout ira bien. Nous serons plus que bien ».

On comprend donc que Sony ne serait pas réellement inquiet pour son avenir concernant Call of Duty et la PlayStation.

Microsoft ne voulait pas mettre ses jeux chez Nvidia

« Jamais de la vie », c’est la réponse de Matt Booty en 2019 à la question d’apporter les jeux Xbox Game Studio sur le service de cloud gaming Nvidia GeForce Now : « Nous avons retiré tous les titres Xbox Game Studios de GeForce Now, afin de ne pas concurrencer xCloud. » Il justifie sa décision d’alors par la frustration générée par Nvidia à ce moment : « J’ai été frustré par le processus. Nous n’avions pas conclu d’accords clairs avec Nvidia pour l’utilisation de nos licences. Dans certains cas, ils mettaient des jeux sur leur service sans notre autorisation. »

En 2023, la situation a bien changé et Nvidia a réalisé un coup de maitre : signer pour 10 ans l’arrivée de tous les jeux Xbox et Bethesda sur sa plateforme, peu importe l’issue du procès. La firme obtiendra aussi les jeux Activision Blizzard si le rachat aboutit.

Microsoft travaillait sur un abonnement dédié au cloud

Lors du procès, Microsoft a voulu minimiser la force de son service de cloud gaming. D’après la firme, la majorité de l’utilisation de Xbox Cloud Gaming se fait aujourd’hui sur une console Xbox pour streamer un jeu en attendant qu’il soit téléchargé. Autrement dit, ce serait vu comme une simple fonction de la console, et non comme un marché séparé.

Sarah Bond a admis que Microsoft travaillait un temps sur la création d’un abonnement dédié à l’accès à Xbox Cloud Gaming qui ne soit pas intégré au Xbox Game Pass. La firme aurait changé de stratégie devant le coût en infrastructure de son service. D’après Sarah Bond, Microsoft préfère désormais signer des contrats avec d’autres fournisseurs de service.

Xbox admet une nouvelle fois sa défaite

Lors du procès, Microsoft a réitéré son aveu d’échec sur le marché de la console de jeu face à Nintendo et PlayStation. On peut lire dans un document que Microsoft admet être 3ᵉ du marché depuis son arrivée en 2001.

La console Xbox s’est toujours classée troisième (sur trois) derrière la PlayStation et Nintendo en termes de ventes. En 2021, la part de la Xbox était de 16 %. De même, en ce qui concerne les recettes tirées des consoles et la part des consoles actuellement utilisées par les joueurs (« parc installé »), la Xbox est en queue de peloton avec 21 %.

D’après la firme, le principal motivateur de son rachat est Candy Crush avant même Call of Duty : « les joueurs passent au smartphone » a déclaré Beth Wilkinson, l’avocate principale de Microsoft, dans son propos liminaire. Ce marché représenterait 145 milliards de dollars et 94 % des joueurs seraient aussi des joueurs sur smartphone.

La fin du premier jour

Ces révélations ont eu lieu lors du premier jour d’audience, mais le procès continue. Le 2ᵉ jour, programmé pour ce vendredi 23 juin devrait voir témoigner Phil Spencer, patron de Microsoft Gaming, et Jim Ryan, le patron de PlayStation. Ils seront accompagnés de Dov Zimring, qui a travaillé pour Google Stadia, et Jamie Lawver, l’un des directeurs financier de Microsoft.


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