Jour 4 pour les audiences du procès entre la FTC et Microsoft et un jour assez important puisque c’était l’occasion pour les patrons d’Activision Blizzard, Bobby Kotick, et Microsoft, Satya Nadella, de témoigner concernant ce projet de rachat à 68,7 milliards de dollars.
Au centre des débats, la question de l’exclusivité de Call of Duty si la licence doit tomber sous le contrôle de Microsoft. Le témoignage de Bobby Kotick était l’occasion de reparler de la Nintendo Switch et de la prochaine console du constructeur, celui de Satya Nadella se concentrait sur la question des exclusivités PlayStation et Xbox.
« J’aimerais me débarrasser de toutes les exclusivités »
Lors d’un témoignage parfaitement ciselé, Satya Nadella a tout à la fois plaidé pour la fin des jeux exclusifs sur console tout en mettant en cause Sony.
Si cela ne tenait qu’à moi, j’aimerais me débarrasser de toutes les exclusivités sur les consoles, mais ce n’est pas à moi de le définir, surtout en tant qu’acteur à faible part du marché des consoles. L’acteur dominant du marché a défini la concurrence à l’aide d’exclusivités, c’est donc le monde dans lequel nous vivons. Je n’aime pas ce monde.
D’après le patron de Microsoft, les exclusivités consoles, c’est-à-dire les jeux qui ne sortent que sur une plateforme pour motiver à l’achat de la console, serait une mauvaise chose. Comme il le rappelle dans la suite de son témoignage, Satya Nadella a toujours défendu le développement de logiciels sur le maximum de plateforme disponible depuis qu’il est devenu patron de Microsoft. L’un de ses premiers actes en tant que CEO avait été de déployer la suite Microsoft Office sur iPad. Au début du procès, on apprenait que Microsoft avait sérieusement réfléchi à proposer ses jeux Xbox sur les consoles concurrentes.
Quand Satya Nadella parle d’acteur dominant, il vise avant tout Sony PlayStation dont une partie de la stratégie commerciale est de priver les consoles Xbox de certains jeux. Le dernier cas en date est Final Fantasy XVI, un grand jeu d’après Numerama.
Les exclusivités sont-elles une bonne chose ?
Avec ce témoignage, Satya Nadella relance la question de l’intérêt des exclusivités sur console. La stratégie sur le contenu fait partie intégrante de la compétition des consoles de jeux depuis plusieurs générations. La raison pour laquelle de nombreux joueurs et joueuses achètent une PlayStation est pour jouer au dernier The Last of Us ou Spider-Man. De même, l’achat d’une console Nintendo est souvent motivé par les franchises Super Mario, The Legend of Zelda ou encore Pokémon.
La clé du débat, c’est que le développement de ces jeux à plusieurs centaines de millions de dollars (220 millions dans le cas de The Last of Us Part 2) est validé par les fabricants, pas seulement pour leurs ventes potentielles, mais aussi leur capacité à attirer vers une console de jeu précise.
Autrement dit, dans un monde sans exclusivités, est-ce que Sony accepterait de dépenser autant de budget dans les développements de ces jeux si appréciés de la critique et du public. Prendraient-ils une forme différente avec d’autres systèmes de monétisation ? Ce sont peut-être les revers de la médaille à considérer.
À l’inverse, pour aller dans le sens du patron de Microsoft, l’idée même des exclusivités d’une console participe d’un non-sens écologique. Elle contraint le joueur à investir dans une Xbox et une PlayStation, deux consoles aux caractéristiques très proches, s’il souhaite jouer aux jeux des deux fabricants. La bonne nouvelle est qu’il existe une machine qui réunit de plus en plus de jeux des deux constructeurs : le PC. Pour les jeux Nintendo en revanche, le débat reste entier.
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