Windows Phone : l’interface qui avait un métro d’avance

 
Windows Phone, officiellement déclaré en fin de vie par Microsoft, adoptait une interface dont le minimalisme tranchait avec l’interface chargée de ses concurrents. Son héritage se poursuit : ses bonnes et moins bonnes idées ont été adoptées depuis dans les OS mobiles modernes.

Un design remis à plat

On n’avait presque plus besoin d’une confirmation officielle pour constater le décès, mais ça y est, Microsoft a enfin admis que Windows 10 Mobile ne bénéficierait plus de nouvelles fonctionnalités, signifiant la fin effective du dernier outsider des OS mobiles. On ne va pas pleurer : seuls les plus acharnés défenseurs du système n’avaient pas remarqué que l’affaire était pliée depuis la sortie des derniers Lumia.

Il y a en revanche des choses intéressantes à tirer d’une analyse de cette interface unique poussée par Microsoft sur Windows Phone 7 et 8, et Windows 10 Mobile. Une analyse qui nous ramène à 2010, l’année où Windows Phone 7 a été dévoilée au public par le même Joe Belfiore qui vient, officiellement, de l’enterrer sur Twitter. Un petit rappel s’impose : voilà à quoi ressemblaient iOS (qui ne s’appelait même pas encore iOS) et Android en février 2010, lorsque Microsoft annonce le successeur de Windows Mobile au MWC de Barcelone.

En mettant l’accent sur des icônes monochromes et ultra simplifiées, et des typographies fines, l’interface Metro (ou Modern UI) de Windows Phone 7 tranche très nettement avec les tendances de l’époque. On ne peut évidemment pas attribuer l’invention de ce qu’on a appelé « flat design » à Microsoft, pas plus qu’à Google ou Apple.

 

Il faut tout de même se rendre à l’évidence que Microsoft avait adopté cette esthétique minimaliste bien avant ses concurrents : on peut dire que le premier Android « flat » est Ice Cream Sandwich (fin 2011), si ce n’est Lollipop (2014) et son Material Design, tandis qu’il faudra attendre 2013 pour que iOS se débarrasse de ses icônes photoréalistes et de ses barres d’outils richement texturées, parfois avec un goût discutable.

On peut aimer ou détester ce minimalisme, notamment quand il est appliqué de manière stricte, voire austère. Mais si Microsoft a joué un rôle ne serait-ce qu’infime dans la disparition des apps en cuir surpiqué, il faut rendre hommage aux designers de Windows Phone 7 !

Credit : iMore

Un écran d’accueil dynamique

Derrière les tuiles, y a aussi une volonté d’offrir un écran d’accueil dynamique et proactif, qui ne nécessite pas d’entrer dans chaque application pour obtenir des informations. Une des démonstrations effectuées à l’époque montrait une application de gestion des vols, capable de vous informer au fur et à mesure sur la porte à emprunter, le temps nécessaire pour traverser le terminal… L’idée n’était pas complètement nouvelle, bien entendu. Android gère l’affichage de widgets sur l’écran d’accueil depuis sa première version. A mi chemin entre une icône et un widget, c’était néanmoins une solution élégante, tout de même susceptible de souffrir d’une surcharge d’informations.

La reprise de certaines idées plutôt controversées des années après est surprenante. Au cœur de l’interface originale de Windows Phone, on retrouve ses titres géants, parfois même étalés sur plusieurs écrans, un délire de designer assez joli sur le papier, mais qui occupe une place beaucoup très importante sur un espace où chaque pixel compte. Et on parle d’une époque où un smartphone de 4,3 pouces est considéré comme de grande taille !

Eh bien cette idée, que même Microsoft a abandonné dès Windows Phone 8, a été reprise, dans une version tout de même moins démesurée, mais tout de même bien envahissante, dans iOS 11. Des gros titres, il y en a partout. Et si Apple se défend en affirmant qu’ils permettent à l’utilisateur de savoir où il se trouve dans l’application, c’est peut-être une solution un peu extrême, qui semble avoir été pensée pour remplir l’espace de l’écran étendu de l’iPhone X.

Apps universelles : un beau rêve

On peut également reprocher à Microsoft d’avoir mis du temps à « standardiser » un peu son interface, ce qui aurait pu être un point, notamment, permettant aux développeurs d’applications tierces de ne pas avoir à réinventer la roue pour porter leurs titres sur l’OS de Microsoft. A force de vouloir trop se démarquer, on prend le risque de s’isoler. Windows Phone 8.1 ou Windows 10 Mobile revenaient sur quelques unes de ces excentricités, et franchement, on aimait sur le papier le modèle d’applications universelles au design adaptatif, capables de s’afficher sur le téléviseur comme sur l’écran d’un smartphone.

De tout ça, il ne reste malheureusement plus grand-chose. Les tuiles subsistent dans le menu Démarrer de Windows 10, mais là encore de gros compromis ont été réalisés par rapport à Windows 8. Les apps universelles vont avoir de plus en plus de mal à s’imposer alors qu’il est désormais possible de convertir une application Win32 et de la distribuer sur le Windows Store. Dommage pour un OS qui apportait une certaine fraicheur et surtout une alternative supplémentaire : il est toujours bon d’avoir un choix entre plus de deux possibilités.


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