Échecs, frigo Xbox, exclusivités, Game Pass : on a discuté avec Ina Gelbert, la boss de Xbox France

 
Avant l’intronisation officielle des Xbox Series S et Series X ce mardi, nous nous sommes entretenu avec Ina Gelbert, directrice Xbox France. Entre la force de la nouvelle génération et un changement de perception, pour elle, le message Xbox commence à prendre.
Source : Melinda DAVAN-SOULAS

Les nouvelles Xbox Series S et Series X arrivent officiellement ce mardi. L’entrée dans une nouvelle ère pour la branche gaming de Microsoft après sept années compliquées avec la génération précédente.

Arrivée à la tête de la division française il y a tout juste un an, Ina Gelbert revient pour Frandroid sur ce lancement un peu particulier en temps de confinement. Les propos de la directrice de Xbox France symbolisent aussi une confiance nouvelle chez Microsoft où l’on sent un changement venir.

Un lancement un peu particulier

Comment se passe ce lancement un peu particulier ?

INA GELBERT : Par rapport au confinement, l’impact n’est pas énorme sur nous. Toute la préparation du lancement, pour les produits comme les services, s’est faite en amont. Les consoles sont déjà parties de nos entrepôts vers ceux des distributeurs. Et puis, il y a la partie événementielle. C’est un peu plus compliqué de faire un lancement aujourd’hui. On aurait aimé faire un événement physique avec les fans et les médias, mais c’est impossible. On a basculé sur des événements digitaux pour prendre la parole. Il y en a d’ailleurs un ce lundi soir pour la France. Et, mardi, il y a aura une célébration mondiale pilotée par Xbox monde pour voir ce qui s’est fait dans les différents pays pour célébrer l’arrivée de la nouvelle génération.

Vous n’avez jamais songé à repousser le lancement avec le confinement ?

Non, il y a des solutions qui sont possibles aujourd’hui. On a fait en sorte d’assurer le maximum de volumes disponibles au moment du lancement, de tenir les délais qu’on avait annoncés sur la production, etc. L’idée, c’est de pouvoir faire en sorte que nos consoles soient là pour la fin d’année, pour tous les gamers qui les attendent.

Ina Gelbert, directrice de Xbox France
Ina Gelbert, directrice Xbox France // Source : Capture Xbox TV

C’est la nouvelle génération de consoles qui séduit et fait mieux comprendre le message ?

Je dirais que c’est depuis que Phil Spencer est aux commandes, avec l’appui de Satya (Nadella, le patron de Microsoft, ndlr) qui a remis le gaming au sein des piliers essentiels de l’entreprise. Ça se traduit par des investissements comme le rachat de Zenimax l’une des plus grosses acquisitions de Microsoft et pas seulement de Xbox, l’ajout de nombreux studios, de contenus, de technologies. Ça montre que le gaming a vraiment un rôle à jouer pour Microsoft et pour montrer sa puissance. L’histoire Xbox est belle et, aujourd’hui, c’est bien mieux perçu.

Les leçons tirées des ratés de la Xbox One

Par rapport au lancement de la Xbox One en 2013, on a senti Microsoft beaucoup plus offensive pour la Xbox Series X, plus sûre de son message et plus décidée à l’assumer…

Avec cette nouvelle génération, on a mis le gamer au centre et on s’est adressé à lui directement, avant de lui expliquer tout ce qu’il pouvait faire en plus avec sa console. L’annonce de la console s’est faite durant un événement gaming. Nous avons été les premiers à prendre la parole, à dévoiler notre console. On a pris les devants, car nous voulions montrer qu’on était encore là pour cette génération et que ça ne faiblissait pas. Nous avons une marque très forte et de grandes ambitions.

On s’est focalisé sur le joueur, ses attentes et comment y répondre.

Vous avez tiré des leçons des ratés du lancement de la Xbox One ?

Peut-être que, sur la génération précédente, on s’était un petit peu perdu en essayant surtout de montrer ce que la console pouvait faire en plus. Là, on a remis l’accent sur les spécificités techniques de la console, les studios qu’on embarque avec nous, les licences fortes qui arrivent, la rétrocompatibilité. Ce qu’on veut désormais, c’est faire en sorte qu’une personne puisse avoir énormément d’avantages dans notre écosystème, avec les jeux et les accessoires qu’elle possède déjà ou grâce aux nouvelles manières de jouer comme le cloud gaming, le cross play ou encore le Play Anywhere. On s’est focalisé sur le joueur, ses attentes et comment y répondre.

Il y a aussi un ton beaucoup plus fun qu’on ne connaissait pas chez Microsoft, comme l’illustre l’histoire du frigo…

Le frigo Xbox, c’est le bon exemple. C’est une manière aussi de jouer sur ces mèmes. Reprendre le frigo grandeur nature, c’est tellement Xbox. On sait que ça prend sur les réseaux sociaux aussi et notre audience, c’est là qu’elle est. Elle passe très peu de temps devant sa TV alors on a beaucoup misé sur la communication digitale pour passer nos messages plutôt que sur une campagne de pub autour de la notoriété. On a un vrai plaisir, dans l’équipe France en tout cas, à avoir un ton décalé et à communiquer avec nos fans.

Le frigo Xbox Series X // Source : Capture vidéo YouTube

Une année pas comme les autres

Ça fait un an que vous avez pris les rênes de Xbox France, le lancement des nouvelles consoles correspond-il à ce que vous aviez imaginé ?

J’ai toujours compris qu’on avait énormément d’ambition sur Xbox. La manière dont on a annoncé la console, c’était quelque chose d’assez marquant, tout comme les annonces additionnelles qu’on est venu faire. Tout s’est accéléré vraiment depuis septembre avec celles autour du Game Pass, l’arrivée du cloud gaming ou des studios de Zenimax. Plus le temps avance, plus on montre notre volonté d’être présents dans l’univers du gaming avec tout ce qu’on fait pour enrichir l’écosystème Xbox. Et j’aime beaucoup la stratégie de combat actuellement sur Xbox. En France, on s’est aussi battu pour avoir le cloud gaming et le All access. Peu de pays les ont. Ce sont nos fiertés.

La communauté, c’est la bonne surprise. Les fans sont fiers d’appartenir à l’écosystème Xbox et le revendiquent

Et à titre personnel, quelle est votre plus grande satisfaction cette année ?

Quand je suis arrivée, il y avait des questions sur mon profil, sur le fait d’être une femme à un tel poste. Mais globalement, j’ai été bien accueillie. Il y a énormément d’interactions qui se font sur les réseaux sociaux au quotidien et on reçoit beaucoup de soutien de la communauté, des remarques constructives, des félicitations sur nos actions, des suggestions. Je trouve que ces échanges sont très enrichissants. Ils nous rapprochent encore plus de la communauté et je ne pensais pas que ça serait à ce niveau-là. C’est la bonne surprise. Les fans sont contents de voir que la marque qu’ils adorent continue de se réinventer. Ils sont fiers d’appartenir à l’écosystème Xbox et le revendiquent.

Ils ont aussi dit qu’ils étaient déçus par le catalogue de la nouvelle génération, sans grosses exclusivités…

Dans un monde idéal, on aurait eu Halo Infinite au lancement. C’était l’ambition. Mais ça n’a pas été possible, car il fallait plus de temps au studio. On a préféré prendre le temps nécessaire pour offrir à la communauté un jeu à la hauteur de ses attentes. Mais on propose quand même dès maintenant la force de la rétrocompatibilité de toutes les générations. Une personne qui prend une Xbox Series S ou Series X ne commence pas de zéro. Elle a déjà plusieurs milliers de jeux potentiellement. Des jeux plus beaux et jouables dès le lancement sur la nouvelle console. Et une trentaine de jeux récents optimisés. Ça fait tout de même des milliers d’heures de jeu disponibles.

Capture d’écran officielle de Halo Infinite // Source : Microsoft

Le futur du jeu vidéo se dessine maintenant

Les exclusivités ne seront-elles plus le nerf de la guerre des consoles ?

Aujourd’hui, notre ambition, c’est de faire en sorte que le gamer puisse entrer dans l’univers Xbox. Je pense que le futur, il est là : d’un côté, la console et la partie PC, puis tous les gens qui passeront par un smartphone ou une tablette, qui joueront en cloud gaming, afin qu’ils puissent tous ensemble se rejoindre un moment dans l’écosystème.

C’est aussi le message du Game Pass que vous enrichissez sans cesse. Il va finir par devenir plus important que la sortie d’un jeu…

C’est une question de choix. L’un n’empêche pas l’autre. Il y a des personnes qui veulent être propriétaires de leur jeu, qui veulent l’acheter et y passer énormément de temps. On leur propose cette option-là. Il y a aussi un autre pan de la population qui veut découvrir des jeux, qui comprend la notion d’abonnement à un prix bas pour plus d’une centaine de jeux sur Xbox et PC avec le cloud gaming pour 12,99 euros par mois. Le Game Pass est notre atout majeur, on va y ajouter le catalogue EA Play à partir de cette semaine. L’offre actuellement est très dense avec de plus en plus d’éditeurs qui proposent des titres. C’est un signe.

Le Xbox Game Pass est disponible sur PC

L’un des ajouts marquants d’ailleurs du Game Pass Ultimate, c’est le cloud gaming. C’est l’avenir pour vous ? Phil Spencer a même évoqué l’idée de l’amener sur TV via une clé HDMI

Il faut étudier tous ces formats pour faire en sorte que le plus de joueurs possible puissent accéder à l’offre Xbox. On parle de trois milliards de joueurs potentiels, mais pas trois milliards qui vont s’équiper d’une console. Il y a d’autres usages qui sont désormais sollicités, d’autres besoins. Le cloud gaming sur smartphone sera peut-être plus naturel en Asie ou en Afrique où l’on consomme beaucoup sur téléphone.

À terme, il n’y aura donc plus de console ?

La console reste à ce jour la meilleure expérience possible. Il n’y a pas de débat là-dessus et pas de raison que ça s’arrête. La console est encore primordiale dans l’offre qu’on a aujourd’hui sur le marché, notamment parce que la connexion internet n’est pas optimale pour tout le monde. Mais on sait qu’un cycle de vie, c’est entre 6 et 7 ans. Nous avons quand même encore une bonne période avec les nouvelles consoles à couvrir.

Xbox paraît extrêmement confiant avec cette nouvelle génération. Quel est le piège à éviter pour ne pas connaître la même déconvenue qu’avec la Xbox One ?

La situation est différente, c’est vrai. Quand je vois ce qu’on est en train de faire, le seul risque, c’est qu’on prenne un peu plus de temps, entre le développement des studios ou avant d’avoir vraiment le catalogue dont on rêve quelque part. C’est ça qui peut nous freiner dans ce qu’on a envie de faire. Mais aujourd’hui, on a la volonté, on se donne les moyens de le faire. On a tout ce qu’il faut. C’est juste une question de temps.

À titre personnel, votre préférence va vers la Xbox Series S ou Series X ?

Pour moi, ce sera la Series S sur mon bureau pour me permettre de jouer quand j’ai envie d’un break. Mais à la maison, ce sera la Series X pour un autre usage en famille.

Pour aller plus loin
Test de la Xbox Series X : les fondations d’une nouvelle génération


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