Motorola a bluffé son monde en sortant ce smartphone à clapet à grand écran externe avant le Galaxy Z Flip 5, qui devrait grosso modo se placer sur la même recette. On a passé deux semaines en sa compagnie, voici tout le bien qu’on en a pensé.
Fiche technique
Modèle | Motorola Razr 40 Ultra |
---|---|
Dimensions | 740 mm x 1710 mm x 7 mm |
Interface constructeur | Android Stock |
Taille de l’écran | 6,9 pouces, 3,6 pouces |
Définition | 2640 x 1080 pixels |
Densité de pixels | 413 ppp |
Technologie | AMOLED |
SoC | Qualcomm Snapdragon 8+ Gen 1 |
Puce graphique | Adreno 730 |
Stockage interne | 256 Go |
Appareil photo (dorsal) |
Capteur 1 : 12 Mp Capteur 2 : 13 Mp |
Capteur photo frontal | 32 Mp |
Définition enregistrement vidéo | 4K @ 60 fps |
Wi-fi | Wi-Fi 6E |
Bluetooth | 5.3 |
5G | Oui |
NFC | Oui |
Capteur d’empreintes | Oui |
Type de connecteur | USB Type-C |
Capacité de la batterie | 3800 mAh |
Poids | 188 g |
Couleurs | Noir, Rouge, Bleu |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un smartphone prêté par la marque.
Un design fin, fini et agréable
Comparé à son prédécesseur, le Motorola Razr 2022, ce nouveau modèle semble infiniment mieux terminé. Ça respire les belles finitions et en main, la légèreté et la finesse sont clairement de mise. On a tout le côté « bijou » qu’on attend d’un téléphone à clapet et Motorola l’a enfin compris.
Listons rapidement les points dégrossis : le poids est passé de 200 à 184 g, le téléphone est beaucoup moins large, il passe de 79,8 mm à 74 mm, ce qui atténue l’effet un peu paquebot du précédent. En outre, les tranches ainsi que les bordures autour de l’écran ont été retravaillées pour donner une impression de finesse et d’élégance beaucoup plus aboutie.
Si on s’intéresse à l’écran externe, Motorola a opté pour une solution qui cherche, là aussi, l’élégance. L’écran de 3,9 pouces « coule » derrière les deux modules photo. En plus de donner une impression assez unique et futuriste, ce choix permet d’éviter le côté « écran posé sur la coque ». L’écran fait vraiment corps avec le téléphone.
Posé sur son bureau, il remplit à fond son rôle de petit écran secondaire. Ajoutons que posé à la vertical et plié, le smartphone tient en équilibre parfaitement, ouvrant là aussi la voie à des usages. J’ai par exemple laissé un tchat en fond sur mon petit écran pendant une après-midi.
Attardons-nous sur la charnière. Celle-ci est d’un genre tout à fait différent que le Galaxy Z Flip 4. Première différence : elle permet de fermer complètement le téléphone, sans laisser aucun espace. Bye bye les poussières coincées dans la pliure. Au passage, celle-ci est de l’ordre de l’imperceptible, que ce soit pour les yeux lorsqu’on est bien en face de l’écran ou pour les doigts qui l’oublie bien vite.
Autre différence notable immédiatement : la charnière est très souple, elle n’a pas vraiment de cran d’arrêt entre la position ouverte et fermée. Rassurez-vous, on peut tout de même bloquer l’écran à 90° environ pour se passer de support à téléphone.
Deux petits bémols sont à souligner sur cette charnière. D’abord, le téléphone ne peut pas être ouvert à 180°. Disons qu’il lui manque quelques dixièmes de degré. En résultat, une impression étrange lorsqu’on le tient en main, comme s’il était recourbé en permanence. J’ai toutefois fini par m’habituer sans peine.
Autre petite inquiétude à relever, lorsqu’on joue un peu avec l’ouverture de la charnière, les deux parties du téléphone semblent flotter quelque peu, le tout accompagné par un bruit distinct de jeu entre différents pièces au sein de la charnière. Comme nous manquons de recul sur ce modèle de pliant, impossible de dire si cela impactera la durabilité, mais nous nous devions de vous le signaler.
Toujours sur la durabilité, rappelons que ce téléphone possède une certification IP 52, ce qui est un peu léger par rapport à l’IP X8 du Galaxy Z Flip 4. Il a en outre un lecteur d’empreintes latéral, que j’ai trouvé ma foi très réactif.
Écran : c’est du lourd
L’écran principal du Motorola Razr 40 Ultra aligne les capacités intéressantes sur le papier. Oled, ce qui veut dire un contraste infini, 165 Hz, comprendre par là une grande fluidité, LTPO, ce qui lui permet de varier son rafraichissement de 1 à 165 Hz en fonction des usages pour économiser de la batterie.
Le seul petit bémol à l’horizon : le ratio d’écran est, comme pour la plupart des smartphones à clapet, un peu écrasé. Il s’agit d’un écran 22:9.
Nous l’avons passé au crible de notre sonde et du logiciel CalMAN Ultimate de Portrait Displays. D’abord la luminosité répond présent. Nous avons mesuré 1239 cd/m², aucun risque de devoir plisser les yeux en plein soleil donc, vous garderez une lisibilité de tous les instants.
Autre qualité, l’écran affiche plus de couleurs qu’il n’en faut, puisqu’il est capable d’afficher 200 % du gamut sRGB, 134 % du DCI-P3, pourtant plus exigeant et même 90 % du BT.2020. C’est tout bonnement excellent. En revanche, cette explosion de couleurs lui fait quelque peu perdre en précision. En effet, le Delta E moyen monte à 6,42, quand il faudrait qu’il descende autour des 3 idéalement. La température de couleurs donne aussi un peu dans les bleus, avec 7027K quand on vise 6500K.
Pour la petite histoire, l’écran externe affiche une luminosité de 947 cd/m² tout de même, ce qui est franchement très très bon.
Logiciel : la petite révolution de Motorola
Pour l’interface du Motorola Razr 40 Ultra, retenez ceci : vous avez d’un côté l’interface de l’écran interne qui est tout ce qu’il y a de plus classique pour un smartphone Motorola en 2023 et celle de l’écran externe qui est proprement révolutionnaire.
Passons rapidement sur l’interface de base. Vous retrouverez grosso modo une interface Android très épurée, avec une surcouche Motorola très discrète. Depuis l’introduction d’Android 12, cette stratégie s’avère payante, car Google, avec l’introduction de Material You, a rendu l’Android de base beaucoup plus sexy et agréable à utiliser.
Vous y trouverez toutes les fonctionnalités de base d’un smartphone Android en 2023, aucun souci là-dessus. Sans oublier les quelques ajouts de Motorola comme la possibilité de lancer la lampe torche ou l’appareil photo en secouant le téléphone d’une certaine manière. Toutes les spécificités de Motorola sont d’ailleurs bien expliquées par la marque.
On regrette un peu que Motorola n’ait pas poussé plus loin un mode Flex comme on peut le voir chez Samsung. Impossible de forcer un affichage coupé en deux ou d’invoquer des réglages sur la partie basse de l’écran lorsqu’on le plie à 90°. Motorola a vraiment tout donné sur l’écran externe et n’avait certainement plus de ressource pour travailler sur l’expérience en mode Flex. Je n’ai remarqué que deux applications avec un affichage dédié : YouTube et l’appareil photo.
Interface de l’écran externe
Passons au gros morceau : l’interface de l’écran externe, qui disons-le, fait tout le sel de ce téléphone.
Pourquoi disons-nous cela ? Car si jusqu’ici les formats Flip avaient tendance à proposer un écran externe jouant la discrétion et le minimalisme, avec seulement quelques fonctionnalités triées sur le volet, on a le sentiment qu’ici Motorola a ouvert grand les vannes. N’importe quelle application, oui, n’importe quelle app, peut être ouverte sur l’écran externe.
Et le plus surprenant, c’est qu’il m’a semblé qu’assez peu d’applications ne fonctionnait pas. Maps, Messenger, Deezer, même Twitter et Chrome, tout semble utilisable. Vous avez bien sûr la possibilité de taper à tout moment du texte via le clavier Gboard. Seul petit bémol sur ce point, il manque un élément d’interface qui permet de sortir du clavier sans envoyer un message.
Pour chaque app, vous aurez le choix entre deux affichages. L’un détaillé compact et l’autre glissant jusqu’en bas du téléphone, passant même « sous » les deux capteurs photo. Ce dernier choix ne conviendra pas à toutes les apps, mais l’option est agréable pour afficher une carte sur Maps en plus grand par exemple, une fois l’itinéraire configuré ou pour consulter du texte.
Pour pousser le concept, je me suis amusé à lancer Vampire Survivor du Xbox Game Pass sur le petit écran en cloud gaming. Pourquoi ? Parce que je pouvais le faire. Et le pire, c’est que ça marche. Motorola propose aussi une petite sélection de jeux conçus spécialement pour l’écran externe. De quoi s’amuser 5 min pas plus.
Vous l’aurez compris, l’écran externe du Motorola Razr 40 Ultra est un formidable outil à la polyvalence bluffante. On n’en dira pas autant des widgets proposés de base qui sont assez limités, même s’ils font le travail, en particulier celui qui reprend les infos de Google Agenda ou celui pour la météo.
Pour couronner le tout, il faut compter sur trois ans de MaJ et quatre années de patch de sécurité. C’est moins bien que Samsung
La photo, le parent pauvre
Pour la configuration photo, Motorola donne vraiment dans le minimum attendu. On trouve par exemple un capteur principal franchement petit quand on les compare à celui du Galaxy Z Flip 4. Voici la configuration photo complète :
- Capteur principal : 12 Mpx, f/1,5, taille 1/2.55″ (contre 1/1,76 sur le Z Flip 4), 1,4µm, PDAF, OIS ;
- Ultra grand angle : 13 Mpx, f/2,2, 108˚, 1/3″, 1,12µm, autofocus ;
- Selfie : 32 Mpx, f/2,4, 0,7µm.
On remarque donc l’absence de téléobjectif, gros manque pour un téléphone vendu à 1200 euros, on le rappelle, mais c’est bien le lot de tous les format Flip.
En photo, le Motorola Razr 40 Ultra n’est pas incroyable. Il fait le job mais dès qu’on prend en photo un humain, on s’aperçoit qu’il y a de nombreux défauts. La peau est lissée, le niveau de piqué n’est pas bon et les personnes sont blanchies ou rougies en fonction des conditions lumineuses. Seule la photo de mon collègue Geoffroy avec la casquette Rungis m’a vraiment convaincu.
Sur les photos de paysage ou d’animaux, dans de bonnes conditions, le téléphone se montre flatteur, et même presque un peu trop. Les couleurs ne sont pas naturelles, en particulier les verts qui piquent vraiment les yeux puissance 10. Regardez par exemple la fontaine ci-dessous qui, si elle était bien verte, adoptait une teinte beaucoup moins saturée.
Il y a aussi un mode macro assez anecdotique, qui utilise l’ultra grand-angle. Impossible de se rapprocher vraiment près du sujet.
En mode nuit, le résultat n’est pas fameux non plus. La faute au capteur principal minuscule dont est équipé le Razr. Dès qu’on bouge d’un iota, on a l’impression d’avoir pris une photo sur une machine à laver tellement c’est flou. Pour le reste, on a du bruit, des couleurs étranges, un piqué vraiment mauvais. Avec un éclairage d’appoint, visible sur la photo du chat, ça fonctionne à peu près.
Les performances d’un flagship de 2022 (sic)
Le Motorola Razr 40 Ultra est équipé du Snapdragon 8+ Gen 1, la puce la plus haut de gamme de l’année dernière. C’est rigoureusement la même puce qui équipe le Galaxy Z Flip 4.
Modèle | Motorola Razr 40 Ultra | Samsung Galaxy Z Flip 4 | Samsung Galaxy S23 Plus |
---|---|---|---|
AnTuTu 10 | 847774 | N/C | N/C |
AnTuTu 9 | N/C | 795057 | 1215386 |
AnTuTu CPU | 308897 | 188228 | 259522 |
AnTuTu GPU | 128616 | 330284 | 531782 |
AnTuTu MEM | 180221 | 125553 | 246024 |
AnTuTu UX | 230040 | 150992 | 178058 |
PC Mark 3.0 | 9831 | 13121 | 15171 |
3DMark Wild Life | 4738 | N/C | N/C |
3DMark Wild Life framerate moyen | 28 FPS | N/C | N/C |
3DMark Wild Life Extreme | 1231 | 2341 | 3837 |
3DMark Wild Life Extreme framerate moyen | 7 FPS | 14 FPS | 23 FPS |
GFXBench Aztec Vulkan/Metal high (onscreen / offscreen) | 27 / 10 FPS | 57 / 34 FPS | 101 / 71 FPS |
GFXBench Car Chase (onscreen / offscreen) | 36 / 48 FPS | 38 / 44 FPS | 106 / 122 FPS |
GFXBench Manhattan 3.0 (onscreen / offscreen) | 102 / 141 FPS | 81 / 92 FPS | 120 / 254 FPS |
Geekbench 5 Single-core | N/C | N/C | 1430 |
Geekbench 5 Multi-core | N/C | N/C | 4362 |
Geekbench 5 Compute | N/C | N/C | 10769 |
Lecture / écriture séquentielle | 1629 / 1313 Mo/s | 1491 / 979 Mo/s | 3412 / 1118 Mo/s |
Lecture / écriture aléatoire | 68150 / 83499 IOPS | 49848 / 51605 IOPS | 112425 / 42193 IOPS |
Au petit jeu des benchmarks, difficile de le départager. Le téléphone semble un peu moins puissant que le Galaxy Z Flip 4 à première vue.
Gardez cependant à l’esprit qu’il s’agit sans aucun doute possible d’un smartphone haut de gamme, avec toute la réactivité et la fluidité attendue. Je n’ai jamais eu de ralentissements lors de mes quinze jours passés en sa compagnie.
Vous pouvez bien entendu profiter de jeux en 3D comme Genshin Impact, que nous sommes parvenus à faire tourner sur les réglages graphiques élevés en 45 FPS au maximum sans ralentissement, mais avec une certaine impression de chauffe.
Une autonomie convaincante, en fonction de vos usages
Aucun smartphone pliant ne réalisera de miracle sur l’autonomie. La place prise par la charnière rogne immanquablement sur la taille de la batterie. Elle est ici de 3800 mAh, ce qui est un peu juste sur le papier.
Dans les faits, j’ai trouvé que le Motorola ne s’en sortait pas si mal, mais tout dépend de votre usage. Je m’explique. Durant mes 15 jours passés à ses côtés, j’ai souvent utilisé le Motorola Razr 40 Ultra presque exclusivement sur le grand écran externe. Celui-ci permettant d’assurer 80 % de mes usages (changer de musique, chercher une musique, répondre à des messages, voire lire rapidement un court article).
Résultat, j’ai sans peine vécu avec ce téléphone dans la poche sans passer mon temps à stresser sur l’autonomie restant pour finir la journée. C’est déjà un bon point. En outre, il m’était possible d’enchainer une deuxième journée à ce rythme en passant par la case recharge lors de la deuxième journée.
Je précise que j’ai un usage très léger du téléphone (deux à trois heures par jour). Si vous avez un profil plus gourmand, et que vous pensez davantage utiliser l’écran interne, ça risque d’être plus compliqué. En effet, sur une journée assez light passée sur l’écran externe, j’ai pu terminer à 25 % d’autonomie le soir.
C’est ce que démontre notre test d’autonomie réalisé avec ViSer qui simule une utilisation du smartphone en continu. Et là, c’est un peu le drame. Le smartphone (réglé en mode 165 Hz il faut le préciser) tient 8 heures et 2 minutes avant d’atteindre les 10 %.
C’est quasiment le plus mauvais score jamais mesuré, seulement battu par un certain Galaxy Z Flip 3 qui avait fait 7 heures et 46 minutes. À titre indicatif, le Galaxy Z Flip 4 est monté à 11 heures et 39 minutes. De quoi penser qu’en usage continu, le Samsung tient mieux le choc que son comparse.
Recharge
Le Razr 40 Ultra est fourni avec un chargeur de 30 W. C’est une charge assez faible, mais deux fois plus rapide que celle de son principal concurrent. En le branchant en partant de 1 %, voici ce que nous avons obtenu :
- 5 minutes : 14 % ;
- 10 minutes : 26 % ;
- 15 minutes : 39 % ;
- 30 minutes : 69 % ;
- 45 minutes : 95 % ;
- 50 minutes : 98 % ;
- 52 minutes : 100 %.
Audio
Sur la partie Audio, le Motorola propose deux haut-parleurs en stéréo. Celui du bas est clairement le haut-parleur principal, ce qui amène parfois un petit déséquilibre entre les deux. Sinon le son est relativement banal, à savoir qu’il a le bon goût de ne pas trop tirer dans les aigus et se place plutôt dans les médiums.
Réseaux et communications
Le Motorola Razr 40 Ultra est un smartphone 5G. Il peut donc utiliser la 4G LTE et toutes les bandes du réseau 5G tel qu’exploité en France. S’il est compatible eSIM, vous ne pourrez par contre insérer qu’une seule SIM physique. Le Motorola Razr 40 Ultra possède la technologie Bluetooth 5.3, une puce NFC et le Wi-Fi 6E.
Prix et date de sortie
Le Motorola Razr 40 Ultra est disponible pour 1200 euros. Trois coloris sont proposés : magenta, bleu et noir. Une Lenovo Tab P11 Plus est offerte si vous l’achetez sur la boutique de Motorola.
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