Nintendo et l’émulation, c’est un jeu de chat et la souris éternel, dans lequel les avocats du géant japonais chassent sans arrêt les développeurs et pirates de ses licences phares.
Ces dernières années, les avocats de Nintendo ont lutté sans relâche pour demander les retraits de plusieurs dizaines d’émulateurs, notamment pour la Switch. On se souvient du leak de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom qui avait provoqué l’ire du constructeur et éditeur, occasionnant la fermeture de prés de 80 émulateurs, dont le célèbre Skyline.
Mais c’est désormais Yuzu, le plus utilisé des émulateurs Nintendo Switch, qui est dans le collimateur juridique de Nintendo.
Nintendo porte plainte contre Yuzu et ses développeurs
Dans une plainte déposée le 27 février aux États-Unis, Nintendo accuse Yuzu de « contourner illégalement les mesures technologiques des jeux Nintendo Switch et permet de jouer à des jeux Nintendo Switch cryptés sur des appareils autres qu’une Nintendo Switch ».
Selon la loi américaine, un utilisateur peut être autorisé à utiliser des techniques de rétro-ingénierie sur les appareils qu’ils possèdent, la pratique étant protégée par le « fair use ». Mais tout comme dans sa lutte contre l’émulateur Dolphin l’année dernière, c’est sur le sujet des clés de cryptage que la plainte se repose.
Yuzu permet en effet de jouer à des jeux Switch sur PC et Android, parfois dès le jour de leur sortie, en brisant les protections cryptographiques du système de la console :
Une console Nintendo Switch authentique utilisera certaines clés cryptographiques disponibles sur la console, communément appelées « prod.keys », pour décrypter d’autres clés cryptographiques associées à des jeux, puis utilisera ces clés pour décrypter des jeux achetés légalement pendant l’exécution.
Concrètement, Nintendo accuse Yuzu de fournir « des instructions à ses utilisateurs leur expliquant comment pirater illégalement leur propre Nintendo Switch » mais aussi la marche à suivre pour « obtenir illégalement des prod.keys ».
Nintendo prend ici le célèbre exemple de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, qui a fuité deux semaines avant sa sortie alors que le jeu a « été téléchargé avec succès à partir de sites web pirates plus d’un million de fois ».
Un émulateur open source, mais lucratif
Dans sa plainte, Nintendo cite 9 fois le modèle économique de Yuzu, qui avec sa page Patreon récolte prés de 30 000 dollars par mois. Par le passé, ce chiffre atteignait même les 40 000 dollars mensuels alors que l’émulateur existe depuis maintenant six ans.
Selon Nintendo, Yuzu bénéficie grandement de la sortie de gros titres sur son émulateur alors que le nombre d’abonnés payant aurait doublé en mai 2023 lors de la disponibilité en accès anticipé du dernier Zelda.
Comme bon nombre d’autres émulateurs, Yuzu est open source, son code est donc à disposition de tous les utilisateurs, qui peuvent en développer une infinité de déclinaisons. Telle une hydre, une tête coupée et dix autres pourront repousser ailleurs.
Mais comme d’habitude, il s’agit ici d’une mesure dissuasive pour tous ces autres développeurs qui voudraient émuler sa console phare. En attendant, il se pourrait bien que Yuzu connaisse une popularité record dans les prochaines semaines.
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