Il y a quelques semaines, Nintendo annonçait poursuivre Yuzu, le principal émulateur de Nintendo Switch sur PC et Android. Quelques jours plus tard, Yuzu fermait ses portes et indiquait faire disparaître son programme de tout Internet. Pourtant, un nouveau projet, issu des cendres de Yuzu, fait son apparition : Suyu, désigné comme « la continuation de l’émulateur Nintendo Switch open-source le plus populaire du monde, Yuzu ».
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Le nom de l’émulateur est déjà un pied de nez à Nintendo. Comme l’indique la page GitLab du projet (qui en héberge le code), Suyu se prononce comme « sue-you », « sue » étant le verbe en anglais pour « poursuivre en justice ». L’idée est quand même d’éviter tout procès avec Nintendo.
Dans une interview accordée à Ars Technica, le contributeur et modérateur du serveur Discord du projet Sharpie a indiqué que Suyu n’était pas totalement dans la légalité, tout en étant confiant. Selon lui, « il y a de multiples plans et possibilités pour la suite. Les choses sont encore en cours d’organisation et de planification. » Pour lui, il ne faut pas abandonner ce qu’était Yuzu, puisque ce serait aussi abandonner tout le travail que l’équipe a accompli depuis des années.
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Pour l’instant, l’émulateur n’est pas disponible pour le grand public, seulement pour ceux qui souhaitent rédiger des articles de presse ou réaliser une vidéo sur YouTube. À partir des fichiers source disponibles en ligne, il est possible de « construire » une version de Suyu, « instable » selon les contributeurs.
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La première chose, c’est que Suyu ne sera pas monétisé, sous aucune forme. C’était l’erreur de Yuzu, qui collectait jusqu’à 40 000 dollars de dons par mois à son pic. Ce qui a permis à Nintendo de poursuivre le projet, probablement à juste titre d’un point de vue légal. Il ne sera donc pas possible de donner de l’argent aux contributeurs du projet. Suyu est basé sur Yuzu, ce qui signifie qu’il faut « supprimer toutes les références à Yuzu ou Tropic Haze [la SARL créée pour gérer le Patreon de Yuzu] du code source ». Les contributeurs potentiels doivent par ailleurs signer un accord de licence pour des questions de droits d’auteur et doivent suivre certaines bonnes pratiques.
Autre problème que Suyu doit régler : ne pas fournir de guides étape par étape pour jouer à des jeux protégés par le droit d’auteur sur son émulateur. Comme le précise Ars Technica, c’était au centre de la plainte de Nintendo. Le fabricant avait même montré des conversations Discord entre développeurs qui paraissaient approuver le piratage.
C’est pourquoi il n’est jamais question de piratage chez Suyu : sa page GitLab indique que les développeurs « ne soutiennent ni ne tolèrent le piratage sous quelque forme que ce soit ». Ce qui signifie que sur le serveur Discord de Suyu, les discussions autour du téléchargement de jeux, la demande de fichiers systèmes, de clés de chiffrement ou à propos des fuites de jeux sont interdites.
Mais l’autre grand problème, c’est celui des clés de chiffrement. Le contributeur Sharpie précise que les développeurs modifient certains codes de contournement des DRM pour éviter d’avoir une responsabilité juridique. Ce que Nintendo reprochait à Yuzu, c’était de générer des clés de titre (title.keys), qui sont utilisées par l’émulateur pour exécuter les jeux. C’est pourquoi les utilisateurs devront fournir leurs propres clés de chiffrement. Suyu indique officiellement qu’il faudra des clés de jeux que les utilisateurs auront légalement obtenus et achetées. Sharpie reconnaît d’un autre côté que Suyu n’a aucun moyen de vérifier de la véracité des clés.
Ce qui est sûr, c’est que même si Yuzu est supprimé et que Suyu n’est jamais réellement déployé à l’avenir, Nintendo aura du mal à suivre. Un programme open source diffusé largement sur Internet et qui se fait fermer, c’est comme une Hydre de Lerne : couper une tête, c’est en faire repousser deux autres. Comme l’écrit Android Authority, le développeur de l’émulateur de Nintendo DS Drastic a retiré son application du Play Store, mais en a ouvert le code. Une manière d’inciter à de futures déclinaisons.
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