Test de Fire Emblem Heroes : Nintendo signe une bonne adaptation sur smartphones

 
Pour son premier véritable jeu sur Android, Nintendo pioche dans une de ces grosses licences de RPG, Fire Emblem. La sauce T-RPG arrive-t-elle à prendre sur mobiles ?

Le premier jeu Nintendo sous Android, ce n’est ni Super Mario Run, ni Pokémon Go, ni l’application désertée Miitomo, mais Fire Emblem : Heroes. Licence apparue en 1990 sur la Famicom ou NES, Fire Emblem est une série de Tactical-RPG qui a tant bien que de mal résisté  avec plus d’une quinzaine de titres inédits, remakes et hors-séries. Et même si elle ne jouit pas du même succès que d’autres franchises Nintendo dans le monde occidental, ses héros occupent de nombreuses places dans l’encyclopédie ludique de la firme de Kyoto : Super Smash Bros. Fire Emblem : Heroes apparaît comme une nouvelle tentative de la part de Nintendo de faire sa place sur le marché du jeu mobile, après le rapport qualité/prix très contesté de Super Mario Run sous iOS.

Le panthéon des héros

Après avoir lutté pour retrouver mon compte Nintendo, me voilà fin prête à rentrer dans une aventure qui promet de l’épique. Dans Fire Emblem Heroes, nous incarnons un ou une invocatrice de héros appelé Grand Stratège, un titre plutôt flatteur. Récemment réveillé, vous faites la connaissance de la jolie Anna, bien décidée à vous faire jouer le rôle pour lequel vous avez été appelé. Vous devez prêter main forte aux Gardiens d’Askr afin de contrer les plans machiavéliques de l’Empire tyrannique d’Emblar. Ces derniers souhaitent envahir tous les mondes. Des portails entre les différents mondes — et donc épisodes connus de la licence — ont été ouverts et vous allez devoir monter une armée de héros implacables pour sauver le Royaume d’Askr. Non, ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais ça fait le job et ça reste cohérent avec la légèreté du gameplay.

Le casting propose pas moins d’une centaine de visages familiers de tous les épisodes sortis jusqu’à présent : la puissante Lucina de Awakening, d’anciens comme Marth de Mysery of the Emblem et Roy de The Binding Blade, ou encore d’autres du tout dernier épisode sorti en 2016, comme la cruelle Camilla. Autant de figures emblématiques, où les personnages participent grandement au succès de la saga. S’ils sont si attachants, ce n’est pas seulement grâce à leur personnalité, mais c’est aussi parce qu’une fois vaincus, vos héros ne reviennent pas… 

Un très beau jeu

Le jeu rend un bel hommage à la direction artistique si soignée de la licence. Si le parti pris du chibi pendant les combats apporte un côté mignon aux batailles épiques, il tranche avec les magnifiques illustrations lors de la prise de parole des personnages. La cinématique d’ouverture est époustouflante, qu’il s’agisse des graphismes en tant que tels ou de l’animation. Elle est tout aussi travaillée que celles des tout derniers opus sur la console portable de Nintendo. Les menus sont également très limpides, la navigation entre les différentes options et modes de jeux se fait agréablement et de façon très logique.

La bande-son est elle aussi à saluer puisqu’elle compose avec les plus beaux morceaux de la série en version orchestrale. De quoi rajouter encore plus d’épique aux batailles. Nous comprenons que Nintendo a véritablement apporté un soin tout particulier à ce jeu mobile, au même titre que la société a pu le faire pour les opus principaux de cette série. 

Une adaptation mobile

Si vous connaissez bien la saga, vous avez dû constater que le jeu est assez complet et reprend les clés des opus principaux : des héros qui livrent bataille et que vous déplacez au tour par tour vos guerriers sur un terrain quadrillé tel un échiquier. Fidèle à la série, Heroes est aussi très bien adapté au support mobile et tactile. Le gameplay est lui très simplifié et les possibilités sont limitées à un système de couleurs : le rouge a l’avantage sur le vert, le vert sur le bleu et le bleu sur le rouge.

Il faut donc bien veiller à placer intelligemment ses troupes. D’autant plus que chacun des personnages a ses propres aptitudes : archer, épéiste, cavalier, mage, etc. Certains vont pouvoir se déplacer au dessus de l’eau, d’autres attaquer à distance, exécuter des sorts… Bref, il est nécessaire de bien réfléchir à toutes les possibilités avant de se lancer dans la bataille. Et c’est bien là que se situe le tout le plaisir du jeu. Ensuite, vous déplacez vos personnages du bout des doigts et décidez quand attaquer vos adversaires. Pendant l’affrontement, prenez garde aux contre attaques et débloquez vos aptitudes spéciales pour rentrer en furie contre vos ennemis.

Les cartes sont réduites pour des sessions relativement courtes. Vous ne serez donc plus embêté à devoir faire une pause au milieu d’une très longue bataille comme c’est parfois le cas sur les consoles nomades de Big N. Le jeu devient rapidement répétitif, même si les affaires se corsent au fur et à mesure des parties. Comparé à un Fire Emblem classico-classique, ça reste tout de même très expéditif, mais bien adapté au support mobile.

Plusieurs mode pour un seul gameplay

Le titre propose plusieurs modes de jeu. Le scénario se joue en solo et vous embarque dans une histoire confrontant un royaume à un empire conquérant. Entre chaque nouvelle carte les héros prennent la parole et vous aurez le droit d’en savoir un peu plus sur le scénario et les motivations de chacun des personnages que vous allez rencontrer. Entreprendre une bataille entraîne une consommation de votre énergie, mais vous pourrez aussi bien en récupérer en dépensant vos orbes par la suite.

Les cartes dites spéciales sont disponibles pour une durée limitée. C’est ici que vous allez vous mesurer à de puissants adversaires. Si vous remportez la victoire, ces héros rejoindront vos rangs.

La Tour d’entraînement correspond à des cartes spéciales avec plusieurs niveaux de difficulté auxquelles vous pouvez participer dès que l’envie vous en dit, pour gagner des récompenses et de l’expérience. Après chaque bataille, la composition de l’équipe adverse et la disposition du terrain changent. De quoi changer de décor à chaque partie et pimenter les défis. Même si une fois encore, le gameplay reste toujours le même, l’intérêt est ici de récupérer des alliés.

C’est dans l’Arène que vous allez pouvoir vous amuser avec d’autres joueurs grâce à un système de PVP contrôlé par l’IA. Vous pourrez aussi rentrer dans le classement et partager vos scores afin d’atteindre le meilleur rang possible. Cela vous donnera des récompenses qui pourront améliorer vos héros comme les fameuses plumes.

Après la bataille, vous pouvez consulter et améliorer votre équipe au QG. C’est là que les Gardiens d’Askr et vos héros se retrouvent et que vous accédez à vos notifications, les événements à venir ou encore votre liste d’amis. C’est également par ici que vous allez pouvoir consulter le menu des alliés afin d’améliorer ou de modifier leurs aptitudes et créer des équipes pour les batailles.

S’améliorer encore et encore 

Il existe de très nombreuses manière d’améliorer son équipe, que ce soit par les combats du scénario ou de l’entraînement, mais aussi en dépensant des objets. Les points d’aptitudes sont par exemple attribués après qu’un ennemi soit terrassé ou lors de la montée des niveaux. Ces points servent à apprendre de nouvelles capacités à vos héros.

Vous pouvez aussi utiliser des cristaux de couleurs pour obtenir des niveaux plus rapidement. Les plumes peuvent aussi être gagnée lorsque vous supprimez un héros de votre équipe. Ainsi, vos plumes pourront vous faire gagner des aptitudes. Enfin, il est nécessaire de fortifier sa caserne, avec des orbes, ce qui aura également pour effet d’améliorer vos personnages.

Money ! 

Le jeu possède son propre système de monnaie, un moyen qui s’adapte très bien au modèle économique du free-to-play qui a tant le vent en poupe chez les joueurs japonais. Après avoir remporté une partie, vous gagnez des orbes, une sorte de monnaie virtuelle qui permet notamment de convoquer de nouveaux héros de façon aléatoire. Cinq orbes suffisent pour faire une invocation, mais il est bien plus rentable d’en dépenser plus pour avoir le droit à une réduction de groupe. Ces orbes, en plus d’être obtenues après une bataille, peuvent être achetées avec de l’argent réel. Cette monnaie permet aussi de payer les fortifications de la caserne pour améliorer ses personnages, mais aussi pour poursuivre un combat après une défaite ou de restaurer l’énergie dépensée pendant la bataille.

Tout le piège de la monnaie réside dans la surconsommation d’orbes. Chaque niveau coûte plusieurs points d’énergie et si au départ nous en possédons 50, plus on joue, plus la jauge se vide. Quand vous n’en aurez plus, vous devrez soit acheter de l’énergie avec des orbes, soit patienter quelque temps avant de poursuivre… ce qui peut devenir assez frustrant dans la mesure où cela peut à terme vous empêcher tout bonnement de jouer. Le farming est au coeur de ce mécanisme, qui ressemble beaucoup à celui utilisé dans un certain Final Fantasy Brave Exvius. Même s’il faut reconnaître que côté achat, Fire Emblem reste heureusement timide à côté du titre de Square Enix.

Le free-to-play comme modèle économique

Nintendo, comme à sa grande habitude, a tendance à brouiller les pistes quant à sa communication. Alors que la société s’est rapprochée de DeNA spécialiste du free-to-play depuis 2015, Nintendo a affirmé sa politique autour des jeux mobiles en présentant Super Mario Run : une démo gratuite, un jeu payant — et plutôt onéreux — sans micro-transactions afin de ne pas tomber dans l’effet pervers du free-to-play et protéger son public le plus jeune. Cependant, avec Fire Emblem, c’est tout l’inverse qui se produit : un jeu gratuit bourré d’achats in-app.

Et même s’il est possible de jouer et de se faire plaisir sans lâcher un seul centime, il y a fort à parier que ceux atteints de la fièvre collectionnite fassent de lourdes dépenses pour recevoir un maximum d’orbes. Le système de jeu dit gacha doit plus au hasard qu’aux réelles probabilités et tomber dans le piège du free-to-play peut être tentant… Un intelligent système puisque Fire Emblem s’adresse avant tout à un marché de niche, des joueurs passionnés par la licence qui pourraient avoir tendance à dépenser sans compter.

Finalement, Nintendo essaye un peu tout ce qui existe sur le marché mobile et tente d’adapter le modèle économique en fonction de la cible. Et pour ce gacha et free-to-play, c’est en tout cas un pari réussi au Japon où le jeu arrive dans le top des ventes et téléchargement.

Un jeu sur le long court 

Fire Emblem : Heroes est un jeu mobile Nintendo qui présente une tout autre stratégie que Super Mario Run. Le titre plus confidentiel s’adresse à un autre public, pour un tout autre jeu qui n’a pas la vocation de déchaîner les foules tel un phénomène passager, mais bel et bien de parier sur le long terme. Le jeu propose plusieurs possibilités de jeu, qu’il s’agisse du scénario principal, des quêtes secondaires, du multijoueur, des évènements ponctuels, des défis et, bien entendu, de la collectionnite, qui seront alimentés au fur et à mesure. Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser voir débarquer de nouveaux personnages dans les mois à venir.

Fire Emblem Heroes

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Note finale du test
7 /10
Qu’il s’agisse du gameplay ou du soin apporté à la réalisation du titre, nous pouvons d’ores et déjà dire que Heroes est un bel hommage à la licence Fire Emblem. Visuellement, le titre est très soigné même dans les détails. Chaque bataille promet des affrontements de guerriers légendaires et héros tous plus charismatiques les uns que les autres, accompagnés d’une bande-son orchestrale qui ne dénote pas.

Bien entendu, nous perdons un peu de l’essence stratégique et tactique de la série, les parties ont tendance à se suivre et se ressembler… Ce qui peut être assez frustrant pour ceux qui recherchent vraiment un minimum de difficulté et de réflexion. La recette Fire Emblem est ici simplifiée au maximum pour s’adapter aux plateformes mobiles et son public potentiel.

Finalement Fire Emblem : Heroes est une version allégée de la série principale, avec un gameplay simplifié, mais adapté, pour une application lourde qui nécessite une bonne connexion internet. Une formule qui peut décevoir les plus exigeants, mais qui ravira à coup sûr les plus gros fans de la série et addicts du tour par tour. Un titre à découvrir en attendant Super Mario Run qui arrive sous Android en mars et Animal Crossing qui, malheureusement, a été reporté à une date indéterminée.