Test des Nothing Ear (open) : quand le son prend l’air

Casques et écouteurs • 2024

Après les excellents Ear et Ear (a), Nothing joue la carte des écouteurs au format ouvert et vise une clientèle en quête d’un confort ultime, désireuse d’écouter sa musique sans être isolée de son environnement. S’il faut composer avec quelques compromis acoustiques, les Nothing Ear (Open) possèdent de sérieux atouts, notamment une spatialisation du son surprenante.
Test des Nothing Ear (open) : quand le son prend l’air

En bref
Nothing Ear (open)

7 /10
Points positifs du Nothing Ear (open)
  • Scène sonore large, profonde et aĂ©rĂ©e
  • StabilitĂ© et confort
  • PossibilitĂ©s d'Ă©galisation
  • QualitĂ© d'appel satisfaisante
  • Bonne autonomie
Points négatifs du Nothing Ear (open)
  • Basses peu prĂ©sentes
  • Hautes frĂ©quences exubĂ©rantes
  • Performances audio rĂ©duites en environnement bruyant
  • ContrĂ´les tactiles un peu durs
 
Nothing Ear (open)
Les Ă©couteurs Nothing Ear (open) // Source : Tristan Jacquel

Depuis l’invention des systèmes de réduction de bruit active et leur progrès fulgurants, on peut se demander s’il est judicieux de proposer des écouteurs True Wireless laissant entendre absolument tous les bruits environnant l’utilisateur, au point de perturber lourdement l’écoute musicale. Certes, en milieu urbain, les écouteurs ouverts répondent à des besoins de sécurité en permettant aux utilisateurs de rester conscients de leur environnement. Ils facilitent également les interactions sociales et la perception des annonces importantes sans nécessiter leur retrait constant. Certes, mais les écouteurs à réduction de bruit active le permettent également, avec l’implémentation systématique d’un mode transparence qui exploite leurs microphones ; c’est parfois bluffant de naturel comme avec les Apple AirPods Pro 2. Notez que la marque propose des modèles plus classiques avec les Ear et les Ear (a).

LĂ  oĂą les Ă©couteurs ouverts comme les Nothing Ear (open) possèdent un avantage incontestable sur les intras, c’est en matière de confort de port, particulièrement pour les utilisateurs aux oreilles hyper-sensibles ou ceux qui Ă©prouvent une forme de claustrophobie en ayant les conduits auditifs bouchĂ©s. C’est exactement ce que proposent les modèles Shokz OpenFit Air, Xiaomi OpenWear Stereo, des Huawei FreeClip ou des Bose Ultra Open Earbuds.

Nothing Ear (open)
Un écouteur Nothing Ear (open) avec sa tige courbée // Source : Tristan Jacquel

Ne pas obstruer le conduit auditif présente des bénéfices acoustiques, en terme de spatialisation du son. Les transducteurs ne subissent plus la pression de l’air enfermé dans le conduit auditif et cela influence positivement leur comportement dynamique. En outre, la distance entre le tympan et l’écouteur étant plus importante, la sensation de profondeur du son est accrue. En revanche, le volume et l’extension des basses fréquences sont inévitablement réduits, avec à la clé un déséquilibre manifeste dans la signature sonore. Voyons si les Nothing Ear (open) échappent à la malédiction.

Spécifications techniques

Modèle Nothing Ear (open)
Format Ecouteurs sans fil
Batterie amovible Non
Microphone Oui
RĂ©duction de bruit active Non
Autonomie annoncée 30 heures
Type de connecteur USB Type-C
Poids 16,2 g
Fiche produit

Ce test a été réalisé avec des écouteurs prêtés par le fabricant.

La transparence toujours Ă  l’honneur

Le design des Nothing Ear (open) s’inscrit dans la droite ligne des précédentes productions du fabricant, avec une coque transparente qui laisse apparaître une partie des composants logés sur une carte électronique noire. Seule touche de couleur, une pastille de couleur permet de distinguer l’écouteur gauche (blanc) du droit (rouge).

Nothing Ear (open)
La grille de diffusion principale des Nothing Ear (open) // Source : Tristan Jacquel

La ressemblance avec les autres écouteurs Nothing s’arrête là, puisqu’ils sont équipés d’une tige en silicone doux, d’épaisseur variable, avec un cylindre de lestage en aluminium à l’extrémité. Ils s’enfilent ainsi un peu comme des lunettes et s’arriment parfaitement aux oreilles, sans exercer de pression pénible, ni bien évidemment entrer dans le conduit auditif.

La capsule centrale se positionne doucement au milieu du pavillon, pour y diffuser le son au travers d’une grille principale directement vers le conduit auditif, ainsi que par le biais d’une seconde plus petite sur le bord.

Nothing Ear (open)
L’Ă©couteur se positionne un peu au-dessus de l’axe du canal auditif // Source : Tristan Jacquel

Les Nothing Ear (open) disposent de commandes Ă  pincer, logĂ©es sous la partie supĂ©rieure de leur coque. Ces « boutons invisibles Â» sont pratiques Ă  utiliser, mĂŞme s’il faut pincer assez fort pour que la commande soit transmise. Un son de confirmation est alors diffusĂ© dans les Ă©couteurs.

L’étui de rangement est, de fait, relativement grand, avec un peu plus de 12 cm de longueur pour 4,5 cm de largeur et moins de 2 cm d’épaisseur. En pratique, il se loge facilement dans une poche ou dans un fourre-tout. Il n’est pas compatible avec la charge sans fil, mais seulement par le biais de son port USB-C.

Nothing Ear (open)
La seconde grille de sortie acoustique // Source : Tristan Jacquel

Le confort des Ear (open) est très bon et le poids des écouteurs également réparti sur le tour de l’oreille. La coque du transducteur s’appuie doucement sur la partie haute du pavillon, au-dessus de l’entrée du canal auditif qui reste ainsi libre. Comme attendu, on entend parfaitement ce qui se passe autour de soi.

Nothing Ear (open)
L’Ă©tui de rangement des Nothing Ear (open) // Source : Tristan Jacquel

Malgré un poids supérieur à des écouteurs classiques — 8 g contre 5 g en moyenne — pas un soupçon d’inertie n’est à déplorer au moment de tourner brusquement la tête. On peut donc envisager ces écouteurs pour la pratique sportive, d’autant qu’ils résistent aux projections d’eau.

ContrĂ´les et personnalisation

Seul regret à l’usage : les Nothing Ear (open) ne sont pas équipés de détecteur de port et la diffusion musicale continue quand on les ôte.

Par défaut, les zones de contrôle sont réglées comme suit :


Écouteur gauche Écouteur droit
Un pincement Lecture/pause, prise d’appel entrant Lecture/pause, prise d’appel entrant
Deux pincements Piste suivante, rejet d’appel Piste suivante, rejet d’appel
Trois pincements Piste précédente Piste précédente
Pincement prolongĂ© Volume – Volume +
Double pincement prolongé Personnalisable (assistant vocal) Personnalisable (assistant vocal)
Tableau des commandes pré-programmées des Nothing Ear (open).

Il est possible de personnaliser chaque action et il suffit pour cela d’utiliser l’app Nothing X. Celle-ci est toujours aussi bien faite et facile à utiliser.

Son point fort reste l’égaliseur sonore à double interface, pratique pour ajuster simplement ou de façon très poussée la signature sonore des écouteurs. Par défaut, l’égaliseur fonctionne en mode basique, avec un ajustement des fréquences basses, moyennes et aiguës.

En mode avancé, on accède à un égaliseur paramétrique très puissant, où l’on peut choisir finement les fréquences à impacter, ainsi que la largeur de bande. Bref, il y a de quoi s’amuser.

L’app Nothing X permet d’interagir vocalement avec l’app ChatGPT mais exclusivement avec les smartphones de la marque.

Bluetooth : une connexion sûre

Les Ă©couteurs Nothing Ear (open) sont compatibles avec l’appairage rapide et la connexion multipoint. Il est ainsi facile de les utiliser avec plusieurs sources, sans devoir se dĂ©connecter manuellement de l’une pour utiliser l’autre. Nothing a prĂ©vu un mode de transmission Bluetooth Ă  basse latence, censĂ© rĂ©duire le dĂ©calage entre l’image et le son dans les jeux vidĂ©o. L’enclenchement de ce mode rĂ©duit effectivement un peu la latence, mais pas au point d’être imperceptible ; le son arrive toujours un peu en retard sur l’image.

En outre, la stabilité de la liaison Bluetooth, excellente en mode normal, se trouve affectée en mode faible latence. Dans les transports ou les environnements saturés d’ondes radio, des micro-coupures peuvent alors intervenir.

En mode d’écoute normal, la liaison radio est parfaitement stable jusqu’à 10 mètres, même si une cloison mince ou un plancher bois séparent le smartphone des écouteurs.

Côté technologies de compression audio, les codecs SBC et AAC sont supportés, sans qu’il soit possible à l’écoute de distinguer l’un de l’autre.

L’expĂ©rience ouverte, pour le meilleur et le moins bon

Les Nothing Ear (open) n’Ă©vitent pas les Ă©cueils liĂ©s Ă  leur format, mais ils possèdent des qualitĂ©s inĂ©dites sur ce type de produit. S’agissant de leur signature sonore, ils n’Ă©chappent pas Ă  la règle : en laissant le conduit auditif ouvert, le volume et l’extension des basses frĂ©quences sont très limitĂ©s. De fait, les Nothing Ear (open) voient leur rendement chuter sous 100 Hz (haut grave), ce qui prive le son d’épaisseur et de profondeur. Dans ces conditions, la restitution est inĂ©vitablement dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, fortement colorĂ©e mĂŞme, avec des hautes frĂ©quences trop prĂ©sentes. Cependant, le registre mĂ©dium est doux et linĂ©aire.

Nothing Ear (open)
La réponse en fréquences des Nothing Ear (open) // Source : Tristan Jacquel

On a rarement vu une courbe de réponse aussi accidentée, avec des écarts de rendement colossaux, de l’ordre de 20 à 30 dB en plus dans l’aigu. Sachant que le volume double tous les 6 dB, c’est dire si les variations sont importantes. Ceci dit, l’énorme pic à 8 kHz ne s’entend pas autant que la courbe le laisse imaginer. Bien qu’elle entende ces fréquences, notre oreille y est bien moins sensible qu’aux moyennes. La signature des Nothing Ear (open) n’est donc pas aussi chaotique qu’il y paraît et l’on finit par l’accepter au regard des qualités dynamiques et spatiales des écouteurs.

Comportement dynamique et scène sonore des Nothing Ear (open)

Car l’atout des Nothing Ear (open), c’est précisément leur étonnante scène sonore. Si le déséquilibre tonal a de quoi déplaire, la spatialisation, elle, séduit sans mal. La scène est vraiment très large et profonde, l’aération souvent stupéfiante. Les voix sont parfaitement centrées et séparées des autres éléments sonores. Qu’on écoute de la musique ou que l’on regarde un film avec ces écouteurs, la magie opère.

Nothing Ear (open)
Pas beaucoup de grave, mais une scène sonore très vaste pour les Nothing Ear (open) // Source : Tristan Jacquel

La dynamique est modérée, mais les petits écarts de niveau sont bien retranscrits, ce qui aide à bien positionner les éléments sonores dans l’espace. La qualité des transducteurs à membrane en titane de 14 mm est donc à saluer. Reste que pour profiter de cette belle scène sonore, il faut être au plus grand calme.

Se faire entendre, une question de silence

Nothing a soigné les algorithmes de traitement du son pour les appels téléphoniques. Selon le fabricant, sa technologie Clear Voice fonctionne avec de l’intelligence artificielle, afin d’éliminer dynamiquement les bruits environnant l’auditeur, notamment ceux liés au vent. Tout cela fonctionne bel et bien et l’on est ainsi très bien entendu de son interlocuteur. Le problème, c’est qu’au milieu de la foule, on peine soi-même à entendre quoique ce soit, même si la voix de l’interlocuteur est claire et nette. En somme, c’est comme pour la musique, mieux être au calme pour passer des appels.

De longues heures d’Ă©coute en perspective

Nothing annonce jusqu’à 8 heures d’autonomie avec une seule charge et jusqu’à 30 heures avec les multiples recharges offertes par l’étui de rangement.

Nothing Ear (open)
Chaque écouteur Nothing Ear (open) pèse 8 grammes environ // Source : Tristan Jacquel

Le compte y est puisqu’à 50 % du volume, sans égalisation, les écouteurs ont tenu quasiment 9 heures. Rappelons, à toutes fins utiles, qu’en écoutant à pleine puissance, l’autonomie fond comme neige au soleil et sera très éloignée des mesures effectuées.

Prix et date de sortie

Les écouteurs Nothing Ear (open) sont disponibles au prix de 149 euros. Ils sont ainsi proposés au même prix que les excellents Nothing Ear, des intras confortables équipés d’un système de réduction de bruit très efficace.

Notre avis sur Le Nothing Ear (open)

Design
9
Fidèle à son ADN, Nothing nous livre une nouvelle fois un design original et reconnaissable entre mille. La transparence assumée et les touches de couleurs vives ne plairont pas à tout le monde, mais difficile de nier le capital sympathie qui s'en dégage. Mention spéciale au confort, véritable point fort de ces écouteurs ouverts qui se font oublier une fois sur les oreilles.
Logiciel
8
L'application Nothing X reste une valeur sûre, simple d'utilisation et efficace. L'égaliseur paramétrique ravira les bidouilleurs, tandis que les options de personnalisation, bien que limitées, sont les bienvenues. On regrette cependant l'absence de détection de port, une fonctionnalité pourtant devenue courante à ce niveau de prix.
Audio
6
Le bilan est contrasté. Si la spatialisation et l'aération sont tout bonnement excellentes — c'est le plus de ces écouteurs vis à vis des concurrents — le son ouvert se paye au prix fort d'un grave timide et d'une sensibilité accrue aux bruits environnants. Un choix assumé qui ne conviendra pas aux amateurs de basses puissantes ou aux utilisateurs nomades évoluant dans des environnements bruyants.
Autonomie
9
Rien à redire de ce côté-là, les Nothing Ear (Open) tiennent leurs promesses avec une autonomie confortable de 8 bonnes heures, qui permet d'en envisager une utilisation tout au long de la journée sans craindre la panne sèche. Attention à ne pas les utiliser avec le volume à fond si on veut un minimum d'autonomie.
Note finale du test
7 /10
Les Nothing Ear (Open) se révèlent être des écouteurs atypiques qui ne manquent pas de charme. Avec leur design transparent et leur confort de premier plan, ils séduiront sans aucun doute les utilisateurs en quête d'une expérience d'écoute aérée et sans contrainte. La scène sonore ultra-large et la spatialisation bluffante sont de véritables atouts qui compensent en partie le manque de basses inhérent à ce format ouvert.

Cependant, il faut reconnaître que ces écouteurs ne conviendront pas à tous les usages ni à tous les environnements. Leur nature ouverte les rend peu adaptés aux espaces bruyants, limitant leur utilisation optimale aux endroits calmes. De plus, l'absence de réduction de bruit active et le déséquilibre tonal pourront rebuter les utilisateurs les plus exigeants.
Proposés au même prix que les Nothing Ear classiques, les Ear (Open) s'adressent donc à un public bien spécifique, prêt à sacrifier l'isolation sonore et une partie des basses au profit d'un confort optimal et d'une conscience accrue de son environnement. Si vous faites partie de cette catégorie d'utilisateurs, ces écouteurs pourraient bien devenir vos nouveaux compagnons audio préférés. Sinon, les Nothing Ear classiques restent probablement un choix plus polyvalent pour la majorité des utilisateurs.

Les Nothing Ear (open) s'imposent comme une proposition audacieuse dans un monde saturé d'écouteurs à réduction de bruit. Oui, le son ouvert et aéré a un prix, celui d'un grave timide et d'une dépendance au calme environnant. Mais pour les allergiques aux intras et les amoureux d'une spatialisation hors norme, ces écouteurs atypiques pourraient bien se révéler être une alternative de choix. À vous de voir si le confort et l'immersion sonore valent le sacrifice des basses profondes.

Points positifs du Nothing Ear (open)

  • Scène sonore large, profonde et aĂ©rĂ©e

  • StabilitĂ© et confort

  • PossibilitĂ©s d'Ă©galisation

  • QualitĂ© d'appel satisfaisante

  • Bonne autonomie

Points négatifs du Nothing Ear (open)

  • Basses peu prĂ©sentes

  • Hautes frĂ©quences exubĂ©rantes

  • Performances audio rĂ©duites en environnement bruyant

  • ContrĂ´les tactiles un peu durs

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