Le CES 2025 a été le théâtre d’une annonce surprenante de Nvidia : sa nouvelle RTX 5070, vendue à 649 euros, serait capable d’égaler les performances de la RTX 4090 commercialisée à 1949 euros.
Pour aller plus loin
Comparatif Nvidia RTX 5000 vs 4000 : tout comprendre à la nouvelle génération de cartes graphiques
Pour bien comprendre l’ampleur du défi, commençons par comparer les caractéristiques des deux cartes :
| Caractéristiques | RTX 5070 | RTX 4090 | Différences |
| Architecture | Blackwell (GB205) | Ada Lovelace | Nouvelle génération |
| Cœurs CUDA | 6 144 | 16 384 | -62,50 % |
| Cœurs Tensor | 192 (5e gén.) | 512 (4e gén.) | -62,50 % |
| Cœurs RT | 48 (4e gén.) | 128 (3e gén.) | -62,50 % |
| Mémoire | 12 Go GDDR7 | 24 Go GDDR6X | -50 % |
| Bande passante | 672 Go/s | 1 008 Go/s | -33 % |
| Bus mémoire | 192-bit | 384-bit | -50 % |
| Performance brute (FP32) | 31 TFLOPS | 83 TFLOPS | -62,70 % |
| TDP | 250 W | 450 W | -44,40 % |
La RTX 5070 dispose de 6 144 cœurs CUDA contre 16 384 pour la RTX 4090. Une différence colossale qui se retrouve dans tous les aspects techniques : 48 SM contre 128, 192 cœurs Tensor contre 512, et une bande passante mémoire de 672 Go/s face aux 1 008 Go/s de la RTX 4090.
Pour les non-initiés, ces chiffres peuvent paraître abstraits. Simplifions : imaginez la RTX 4090 comme une voiture de 500 chevaux, la RTX 5070 serait son équivalent à 185 chevaux.
Ces chiffres révèlent un fossé technique impressionnant entre les deux cartes. En termes simples, la RTX 5070 dispose d’environ un tiers des ressources matérielles de la RTX 4090. Comment Nvidia peut-elle alors prétendre à une égalité des performances ?
Le DLSS 4 : la nouvelle arme de Nvidia
La réponse réside dans le DLSS 4, dernière évolution de la technologie d’upscaling de Nvidia.
Un des changements du DLSS 4, le Multi-Frame Generation (MFG), permet de générer jusqu’à trois images supplémentaires entre chaque image calculée. Une évolution par rapport au DLSS 3 qui n’en générait qu’une seule.
Cette nouvelle version s’appuie également sur un modèle d’intelligence artificielle plus sophistiqué, passant d’un réseau neuronal convolutif à un modèle transformeur. Ce changement promet une meilleure qualité d’image et une réduction des artefacts visuels.
Le paradoxe de la latence
Mais un point essentiel mérite notre attention : contrairement à une augmentation naturelle du framerate, qui réduit la latence et améliore la réactivité, le Multi-Frame Generation crée une situation paradoxale. Bien qu’il augmente le nombre d’images affichées, il n’améliore pas la réactivité du système. Au contraire, le processus de génération d’images par IA introduit un délai supplémentaire.
Nvidia tente de compenser ce problème avec un système de prédiction, mais la latence additionnelle reste une réalité inhérente à cette approche. Pour les joueurs sensibles au temps de réponse, particulièrement en compétition, cette distinction est très importante.
Les limites concrètes
La mémoire vidéo constitue une autre limitation importante. Avec 12 Go de VRAM contre 24 Go pour la RTX 4090, la RTX 5070 se trouve déjà en difficulté sur certains jeux récents en 4K avec ray-tracing. Indiana Jones and the Great Circle, par exemple, dépasse déjà cette limite.
En termes de performances brutes, l’écart reste considérable : 94 TFLOPS en ray-tracing pour la RTX 5070 contre 191 TFLOPS pour la RTX 4090. Sans DLSS, la différence de puissance se fait clairement sentir.
Une promesse très conditionnelle
Il faut donc comprendre l’annonce de Nvidia dans son contexte. Oui, la RTX 5070 peut approcher les performances de la RTX 4090, mais uniquement dans certains jeux compatibles avec le DLSS 4, et au prix d’une latence légèrement supérieure. Pour tout le reste — calcul brut, ray-tracing natif, applications professionnelles — la différence de puissance reste énorme.
Ne nous méprenons pas : la RTX 5070 est certainement une excellente carte graphique pour son prix. Elle représente même une avancée impressionnante dans l’utilisation de l’IA pour améliorer les performances graphiques. Mais prétendre qu’elle égale la RTX 4090 relève plus de l’habileté marketing que de la réalité technique.
L’intelligence artificielle fait des merveilles, mais elle ne peut pas encore défier les lois de la physique. Une leçon que Nvidia semble parfois oublier dans sa communication marketing.
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