Pourquoi le mini PC IA à 3 000 dollars de Nvidia préfigure l’avenir de Windows

 
En 2020, Apple bousculait l’industrie avec ses puces M1. En 2025, c’est au tour de Nvidia de redéfinir les règles. Plus qu’une simple évolution, c’est une révolution qui se prépare.

L’histoire se répète-t-elle ? En 2020, Apple bouleversait l’industrie avec ses puces M1, la firme américaine démontrait qu’une architecture ARM pouvait surpasser les processeurs x86 sur un ordinateur. En 2025, Nvidia semble suivre un chemin similaire avec son Project Digits, mais avec une ambition peut-être encore plus grande.

L’annonce du Project Digits au CES 2025 par Nvidia n’est pas qu’une simple démonstration technologique — c’est potentiellement la première pierre d’une révolution silencieuse dans l’univers des PC.

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Sous ses airs de Mac mini, le Project Digits cache une architecture radicalement différente de tout ce que nous connaissons.

La puce Superchip GB10

Au cœur de la bête, la puce Superchip GB10, créée avec MediaTek, est intéressante à plus d’un titre : elle combine un CPU ARM haute performance avec un NPU (Neural Processing Unit) capable de gérer jusqu’à 200 milliards de paramètres d’IA. En termes de puissance brute, nous parlons d’1 pétaflop — imaginez traiter en une seconde un million de milliards d’opérations. Pour mettre ce chiffre en perspective, c’est environ 1000 fois plus puissant qu’un laptop haut de gamme actuel.

La mémoire unifiée de 128 Go n’est pas non plus choisie au hasard. Cette configuration permet des transferts de données ultra-rapides entre le CPU, le GPU et le NPU, ce qui élimine les goulots d’étranglement traditionnels des PC. C’est cette architecture unifiée qui permet au Project Digits d’atteindre des performances impossibles avec une architecture PC classique.

Cette minimachine a été conçue pour faire fonctionner de grands modèles de langage (LLM) avec jusqu’à 200 milliards de paramètres. Si vous en connectez deux, elles peuvent gérer ensemble jusqu’à 405 milliards de paramètres.

Pour comprendre l’ampleur de ce que prépare Nvidia, rappelons-nous le séisme Apple Silicon. En passant d’Intel à ses propres puces ARM, Apple n’a pas simplement amélioré les performances — l’entreprise a été au-delà des attentes que l’on avait. Les Mac M1 ont démontré qu’on pouvait avoir puissance et efficacité énergétique. Les M4 actuels poussent encore plus loin cette philosophie.

Le Project Digits de Nvidia montre une ambition similaire, mais avec une différence fondamentale : là où Apple visait l’excellence généraliste, Nvidia mise tout sur l’IA.

Et Windows ?

Et maintenant vous vous demandez pourquoi on parle d’une machine qui coûte 3 000 dollars ? Justement, les plans de Nvidia ne s’arrête pas là.

L’exclusivité Qualcomm sur Windows ARM, avec leurs puces Snapdragon Plus, arrive à son terme, ce qui ouvre la voie à beaucoup de choses. Nvidia, avec son Project Digits comme vitrine technologique, ne se contente pas d’observer — l’entreprise se prépare activement à transformer l’écosystème Windows. Le fondateur de Nvidia l’a confirmé, il va sortir une puce ARM pour le grand public.

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Est-ce que c’est sur Windows ? Déjà, le Project Digits fonctionne sous Linux et non sous Windows. Pour la future puce ARM pour PC de Nvidia, Windows semble tout de même être l’option la plus logique. Le choix de Linux pour le Project Digits actuel répond à des besoins spécifiques de développement et de recherche en IA.

Pourtant, l’écosystème Windows est déjà optimisé pour les GPU Nvidia. D’ailleurs, le partenariat stratégique avec MediaTek prend également tout son sens dans l’environnement Windows. Cette alliance permettrait de combiner l’expertise de MediaTek en processeurs ARM et en efficacité énergétique avec le savoir-faire de Nvidia en matière de GPU et d’IA. Le résultat ? Une machine capable de rivaliser avec les Mac en termes de performances et d’autonomie, tout en conservant la richesse de l’écosystème Windows.

D’un point de vue commercial, Windows offre un marché beaucoup plus vaste que Linux. Les entreprises, les créatifs, les joueurs — tous ces segments sont déjà ancrés dans l’écosystème Windows. Une machine Nvidia sous Windows bénéficierait immédiatement de cette base d’utilisateurs, ainsi que du support des revendeurs et intégrateurs habitués à travailler avec la plateforme.

Et Linux ?

Malgré tout, l’exemple de SteamOS nous prouve qu’une solution Linux bien pensée peut conquérir le grand public. Ce qui semblait impensable il y a quelques années devient aujourd’hui une option crédible pour Nvidia et sa future version grand public du Project Digits. Après tout, pourquoi se contenter de suivre les sentiers battus quand on peut tracer sa propre voie ?

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Imaginez un instant : une machine aussi performante que compacte, propulsée par une puce MediaTek-Nvidia, tournant sous une distribution Linux spécialement conçue.

L’interface serait fluide, intuitive, pensée pour une expérience utilisateur sans accroc. Plus qu’un simple système d’exploitation, ce serait un écosystème entier optimisé pour tirer le meilleur parti du hardware Nvidia. Les technologies RTX et DLSS seraient intégrées nativement, ce qui offrirait de bonnes performances graphiques sans configuration complexe.

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Le succès du Steam Deck nous montre la voie. Valve a réussi l’impensable : faire adopter Linux aux joueurs sans qu’ils s’en rendent compte. Grâce à Proton, les jeux Windows tournent comme sur des roulettes, et l’interface est si intuitive que personne ne se soucie du système qui tourne en dessous. Nvidia pourrait suivre ce modèle tout en l’adaptant à sa vision : une machine polyvalente, aussi à l’aise pour la création de contenu que pour le gaming ou les applications d’IA grand public.

Asus ROG Ally avec Bazzite/SteamOS // Source : Ulrich Rozier pour Frandroid

Libérés des contraintes de Windows, les ingénieurs Nvidia pourraient optimiser chaque aspect du système : des pilotes au noyau, en passant par la gestion de l’énergie. Cette intégration profonde permettrait d’atteindre des niveaux de performance et d’efficacité énergétique impossibles autrement. L’IA, grande spécialité de Nvidia, pourrait s’intégrer naturellement dans chaque aspect du système, ce qui offrirait une expérience vraiment nouvelle.

Le moment est peut-être venu de secouer le monde des PC personnels, de proposer une alternative qui ne soit pas simplement « un autre PC Windows » ou « un clone de Mac ».


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