Orange se place en soutien de Huawei contre son interdiction en Europe

Stéphane Richard contre l'interdiction

 
Stéphane Richard, PDG d’Orange, est revenu sur la situation de Huawei lors de ses vœux à la presse. Il se pose en soutien de l’acteur chinois contre une interdiction en Europe et en France.

Si nous subissons la situation Huawei plutôt sur l’aspect matériel, ses derniers smartphones ne sortant pas en Europe ou n’ayant pas les services Google dont nous avons besoin, le bannissement est d’origine plus privée. C’est sur son activité d’équipementier réseau que le constructeur chinois inquiète mondialement.

En France, une loi « anti Huawei » controversée a été promulguée pour permettre un plus grand contrôle des équipements réseau. En Amérique du Nord, le secrétaire du Commerce se prépare à appliquer un contrôle plus strict aux entreprises américaines. Les discussions en ce sens prennent toujours plus d’ampleur au sein de l’Europe.

Orange se place en soutien de Huawei face à l’Europe

Voilà qui a motivé Stéphane Richard, PDG d’Orange, à prendre la parole sur la situation au cours de ses vœux à la presse, suivis par Les Échos. Son discours est clair : il se pose comme défenseur de la place de Huawei au sein du réseau européen.

Interrogé sur les futures dispositions de la Commission européenne en matière de protection des réseaux 5G, il a indiqué sobrement : « je suis contre l’exclusion de Huawei, numéro un mondial. »

Stéphane Richard met également en avant dans cette optique l’association GSMA — qu’il préside– qui fait collaborer plus de 800 opérateurs et constructeurs dans le monde de la téléphonie. L’association a déjà statué selon lui : « nous ne souhaitons qu’une chose : c’est que soient précisées les règles du jeu de façon objective, que ce soit au niveau européen ou national. »

Il ne veut surtout pas tomber dans les dérives d’un discours sécuritaire « un peu foireux » selon ses mots, et ainsi ne pas statuer sur le cas Huawei sous seul prétexte qu’il s’agit d’un acteur chinois. Le contexte européen actuel semble frustrant pour l’homme d’affaires : « on dit des choses publiquement, on ne dit jamais de nom et dès qu’on a le dos tourné, on nous passe des messages, donc cette espèce de duplicité c’est pénible… »

Voilà qui aura peut-être motivé cette sortie publique pour déclarer son soutien à l’équipementier chinois Huawei. Reste pour autant que le PDG d’Orange n’oublie pas les prérogatives européennes, l’Union se devant tout de même de soutenir au maximum ses propres entreprises. « Je comprends tout à fait le discours qu’il faut viser un rééquilibrage progressif dans le temps des différents équipementiers au profit des Européens. » Comme on l’a vu avec l’exemple Free, il est vrai que se rapprocher d’un équipementier comme Nokia (Free) ou Ericsson permet de contourner tout ce débat aisément.

Un problème avant tout politique

Orange n’est pas pour autant un grand utilisateur des équipements Huawei en France : cette palme revient surtout à SFR et Bouygues Telecom. Cependant, il veut pouvoir le considérer à l’aube de la 5G, alors que les antennes du constructeur chinois sont considérées comme en avance technologiquement sur leurs compétiteurs.

Le blocage est donc avant tout politique, mais Orange ne nie pas pour autant les problématiques de sécurité. Bien au contraire, il se plaint d’une mauvaise presse : « on a l’impression, dans certains discours, que ceux qui construisent les réseaux, qui les exploitent, c’est-à-dire nous, on n’en a rien à foutre de la sécurité […] L’espèce de biais un peu de défiance anti-opérateurs sur ce sujet-là me défrise profondément… »

Au moins l’homme d’affaires reste cohérent dans ses propos, puisqu’à la naissance de ces débats, il fut l’un des premiers à rappeler que les opérateurs faisaient leurs propres vérifications de sécurité et étaient en première ligne sur ces questions.

Comme le rappellent Les Échos, la crainte est cependant plus large que le seul acteur Huawei, et est à voir du côté de la législation chinoise qui intègre l’obligation pour les entreprises locales de collaborer avec les autorités en place. Guillaume Poupard, directeur général de l’Anssi, déclarait ainsi au journal : « Il y a des risques plus forts avec des équipements qui viennent de Chine, donc construits par une entreprise qui est, malgré elle, soumise à des pressions éventuelles venant du gouvernement chinois, qu’avec des entreprises comme Nokia ou Ericsson. »

Plus que n’importe quel acteur, c’est avant tout cette loi chinoise qui provoque les réactions que l’on connaît. Huawei, en tant que numéro un du marché, ne fait que cristalliser ces peurs, même s’il rappelle régulièrement ne jamais avoir eu à faire face à de telles demandes et que jamais il ne s’y soumettrait. Peut-on avoir confiance en ces promesses ? Là est le cœur de la question.


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