Après avoir régné sans partage sur le segment des APN destinés aux vidéastes, la série GH de Panasonic a progressivement vu sa domination contestée par une gamme dotée de capteurs de dimensions supérieures de plus en plus étoffée. Plusieurs fabricants, dont Panasonic, ont en effet développé des modèles APS-C et surtout plein format très performants dans ce domaine. Nous allons donc voir, au regard de cette offre variée, si le GH6 reste un choix pertinent pour les vidéastes experts.
Fiche technique
Modèle | Panasonic Lumix GH6 |
---|---|
Type d’appareil | Hybride |
Format du capteur | Micro 4/3 |
Résolution capteur | 26,52 Mpx |
Stabilisateur d’image | Mécanique |
Définition enregistrement vidéo | 4K |
AF-S | 75 FPS |
Écran orientable | Oui |
Poids | 739 g |
Prix | 1 305 € |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un appareil photo prêté par Panasonic
Design et prise en main
A l’ouverture de la boite, c’est le volume du GH6 qui a frappé notre attention. En effet, au regard de la taille de son capteur photo (format micro 4/3) et de l’absence de miroir de visée — c’est un hybride — ses dimensions sont étonnamment imposantes (138,4 (l) x 100,3 (h) x 99,6 (p) mm) et il pèse son poids : 823 g avec carte et batterie.
À l’usage, ce niveau d’encombrement, qui pourrait sembler élevé, permet néanmoins d’assurer un usage agréable, alors que dans ce domaine certains boitiers micro 4/3 ou APS-C, dont la compacité est une priorité cardinale, laissent à désirer.
Grâce à une poignée conséquente, à un revêtement antidérapant aux endroits stratégiques et à une masse conséquente, le GH6 assure en effet un usage confortable, stable et équilibré, avec tout type d’objectif monté. Pour un usage expert, c’est essentiel.
Un boitier robuste taillé pour un usage expert
Il faut également noter que le GH6 doit également son poids à une conception métallique (coque en alliage de magnésium) et à la présence de nombreux joints qui assurent sa solidité ainsi qu’un niveau élevé d’étanchéité à l’humidité et à la poussière. Là encore, dans le cadre d’un usage expert qui peut par nature s’exercer dans des conditions très variées, l’attention portée par Panasonic à la robustesse du GH6 est de très bon aloi.
Par ailleurs, la conception d’un boitier potentiellement contraint d’assurer des enregistrements longs dans des formats nécessitant une puissance de calcul très conséquente se doit d’intégrer un dispositif de dissipation thermique performant. Ici, un ventilateur dédié est chargé de refroidir la plaque de graphite sur laquelle est disposée la carte mère qui intègre un nouveau processeur annoncé par le fabricant comme deux fois plus puissant que celui de la génération précédente.
Autre élément central, la visée est assurée par un module numérique construit autour d’une dalle OLED de 3,68 millions de points. Le grossissement proposé est de 0,76 x. Cela dit, dans le cadre d’un usage orienté vers la vidéo, l’écran arrière tient un rôle nettement plus central. Grâce à un montage sur une rotule équipée d’un bras mobile, il est donc inclinable et complètement orientable, y compris lorsque l’appareil est utilisé en mode connecté (USB ou HDMI). Sa définition de 1,84 million de points lui confère une finesse d’affichage et un niveau de luminosité suffisants pour travailler confortablement, y compris en extérieur quand le soleil est de la partie.
Si le GH6 peut accueillir les batteries du GH5, il dispose également de la gamme d’accus qui équipaient le GH5 II, et qui procurent une autonomie près de 20 % supérieure à celles qui équipaient le GH5 à sa sortie. Lors de nos tests, une batterie nous a permis d’assurer un usage mixte photo/vidéo soutenu d’une demi-journée environ.
Connectique
Côté connectique, on retrouve sans surprise, sur la face latérale gauche, les entrées/sorties stéréo casque et micro au format mini-jack. La charge et la connexion avec un ordinateur sont assurées par une prise USB-C 3.2 afin notamment de permettre le transfert de données depuis des cartes volumineuses adaptées à un usage vidéo expert. Une prise HDMI type A est également présente. Rappelons au passage qu’un accessoire porte-câble permettant d’éviter que la force ne s’exerce sur les prises en mode connecté est fourni.
Une interface très complète
Sur la face latérale droite sont présentes une prise télécommande ainsi que la traditionnelle trappe destinée au stockage. Sur le GH6, elle dispose de deux emplacements. Le premier est destiné à accueillir les cartes CF Express type B, qui permettent d’assurer la vitesse de transfert des données nécessaire à la très grande variété de formats proposés par le GH6.
Le second est compatible avec les cartes SDXC compatibles avec tous les standards jusqu’à l’UHS-II (moins rapides, mais également moins onéreuses que les CF Express).
Enfin, la face avant intègre une prise permettant de connecter un accessoire BNC également fourni afin d’assurer la synchronisation du timecode (très utile dans le cadre d’un usage multicaméra notamment).
Ergonomie
Sur la partie gauche du capot supérieur a été positionné un barillet de sélection des cadences de prise de vue (image par image, rafale plus rapide, superposition, retardateur…). À droite du viseur, on retrouve le barillet de sélection des modes (agrémenté d’un bouton de verrouillage) cerclé du bouton de mise sous tension, le bouton (rouge) de déclenchement de l’enregistrement vidéo, une molette de réglage et une touche de gestion automatique du niveau d’enregistrement sonore.
Au sommet de la poignée ont été positionnés le déclencheur, la seconde molette de réglage manuel et trois touches renvoyant au paramétrage de la balance des blancs, de la sensibilité et de la correction de l’exposition.
Une ergonomie experte très largement paramétrable
Sur la face arrière, on retrouve à gauche du viseur un sélecteur de verrouillage du sélecteur des cadences de prise de vue, et la touche de visionnage des images. À droite du viseur, le sélecteur du mode autofocus qui entoure la touche de choix de sous-mode AF a été positionné à proximité du déclencheur de mise au point et surplombe le joystick de navigation, la très utile touche « Q » (pour quickmenu), la roue codeuse qui entoure un joypad de navigation et la touche menu, puis les touches retour/suppression des images et display. Signalons au passage que parmi les touches signalées la plupart sont paramétrables afin d’adapter au mieux le pilotage du GH6 aux goûts de l’utilisateur.
Les menus organisés en onglets verticaux sont extrêmement touffus et, malgré la tentative bienvenue d’insérer des menus contextuels fournissant des explications, il nous est arrivé de rester bloqué un long moment face à certaines subtilités.
En effet, l’accès à certaines fonctions est conditionné à des choix d’autres paramètres parfois situés ailleurs dans les menus ou accessibles uniquement dans certaines positions de barillets (ex : l’accès aux cadences rafales ultrarapides). La séparation entre les onglets dédiés aux réglages photo et vidéo est aujourd’hui classique, mais néanmoins toujours bienvenue. Cependant, la possibilité permanente de déclencher un enregistrement vidéo à partir du mode photo destinée à parer aux imprévus vient parfois franchement perturber la donne et impose une rigueur et une attention importantes si l’utilisateur ne veut pas se faire piéger.
Qualité d’image
Comme ses prédécesseurs, le GH6 est équipé d’un nouveau processeur annoncé comme deux fois plus performant que celui qui équipait la génération précédente et d’un capteur au format micro-4/3 de 25,2 mégapixels. Il affiche donc le format le plus petit de la gamme à objectifs interchangeables destinée aux experts.
L’intérêt est de proposer des ensembles boitier/objectifs les plus compacts possibles, l’inconvénient est une capacité moins importante à délivrer des images de qualité à mesure que la luminosité chute. D’ailleurs, l’enregistrement vidéo est limité à 12 800 ISO et la sensibilité maximale en photo est de 25 600 ISO. On est donc loin des valeurs records disponibles sur les boitiers dotés de capteurs 24×36.
Une bonne qualité d’image
Afin de donner une idée des capacités du GH6 en basse lumière, nous avons basé nos observations sur des fichiers photo Raw développés en Tiff 16 bits sans correction autre que les valeurs par défaut de Lightroom. Dès 1600 ISO, le bruit de luminance (grain) est assez fin et devient perceptible dès 3200 ISO. Cette tendance s’amplifie à chaque palier et devient très présente dès 6400 ISO. Si la valeur de 12 800 ISO reste utile pour certains usages (Internet ou tirage de taille limitée), celle de 25 600 ISO est à réserver aux situations désespérées.
En vidéo, le bruit reste assez bien traité avec les réglages par défaut. Notons la présence d’un mode d’extension de la dynamique permettant un traitement des zones sombres par un circuit séparé. Dans des formats de capture standards, le gain reste très toutefois marginal : on note certes une légère amélioration de l’aspect des zones sombres (moins rouges et un plus denses), mais hors des formats exigeants permettant une dynamique déjà importante (4:2:2 10 bits…) nous n’avons pas noté de différence majeure lorsque le dispositif est activé.
Formats vidéo
Résolument orienté vers les vidéastes, le GH6 propose une très grande variété de formats d’enregistrement vidéo. Si en faire la liste exhaustive n’aurait aucun intérêt ici, nous pouvons néanmoins constater que le GH6 propose de nombreux raffinements tels que la possibilité d’enregistrer en « vraie » 4K (DCI) ou en UHD jusqu’à 120 images/s en 4:2:2 10 bits en interne. C’est là notamment que le gain de puissance du processeur, qui permet de traiter un flux de donnée très lourd, est le plus visible. Évidemment, en fonction des formats et des besoins il est possible de choisir entre les compressions intra-image (all-intra) ou inter-image (long Gop).
Pour aller plus loin
H.265, 4:2:2, 10 bits, UHD ou 60p : tout comprendre aux formats et à la compression vidéo
En plus des traditionnels encapsulages .mp4 et .mov, le très professionnel codec Apple ProRes est également disponible en interne jusqu’à la définition maximale de 5,7K (30 i/s) en 4:2:2 10 bits, avec la possibilité de filmer en anamorphique. Attention tout de même, dans ce dernier cas, la carte utilisée devra être capable d’encaisser le débit très élevé de 1,9 Gb/s (CF Express obligatoire).
Une variété pléthorique de formats vidéo
Les vidéastes experts apprécieront également de pouvoir filmer en Log avec une trentaine de LUT disponibles pour prévisualiser les séquences — qui autrement apparaissent complètement ternes. Ce mode d’enregistrement impose une chaine de postproduction conséquente, mais permet de disposer d’une dynamique beaucoup plus importante que celle que l’on peut obtenir avec les modes d’enregistrement classiquement disponibles. Notons par ailleurs qu’un mode d’extension de la dynamique et de réduction du bruit grâce à un double traitement séparé du signal permettrait, selon le fabricant, d’étendre la dynamique d’1IL dans ce mode de captation. Selon nos tests réalisés dans des formats plus standards, le gain est pour le moins minime hors de ce mode optimal :
Autofocus
Si les niveaux de compression ou la dynamique sont très souvent mis en avant quand on parle de qualité d’image, la question de la mise au point est essentielle dans le rendu final, en particulier sur les hybrides qui proposent à divers degrés des profondeurs de champ relativement courtes. Le GH6 est doté d’un capteur micro 4/3, plus tolérant en la matière que les capteurs de dimensions supérieures qui équipent la plupart des hybrides experts (APS-C, full frame ou moyen format).
Sur le GH6, Panasonic se tient au choix qu’il a opéré depuis plusieurs années : contrairement à la plupart de ses concurrents, qui ont fait le choix de la corrélation de phase, le fabricant fait évoluer au fil des modèles son système DFD fondé sur la détection de contraste. Si cette technologue est traditionnellement plus sujette aux effets de pompage et moins précise à mesure que les conditions de luminosité se compliquent, le système de DFD donne depuis longtemps des résultats étonnants et Panasonic annonce l’avoir amélioré sur le GH6. Fondé sur 315 points répartis sur l’ensemble du capteur, il s’appuie sur les technologies de l’intelligence artificielle pour mieux détecter les humains et les animaux.
Afin de voir ce que le GH6 avait dans le ventre, nous n’avons pas hésité à l’utiliser dans des conditions exigeantes (généralement à f/2,8 pour réduire la profondeur de champ et ainsi tester sa précision) et il n’est pas rare que nous ayons privilégié les prises de vue à contrejour par exemple plutôt que l’aspect esthétique. De même, afin d’évaluer les performances de la stabilisation en vidéo (sur laquelle nous reviendrons plus loin) nous avons réalisé l’intégralité des séquences à main levée.
Un autofocus performant
Lors de nos tests, les performances du module AF se sont révélées très intéressantes. Notons tout d’abord qu’un sujet mouvant est correctement suivi une fois détecté, y compris dans un environnement piégeux comme les vaguelettes en mouvement ou les reflets de lumière qu’elles génèrent :
De même, l’irruption d’un deuxième animal du même type ne piège pas l’AF du GH6 :
Les rares situations où l’AF a été piégé ont généralement eu lieu en cas de chevauchement. Dans ce cas, le module du GH6 a systématiquement choisi celui qui passait au premier plan, même s’il en suivait un autre :
On peut noter au passage, dans ce dernier exemple, lors du changement de sujet de la voiture blanche vers le feu tricolore, la réapparition d’un effet de pompage reproché à la série GH depuis quelque temps. Contrairement aux affirmations de Panasonic sur la disparition de ce rendu indésirable caractéristique de la détection de contraste, on peut donc voir qu’il n’a pas totalement disparu sur le GH6 (même si son apparition est restée très sporadique lors de nos essais).
Globalement, le suivi des sujets mobiles est donc bien assuré, que leur mouvement soit linéaire (ex : véhicule en mouvement à peu près constant) ou irrégulier (ex : animal qui change de vitesse ou de direction de manière impromptue) :
Même dans les situations les plus délicates (ex : sujet trop proche qui excède la distance de mise au point minimale d’un objectif), la sélection du sujet sur l’écran arrière permet de rattraper le point sans à coup :
Notons pour finir que le dispositif de reconnaissance des humains et des animaux fonctionne vraiment bien. Certes, comme on peut le voir ci-dessous, le point peut être perdu lorsque le faciès devient indiscernable en raison de l’orientation du sujet ou de l’éclairage. Néanmoins, dès qu’il devient de nouveau perceptible, l’appareil récupère rapidement le point sans à-coup ni effet de pompage :
Stabilisation
Nous avons pu le voir sur l’ensemble des vidéos réalisées à main levée ci-dessus, le module de stabilisation 5 axes hybride (capteur et stabilisation optique quand les objectifs le permettent) rempli parfaitement son office : malgré les mouvements de l’utilisateur, l’aspect reste fluide et agréable au regard.
Panasonic communique sur ce nouveau module et annonce des performances exceptionnelles. La réalité est, sans surprise, un peu moins reluisante. Néanmoins, selon nos mesures réalisées avec le 35-100 (f/2,8) à pleine ouverture en mode photo afin de ne pas perturber l’observation par l’animation des images, l’amélioration effective est de 4 vitesses (nous avons obtenu une majorité d’images nettes ou acceptables jusqu’à la vitesse d’obturation 1/5e de seconde avec la stabilisation active lorsque cette limite monte au 1/80e de seconde sans). Au-delà des arguments de communication, ces résultats montrent donc la très grande efficacité du module de stabilisation, qui obtient des résultats significativement supérieurs à ceux de ses meilleurs concurrents avec la même méthode.
Une stabilisation très efficace
Notons qu’il est possible d’améliorer encore ces résultats en y ajoutant une stabilisation numérique moyennant un recadrage dont voici la valeur :
À titre personnel, je préfère toujours éviter de réduire l’angle de prise de vue, surtout avec des résultats de départ aussi bons.
Mode rafale
Comme de nombreux hybrides, le GH6 propose une double obturation : mécanique et électronique. Avec le suivi du sujet enclenché, il permet de photographier à 8 i/s avec le module mécanique et à 7 i/s en mode électronique. C’est étonnant, car en général c’est plutôt l’obturateur mécanique qui joue le rôle de facteur limitant. De même, ces vitesses sont assez modestes au regard des performances proposées par la concurrence. Faut-il y voir la conséquence d’une réactivité limitée du module AF en mode photo ? Sans pouvoir l’affirmer, nous penchons pour cette explication, car une fois le suivi du sujet désactivé, le boitier propose une rafale qui affole les compteurs de 75 i/s…
Limité au mode AF-S, son usage ne saurait être la capture des sujets mobiles à très grande vitesse.
Le mode haute résolution à main levée
Le GH6 innove et propose un mode haute résolution à main levée (pas seulement utile lorsque l’appareil est sur pied). Il s’appuie sur le système de stabilisation du capteur, fondé sur ses micro-déplacements, pour prendre plusieurs clichés à très grande vitesse et recompose une image de près de 100 mégapixels.
À l’usage, force est de constater que cela fonctionne vraiment bien comme en attestent les images ci-dessus, directement générées en jpeg par le boitier.
Prix et disponibilité
Le Panasonic Lumix GH6 est disponible depuis mars 2022. Il est proposé en France nu au prix de 2199 euros. Deux kits sont par ailleurs disponibles, avec un objectif Lumix G 12-60 mm (f/3,5-5,6) à 2399 euros ou avec un objectif Leica DG 12-60 mm (f/2,8-4,0) à 2799 euros.
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