Philips a mis le paquet avec les écouteurs intra-auriculaires Fidelio T1. Les écouteurs sans fil embarquant deux transducteurs sont plutôt rares, généralement réservés à quelques modèles audiophiles. Les bénéfices qu’on peut attendre d’écouteurs à deux voies reposent sur une meilleure restitution, dès lors que chaque petit haut-parleur reproduit une plage de fréquences exclusive — à la manière d’une enceinte acoustique. Par ailleurs, les Philips Fidelio T1 supportent le codec Bluetooth LDAC, qui permet de recevoir des flux audio Hi-Res Audio, jusqu’à 24 bits/96 kHz. Apple Music ou Tidal proposent de nombreux titres dans ce format.
Fiche technique
Ce test a été réalisé avec des écouteurs prêtés par Philips.
Design
C’est peu de dire que Philips a pris des risques avec le design des Fidelio T1. On a rarement vu des écouteurs si imposants et lourds. Ces écouteurs intra-auriculaires disposent donc d’une coque en aluminium d’une longueur impressionnante, avec un plateau rapporté de plus de 3 cm de long, flanqué d’une pastille intégrant un capteur tactile.
Les coques sont prolongées par une courte canule sur laquelle se trouve l’embout d’insertion. Philips en livre de nombreux, en silicone et en mousse à mémoire de forme.
Confort de port décevant
C’est le point faible de ces écouteurs, leur confort de chausse et de port est exécrable. Sans surprise, le poids excessif et l’inertie provoquent le déplacement des écouteurs, qui, dans mon cas, sont fréquemment tombés alors que je me déplaçais pourtant paisiblement. N’espérez pas courir avec ou écouter de la musique pendant une séance de fitness. Logiquement, le besoin est fréquent de repositionner convenablement les écouteurs. Bref, mieux vaut donc rester assis pour utiliser les Philips Fidelio T1.
Un boîtier lourd et solide
Le boîtier de rangement et de charge des écouteurs Fidelio est le plus imposant qu’il m’ait été donné de voir et utiliser. Réalisé en aluminium brossé, il pèse environ deux fois plus lourd qu’un boîtier conventionnel. Il s’agit d’un modèle vertical à ouverture par couvercle abattant aimanté.
Petite coquetterie, le couvercle est recouvert d’un cuir synthétique. À l’opposé, la base est en plastique, très probablement pour permettre la charge sans fil Qi. Le port pour la charge filaire est au format USB-C (câble fourni).
Usage et application
Les écouteurs n’étant pas très stables une fois enfilés, leur tapoter dessus pour contrôler la lecture ou gérer un appel dégrade davantage l’expérience utilisateur. Pour ne rien arranger, les combinaisons tactiles ne sont pas pratiques et ne peuvent être reprogrammées. La mise en pause de la lecture nécessite un appui d’une seconde sur l’écouteur droit, tandis que le passage à la piste suivante requiert trois pressions successives. Le retour à la piste précédente n’est pas possible. Un double appui sur l’écouteur droit augmente le volume… mais sa diminution n’est pas permise. Quant à l’écouteur gauche, il permet théoriquement de couper le son d’un simple appui — je n’y suis pas parvenu — ou d’invoquer l’assistant vocal du smartphone, après une pression de 2 secondes. Certaines actions sont confirmées par un message vocal, mais uniquement en anglais.
Tout cela est un peu malheureux dans l’absolu et encore plus au regard du prix des écouteurs Philips Fidelio T1.
Une application à améliorer
L’application Philips Headphone est particulièrement limitée dans les fonctionnalités qu’elle propose. Pour résumer, elle permet de mettre à jour le firmware des écouteurs, d’activer un mode d’égalisation, de choisir entre l’ANC et le mode transparence ou encore de désactiver les zones tactiles. Aucune reprogrammation des gestes tactiles n’est malheureusement proposée, ce qui est pourtant tout l’intérêt de ce type d’app.
En outre, l’égaliseur ne fonctionne pas bien, car le mode « Basses » provoque une compression par écrêtage du son. En résultent des variations particulièrement gênantes. Enfin, l’app se ferme automatiquement lorsqu’elle est mise en arrière-plan.
Bluetooth multipoint et quelques caprices
La connexion Bluetooth s’est montrée stable tout au long de ce test, quel que soit le smartphone utilisé. Au travers d’un plancher en bois et à presque 10 mètres du smartphone, la musique ne s’est pas interrompue. Idem dans la rue et au milieu de la foule. Cependant, il est arrivé à plusieurs reprises que les écouteurs n’émettent plus de son après une période d’inactivité, et qu’il faille les ranger puis les extraire de leur boîtier pour qu’ils fonctionnent à nouveau.
La connexion Bluetooth est multipoint, pour se connecter à un smartphone et un ordinateur simultanément. On peut regretter que les messages vocaux de connexion soient exclusivement en anglais et que chaque appareil soit désigné par un chiffre et non pas son nom (« Bluetooth one/two connected »).
La latence des écouteurs Philips Fidelio T1 est manifestement très élevée et pose des problèmes de synchronisation entre l’image le son, malgré la compensation que proposent la plupart des applications mobiles de streaming. YouTube et Plex sous iOS sont notamment concernés et la désynchronisation labiale est évidente. Le phénomène est également perceptible avec les jeux vidéo.
Réduction de bruit active
Premier point, l’isolation passive est plutôt faible et laisse entendre pas mal de bruits environnants. Malheureusement, la réduction de bruit active (ANC) n’est guère efficace et de nombreux bruits parasites parviennent aux oreilles.
Par ailleurs, la signature sonore évolue lorsque l’ANC est active, avec un renforcement net des basses fréquences, probablement pour masquer celles parasites autour de l’auditeur. Ce n’est pas un mal dès lors que l’équilibre tonal s’en trouve amélioré. Quant au mode transparence, il fonctionne convenablement.
Audio
Les solutions acoustiques mises en œuvre dans les écouteurs Philips Fidelio T1 sont atypiques. Ils n’abritent pas un unique transducteur pour reproduire l’ensemble des fréquences audibles, mais deux, chacun étant chargé de couvrir une plage de fréquences spécifique.
Le premier est un transducteur dynamique classique de 10 mm, chargé principalement de la reproduction des fréquences grave et bas-médium. Le second est un transducteur à armature équilibrée, spécifiquement développé pour reproduire les registres de fréquences médium et aigu. Pour rappel, un transducteur dynamique est similaire à un haut-parleur d’enceinte acoustique, tandis qu’un transducteur à armature équilibrée et une micro-boîte au fonctionnement plus complexe, dotée d’un tube diffuseur. L’armature équilibrée désigne une tige de cuivre qui se balance entre un jeu d’aimants et une bobine, pour faire vibrer un petit diaphragme. C’est ce dernier qui produit le son. Son principal atout est un régime transitoire bien supérieur à celui d’un transducteur classique, dont la membrane est plus lourde. Autrement dit, le passage d’un son à un autre est plus bref, ce qui favorise la reproduction de détails plus fins.
Quant au récepteur Bluetooth, il est compatible avec les codecs SBC, AAC et LDAC. Pour profiter du codec LDAC, dont la qualité est proche du son lossless, il faut utiliser une source Bluetooth compatible, telle qu’un smartphone Android ou un baladeur audiophile.
Configuration de test
J’ai écouté les écouteurs Philips Fidelio T1 avec un iPhone 13 Pro Max (AAC), un Xiaomi Mi 11 Lite 5G (LDAC) et un MacBook Air M1 (AAC), depuis Apple Music (lossless). Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la restitution n’est pas meilleure en LDAC. C’est, une fois n’est pas coutume, l’iPhone qui offre le son le plus précis et le plus dynamique, malgré un codec AAC réputé inférieur au LDAC.
Signature sonore
La balance tonale des Philips Fidelio T1 est plutôt sèche et se distingue par une bonne intégration des registres médium et aigu. Le grave est en léger retrait, mais son extension vers la première octave est intéressante. De plus, les notes graves sont bien tenues (extinction très progressive). Le meilleur exemple est sans doute la guitare basse, dont on suit facilement le jeu. Le registre médium est équilibré mais proéminent, probablement dans la zone de crossover, où les deux transducteurs se recouvrent en fréquence. L’aigu est soyeux et discret.
- Grave : discret mais équilibré jusque très bas en fréquence, ce qui confère à la restitution une palette intéressante
- Médium : proéminent, il apporte beaucoup de clarté, notamment aux voix, mais peut se montrer envahissant sur certains morceaux. Conséquence certains timbres — les caisses claires par exemple — sont dénaturés
- Aigu : fin mais occulté partiellement par la mise en exergue du médium.
Notez que l’activation de l’ANC provoque un montée en puissance du registre haut-grave et la restitution gagne pas mal de punch et devient nettement plus addictive. C’est sans doute avec l’ANC que les écouteurs Philips Fidelio T1 doivent être écoutés.
Comportement dynamique
Les Philips Fidelio T1 délivrent un son plein de punch, qui fait à la fois la part belle aux impacts lourds comme aux détails plus fins. C’est certainement l’un des bénéfices d’employer deux transducteurs et non un. On suit très facilement le jeu de différents instruments, même lorsqu’ils jouent à des volumes très différents.
Scène sonore
Les écouteurs Philips Fidelio T1 établissent une scène aux dimensions importantes. La largeur semble équivalente à la profondeur et cela sert les belles prises de son. C’est particulièrement vrai avec les concerts, ainsi que certains films ou séries aux pistes audio complexes. L’aération est toujours de mise.
Micro
Mauvaise surprise, la qualité des appels vocaux est médiocre. On entend convenablement l’interlocuteur, mais celui-ci est confronté à un son métallique et une voix souvent robotisée. En outre, la filtration des bruits environnants est inexistante.
Autonomie
Les écouteurs Philips Fidelio T1 sont particulièrement endurants. Il faut y voir les bénéfices combinés d’une sensibilité élevée des transducteurs — qui réclament peu de courant à l’ampli pour jouer fort — et de batteries de capacité élevée (il y a la place). Philips annonce 9 heures ANC active, j’ai mesuré 9h30 environ à 50 % du volume de mon iPhone en AAC.
Le boîtier offre selon Philips 25 heures d’autonomie cumulée, moyennant un temps de recharge des écouteurs de 2 heures environ. La charge étant rapide pendant 15 minutes, les écouteurs totalement déchargés récupèrent ainsi 2 heures d’autonomie.
Prix et date de sortie
Les écouteurs Philips Fidelio T1 sont disponibles en coloris noir ou blanc, au prix de 299 € TTC. Un tarif auquel sont également proposés les Klipsch T5 II ANC, qui constituent à mon sens une alternative à envisager sérieusement, tant ils sont plus musicaux et confortables.
Aucun service de streaming n'est "lossless en Bluetooth", ni Deezer, ni Qobuz, ni Tidal, ni Amazon Music n'échappent à cette règle. La transmission Bluetooth est détériorante pour le signal audio reçu depuis les serveurs d'Apple, Deezer, etc. Pour autant, en réglant l'app d'Apple Music sur la qualité "Lossless" (ALAC), plutôt que "Haute qualité" (AAC), on se place dans les meilleures conditions d'écoute possibles avec des écouteurs Bluetooth. En mode Lossless/ALAC, le flux original n'est compressé qu'une fois (transmission Bluetooth), tandis qu'en mode HQ/AAC le flux est compressé par Apple puis lors de la transmission Bluetooth — il est donc dégradé deux fois. Quant au choix d'Apple Music, c'est simplement lié au fait que j'utilise un iPhone et un Macbook comme principales sources d'écoute, et que ce service y est idéalement intégré. Pour l'analyse sur le produit, je suis bien d'accord vous.
Concernant le paragraphe sur les tests sur iPhone, Xiaomi Mi et Macbook: Pourquoi utiliser Apple Music ? Apple Music n'est pas "lossless" en Bluetooth (que ce soit sur un appareil Apple ou autre) et utilise un format optimisé pour les produits Apple. Pour pouvoir tester du "lossless" il aurait fallu essayer sur Deezer, Qobuz ou Tidal par exemple. Source: https://support.apple.com/fr-fr/HT212183 Et sur le produit: C'est quand même dommage que les fabricants n'aient pas encore compris que la force des Airpods est leur ergonomie (matérielle et logicielle).
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