Les voitures dotées d’un moteur à combustion (essence et diesel) seront bientôt interdites à la vente en Europe, et ce dès 2035. C’est en tout cas ce que prévoient les grandes instances, même si dans les faits, c’est un peu plus compliqué que cela. En effet, le Parlement européen a voté en faveur de cette mesure il y a quelques semaines, allant dans le sens de la Commission européenne un peu plus tôt. Sauf que cette mesure est désormais soumise au vote des États-Membres. Et c’est là que ça coince, puisque que tous les pays n’y sont pas vraiment favorables.
Porsche et Ferrari sont contre
C’est notamment le cas de la Pologne, mais également de l’Italie et de l’Allemagne. À tel point que nos voisins d’Outre-Rhin ont décidé de ne pas voter en faveur de cette mesure. La raison ? Le gouvernement souhaite que les voitures thermiques puissent continuer à être vendues sur le Vieux Continent si elles sont alimentées par du carburant synthétique. Car si l’Europe n’a jusqu’à présent pas donné de précisions, il est probable que ce type d’alternative ne soit pas autorisé.
Ce sera également le cas des hybrides rechargeables qui sont de toutes façons loin d’être écologiques. Une situation qui ne plaît donc pas à l’Allemagne, alors que l’un de ses constructeurs emblématiques travaille activement au développement du carburant de synthèse. Il s’agit bien sûr de Porsche, très investi dans cette technologie qui fait de plus en plus parler d’elle. Comme l’explique le site Bloomberg, notre voisin d’outre-Rhin ainsi que l’Italie vont discuter avec l’Union européenne dans les prochains jours.
L’objectif serait de voir comment il serait possible d’intégrer cette alternative dans les exemptions pour 2035. Car si la plupart des constructeurs automobiles multiplient les investissements pour électrifier massivement leur gamme, à l’image de Ford, Renault ou encore Volkswagen, entre autres, Porsche prend de son côté le contre-pied de la tendance. C’est également le cas de Ferrari, qui travaille aussi plus discrètement au développement de carburants alternatifs.
Cependant, la firme de Maranello ne veut pas mettre tous ses œufs dans le même panier et va quand même proposer des modèles électriques dans le futur. En effet, elle prévoit de lancer son tout premier véhicule zéro-émission (à l’échappement) en 2025 tandis qu’elle affirme que 80 % de ses ventes seront composées de voitures hybrides et électriques dès 2030. Pour l’heure, elle propose déjà deux modèles rechargeables, à savoir la SF90 Stradale et la 296 GTB.
Encore quelques obstacles
De son côté, Porsche travaille aussi au lancement de plusieurs modèles électriques, tandis qu’elle propose déjà sa Taycan depuis 2019. Parmi eux, un SUV haut de gamme positionné au-dessus du Cayenne, ainsi qu’une nouvelle version de son Macan. Mais si la firme croit également à cette motorisation, ce serait plutôt pour faire grimper ses profits, alors que les voitures électriques seraient plus rentables.
Fin décembre, Porsche inaugurait sa première usine de carburant synthétique (technologie Power-to-X) située au Chili, qui entame sa première phase pilote. Ainsi, ce sont environ 130 000 litres d’eFuel qui devraient être produits en premier lieu, alimentant les véhicules de la marque engagés en compétition Mobil 1 Supercup. À l’horizon 2025, le constructeur espère produire 55 millions de litres, puis 550 millions deux ans plus tard.
Cependant, cette alternative est encore très coûteuse, puisque que l’entreprise Zero Petroleum commercialise son carburant environ 56 euros le litres. De son côté, Porsche espère un jour pouvoir vendre son carburant de synthèse au même prix que de l’essence ou du diesel. Pour cela, elle souhaite que les États mettent en place des aides afin de le rendre plus accessible aux usagers. L’idée serait de taxer plus fortement les carburants fossiles pour financer cette alternative jugée plus propre.
Le souci, c’est ce que c’est pas forcément le cas. En effet, si ce type de carburant n’utilise pas de pétrole et est notamment produit à partir d’eau, il nécessite tout de même une très grande quantité d’électricité. Or, les tensions sur le réseau sont déjà très fortes, et l’origine de cette énergie n’est pas toujours verte. De plus, l’e-fuel ne permet pas de réduire les rejets polluants à l’échappement, comme les particules fines ou les oxydes d’azote. Il n’est donc pas sûr que les pouvoirs publics acceptent de favoriser cette solution qui n’est pas vertueuse à 100 %, même si les voitures électriques sont loin de l’être non plus.
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