« La transition vers la voiture électrique prend plus de temps que prévu » : Porsche rejette en partie la faute sur les clients

 
Si Porsche annonçait l’an dernier vouloir vendre 80 % de voitures électriques d’ici à 2030, les faibles ventes de sa Taycan l’ont poussé à revoir ses plans. Le constructeur admet que le passage à cette motorisation prendra finalement un peu plus de temps que prévu initialement et explique pourquoi.

À partir de 2035, toutes les voitures neuves vendues en Europe seront obligatoirement équipées d’une motorisation 100 % électrique, comme l’a décrété l’Union européenne. Et il n’y aura aucune exception, alors que même les hybrides rechargeables seront interdits.

Un changement de stratégie

Hormis quelques exceptions pour ceux qui vendent très peu de voitures, tous les constructeurs seront concernés par cette mesure. Même Porsche, qui travaille depuis plusieurs années déjà à l’électrification de son catalogue. C’est ainsi que la firme a lancé en 2019 sa première auto électrique, la Taycan, qui chasse sur les terres de la Tesla Model S. La berline, qui se décline aussi en break a d’ailleurs été renouvelée il y a quelques mois, avec une autonomie en hausse.

La firme de Stuttgart souhaite accroître les ventes de voitures électriques au fil des années, afin d’être en accord avec la politique de l’Europe. En début d’année dernière, le patron de Porsche France, Marc Meurer confirmait l’objectif du constructeur, de vendre 80 % d’autos zéro-émission (à l’échappement) d’ici à 2030. Mais tandis que cette échéance se rapproche à grands pas, tout n’est en fait pas aussi rose que prévu, bien au contraire. À tel point que la firme a décidé de revoir sa stratégie.

Et pour cause, les ventes de voitures électriques sont en baisse en Europe, et aucun constructeur n’est épargné, pas même le groupe Volkswagen qui accuse pas mal de pertes. Chez Porsche, les immatriculations de la Taycan ne sont pas à la hauteur des attentes, puisque seulement 40 629 exemplaires ont été vendus l’an dernier. À tel point que la firme allemande prévoit de ralentir la cadence au sein de l’usine de Zuffenhausen, comme l’avait rapporté le média Stuttgarter Nachrichten quelques semaines plus tôt.

La situation est donc assez difficile pour Porsche, qui a décidé de retravailler sa stratégie, mais surtout de revoir ses ambitions à la baisse. C’est ce qu’explique un porte-parole du constructeur, relayé par l’agence de presse britannique Reuters. Ce dernier estime que la transition vers le tout-électrique prendra finalement un peu plus de temps que prévu, notamment par rapport aux estimations qui avaient été faites cinq ans plus tôt. L’objectif initialement annoncé n’est plus d’actualité pour le moment.

Des annonces trop ambitieuses ?

En cause, des ventes en baisse, qui ne sont chez Porsche pas à imputer à la réduction du bonus écologique. En effet, cela fait déjà bien longtemps que les voitures électriques de la marque n’y ont de toutes façons déjà plus le droit, puisqu’elles dépassent toutes la barre des 47 000 euros. Mais globalement, la demande est en chute libre, tandis que le Macan est en période transitoire, avec le lancement de la version électrique que nous avons pu essayer un peu plus tôt dans l’année.

Cependant, la firme allemande aurait enregistré des commandes très satisfaisantes pour le SUV comme l’indique le patron de la marque Oliver Blume, relayé par le site américain Electrek. Une bonne nouvelle pour Porsche, qui va également lancer une version électrique de la 718, prévue pour la fin de cette année. Plus tard, un Cayenne électrique verra aussi le jour, et le constructeur prépare un tout nouveau SUV très haut de gamme, qui pourra accueillir jusqu’à sept personnes à son bord.

Quoi qu’il en soit, l’entreprise n’a pas annoncé de nouvel objectif, puisque celui initial de 2030 pourrait encore peut-être être atteint si les ventes repartent rapidement à la hausse. Et Porche précise que cette décision est dans les mains des clients, mais aussi du développement de l’électromobilité. En filigrane, il s’agit des pouvoirs publics qui participent à la mise en place des infrastructures de recharge par exemple via des politiques fiscales incitatives.

Mais rien n’est gagné, puisque le patron de Renault, Luca de Meo a aussi exprimé ses craintes sur la fin obligatoire du thermique en 2035, qui serait un objectif trop ambitieux. Même son de cloche du côté de chez Ford, qui va aussi continuer à proposer une offre de voitures thermiques après 2030.