Snapdragon 8 Gen 1 officialisé : un SoC boosté à l’IA pour les smartphones de 2022

 
Pour son changement de nom, le Snapdragon 8 Gen 1 insiste moins sur la puissance de son processeur et son GPU que sur ses capacités en IA, en photo et le débit offert en 5G. Est-ce un pari payant ?
Le Snapdragon 8 Gen 1. // Source : Qualcomm

En 2021, Qualcomm a survolé l’industrie avec son Snapdragon 888, un SoC qui est parvenu à surclasser tous ses concurrents dans tous les benchmarks que nous avons menés. Fin 2020, lors de son annonce, nous avions tellement peu de doute sur le fait qu’il allait définir un standard pour l’industrie que nous parlions « de nouvelles bases pour les smartphones ». Cette année s’annonce bien différente. MediaTek a présenté le Dimensity 9000, un SoC impressionnant qui pourrait bien jouer les trouble-fêtes.

La réponse du dragon à la bergère

Vous l’aurez compris, la réponse de Qualcomm était donc plus qu’attendue. Voici donc le Snapdragon 8 Gen 1. Comme annoncé, la firme américaine a décidé de casser son système à trois chiffres, on tire un trait sur les Snapdragon 8XX et on regarde devant.

Première curiosité, la firme ne communique pas tant que ça sur les gains de son processeur, pourtant équipé d’un cœur Cortex-X2 de dernière génération. Elle préfère se concentrer sur trois domaines clés : l’IA, la photo et la connectivité.

Le 4 nm est franchi aussi

Pour notre part, nous allons tout de même nous attarder un peu sur le processeur et le GPU de ce SoC avant d’aborder ces trois points, car il s’agit probablement des composants les plus parlants.

Commençons par parler finesse de gravure. Oui, le Snapdragon 8 Gen 1 passe bien lui aussi au 4 nm, rejoignant le Dimensity 9000 dans ce club très fermé. Apple de son côté propose toujours un A15 Bionic en 5 nm, qui se montre d’ailleurs très performant.

Le Snapdragon 8 Gen 1. // Source : Qualcomm

Un gain de performances, c’est justement la promesse qui accompagne généralement une réduction de la finesse de gravure. Et au vu des chiffres communiqués par Qualcomm, on l’observe bel et bien ici.

Le méga-cœur ARM Cortex-2 est cadencé à 2 995 GHz et pourrait atteindre des pics jusqu’à 3 GHz. Une belle amélioration par rapport au 2,84 GHz du Cortex-X1, mais pas assez pour égaler celui du Dimensity 9000 qui atteint les 3,05 GHz.

Précisons ici que la puissance pure d’une puce destinée aux smartphones est loin d’être la donnée la plus importante, car une puce puissante, mais peu économe qui viderait la batterie en quelques heures n’intéressera pas grand monde. Cela étant, sur le papier, MediaTek semble être parvenu à proposer une puce capable d’égaler, voire de dépasser celle de Qualcomm. Ce n’est pas rien.

Une qualité sonore digne d’une console

Pour la partie graphique, le GPU Adreno pour sa part, a vu son architecture repensée. Cela devrait lui permettre un bond de 30 % en traitement graphique et 25 % d’efficacité énergétique. Plus intéressant encore, il intègre le support d’Unreal Engine 5 et ses graphismes stupéfiants, ainsi qu’un moteur Adreno Frame Motion, censé aider à augmenter le nombre d’images par seconde affichée.

On est loin des promesses de ray tracing du partenariat entre Samsung et AMD, mais la stabilité du taux de rafraîchissement au-delà des 30 FPS est encore compliquée sur certains jeux.

D’autant qu’il n’y a pas que les graphismes qui permettent de plonger dans un jeu vidéo, le son compte pour beaucoup aussi. Le Snapdragon 8 Gen 1 intègre pour cela la technologie Audiokinetic. La promesse est simple : un son plus immersif et une qualité sonore digne d’une console.

L’IA fait un grand bond

Le secteur qui connaît la plus franche amélioration cette année est la puce chargée des calculs IA. Qualcomm présente la 7e génération de son processeur Hexagon dédié au machine learning. Celui-ci multiplie par deux sa vitesse de calcul et sa capacité mémoire. De quoi venir titiller le Google Tensor des Pixel 6, mais aussi sans doute la nouvelle puce de MediaTek. Cette puce sera aidée par une 3e génération de Sensing Hub, une puce très économe en énergie et dédiée aussi aux calculs IA.

Ce n’est pas que la taille qui compte, mais on peut voir l’importance prise par l’IA juste en regardant l’agencement du SoC. L’Hexagon et le Sensing Hub prennent beaucoup plus de place que le CPU par exemple.

Les différents composants du Snapdragon 8 Gen 1. // Source : Qualcomm

Si les effets concrets de cette toute-puissance sont difficiles à appréhender pour le moment, Qualcomm a présenté une palanquée d’exemples lors de son Tech Summit. À commencer par la fonctionnalité Hugging Face.

Celle-ci permettra par exemple d’analyser vos notifications et de les regrouper « intelligemment ». Si vous avez l’habitude d’utiliser l’action contrôle + F pour chercher un mot précis dans un texte, vous allez maintenant pouvoir taper un mot clé comme « couleur » et l’Hexagon va trouver tous les passages liés de près ou de loin à ce thème. Plus impressionnant encore, Qualcomm promet que « si votre chef vous demande d’analyser 100 documents, vous pourrez les scanner instantanément pour en connaître le ton général » de manière à gagner du temps à la lecture.

La photo devrait profiter aussi de ce gain de vitesse, puisque le traitement algorithmique des clichés tire sa puissance en partie du machine learning. On peut s’attendre à une amélioration du bokeh et de la gestion des couleurs. La puce sera aussi capable de reconnaître 300 parties du visage pour mieux en cerner les traits et les mettre en valeur.

Une fonctionnalité permet de créer un rendu panoramique de 140° en fusionnant deux images prises par deux capteurs différents. L’intérêt par rapport à un panoramique classique ou à un ultra grand-angle est simple : il n’y a pas de distorsion. De plus, si vous avez un ultra grand-angle de 120°, vous pourrez dépasser cette limitation technique grâce à l’IA.

Le Sensing Hub a deux applications intéressantes. La première consiste à repérer des sons pour déclencher des routines. Qualcomm imagine par exemple un réveil qui se déclenche lorsqu’un bébé pleure ou un appel automatique aux secours en cas d’accident de la route. Autre utilité dans le jeu vidéo ou en visioconférence : le Sensing Hub va permettre de réduire le howling, ce son désagréable qui peut apparaître lorsque deux personnes utilisent un micro l’une à côté de l’autre. Nous l’avons d’ailleurs vu en démo et c’est assez impressionnant.

Dernière application intéressante : votre téléphone sera capable de vous proposer un retour sur votre humeur et votre santé mentale juste en analysant la manière dont vous parlez. Qualcomm parle même d’une capacité à détecter une infection au Covid. À voir…

La danse des chiffres en photo

Continuons sur la photo, un critère très important pour se différencier sur le marché du haut de gamme. On retrouve sur ce SoC le système de triple ISP présenté avec le Snapdragon 888, mais celui-ci voit ses capacités considérablement améliorées. Les équipes derrière le Snapdragon accumulent les chiffres.

Le Snapdragon 888 pouvait gérer jusqu’à 14 bits, le S8 Gen 1 passe à 18 bits. De quoi capturer 4000 fois plus de données que son prédécesseur, le tout à une vitesse de 3,2 Gigapixels par seconde, contre 2,7 l’an dernier. En revanche, on est très loin des 9 Gigapixels promis par le Dimensity 9000.

Une fois intégré à un smartphone, ce nouvel ISP permettra d’intégrer des capteurs pouvant atteindre jusqu’à 200 mégapixels (Samsung travaille d’ailleurs sur un exemplaire). Là aussi, on pourrait souligner que MediaTek est loin avec sa capacité de 320 mégapixels, mais Qualcomm semble plus proche des attentes du marché avec du 200 mégapixels.

Le Snapdragon 8 Gen 1. // Source : Qualcomm

Votre appareil sera aussi en capacité de prendre trois photos simultanément avec trois capteurs (un grand-angle, un ultra grand-angle et un téléobjectif par exemple) en 36 mégapixels, contre 28 pour l’ancienne génération. L’ISP du Dimensity 9000, avec son placard de chiffres, plafonne à 32 mégapixels.

Autres atouts du nouvel ISP : il est capable de filmer en 8K HDR, là où le précédent s’arrêtait à une définition en 4K HDR. Pendant qu’il filme, le SoC peut également prendre des clichés de 64 mégapixels.

En mode rafale, le Snapdragon 8 Gen 1 peut atteindre les 240 images en 12 mégapixels par seconde. Enfin, si 2021 a certainement été marqué par l’impressionnant mode nuit du Google Pixel 6, le Snapdragon 8 Gen 1 pourrait monter encore la barre d’un cran. Il sera en effet capable de fusionner 30 images capturées en très basse lumière. Snapdragon estime que les smartphones équipés de ce nouveau SoC possèderont un mode nuit cinq fois plus efficace. On a hâte de voir ça.

10 Gpbs en 5G

À l’instar de la performance, la connectivité et les capacités réseau des puces sont tellement bonnes aujourd’hui qu’on a tendance à moins y prêter attention. Qualcomm avait tout de même son lot d’annonces en la matière.

Le Snapdragon 8 Gen 1. // Source : Qualcomm

La firme de San Diego a présenté son nouveau modem 5G, le Snapdragon X65, qui prend la suite du X60. Cette nouvelle génération permet à Qualcomm d’afficher deux premières sur son tableau de chasse : un débit de 10 Gigabit en 5G et « le premier modem 3GPP version 16 », la toute dernière norme 5G. MediaTek avait annoncé aussi le premier modem 3GPP il y a quelques semaines, mais passons.

Au-delà des chiffres, ce nouveau modem embarque une fonctionnalité très intéressante, qui vise à empêcher les attaques et arnaques émises par de fausses stations 4G, 5G ou même 2G. Par exemple, lorsque vous recevez un faux message de votre banque ou de votre compte CPF. À l’intérieur même du modem Snapdragon X65, un système pourra détecter si une station d’émission est dangereuse ou pas et la bloquer. Effectuer cette tâche directement dans le modem a de plus un avantage : cela demande peu d’énergie au téléphone et sauvegarde donc sa batterie.

Pour l’épauler, on comptera sur la puce FastConnect 6900, chargée du Wi-Fi et du Bluetooth. C’est le même modèle que sur le Snapdragon 888. On a toujours du Wi-Fi 6E avec un débit théorique de 3,6 Gb/s. On conserve aussi le Bluetooth 5.2, là où MediaTek annonce déjà du 5.3. Deux ajouts importants sont tout de même là : l’arrivée du codec aptX Lossless, qui promet une qualité CD sur ses écouteurs sans fil et l’apparition du Bluetooth LE.

Cet article a été rédigé dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Qualcomm.

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aptX, LDAC, SBC, LC3 : tout comprendre aux codecs Bluetooth audio


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