La plus grande innovation de Razer au CES 2024 est française

 
La traditionnelle surprise du CES 2024 de Razer n’est autre que le Projet Esther. Mais plus que de l’avoir essayer, c’est la rencontre avec son créateur qui nous a marqué.

Pour Razer, chaque CES est l’occasion d’offrir à ses ingénieurs les moyens de s’exprimer sur des projets toujours plus tirés par les cheveux. Nous avons vu par le passé le coussin HyperSense, le PC de bureau modulaire ou encore le smartphone pouvant se transformer en PC portable. Tout ça n’est jamais innocent bien sûr : derrière ces expérimentations qui peuvent parfois paraître inutiles, des technologies sont développées qui permettront à la marque de créer des produits plus proches des attentes des consommateurs tout en ayant des traits uniques.

C’est pourquoi, à quelques minutes de tester pour nous-mêmes le Project Esther, nous n’étions pas fermés d’esprit. Loin de là. Certes, l’idée d’apposer à notre chaise de bureau un coussin à 16 actionneurs — 6 sous les fesses, 10 dans le dos — n’était pas exactement ce que l’on attendait sur le CES. Mais du même temps, nous n’avions rien contre un petit massage après tous ces kilomètres parcourus.

La chaise entre deux culs

L’innovation du Project Esther, c’est avant tout la qualité des retours haptiques fournis par ses 16 actionneurs. Les moteurs de vibration ont bien grandi au fil des ans, jusqu’à arriver à nous procurer les sensations que nous connaissons déjà bien sur les Joy-Con de Nintendo ou la DualSense. Dans la démo de Razer, la chaise s’associait à un casque avec deux actionneurs supplémentaires et une manette en possédant elle aussi deux autres pour un total de 20.

Tout repose surtout sur la technologie Sensa HD, qui se veut être « le Chroma des retours haptiques». Comprenez que comme les lumières RGB bien connues du constructeur, Sensa HD propose deux choix : soit de s’adapter automatiquement au contenu en analysant le signal audio, soit de laisser la main aux développeurs qui le souhaitent pour régler finement la réaction du coussin à l’environnement 3D. Nous avons eu droit à ces deux démonstrations, qui n’ont pas particulièrement mis en avant un sens accru de l’espace grâce à ces nouveaux retours haptiques, mais bien plus une idée de puissance grisante.

C’est en effet sur rail, aux commandes d’un grand robot mécanique lanceur d’ogives et de lasers, que le pied pris fut immédiat. Notre corps fourbu a plutôt apprécié les vibrations pour ce qu’elles sont aussi : agréables. Razer en a conscience, et si le concept est amené à devenir un produit, il pourrait bien aussi proposer un mode massage.

De concept à produit, il n’y a d’ailleurs qu’un pas. Le coussin en lui-même se sangle très bien derrière la chaise et la seule preuve que le produit n’est pas encore prêt à être commercialisé est sa source d’alimentation où l’on aurait presque vu les fils électriques se toucher. Le coussin en lui-même n’est qui plus est pas inconfortable malgré ses 16 zones démarquées, particulièrement lorsque les vibrations sont actives ; dès lors, on a surtout l’impression de s’assoir sur un matelas à eau.

Fabrication lilloise

Mais finalement, ce que l’on retient le plus de cette prise en main, c’est notre rencontre avec le docteur Eric Vezzoli. Il s’agit de l’homme éminemment sympathique à la tête d’Interhaptics, l’entreprise lilloise rachetée en 2022 par Razer pour ses avancées en matière de retours haptiques. Et si l’on retient Eric Vezzoli, c’est avant tout parce qu’il nous a alpagué d’un sympathique « Bonjour » avant d’insister sur le fait qu’il faille bien souligner que le Project Esther était une innovation française. Le chauvinisme, ça a parfois du bon.

Du bon, surtout parce que ce docteur est un vrai passionné de son sujet et cherche au travers du Project Esther à créer une nouvelle frontière pour l’immersion dans le jeu vidéo. Et ce sans limiter son accès, puisque les technologies développées par Interhaptics au sein de Razer peuvent être intégrées par d’autres constructeurs et servir de base à d’autres projets. L’entreprise a même une équipe d’ingénieurs spécialistes du sujet à dépêcher pour ses futurs partenaires, et est fière de proposer un SDK complet aux développeurs souhaitant profiter de ses produits.

Surtout, c’est en grattouillant un peu le cerveau du docteur que nous pouvons voir son ambition. Ce dernier nous a avoué commencer à réfléchir à utiliser d’autres matières pouvant changer librement de forme, avec encore une autre ambition : intégrer le toucher aux futurs jeux vidéo. Les étoiles dans ses yeux brûlant de conviction nous ont donné envie de croire à un tel avenir.


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