2024 est décidément une année phare pour Renault. Après avoir présenté en grande pompe sa R5 électrique à Genève en mars, la marque profite du Mondial de Paris pour dévoiler sa grande sœur : la Renault 4 E-Tech.
Cette R4 électrique reprend la base de la R5, mais prend quelques centimètres de plus pour soigner son habitabilité et ses aspects pratiques. Nous avons pu partir à sa découverte en avant-première, de quoi se faire une première idée de ce petit SUV électrique. Voici ce que nous en avons pensé.
Notre vidéo
Extérieur : un hommage réussi à son ancêtre
22 cm
À l’image de la R5 électrique, qui surfe sur la vague de la célèbre petite citadine des années 70, la R4 E-Tech utilise le néo-rétro pour offrir une seconde jeunesse à la 4L des années 60. Autant la R5 était une voiture des villes, autant la 4L offrait plus de polyvalence, ne craignant ni la campagne, ni départs en week-end, ni les vacances.
La R4 « 2024 » suit cette même voie. De fait, avec 4,14 m de long, elle grandit de 22 cm par rapport à la R5 E-Tech. La largeur de 1,80 m est similaire, mais la hauteur en prend un coup, avec 1,57 m de haut – c’est 7 cm de plus que la R5.
La raison est toute simple : cette R4 électrique se mue en SUV ! Mais les designers se sont amusés en reprenant avec habileté les marqueurs stylistiques les plus forts de son ancêtre. Le capot plat, les grilles (factices) d’aération, la troisième vitre latérale, les lignes en bas des portes, le hayon plat… tout y est, avec un traitement très moderne à chaque fois.
Le concept de 2022 nous avait mis sur la voie, et la version de série conserve – pour notre plus grand plaisir – la quasi-totalité de ces éléments.
Une calandre inédite
Encore plus moderne : le traitement des optiques. C’est particulièrement frappant à l’avant, avec ce masque noir qui englobe les projecteurs. Là aussi, c’est un hommage à la première 4L, mais cette calandre frappe par ce jonc lumineux ininterrompu et le logo illuminé – Renault parle carrément d’une première mondiale dans son traitement monobloc. Les responsables du projet, de leur côté, nous ont confié l’enfer de concevoir et industrialiser une pièce pareille.
Les feux arrière profitent également d’un traitement très moderne. La base est conservée avec cette architecture en trois parties, mais ils passent – logiquement – aux LED et en profitent pour aider à l’aérodynamisme de cette R4. Paula Fabregat-Andreu, sa responsable design, nous a expliqué avoir à tout prix voulu conserver la transition très galbée entre les flancs et le hayon de l’aînée – c’est joli, mais tout sauf bénéfique à l’aéro. Ce travail sur les feux et l’ajout d’un spoiler a donc permis de limiter la casse.
La démarcation de cette R4 avec la R5 se passe également au niveau des couleurs. Autant la petite se pare de couleurs pop (du jaune, du vert), autant la R4 joue sur des teintes plus subtiles, plus profondes, plus sophistiquées. La preuve avec ce Vert Hauts-de-France ou ce Rouge Carmin – la teinte de série, par ailleurs.
Une proposition originale
Toujours niveau couleur, deux finitions biton seront disponibles. La première concerne uniquement le pavillon, mais la seconde englobe le capot et la calandre. De manière générale, un important programme de personnalisation est disponible, avec sept teintes, les deux bitons, mais aussi un choix étendu de stickers. Renault annonce enfin vouloir multiplier les séries spéciales et les collections pour faire vivre la gamme tout au long de sa carrière.
Notre impression ? Plutôt positive. Cette R4 électrique ne joue pas la partition de la séduction immédiate de la R5, mais demeure – selon nous – très plaisante à regarder. La calandre est un vrai atout différenciant, mais les proportions réussies, avec une voiture bien posée sur ses roues, ou encore le style néo-rétro assumé permet d’avoir une proposition originale sur le marché des petits SUV électriques.
Habitabilité : de l’air et de l’espace
Un coffre ultra pratique
Rappelons-le : cette 4L électrique, comme son ancêtre, veut proposer plus d’espace à bord et de praticité que la R5. Et ce postulat s’avère bien concret, notamment au niveau du coffre. Le hayon, à ouverture électrique, dévoile un seuil de chargement remarquablement bas, et à contre-courant total de la tendance actuelle – avec 61 cm de haut, Renault parle même avoir gagné 10 cm par rapport aux concurrents.
Ce seuil très bas permet de faciliter la charge et la décharge des objets lourds… et on pourra en mettre beaucoup : avec 420 litres de capacité (375 dm³ VDA), la R4 propose quasiment 100 litres de plus que la R5. On remercie le porte-à-faux arrière allongé de 12 cm par rapport à la citadine.
Un volume bien aidé par des parois bien verticales, permettant de le remplir aisément, mais aussi par le sous-coffre de 35 litres – pouvant être équipé d’un bac amovible et lavable en accessoires. Niveau concurrence, le Jeep Avenger s’arrête à 355 litres, la Fiat 600e à 360 litres ; seul le Peugeot E-2008 fait mieux, avec 434 dm³ VDA, mais il est tout de même plus long.
Une modularité évoluée
Pour aller plus loin, la banquette peut se rabattre en 2/3 – 1/3. Jusqu’ici rien de révolutionnaire, mais Renault va plus loin avec un siège passager rabattable. De quoi porter la longueur totale de chargement à 2,20 mètres.
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Les responsables du projet nous ont confié, sourire aux lèvres, qu’y caser l’étagère Billy d’Ikea faisait partie intégrante du cahier des charges. Un petit regret ? La banquette arrière ne coulisse pas – il faut tout de même préciser qu’aucun concurrent ne la propose. Il n’en reste que ce coffre aussi volumineux que pratique et ce siège rabattable permettent à cette Renault 4 E-Tech de marquer de précieux points chez les familles.
Des passagers arrière soignés
Si le porte-à-faux arrière de la R4 grandit, l’empattement (la distance entre les roues) en profite également et gagne 8 cm par rapport à la R5 électrique.
De précieux centimètres dont bénéficient les passagers arrière, notamment au niveau de l’espace aux jambes – chose dont ne peut se targuer la R5. Bonus : avec une assise plus haute, la position est plus naturelle, avec des genoux moins pliés, tandis qu’il est plus facile de glisser ses pieds sous les sièges avant.
D’autres petits détails prouvent que Renault a voulu soigner les occupants de la banquette. Ainsi, deux prises USB-C font leur apparition, de même que des petits médaillons de tissu sur les contre-portes, amenant un peu de chaleur et de sophistication.
Des améliorations nécessaires : le rang 2 n’est pas le point fort de la R5, et le positionnement plus polyvalent de la R4 nécessitait un petit travail de ce côté-là. Renault l’a bien compris et rend une copie propre.
Une présentation soignée, un toit en toile unique
Dernière partie sur cet habitacle : parlons des couleurs et matières. Si la planche de bord et les sièges avant sont – logiquement – partagés entre la R4 et la R5, les selleries diffèrent, avec un traitement plus soigné sur la grande sœur. La finition haut de gamme bénéficie d’un faux cuir matelassé avec des inserts en tissu jaune, tandis que l’intermédiaire parie sur un jean, rivets inclus.
Mais la pièce maîtresse de l’habitacle de cette Renault 4 électrique, c’est bien son toit en toile. Baptisé « Plein Sud » (un hommage à la série spéciale « Plein Air » des années 60), il s’ouvre électriquement et laisse un espace béant de 92 cm de long pour 80 cm de large. Un équipement unique dans la catégorie, permettant à l’habitacle de s’emplir de lumière et aux passagers arrière d’avoir les cheveux au vent.
Le choix de la toile fut motivé, outre le clin d’œil historique, par le gain de poids par rapport à un toit vitré – comptez environ 15 kg, selon ses concepteurs. Et parce qu’ils savent bien que le toit restera quasiment tout le temps fermé, la toile est doublée, de quoi garantir une isolation phonique et thermique de qualité – à tester, évidemment.
Infodivertissement : rien de nouveau, et c’est tant mieux
Basculons sur la planche de bord de cette Renault 4 E-Tech. Mis à part les matériaux sur sa partie supérieure, rien ne change par rapport à la R5, écrans compris – et c’est une excellente chose.
C’est une excellente chose, parce qu’ils intègrent, comme l’intégralité des Renault électriques, l’OS Google Automotive. Concrètement, les deux écrans (10,1 pouces pour le conducteur, 10 pouces au centre) sont connectés et disposent de la suite d’applications Google.
Pour aller plus loin
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La navigation, par exemple, est signée Google Maps, de quoi inclure un planificateur d’itinéraire pour calculer les recharges sur un long trajet, couplé à un préconditionnement de la batterie, pour arriver à la borne avec un pack prêt à charger le plus vite possible.
Autrement, tout un catalogue d’applications est disponible. Que ce soit des apps de navigation (comme Waze), de musique (Deezer, Spotify, Radio France) ou même de streaming vidéo (comme l’arrivée toute récente de Canal+), vous trouverez sûrement votre bonheur.
Un écran moderne, donc, et qui permet de profiter d’une interface plutôt fluide et ergonomique, sachant que Renault a pensé à conserver des boutons physiques (climatisation, aides à la conduite) pour faciliter la vie quotidienne. Carton plein.
Autonomie, batterie et recharge : repris, donc moins bien
Deux batteries, deux moteurs
La R4 électrique reprend la plateforme AmpR Small de la R5, de quoi partager 68 % de l’ensemble des pièces. Parmi elles, les batteries et les motorisations.
Cette Renault 4 électrique sera donc proposée en deux motorisations. En entrée de gamme, un moteur de 120 ch sera alimenté par une batterie NMC (nickel – manganèse – cobalt) de 40 kWh. Si la R5 électrique promet 312 km d’autonomie selon la norme WLTP avec ce pack, Renault annonce une autonomie qui « dépasse 300 km » – une dizaine de kilomètres de perdus, donc, à cause de l’embonpoint de la R4.
La majorité des ventes sera toutefois revendiquée par un moteur de 150 ch associé à une batterie NMC de 52 kWh. Mêmes causes, mêmes conséquences : la marque vise « jusqu’à 400 km » en une charge, contre 410 km WLTP pour la R5 E-Tech.
Si ces deux batteries donnent à la Renault 5 électrique une polyvalence suffisante pour son gabarit et sa clientèle, les 400 kilomètres d’autonomie sont juste suffisants pour le positionnement de la Renault 4 – la version à 300 km d’autonomie devrait rester cantonnée aux flottes d’entreprise. Notons tout de même que les concurrentes ne font généralement pas mieux.
Une recharge rapide moyenne, la charge bidirectionnelle reprise
Autre partage entre ces deux petites voitures électriques : la recharge. Pour les deux batteries, la R4 pourra se recharger sur une borne rapide de 15 à 80 % en 30 min (la petite batterie peut monter jusqu’à 80 kW, contre 100 kW pour la grande). Même cause, même conséquences : ces chiffres, quand bien même dans la moyenne de la catégorie, sont loin d’exceller.
Bonne nouvelle cependant : la motorisation 95 ch de la R5 à 25 000 euros, dépourvue de la charge rapide, n’est manifestement pas retenue sur la Renault 4. Pour la charge à domicile ou sur borne lente, un chargeur 11 kW permettra une recharge de 10 à 100 % en 4h30 avec la grande batterie et en 3h30 avec la petite.
Là où la R4 tire son épingle du jeu, c’est évidemment au niveau de sa charge bidirectionnelle. Nous avions écrit un dossier complet à ce sujet lors de la présentation de la R5, mais résumons : grâce à une wallbox spécifique et un contrat d’énergie signé en amont, votre R4 est capable d’envoyer l’électricité de sa batterie vers le réseau.
Pour aller plus loin
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Bénéfice pour ce dernier : un précieux coup de pouce dans les périodes de forte demande. Bénéfice pour les propriétaires de R4 : une rémunération, pouvant diviser par deux la facture de recharge à domicile. Toujours bon à prendre.
Une conduite plus confortable
Quelques différences sont à noter sur la conduite de cette Renault 4 par rapport à sa petite sœur. Certes, le train arrière multibras, garant d’une agilité accrue, est toujours présent, mais Jorge Da Cruz Martins, son ingénieur en chef, nous a confié avoir rendu la R4 un peu plus souple – avec un extra pour la version « Plein Sud ».
Pour aller plus loin
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Un confort supplémentaire, donc, auquel s’ajoute un équipement qui faisait défaut à la R5 : le « one pedal » ; en d’autres termes, la possibilité d’arrêter totalement la voiture sans avoir à toucher la pédale de frein. Un équipement attendu, qui arrive enfin sur R4, mais aussi les R5, Mégane et Scénic.
Enfin, pour asseoir le côté SUV, un système « Extended Grip » est présent. Il s’agit d’un système antipatinage un peu évolué, disponible en mode « Snow » et « All-terrain », de quoi théoriquement accroître la motricité en tout-chemin. Si Jorge Da Cruz Martins nous confirme la compatibilité de la plateforme de la R4 avec un second moteur électrique à l’arrière, faisant d’elle un possible 4×4, il préfère mettre les choses au clair : pour l’instant, cette option n’est pas envisagée. Dommage.
Prix, concurrence et disponibilité : encore un peu de patience
Voilà pour cette découverte statique. Comme évoqué plus haut, cette Renault 4 E-Tech arrive dans le segment des « B-SUV » électriques, où il est loin d’être seul.
Nous avons déjà parlé des Peugeot E-2008, Fiat 600e, Jeep Avenger, mais il faut y ajouter les DS 3, Alfa Romeo Junior, Mini Aceman, Opel Mokka, et pourquoi pas le tout dernier Kia EV3. Une belle bande, donc.
Autre chose à savoir : Renault ne communique pas encore les tarifs de sa R4 électrique, préférant attendre que le soufflé retombe un peu pour mieux le ranimer. Partant du principe que la R5 débute actuellement à 27 990 euros pour la batterie 40 kWh et 33 490 euros avec la 52 kWh (avant l’ouverture d’une version plus abordable pour cette dernière), il faudra probablement tabler sur quelques milliers d’euros supplémentaires pour accéder à cette R4.
Une chose est sûre : son assemblage dans l’usine de Douai, aux côtés des R5, Mégane et Scénic, lui permettra de bénéficier du bonus écologique, dont le montant reste encore inconnu pour 2025 – année où elle arrivera dans nos rues.
Notre avis : prometteur
Après avoir tourné autour de cette Renault 4 E-Tech, qu’en retenons-nous ? Certes, elle ne bénéficie pas du coup de cœur immédiat de la R5 électrique, mais ce n’est peut-être pas une si mauvaise chose.
Avec cette R4, Renault continue de surfer sur la vague néo-rétro pour lancer ses petites voitures électriques, mais propose une voiture plus subtile, plus mature, plus « adulte » que la R5. Un positionnement plutôt logique étant donné sa nature plus polyvalente, et une complémentarité très intelligente.
Autre soulagement : un travail conséquent sur les aspects pratiques et l’habitabilité arrière, sans oublier les clins d’œil « émotionnels » (le toit en toile, excellente idée !) aptes à faire craquer. Sans oublier la reprise des points forts de la R5 : châssis évolué, charge bidirectionnelle, écrans au top… En théorie, un beau mariage.
Reste à voir si les promesses en termes d’autonomie et de recharge (qui n’ont rien d’exceptionnel) seront tenus, et si Renault reste sage sur la tarification, avant de donner notre bénédiction définitive sur cette R4 électrique. Rendez-vous dans quelques mois pour les essais routiers, donc.
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