Après les lancements des Renault Mégane, Scénic et R5 électriques et à quelques semaines de celui de la R4 E-Tech, Renault pense déjà à l’avenir avec sa prochaine voiture électrique : la Twingo.
Une voiture capitale, puisque promise à partir de 20 000 euros hors bonus écologique. En attendant la version de série, annoncée pour 2026, Renault fait monter l’attente avec un prototype, dont une version « 2.0 » vient d’être exposée au Salon de Bruxelles. Nouveauté majeure : un habitacle, manifestement très proche de la série.
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Nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir avec Sandeep Bhambra, le responsable du design avancé et des concept-cars chez Renault, et Grégoire Ginet, son chef de projet, à propos des idées derrière la conception du prototype – sans oublier de prendre des nouvelles du développement de la Twingo E-Tech de série.
Frandroid : Quelles ont été les inspirations de cet habitacle ?
Sandeep Bhambra : On s’est évidemment inspirés de la Twingo 1 avec cet habitacle qui avait beaucoup de galbes, de rondeurs. Aujourd’hui, on ne peut pas exactement faire le même intérieur : techniquement, c’est impossible avec les contraintes de choc, les airbags, etc.
Par contre, on s’est quand même inspiré des formes de la Twingo 1, avec beaucoup de rappels. Ça aussi, ça participe dans le côté joyeux de la voiture. La partie la plus importante pour nous au design, c’était garder la modularité, garder l’espace intérieur d’une voiture de segment B [type R5 E-Tech, NDLR] dans une voiture de segment A.
Évidemment, il y a des clins d’œil un peu partout. Par exemple le bouton des feux de détresse, traité d’une manière un peu spéciale avec une forme ronde, transparente, orange, qui est vachement sympa. Il y a tout un système IHM [Interface Homme Machine ; comprendre les écrans, NDLR] qui est un dérivé de notre système AmpR Small qu’on retrouve sur R5 et R4, mais mis à jour sur Twingo.
Il y a cette planche de bord qui flotte : c’est un tube qui flotte, ce qui est super intéressant. Il y a aussi des sièges dessinés avec des formes rondes, en textile, avec un imprimé floral.
À propos de la modularité, on voit une banquette coulissante qui a été refusée au Scénic pour des questions d’encombrement. Comment avez-vous fait rentrer une banquette coulissante sur une petite voiture et pas sur une grande ?
Grégoire Ginet : En tout cas, on a une volonté de proposer cette modularité sur la Twingo, parce que ça fait partie de son ADN – peut-être encore plus que sur d’autres gammes : plus la voiture est petite, plus il y a besoin de cette modularité par rapport à une grosse voiture. Donc il y avait vraiment, dès le début, cette volonté de retrouver cet esprit de Twingo [la Twingo 1 disposait déjà d’une banquette coulissante, NDLR].
On retrouve plein de détails de design et puis cette fonctionnalité, cette modularité facile au quotidien : j’ai besoin d’espace pour l’arrière, je recule ; j’ai besoin de coffre, j’avance. On a des sièges rabattables 50/50, comme on voit sur le proto. L’idée, c’est de rechercher, malgré sa petite taille, à maximiser l’espace intérieur. Grande dedans, petite dehors, ça reste le point de départ.
SB : Une évidence !
GG : L’objectif : une voiture positionnée dans le segment A, mais aussi, grâce à son espace intérieur, pouvoir toucher des utilisateurs du segment B.
Quelles sont les solutions techniques pour y arriver ?
GG : Sur le prototype, c’est vraiment un maquettage. Sur la version de série, ça fait partie des choses qui sont en cours de développement avec un système qu’on présentera avec la sortie de la voiture. C’est un peu tôt pour rentrer dans le détail ; en tout cas, il y aura cette fonction [sur la voiture de série].
Vous parlez d’un écran évolué par rapport à ce qu’on peut voir sur les R4/R5. Le communiqué de presse ne mentionne pas la présence d’Android Automotive, qui est quand même un des points forts des Renault électriques actuelles. Peut-on espérer sa présence ?
SB : Le communiqué de presse est basé sur le concept-car ; sur les concepts, des choses comme ça sont peu travaillées.
GG : C’est encore un peu tôt, on aura l’occasion de revenir dessus. En tout cas, la technologie existe sur la plateforme, donc on est en train de regarder ce qui nous semble plus pertinent dans notre gamme.
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La sellerie nous fait beaucoup penser à la série limitée Kenzo de la Twingo 1, qui était connue pour son grand nombre de séries spéciales et de partenariats. Pourrait-on imaginer une volonté de multiplier les séries spéciales sur la Twingo de série, comme la Renault 5 semble prendre le chemin ?
SB + GG : C’est une réflexion, mais c’est encore trop tôt. Après, on ne se ferme aucune porte.
Le prototype est une étape dans le développement, ça fait partie des choses auxquelles on réfléchit. Mais c’est vrai que l’univers de la sellerie rappelle tout cet univers-là et ça colle encore une fois bien à cette image de la Twingo.
Cette série spéciale Kenzo de 1995, c’est une inspiration pour vous ?
SB : Elle est très forte graphiquement. C’est évidemment une inspiration, surtout le côté floral, inspiré de cet univers. Par contre effectivement, on n’en est pas du tout là. On a simplement fait un nouveau pas vers la série.
Sur le concept, on retrouve des petits messages humoristiques un peu partout, qu’on a vu aussi sur le précédent concept-car Emblème. Est-ce le début d’un processus long terme, est-ce que c’est juste un petit plaisir de designer ?
SB : C’est un travail de l’équipe, on aime bien faire ça parce que ce sont des petites choses marrantes que les gens aiment bien. On essaye d’en garder quelques-unes en série, mais je ne dirai pas lesquelles.
GG : En tout cas, ça s’associe bien à cet esprit de voiture « cool » qui va avec Twingo.
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La Twingo est positionnée comme une voiture accessible. Dans le concept, avez-vous intégré des idées, des solutions économiques pour faire baisser les coûts ?
SB : Elle est dessinée pour rentrer dans un cadre économique. La première chose qu’on a fait, c’est de réduire le nombre de pièces. Juste sur l’extérieur, je vous donne un exemple : le nombre de pièces sur un bouclier par rapport à une R5. Il y en a beaucoup moins : le phare avant est en 2 pièces ; sur la R5, il est en 4 pièces.
On a fait plein de choses comme ça dans le design dès le début de la conception, même dans l’habitacle. On réduit le nombre de pièces : moins de pièces, ça veut dire moins de coûts parce que moins de diversité, ça simplifie tout le processus. On n’a pas enlevé des pièces, on a travaillé dès le début pour que la voiture soit belle avec moins de pièces.
Dans cet habitacle, pourriez-vous nous montrer quelque chose qui a été réfléchi dans cette optique ?
GG : On le voit dans le concept : l’idée, c’est de retrouver quelque chose d’assez coloré [Il désigne les contre-portes]. Là, l’idée, c’est de faire apparaître la tôle, par exemple.
C’est une façon d’animer l’intérieur en couleur en simplifiant la conception du panneau de porte : en même temps animer en couleur et en même temps garder une solution assez simple.
Donc ce n’est pas un insert ?
GG : C’est la tôle. Forcément, quand on fait une voiture qu’on veut super technologique, à 20 000 euros et fabriquée en Europe (là aussi un point clé dans la notion de prix), il faut aller chercher des bonnes idées de conception. Ça, ça en est quelques-unes. On en a beaucoup d’autres, qu’on voit moins.
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Sur cette partie conception, Ampère a installé une équipe en Chine. J’ai cru comprendre qu’un partenaire chinois était impliqué dans la conception. Qu’est-ce que la Chine peut apporter à une voiture européenne à bas prix ?
GG : Toutes les équipes d’ingénierie avancée, du design, du produit, du software, de la plateforme, toutes les équipes techniques sont en France, au Technocentre (à Guyancourt, dans les Yvelines, NDLR).
En effet, l’entreprise a décidé de mettre une équipe localisée en Chine. Ce sont des équipes Renault qui sont près d’un tissu, d’un univers autour de l’électrique qui change beaucoup en ce moment, et sur lequel la Chine a un poids très important pour des questions de coûts, de rapidité. La volonté, c’était de mettre un pied dedans, d’être présents.
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Ce partenaire dont vous parlez, c’est une sous-traitance d’ingénierie. Notre équipe localisée en Chine travaille avec un sous-traitant sur de la conception pure. Ce n’est pas un fabricant de voiture, c’est une sous-traitance d’ingénierie.
Quels sujets pourrait-il être amené à traiter ?
GG : On reviendra dessus quand on parlera de la voiture série parce que cela fait partie des choses en train d’être développées, donc je ne veux pas dire de bêtises. On en reparlera, bien sûr.
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Luca de Meo, le PDG du groupe Renault, a récemment accordé une interview avec un quotidien belge dans lequel il n’est pas très tendre envers les normes européennes : il a affirmé que, pour répondre aux normes européennes, une voiture pourrait coûter 40 % de plus à concevoir d’ici 2030. Malgré ces contraintes, confirmez-vous un premier prix à 20 000 euros sur cette Twingo ?
GG : On confirme une sortie en 2026 à partir de 20 000 € hors incitations, avec une fabrication en Europe. On insiste dessus parce que ce sera dans notre usine slovène, à Novo Mesto, qui a fabriqué les Twingo 2 et 3. On est contents et fiers qu’il y ait une fabrication qui reste à cet endroit-là.
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Dernière question : il y a deux chiffres forts sur cette Twingo, les 20 000 euros et la consommation extrêmement faible de 10 kWh/100 km. Qu’avez-vous mis en place pour arriver à ce chiffre ?
GG : Ce qui est recherché, c’est que ça soit une voiture qui soit économique à l’usage, donc il faut bien sûr optimiser la consommation. Ce sont des chiffres sur lesquels on reviendra dessus au moment du lancement de la voiture de série. Il y a encore plein de phases, de développement, d’homologation, donc on en reparlera dans les détails.
En tout cas, il y a bien cette volonté d’aller chercher une consommation qui soit réduite en utilisant des technologies de batterie et de motorisation qui permettent tout ça. L’optimisation aérodynamique aussi : au niveau du design, il y a plein d’éléments qui sont sur le proto et puis d’autres qu’on verra aussi sur la voiture de série qui permettent d’optimiser cette consommation, cette autonomie. C’est d’ordre 1 dans le développement.
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