Remontons dans le temps, au commencement de l’aventure de Samsung avec les smartphones pliants. Entre 2014 et 2019, date de sortie du premier Galaxy Fold, la firme de Séoul travaille d’arrache-pied sur ses prototypes et le département UI chargé de l’interface n’a qu’un seul objectif en tête : chercher à tout prix que les futurs utilisateurs ne confondent pas le smartphone avec une tablette.
Dans cette quête ardente, Samsung a rencontré Google, en tant que gestionnaire d’Android, pour lui présenter un prototype. C’est ce que nous a raconté Yoojin Hong, vice-présidente et directrice générale de Samsung et cheffe de l’équipe UX de Mobile eXperience Business, Samsung Electronics. Rencontrée à l’IFA 2022 lors d’une table ronde avec des médias internationaux, la responsable nous a narré ces premières conversations entre les deux géants. Celles-ci révèlent en partie pourquoi Samsung s’échine à sortir des smartphones pliants chaque année.
« Allez-vous continuer chaque année ? »
« Chaque fois que nous avons un nouveau facteur de forme, nous devons travailler avec Google », pose la responsable. Dans un premier temps, les échanges sont surtout à l’enthousiasme. « Je me souviens quand nous avons eu notre toute première conversation avec l’équipe produit de Google et l’équipe produit de Samsung, avec les managers, les développeurs de logiciel, etc. tout le monde autour de la table a commencé à parler de ce projet de manière très enthousiaste. Et en tant que développeur, c’était un sentiment très agréable, c’était plein de passion, plein de ‘wow c’est génial’. C’était excitant, car nous avions le sentiment de travailler sur une vraie innovation à l’époque. »
Puis, toujours selon Yoojin Hong, Google aurait fini par demander à Samsung un très gros engagement. « De la perspective de Google, cela représentait un très gros investissement. Fournir toutes les API, la maintenance, tout le partenariat en lui-même, c’est un coût, n’est-ce pas ? Ils voulaient donc vraiment avoir l’engagement de Samsung. »
Et autant vous dire que quand Google demande un engagement, ça ne rigole pas : « Est-ce qu’on va continuer à produire ce téléphone chaque année ? C’était leur question. C’était évidemment très compliqués de leur répondre, on parle de technologie. Nous ne savions pas ce qui allait se passer l’année où nous expédierions l’appareil, quelque chose de fou pouvait arriver, tout était possible. Mais nous nous sommes pleinement engagés, nous avons décidé de dire que nous allions passer à travers et surmonter ces difficultés. Nous avons donc dit que nous allions le faire. Nous nous sommes engagés lors de cette réunion. C’était un sentiment agréable, vous savez, de dire : ‘oui, nous allons le faire !’ », lâche l’ingénieure dans un rire.
Interrogée sur la présence d’autres marques autour de la table, Yoojin Hong botte en touche : « Demandez à Google », lâche-t-elle, toujours en plaisantant. Reprenant son sérieux, la vice-présidente de Samsung insiste sur le fait que « en tant que premiers à bouger, nous avons pu mettre en place d’importantes décisions d’aménagement. »
Ce qu’on peut interpréter de la demande de Google
Nous sommes là face à un échange de bons procédés. Google demande à Samsung de produire un Fold par an (à l’époque, le Flip n’était pas encore sur la table), en échange de quoi Samsung a pu mettre un peu les mains sur ce qui était alors les prémices d’Android 12L. S’il y a sans doute d’autres facteurs qui ont amené Samsung à sortir un Fold par an (sa place de premier arrivant sur le marché et la volonté de s’imposer sur un futur marché stratégique ou le principe même du rafraichissement annuel d’une gamme), on comprend à la lumière de ce témoignage que l’histoire aurait pu être tout autre sans l’insistance d’un autre acteur, ni plus ni moins que Google.
On peut se demander ce que cela change pour Google que Samsung sorte un Fold par an. Il est possible que la firme de Mountain View ait voulu se servir de Samsung comme d’une locomotive sur ce marché. Qui était mieux placé que le vendeur de smartphones numéro un ? Une autre option pourrait être qu’à l’instar des Galaxy Watch 4 et Galaxy Watch 5, qui ont servi de ballon d’essai pour Wear OS 3, Google ait voulu s’assurer que Samsung essuie les plâtres avant le lancement de son propre pliant, le Google Pixel NotePad, pas encore annoncé. D’aucuns y verront peut-être aussi le signe d’un acteur en situation de monopole (hors Apple) qui peut se permettre d’imposer ce type de décision.
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