Galaxy Z Flip 5, Galaxy Z Fold 5 : la recette d’une bonne charnière selon Samsung

Si vous avez suivi les récentes annonces de Samsung à l’Unpacked, il ne vous aura pas échappé que les Galaxy Z Flip 5 et Galaxy Z Fold 5 ont droit à une charnière revisitée. Les smartphones pliants du Sud-Coréen ont enfin la possibilité de se fermer complètement. Fini les interstices peu gracieux auxquels on avait droit sur les précédentes générations.

C’est donc l’occasion parfaite d’engager la conversation avec Won-Joon Choi. Qui est-ce ? Il a le titre d’Executive Vice-President chez Samsung et, surtout, il est à la tête de la branche R&D de la division mobile. L’interlocuteur idoine pour discuter des innovations poussées sur les smartphones pliants et les challenges qui se présentent chaque année.

Avec lui, nous avons notamment parlé de la potentielle intégration du S Pen dans le Fold, mais la discussion a également porté sur le challenge de la certification IPX8 qui garantit la résistance à l’eau du smartphone. On va le voir, l’espace joue un rôle primordial dans le travail de Samsung.

Samsung a pris de l’avance

Avant de se prêter à une session de questions-réponses avec les journalistes présents, Won-Joon Choi a rapidement passé en revue les innovations technologiques apportées par Samsung sur ses smartphones pliables. Il en profite ainsi pour indiquer que chaque génération d’appareils depuis le premier Fold a eu droit à des améliorations au niveau de la charnière, que ce soit au niveau des matériaux sélectionnés ou de la forme retenue pour la structure.

Il rappelle ainsi que le Galaxy Z Fold 3 avait été le premier à profiter d’une certification IPX8. Une avance considérable sur la concurrence que Samsung conserve encore aujourd’hui, sauf à l’égard du Huawei Mate X3 ou du Google Pixel Fold, seul smartphone pliant d’une autre marque jouissant de cette même étanchéité.

Won-Joon Choi explique que pour apporter ce label waterproof, il a fallu fournir « un effort phénoménal en R&D ». En plus de changer la structure interne, Samsung a aussi dû développer lui-même « un lubrifiant anti-corrosion ». Une sorte de joint injecté dans la charnière pour bloquer l’eau.

On retient surtout une chose dans les propos du responsable. Tout ce travail d’orfèvres pourrait se résumer en une seule obsession : comment assurer l’étanchéité d’un smartphone qui, par nature, a besoin de laisser beaucoup d’espace en son sein ? Eh oui, sans espace dans la charnière, pas de Fold ni de Flip. L’écran flexible a besoin de place pour se plier et se déplier sans heurts.

Et si Samsung a trouvé une astuce pour rendre ses smartphones pliants résistants à l’eau, c’est tout simplement parce qu’il s’y est pris très en avance. Won-Joon Choi se permet d’ailleurs un argument d’autorité : même si nous ne sommes qu’à la cinquième génération de smartphones pliables, « on a déjà 35 ans d’expérience dans la création de nouveaux formats et un historique de 18 ans dans la recherche sur les technologies d’écran ».

Le challenge des Galaxy Z Flip 5 et Galaxy Z Fold 5

À noter d’ailleurs que Samsung a officiellement injecté 24 900 milliards de wons, soit plus de 17,6 milliards d’euros, dans son pôle R&D en 2022 toutes divisions confondues. Autant dire que l’entreprise ne lésine pas sur les moyens.

Pourtant, malgré ces investissements considérables, il aura fallu attendre les Flip 5 et Fold 5 pour voir arriver une charnière permettant aux téléphones de se fermer complètement. Pourquoi ? Les propos de Won-Joon Choi suggèrent que c’est tout simplement parce que Samsung a enfin trouvé la solution pour garantir l’étanchéité d’une charnière en goutte d’eau.

Pour rappel, le système en goutte d’eau désigne une charnière où, lorsqu’il est plié, l’écran ne suit pas parfaitement la forme en U des deux volets du smartphone pliant. Au lieu de cela, il adopte une forme faisant penser à celle d’une goutte d’eau. Le hic pour cela, c’est qu’il faut une charnière laissant suffisamment de place. À vrai dire, il faut carrément libérer plus d’espace de chaque côté de la dalle.

Un sacré casse-tête pour un constructeur cherchant à garantir l’étanchéité d’un smartphone et pour qui l’espace est donc justement le principal ennemi. Chez les concurrents comme Oppo, Xiaomi ou Vivo, la stratégie a été d’adopter au plus tôt la charnière en goutte d’eau et on imagine que ces constructeurs ont déjà commencé les travaux pour rendre leurs appareils étanches à leurs tours.

Et la protection contre la poussière ?

Une certification IP est habituellement composée de deux chiffres. Le premier concerne la résistance aux poussières, le second est pour l’eau. Le X dans l’indice IPX8 des Galaxy Z Fold 5 et Galaxy Z Flip 5 montre ainsi que Samsung ne garantit pas une protection contre la poussière.

Pourquoi ? Là encore, c’est une question d’espace. Won-Joon Choi évoque une certaine difficulté à empêcher des corps de quelques millimètres de s’immiscer dans une charnière qui a besoin de trous pour bien fonctionner. Le responsable souligne que, depuis le Galaxy Z Fold 2, les smartphones embarquent un système à brosses inspiré des aspirateurs pour bloquer autant de poussière que possible.

Et alors qu’on pourrait considérer cela comme une solution d’appoint, le porte-parole explique que cette intégration avait déjà nécessité beaucoup d’investissements en R&D. Il promet cependant de poursuivre les efforts pour améliorer ce point afin « de bientôt pouvoir mettre un numéro à la place du X ».

En d’autres termes, au prix de beaucoup d’efforts, Samsung a trouvé le moyen de rendre ses smartphones pliants étanches, mais il a encore du chemin à faire pour les rendre résistants aux poussières. Dans les deux cas, il fait face à la même problématique d’espace vide à protéger, mais ne peut pas appliquer la même solution.

NB. Notre journaliste Omar Belkaab était présent à Séoul et Suwon en Corée du Sud dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Samsung du 23 au 28 juillet 2023.