Quelques nuages parsèment le ciel, mais il ne faut pas s’y tromper. La température grimpe haut et l’air est extrêmement humide — mais c’est apparemment normal à Séoul. Plusieurs journalistes européens invités par Samsung en Corée du Sud montent dans une navette affrétée spécialement. Destination : la ville de Suwon à environ 30 km.
Suwon est surtout connu pour être la ville abritant l’immense campus de Samsung aussi appelé « Digital City ». Le site est tellement grand qu’il peut, entre autres, abriter un musée. Et pas n’importe lequel : le Samsung Innovation Musuem. Ou SIM si vous préférez.
Nous nous y engouffrons. Ô joie ! Il y fait bien plus frais. On respire un bon coup avant de partir à la découverte des « œuvres » que renferme ce musée. Nous n’avons pas été déçus.
Ce que l’on peut voir au musée Samsung
Notre visite guidée du SIM a duré une petite demi-heure. L’occasion de découvrir quelques pièces intéressantes qui valent le détour.
Le premier téléviseur noir et blanc de Samsung
Comme on le verra par la suite, l’intégralité du musée n’est pas exclusivement dédiée à Samsung. En revanche, la première pièce dans laquelle nous emmène notre guide se dédie pleinement à l’impressionnant historique du géant sud-coréen. On entre ainsi directement dans le vif du sujet en observant le Samsung 19-W880. Il s’agit du premier téléviseur cathodique en noir et blanc lancé par la marque.
On remonte ainsi le temps jusqu’en 1972. Et ça se voit avec le look très vintage de ce produit presque tout en bois. On peut notamment constater ses dimensions imposantes, mais aussi admirer les quelques boutons disposés sur la droite de l’écran. On a ainsi une molette pour sélectionner les chaînes tandis qu’il fallait déplacer un curseur physique sur une jauge pour modifier le volume ou la luminosité.
C’est bien rétro.
Un étonnant micro-ondes Samsung jamais commercialisé
Restons dans le vintage en nous approchant du Samsung RE-555CTV. Il s’agit d’un micro-ondes. Le design de ce micro-ondes rappelle celui du téléviseur évoqué juste au-dessus, mais il se distingue surtout par son petit écran de 5 pouces logé dans le coin supérieur gauche.
En effet, il faut se rendre compte que ce micro-ondes datant de 1983 avait quelque chose de futuriste à l’époque. Le petit écran en question pouvait servir à regarder la télévision et à afficher une centaine de recettes de cuisine. Il était également possible de le relier à des caméras de sécurité pour garder un œil sur les alentours de sa maison.
Le modèle exposé au SIM est toutefois le seul exemplaire existant aujourd’hui. Le produit n’a en effet jamais été produit, bloqué par le choc pétrolier qui avait déréglé tout le marché. Une pièce très rare, donc.
Des téléphones portables historiques
Nous le disions, le Samsung Innovation Museum ne sert pas qu’à faire l’apologie de la marque sud-coréenne. L’objectif affiché du lieu est de célébrer toutes les innovations ayant marqué l’histoire des technologies. Il ne faut donc pas s’étonner d’y trouver un exemplaire du Motorola DynaTAC 8000X : le premier téléphone portable jamais commercialisé et datant de 1983.
Un petit panneau explicatif rappelle que cet appareil a nécessité un investissement de 100 millions de dollars américains sur une période de 10 ans. Il avait été lancé au prix de 3995 dollars et proposait une autonomie de 30 minutes en appel pour un temps de charge de 8 heures. Nos smartphones actuels viennent de loin.
Cette pièce historique est exposée aux côtés de deux autres appareils qui méritent citation : le Samsung SH-100 (1988), premier téléphone portable de Corée du Sud, et le Motorola MicroTAC (1989), le « téléphone à clapet originel ». Les Razr Edge 40 Ultra et Galaxy Z Flip 5 de 2023 y trouvent donc leur source très lointaine.
L’ancêtre de la Galaxy Watch et le Matrix Phone
Restons un peu de ce côté du musée pour revoir deux appareils des plus atypiques. Le Galaxy Watch Phone de 1999, tout d’abord. Un smartphone qui s’attachait autour du poignet et qui préfigurait les futures montres connectées de Samsung dont le fer-de-lance aujourd’hui est la Galaxy Watch 6 Classic. Notez que TM Roh, l’actuel patron de la division mobile de Samsung — premier intervenant de chaque Unpacked depuis quelques années –, a activement participé à la conception de ce produit. Il ne se doutait sans doute pas de ce qui lui réservait la suite de sa carrière.
Le Samsung SPH-N270, ensuite, plus connu sous le nom de Matrix Phone. Sorti en 2003, il avait été conçu en collaboration avec les équipes du film éponyme des sœurs Wachowski. L’objectif était que ce téléphone ressemble autant que possible à celui qu’on voit dans Matrix Reloaded et qu’il sorte à peu près en même temps. Précisons qu’il s’agit d’une série limitée dédiée aux fans et non d’un appareil produit en masse.
Une batterie du 18e siècle et un télégraphe iconique
Complétons la visite en remontant très loin dans le passé. Arrêtons-nous d’abord devant un exemplaire de la bouteille de Leyde qui date de 1746. La guide précise d’emblée qu’il ne s’agit pas d’une réplique, mais d’un vrai modèle datant du 18e siècle.
C’est tout bonnement renversant : en voyant ces six bouteilles emplies d’une étrange mixture, on ne comprend pas tout de suite que l’on a affaire à ce qui est considéré comme l’ancêtre de la batterie. Presque 300 ans d’histoire mine de rien.
Dans la même pièce, à quelques pas, un autre appareil marque les esprits : un télégraphe datant de 1896. Là aussi, il s’agit d’un vrai exemplaire et non d’une réplique. C’est avec cet appareil que Guglielmo Marconi a pu envoyer un message d’un côté à l’autre de l’Atlantique. Une étape marquante de la communication sans fil.
Ce gros parallélépipède noir a une autre particularité : c’est un modèle similaire que le Titanic a embarqué en 1912. C’est notamment grâce au signal radio ainsi envoyé qu’un autre navire a pu intervenir et sauver 711 passagers.
Le message de Samsung
Nous avons ainsi arpenté une demi-douzaine de salles différentes dans le Samsung Innovation Museum. Un lieu où l’on parle aussi bien de téléphones, que de téléviseurs, d’électroménagers ou de semiconducteurs. Globalement, on retient surtout une idée : l’entreprise sud-coréenne veut montrer qu’elle est une digne héritière des glorieuses inventions du passé.
Notre visite se conclut d’ailleurs par une vidéo exposant quelques visions que la marque nourrit pour les futures technologies du quotidien, dans 10, 20 ou 30 ans. La vidéo n’est pas très convaincante malheureusement, notamment parce que le jeu d’acteur des figurants est vraiment mauvais.
En revanche, le message a le mérite d’être clair : Samsung a encore beaucoup d’ambition pour s’imposer dans autant de secteurs technologiques que possible. Ce musée est en quelque sorte un moyen de faire valoir l’histoire de l’entreprise pour légitimer le rôle qu’elle compte jouer à l’avenir. D’aucuns pourraient craindre un petit côté propagande, mais le terme serait fort exagéré. Il est toutefois indéniable que l’entreprise cherche à se construire une image à son avantage à travers ce lieu. Qu’on adhère ou non à la démarche, le SIM est vraiment intéressant à visiter.
NB. Notre journaliste Omar Belkaab était présent à Séoul et Suwon en Corée du Sud dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Samsung du 23 au 28 juillet 2023.
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