Samsung a commencé l’année 2024 sur les chapeaux de roues en lançant ses Galaxy S24, Galaxy S24 Plus et Galaxy S24 Ultra. Trois smartphones dopés à l’intelligence artificielle avec une flopée de fonctionnalités mises en avant sous le label « Galaxy AI ».
Faut-il y voir un premier pas vers l’inévitable avenir des smartphones ou des options absolument dispensables ? Sans doute un peu des deux à l’heure actuelle. Quoi qu’il en soit, comprenez notre surprise lorsque, suite à l’événement Unpacked qui se tenait à San Jose aux États-Unis, un haut responsable de Samsung nous annonce de but en blanc que « personne ne veut de l’IA ».
Quoi ? Comment peut-il déclarer ceci le jour même où son entreprise dévoile ses grandes ambitions autour de l’intelligence artificielle sur smartphone ? D’aucuns parmi vous auront sans doute compris que ces propos ont bien plus de sens une fois remis dans leur contexte. Il n’empêche que les mots choisis révèlent des choses intéressantes sur la vision de Samsung.
La vision de Samsung sur l’IA
Le contexte justement. En marge de la présentation des Galaxy S24, Frandroid assiste, avec d’autres médias européens, à une table ronde avec Patrick Chomet, vice-président exécutif et Head of Customer Experience Office chez Samsung. Il a plusieurs rôles au sein de la firme, mais on peut le considérer comme un grand planificateur.
Sa mission principale est de concevoir en amont l’expérience utilisateur des produits Galaxy pour ensuite prévoir et chapeauter l’évolution des appareils et de leurs interfaces. Il est aussi aux manœuvres lorsqu’il s’agit de nouer ou d’approfondir des partenariats avec d’autres groupes tels que Google. Par ailleurs, bien que notre interlocuteur soit Français, toute la conversation a eu lieu en anglais. Les propos rapportés ici ont donc été traduits.
En bon porte-parole, Patrick Chomet affirme que les Galaxy S24 et les fonctions IA qu’ils embarquent signent « le début d’une nouvelle ère ». Il prend ensuite le temps de rappeler que Samsung est avant tout une entreprise qui fabrique des appareils. Or, pour que lesdits appareils soient agréables à utiliser, il faut évidemment considérer plusieurs facteurs. Parmi eux, il faut faire en sorte de faciliter la vie des utilisateurs, et donc « de créer des choses qui fonctionnent ».
« Personne ne veut de l’IA »
Et c’est précisément là qu’on retrouve sa fameuse phrase. « Personne ne veut de l’IA ». Toutefois, ce que Patrick Chomet entend par là, c’est que les personnes qui achètent des produits Samsung ne vont pas craquer pour un nouveau smartphone juste parce que la marque l’a estampillé avec ces deux lettres « IA » — même s’il s’agit bien sûr d’un argument marketing qui sera grandement mis en avant.
Il insiste cependant sur le fait que l’intelligence artificielle permet de débloquer de nouvelles fonctionnalités pertinentes et ce sont elles qui vont séduire le public. Autrement dit, la simple notion d’intelligence artificielle ne suffit pas pour intéresser les gens. Il faut des options qui fonctionnent.
Dans les Galaxy S24, les fonctions Galaxy AI s’invitent ainsi dans différentes strates de l’expérience utilisateur pour proposer de la traduction, des résumés synthétiques ou encore de la retouche photo intelligente. Autant de cas d’usage jugés pertinents par Patrick Chomet et Samsung et où l’IA s’est avérée être une plus-value satisfaisante pour l’expérience utilisateur. Nos tests montreront par la suite que le rendu de ces diverses options peut varier selon les situations. Il n’empêche que l’on comprend un peu mieux la démarche en amont.
« Tout le monde s’en moque »
Nous posons alors une question pour aller plus loin dans la conversation. Il faut en effet savoir que, fin 2023, Samsung a présenté Gauss, son propre grand modèle de langage (LLM). Instinctivement, beaucoup de journalistes ont supposé que ce LLM avait servi de base pour la majorité des fonctions IA des Galaxy S24 et certaines informations distillées par Samsung France avant l’Unpacked allaient dans ce sens. Toutefois, il semble y avoir eu quelques confusions, car, lors de la conférence, la marque a beaucoup mis en avant son alliance avec Google pour développer ces nouveautés.
Autrement dit, une bonne dose des options Galaxy AI s’appuie sur Google Gemini au lieu de Gauss, sauf éventuellement les fonctions de traduction en local, sans connexion Internet. Bref, nous demandons plus de détails à ce sujet, mais là encore, la réponse de Patrick Chomet nous désarçonne : « tout le monde s’en moque ».
Bien que prononcés sans aucune méchanceté, ces mots nous prennent encore une fois par surprise. Le porte-parole affirme en effet que l’utilisateur final veut simplement un produit et des fonctionnalités qui marchent et que ce qui se passe en coulisses importe peu. Pour répondre à cette attente, il explique que Samsung a, à chaque fois, opté pour la solution qui fonctionne le mieux.
« Évidemment, nous voulons faire en sorte qu’un maximum de choses fonctionne directement sur l’appareil », sans avoir besoin de passer par un serveur distant « et nous allons progressivement aller dans ce sens ». Et d’ajouter qu’il y a des questions de coûts, de confidentialité et de performances (rapidité, latence…) à prendre en considération pour chaque fonctionnalité proposée. « Nous hiérarchisons les priorités en fonction de leur pertinence ».
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En attendant, on ne sait toujours pas qui de Google ou de Samsung est à la manœuvre sur ces fonctions d’IA…
L’IA pour simplifier la vie
Patrick Chomet croit dur comme fer en l’IA dans les smartphones. Son leitmotiv se résume à vouloir effacer autant que possible les potentielles frictions qui peuvent venir compromettre la fluidité de l’expérience utilisateur. Il explique ainsi avoir travaillé main dans la main avec son homologue chez Google, Hiroshi Lockeimer, le patron d’Android, pour adopter et promouvoir le RCS qui remplace le SMS obsolète.
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Même son de cloche pour l’outil de partage de fichiers avec Google Nearby Share qui fusionne avec Quick Share de Samsung (et en adopte le nom). L’idée étant de simplifier le parcours de l’utilisateur. Dans cette même optique, et à titre personnel, Patrick Chomet avoue que son grand rêve est de faire en sorte qu’il n’y ait « jamais besoin de se rendre dans les paramètres du smartphone ». Tout pourrait passer par l’IA.
Il sera intéressant d’observer dans les années à venir si l’intelligence artificielle permet bel et bien à Patrick Chomet d’atteindre cet objectif. Quoi qu’il en soit, notre discussion avec lui permet de comprendre un peu mieux pourquoi Samsung mise autant sur l’intelligence artificielle pour chambouler nos smartphones. Libre à chacun d’y croire ou non. Au moins, il est toujours rassurant de voir une entreprise de cette envergure avoir une réelle vision sur le long terme. C’est une évidence en soi, mais ça va toujours mieux en le disant.
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