Comment Samsung est devenu le meilleur ami de Google sur Android

Samsung + Google = 💗

 
Alors que Huawei ne peut plus faire affaire avec Google et que ses compatriotes Xiaomi, Vivo et Oppo cherchent à s’en émanciper, Samsung est devenu un partenaire privilégié pour Android. Et autant le dire, on revient de loin.

Cette semaine, la conférence de présentation des Galaxy S20, S20 Plus et S20 Ultra a été l’occasion de faire de nombreuses annonces. Outre ces trois nouveaux smartphones, le constructeur coréen a également dévoilé officiellement son nouvel appareil pliable, le Samsung Galaxy Z Flip, ainsi que ses nouveaux écouteurs true wireless, les Galaxy Buds Plus. Mais d’autres annonces, plus discrètes, ont pu marquer les esprits en y prêtant bien attention.

Samsung a en effet invité de nombreux partenaires à se joindre à la fête. Spotify est désormais intégré dans les Galaxy Buds Plus, Microsoft xCloud arrivera sur les Galaxy S20 avec un jeu exclusif en prime, Netflix proposera des contenus exclusifs aux clients Samsung. Mais surtout, c’est la présence de Google qui a pu étonner durant le Galaxy Unpacked 2020.

Google avait prévenu dès la semaine précédente, via un message posté sur le compte Twitter d’Android, que « quelque chose d’excitant arrive bientôt ».

Autant dire que la firme n’a pas l’habitude de mettre en avant les smartphones conçus par ses partenaires et encore moins à faire la promotion des événements de lancement, avant même que les smartphones en question ne soient annoncés. Mais il faut dire que depuis quelques mois, Samsung est devenu de fait le principal partenaire de Google dans l’écosystème Android.

Une position dont on aurait pu douter il y a un an à peine, alors que Huawei grimpait peu à peu dans le classement mondial des ventes de smartphones, en passant devant Apple. La croissance de Huawei semblait alors inexorable, mais c’était sans compter sur le gouvernement américain. La suite, vous la connaissez, Huawei n’a désormais plus le droit d’installer les services Google et, si ces derniers smartphones sont bien dotés de la version open source d’Android, ce n’est, de fait, plus un partenaire de Google.

Les constructeurs chinois font bande à part

Le souci, c’est que derrière Huawei, d’autres constructeurs chinois semblent craindre les mêmes représailles de la part des États-Unis. Xiaomi, Oppo et Vivo se sont ainsi associés à Huawei dans le cadre de la Global Developer Service Alliance (GDSA), un consortium visant à simplifier la mise en ligne des applications par les développeurs sur les boutiques d’apps de chacun des constructeurs. Xiaomi se veut rassurant en indiquant qu’il ne s’agit nullement de faire face à Google : « La GDSA sert uniquement à mettre en ligne les applications des développeurs vers les boutiques respectives de Xiaomi, Oppo et Vivo en même temps. Il n’y a aucune compétition entre ce service et le Google Play Store ».

Il ne s’agit certes pas de concurrencer le Play Store, mais bien de s’en émanciper

De fait, il semble bel et bien que l’objectif soit de permettre aux développeurs hors de Chine de mettre leurs applications en ligne sur les boutiques des constructeurs en même temps, en plus du Play Store. Une manière pour eux de faire face à un potentiel blocage des États-Unis comme Huawei en a déjà fait l’objet. Il ne s’agit certes pas de concurrencer le Play Store, mais bien de s’en émanciper.

Surtout, avec ce partenariat entre les quatre principaux constructeurs chinois, ce sont les numéros 2 (Huawei), 4 (Oppo), 5 (Xiaomi) et 6 (Vivo) mondiaux qui s’éloignent peu à peu de Google. Dans le classement mondial des constructeurs de smartphones, Apple (numéro 3) n’est évidemment pas un client de Google et Realme (numéro 7) ne possède que 3 % de parts de marché. Finalement, Samsung devient de fait le seul partenaire de taille pour Google dans le monde autour d’Android.

Google au-devant de la scène de Samsung

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce partenariat a bien été retranscrit lors de la présentation des Samsung Galaxy S20. Parmi les annonces logicielles autour des nouveaux smartphones, Samsung a ainsi annoncé que l’application Téléphone du constructeur intégrera désormais un accès rapide à Google Duo. Un bon moyen pour Samsung de proposer une alternative sous Android à FaceTime d’Apple, mais également pour Google d’intégrer d’office son service d’appels vidéo sur les smartphones du premier constructeur mondial.

Mais les annonces de Google ne se sont pas arrêtées là. À la toute fin de la conférence, TM Roh, coprésident de Samsung, a décidé de célébrer ce partenariat entre les deux firmes en invitant Hiroshi Lockheimer, le patron d’Android, à monter sur scène : « Pendant 10 ans, le partenariat entre Samsung et Google a été la force motrice derrière les innovations les plus importantes de cette industrie. Alors qu’une nouvelle décennie commence, notre partenariat est plus important que jamais ».

Hiroshi Lockheimer lui-même n’avait finalement pas de nouveauté à annoncer outre l’intégration de Duo, déjà dévoilée quelques minutes plus tôt. Il a bien annoncé que l’interface en position demi-fermée du Galaxy Z Flip avait été conçue en partenariat entre Google et Samsung, et que le Galaxy S20 était le « premier smartphone de l’écosystème de partenaires Android à proposer Live Caption dès le premier allumage », mais rien de bien neuf.

En fait, Hiroshi Lockheimer était surtout là pour faire l’étale du partenariat entre Samsung et Google. « Ensemble, nous jouons un rôle important dans la vie des gens à travers le monde. Ça a été génial de voir Samsung pousser continuellement les limites de ce qui est possible sur les plateformes mobiles et Android. Par exemple les phablettes, le S-Pen, beaucoup d’innovations sur les écrans comme les pliables super cools », a-t-il indiqué, avant de remercier Samsung « pour le partenariat continu pour amener de formidables expériences mobiles sur Android aux personnes à travers le monde ».

On pourrait n’y voir qu’une simple mise en avant d’une entreprise partenaire, à l’instar de Netflix ou Microsoft, dont des représentants sont aussi montés sur scène, mais c’est plus fort que ça. D’abord parce que pendant des années, Samsung avait décidé de chasser le mot « Android » de son vocabulaire pendant ses conférences. Le constructeur coréen avait pris l’habitude de faire cavalier seul, sans se soucier ni même évoquer le système qui équipe pourtant l’ensemble de ses smartphones. C’était parfois même à se demander si les produits Samsung étaient bien équipés de l’OS de Google.

Samsung Z1
Le Samsung Z1 lancé sous Tizen en 2015

À une période, Samsung a même été jusqu’à développer son propre système d’exploitation, Tizen, avec le destin qu’on lui connaît. Face à l’échec de sa gamme Z — le Samsung Z4 est sorti en 2017 — Samsung a décidé de ne plus l’intégrer que sur ses objets connectés. Un réutilisation que n’aura même pas connu Bada, lancé en 2010 et qui n’aura équipé que six appareils avant d’être purement et simplement abandonné fin 2013.

Un partenariat primordial pour Google

Depuis, Samsung semble s’être réconcilié avec Google. Le constructeur coréen est désormais conscient qu’il devra travailler avec l’éditeur américain et qu’il ne peut pas faire sans Android. Mais pour Google, ce revirement de la part de Samsung est d’autant plus précieux.

On le rappelle, mais Huawei a été forcé par Washington de s’éloigner de Google. Xiaomi, Vivo et Oppo semblent craindre des sanctions similaires et cherchent à s’en émanciper. Et des acteurs historiques du monde des smartphones en termes de parts de marché comme de nom de marque, comme LG, Sony ou HTC sont désormais réduits à peau de chagrin face aux acteurs chinois.

Pour Google, Samsung, qui reste le numéro 1 mondial avec plus de 20 % de parts de marché dans l’industrie des smartphones, est donc plus qu’un partenaire. C’est désormais un ami à ne surtout pas négliger. C’était déjà le cas il y a un an, quand Samsung était déjà numéro 1, ça l’est désormais plus que jamais alors que ses concurrents s’éloignent de fait de Google.


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