Je suis monté à bord du Smart #5 électrique, et je suis prêt à vendre ma Tesla Model 3

Voitures • 2025

Le nouveau Smart #5 est un SUV électrique concurrent du Tesla Model Y. Il est disponible à un tarif particulièrement intéressant en France. De quoi me faire de l'œil, au point de remplacer ma Tesla Model 3 ? C'est une possibilité, je vous explique pourquoi et je vous donne mon avis.
Je suis monté à bord du Smart #5 électrique, et je suis prêt à vendre ma Tesla Model 3
 
Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Il y a des journées où l’on sent que l’on assiste à un tournant. Ce fut le cas lors de mon après-midi passée à Stuttgart avec la Smart #5. Le SUV familial électrique de Smart, nouveau concurrent du Tesla Model Y, qui arrive en Europe cet été, a déjà fait parler de lui pour son design audacieux, ses performances prometteuses et son rapport qualité-prix attractif. Nous avons d’ailleurs détaillé l’ensemble de ses caractéristiques (européennes) dans un article dédié.

Pour aller plus loin
Voici les prix de la Smart #5 et c’est une très bonne surprise pour ce SUV électrique qui se recharge en 15 minutes

Mais une fiche technique ne raconte pas tout. Il fallait le voir en vrai, s’asseoir à son bord, toucher ses matériaux, jauger son espace et tester son interface. Après cette première rencontre, une chose est sûre : la Smart #5 a largement dépassé mes attentes. Moi qui cherchais une nouvelle voiture électrique pour remplacer ma Tesla Model 3 de 2020, je crois que j’ai peut-être trouvé la bonne… enfin, si j’arrive à oublier les points négatifs, sur le papier, de cette Smart #5.

Découvrez également ce premier avis en vidéo.

https://youtu.be/n__vu2n53nE

Un design qui en impose

En découvrant la Smart #5 sous les projecteurs du showroom allemand, une évidence s’impose : Smart a changé de dimension. Ce SUV ne joue plus dans la catégorie des citadines branchées et ultra-compactes (d’ailleurs Smart ne produit plus de petite voiture, la plus petite est la Smart #1 de 4,27 mètres de long), il s’attaque directement aux références du segment comme le Tesla Model Y fraîchement restylé.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Son gabarit imposant (4,70 m de long, 1,92 m de large, 1,70 m de haut) devrait lui donner une vraie présence sur la route, et il faut reconnaître que son design ne laisse personne indifférent.

Les inspirations semblent venir de plusieurs univers : un peu de Land Rover pour l’attitude robuste, un soupçon de Jeep pour le côté aventurier, et toujours cette identité propre à Smart, avec ses courbes fluides et ses détails travaillés. Les feux à LED en forme d’ellipse, les grandes jantes de 19 ou 20 pouces, le toit panoramique « halo », les poignées affleurantes… Tout cela confère au SUV un look distinctif et premium.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

En m’approchant, j’apprécie les ajustements de carrosserie et la qualité perçue renvoyée par l’intégration des éléments extérieurs (phares, caméra, jantes, et les autres éléments de design) mais aussi par la qualité de la peinture. Il faut dire que les peintures satinés des modèles présentés sont vraiment magnifiques, avec ce beige et ce vert très travaillés.

Les portes sans cadre, par exemple, sont un détail qu’on ne trouve généralement que sur des modèles plus exclusifs. Smart a clairement voulu monter en gamme, et cela se voit dès le premier coup d’œil.

Un habitacle spacieux et raffiné

Passer du design extérieur à l’intérieur confirme cette montée en gamme. Une fois installé à bord, l’impression d’espace est flagrante. L’empattement de 2,90 mètres profite pleinement aux passagers avant comme arrière, et l’ambiance générale respire le modernisme et la qualité.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Les matériaux sont bien choisis : du bois de chêne, du cuir de qualité, un éclairage d’ambiance personnalisable sur 256 couleurs avec des LED RGB. Tout cela apporte une atmosphère chaleureuse et haut de gamme, qui n’a rien à envier aux modèles premium européens. On sent que la qualité Mercedes n’est pas très loin. Même si nous ne sommes pas au niveau d’une Classe S par exemple. On a quand même pas mal de plastiques dur, notamment en partie haute. Mais rien de rédhibitoire.

À l’avant, les sièges chauffants et ventilés (selon les finitions) offrent un excellent confort. Ils sont enveloppants sans être trop fermes, et permettent d’adopter une position de conduite idéale grâce aux nombreux réglages électriques.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

À l’arrière, la place est très généreuse. Même pour une personne de grande taille comme moi (1m84), l’espace aux jambes et la garde au toit sont plus que suffisants. Les sièges arrière chauffants et l’inclinaison du dossier renforcent le confort, un vrai plus pour les longs trajets.

Attention toutefois : la place arrière n’est pas la plus confortable qu’on ait pu tester. Elle est plus confortable sur la Tesla Model Y, grâce à une largeur supérieure et un dossier (et une assise) moins ferme. On note aussi la présence d’un tout petit tunnel de transmission, qui gêne un peu les pieds sur la place du milieu.

Technologie embarquée : un cockpit numérique bluffant

Impossible de parler de la Smart #5 sans évoquer son interface technologique. Dès que l’on s’installe derrière le volant, on est accueilli par un véritable cockpit numérique.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Le combiné d’instrumentation de 10,3 pouces (derrière le volant), l’affichage tête haute en réalité augmentée de 25,6 pouces et les deux écrans OLED de 13 pouces (un pour le conducteur, un pour le passager à partir de la finition Premium) forment un ensemble cohérent et immersif. Ça pourrait presque nous faire penser à l’Hyperscreen de Mercedes, mais avec une interface un peu plus au goût du jour.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

L’écran central est réactif (bien plus que sur les Smart #1 et Smart #3), fluide et bien intégré. Son affichage 3D, basé sur le moteur graphique Unreal Engine, offre un rendu digne de jeux vidéo.

Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de tester l’assistant vocal IA qui permet un contrôle intuitif du véhicule selon le constructeur. En revanche, pour l’instant, on ne sait pas encore si Smart intégrera le DeepSeek, la célèbre et performante intelligence artificielle intégrée en Chine via une mise à jour logicielle.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Un détail que j’ai particulièrement apprécié : la puissance de la puce AMD Ryzen V2000, qui assure une navigation extrêmement fluide. Pas de latence, pas de ralentissement. Tout fonctionne avec une réactivité exemplaire, ce qui est loin d’être le cas chez tous les constructeurs.

Attention toutefois aux allergiques des systèmes chinois : on note la présence d’un avatar (cette fois-ci un lion), qu’il est, heureusement, possible de désactiver. Les graphismes pourraient faire un peu trop enfantin. Et surtout, peu d’applications sont disponibles. Pour le moment, seul un lecteur vidéo et Spotify sont de la partie.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Et c’est sûrement la partie qui me fait le plus peur, en tant qu’utilisateur au quotidien d’une Tesla. Depuis 2020, ma voiture a reçu des dizaines de mises à jour logicielles, qui ont métamorphosé l’expérience. Soit en apportant de nouvelles fonctionnalités, soit en changeant la manière font l’interface s’affiche.

Chez Smart, les clients chinois sont mieux servis que les européens. En cause : les équipes de développements sont basées en Chine, et le marché européen ne semble pas prioritaire. Un exemple : le mode sentinelle, présent en Chine, ne l’est en Europe. Un mode repris des Tesla, qui permet d’avoir accès à distance aux caméras de sa voiture ou de recevoir des notifications en cas de vandalisme. Pratique pour éloigner les voleurs, et intervenir en cas de besoin.

Qui dit que les Smart #5 seront encore mises à jour avec l’ajout de fonctions dans 5 à 6 ans en Europe ? Qui dit également que la conduite autonome promise par Smart en Chine soit à l’ordre du jour en Europe ?

Heureusement, Apple CarPlay et Android Auto seront de la partie pour avoir un système tierce au goût du jour quoiqu’il arrive.

Volume de chargement et aspects pratiques

Le côté pratique n’a pas été négligé. Smart a prévu 34 espaces de rangement dans l’habitacle, et le coffre est plus que correct pour un SUV de cette taille.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

La console centrale flottante apporte un côté enveloppant pour le conducteur et passager et renferme de nombreux rangements. Avec, bien sûr, deux logements de recharge sans fil (et ventilés pour refroidir les smartphones), deux portes gobelets et un grand accoudoir central qui renferme encore quelques litres supplémentaires.

À l’avant, le frunk varie selon la version : 72 litres en propulsion, 47 litres en transmission intégrale. À l’arrière, le coffre offre 630 litres (en comptant le sous-coffre de 110 litres) et peut atteindre 1 530 litres une fois les sièges rabattus.

C’est légèrement en dessous de la Tesla Model Y, mais cela reste une belle capacité pour un véhicule de ce segment. On apprécie la présence d’une trappe à ski permettant de transporter des longs objets avec quatre personnes à bord.

Enfin, j’ai adoré la possibilité de coucher l’intégralité des sièges de la voiture, pour avoir une surface plane et venir y mettre un matelas. Pratique pour les baroudeurs qui ne voudraient pas dormir dans une tente montée sur la galerie, et profiter du chauffage et des ports USB-C alimentés par la batterie de la voiture.

Performances et autonomie : des chiffres solides, une consommation élevée

Sous le capot, la Smart #5 propose plusieurs configurations. La version propulsion développe entre 340 et 363 chevaux, tandis que les versions à double motorisation grimpent à 594 chevaux. Résultat : un 0 à 100 km/h en 4,9 secondes pour la version la plus puissante, contre 6,9 à 6,5 secondes pour l’unique moteur.

L’autonomie, elle, varie en fonction de la batterie : 465 km (WLTP) pour la version 76 kWh (74,4 kWh net), et jusqu’à 590 km pour la batterie 100 kWh (94 kWh net) en propulsion, 540 km en transmission intégrale.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Comme on peut le voir, la consommation ne sera pas le fort de cette voiture. La Tesla Model Y réussit à annoncer près de 650 km d’autonomie avec une batterie de 79 kWh.

Là où la Smart #5 impressionne, c’est sur la recharge. Grâce à son architecture 800 volts, elle peut passer de 10 à 80 % d’énergie en 15 minutes sur une borne ultra-rapide, avec une puissance pouvant atteindre 420 kW.

Attention toutefois : les bornes d’une puissance supérieures à 350 kW sont encore très peu nombreuses en Europe. Il faudrait donc plutôt tabler sur 18 minutes pour une recharge sur des bornes de 350 kW.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

C’est toutefois plus rapide que la Tesla Model Y, qui réclame 20 minutes sur l’exercice pour la « petite » batterie de 60 kWh contre plus de 30 minutes pour la grande batterie de 79 kWh.

On apprécie aussi la trappe électrique, qui s’ouvre et se referme toute seule avec un simple appui.

Mais tout n’est pas parfait pour la Smart. La consommation énergétique est relativement élevée : 19,9 kWh/100 km pour la version Summit à double moteurs et 18,4 kWh / 100 km pour la moins gourmande.

Contre 15,3 kWh / 100 km pour la plus gourmande des Model Y. On sent que le poids du véhicule (jusqu’à 2,37 tonnes) et l’aérodynamisme très cubique (et donc pas du tout efficace) impactent son efficacité. Le Cx est donné pour 0,3, c’est assez médiocre.

Le rayon de braquage est annoncé à 11,2 mètres, une bonne valeur pour le segment.

Un excellent rapport qualité-prix, mais des équipements manquants

Avec un tarif d’entrée fixé à 46 600 euros pour la version Pro et jusqu’à 57 600 euros pour la Summit Edition, la Smart #5 affiche un rapport qualité-prix très compétitif face à la concurrence. La Tesla Model Y parvient toutefois à réduire l’addition à partir 44 990 euros pour la version la plus abordable, et à partir de 52 990 euros pour la version la plus chère.

D’autant plus que la Tesla est éligible au bonus écologique, car elle est produite en Allemagne. Alors que la Smart est produite en Chine, par Geely. Et se prend donc près de 30 % de taxes supplémentaires (absorbées par Smart) lors de l’importation en Europe, en plus de l’absence de bonus.

Une configuration qu’on ne devrait jamais voir en Europe avec son LiDAR sur le toit, la barre de feux, la gallerie de toit et l’échelle

Et c’est sûrement pour cette raison de coût que Smart a fait l’impasse sur de nombreux équipements proposés en Chine, mais indisponible en Europe. Dommage, car ce sont des équipements très intéressants comme la suspension pneumatique, le LiDAR, un siège passager inclinable à 120°, une sono de 2 000 watts, un vidéoprojecteur extérieur, un matelas aux bonnes dimensions ou encore le mode sentinelle pour ne citer qu’eux. Ça donnerait presque envie d’importer une Smart #5 de Chine. Mais ce n’est pas (du tout) une bonne idée.

Les baroudeurs se consoleront avec la finition Summit, qui permet d’avoir un mode 4×4 et des accessoires disponibles en option, comme une galerie de toit, une échelle pour monter dessus et charger les affaires, mais aussi un phare à monter sur le toit, permettant d’éclairer à plus de 40 mètres, pour les sorties 4×4 et des coffres latéraux, comme chez Land Rover sur le Defender.

Précisons que comme chez Tesla, aucune option n’est disponible chez Smart, à part la couleur de la carrosserie. Pour le reste, il faudra passer par le système de finitions.

Verdict : une réussite incontestable

Après avoir passé l’après-midi à bord de la Smart #5, une chose est sûre : ce SUV électrique a tout pour plaire. Design réussi, habitacle spacieux, technologie impressionnante, performances solides et recharge ultra-rapide, il frappe fort sur tous les aspects essentiels. C’est la voiture électrique qui se recharge le plus rapidement en France, si l’on met de côté l’inaccessible Lotus Emeya.

Tout n’est pas parfait pour autant : la consommation est un peu élevée et certains équipements manquent à l’appel en Europe. Mais globalement, Smart réussit son pari en proposant un SUV électrique moderne, bien pensé et doté d’un rapport qualité / prix intéressant.

Smart #5 // Source : Robin Wycke pour Frandroid

La grande question, me concernant, est de savoir si cette proposition suffira à me faire oublier l’univers Tesla, et à revendre ma Model 3 pour passer sur cette Smart #5 et non pas une Model Y. Franchement, je ne peux pas répondre à cette question à chaud de manière objective, surtout sans l’avoir essayé en bonne et due forme.

Mais une chose est sûre : je n’ai désormais qu’une envie : rouler avec cette Smart #5 pour tester son comportement routier et surtout, utiliser le système d’infodivertissement pendant quelques heures afin de me faire un avis plus tranché sur la question. Et surtout, essayer la conduite semi-autonome, pour la comparer à l’Autopilot de Tesla. Avant que le FSD n’arrive en Europe, et rebatte les cartes à nouveau.

À moins que la nouvelle Xpeng G6 fraichement restylée qui devrait arriver en Europe dans quelques mois ne me fasse changer d’avis. Ou une Porsche Taycan d’occasion ? Le marché de la voiture électrique commence à réellement mûrir, quand on commence à sérieusement penser à acheter autre chose qu’une Tesla.

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