On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est l’idée qui a traversé les esprits de Sonos il y a quelques années alors que le micro faisait son apparition officielle avec la Sonos One avant de s’implanter dans les barres de son Beam et Arc, puis dans les enceintes Bluetooth Move et Roam.
Car l’intérêt principal et soudain de ce micro était alors de permettre aux utilisateurs de contrôler leurs appareils de la voix grâce à Google Assistant et Amazon Alexa. De quoi transformer aussi ces produits en tour de contrôle pour la maison connectée, aptes à piloter les objets de domotique. Mais cela n’est pas forcément du goût de tous les utilisateurs, par peur pour leurs données personnelles, méconnaissance ou manque d’utilité aussi.
Une aide vocale comme réflexe naturel
« Nous avons constaté, en faisant des études préalables auprès des consommateurs, que beaucoup d’entre eux n’utilisaient pas naturellement l’assistant vocal embarqué. Ils n’en exprimaient pas le besoin pour de nombreux usages ou bien avaient peur que leurs informations soient volées et utilisées à mauvais escient », explique à Frandroid Sébastien Maury, directeur de l’Expérience Voix chez Sonos.
Alors, avec sa nouvelle équipe composée d’anciens de chez Snips, startup parisienne rachetée par Sonos en 2019 et spécialiste de l’assistance vocale portée par du machine learning, ils se sont penchés sur la question d’une aide vocale « vraiment utile ». Avec pour mission de répondre à trois points essentiels : rapidité, exactitude et confidentialité. Ainsi est né Sonos Voice Control, le tout premier assistant vocal créé par Sonos pour piloter ses enceintes et barres de son connectées.
« Avec Sonos, on avait la même vision de ce que devait être une aide vocale sur une enceinte connectée », ajoute Sébastien Maury. En charge du produit chez Snips à l’époque, il a continué de porter la voix de la startup au sein du géant américain avec une volonté : le service doit être « private by design », c’est-à-dire totalement embarqué dans l’appareil afin de garantir que les données n’en sortent pas pour aller vers le cloud ou toute autre plateforme. Tout le calcul se fait en local, rien ne fuit.
C’est déjà un élément sécurisant pour beaucoup. Et en cela, Sonos Voice Control se démarque de Google Assistant ou d’Amazon Alexa. « Ils veulent aussi répondre à toutes les questions et demandes. Nous, on se concentre sur l’expérience audio de nos appareils et la meilleure façon de les utiliser. C’est notre unique but et on ne voulait pas s’éparpiller », résume David Leroy, en charge du machine learning pour l’expérience Voix chez Sonos.
La confidentialité au cœur du processus
Sonos Voice Control se présente donc comme un service à ajouter depuis l’application Sonos aux appareils compatibles (même les premières générations de Beam ou Sonos One), soit ceux qui comptent un micro interne. L’idée est de pouvoir utiliser sa voix pour tout ce que vous auriez fait avec l’application, y compris utiliser les services comme Apple Music, Deezer, Amazon Music, TuneIn…, mettre la musique dans le salon ou la cuisine, voire les deux, baisser le volume, ajouter des chansons à votre bibliothèque, etc. Il suffit de dire « Hey Sonos » avant de passer votre commande. Mais le résultat pourra s’appliquer à toutes les enceintes de votre système audio.
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Sonos assure que ce ne sera pas soudainement l’aide vocale par défaut de ses produits. Sonos Voice Control continuera d’être proposé au même titre que Google Assistant ou Amazon Alexa. Tous pourront même être activés en même temps et utilisés indifféremment. « Nous continuons à prendre en charge les autres assistants, car nous avons choisi un écosystème ouvert et nous voulons laisser le choix aux utilisateurs de les utiliser s’ils le souhaitent, celui qu’ils veulent », déclare Ted Dworkin, Senior Vice President, Product Management & Customer Experience chez Sonos.
Le son et rien que le son en toute sécurité
Cependant, chez Sonos, on reconnaît aussi que la quête d’une optimisation des usages « maison » a été au cœur de la réflexion. L’efficacité des assistants vocaux de Google et Amazon n’est plus à prouver, mais Sonos voulait une véritable expérience centrée sur l’audio, et un gros travail sur la confidentialité des données qui reste un sujet tellement sensible.
Selon l’homme derrière les enceintes maison, c’est « un point très important » et différenciant de l’offre Sonos Voice Control. « Le souci de confidentialité limite la volonté des consommateurs d’avoir recours à une aide vocale et leur confiance en un système. Ils ont parfois peur de ce qu’il va être fait de leurs infos, de leurs enregistrements audio. Nous avons voulu passer du temps et de l’énergie à rendre cela transparent pour les rassurer. Le choix du privacy by design est une sécurité supplémentaire », ajoute-t-il.
De la voix, vous allez pouvoir faire exactement ce que vous faisiez jusqu’à présent du bout des doigts. « Nous allons rendre le contrôle vocal formidable, le plus naturel possible, intuitif et facile à utiliser au quotidien », résume un Ted Dworkin ambitieux de voir la fonction se généraliser auprès des consommateurs. C’est pourtant bien Sonos, conscient de la peur suscitée par les micros, qui a lancé la gamme de Sonos One SL et Beam SL dépourvue d’assistant vocal…
The Mandalorian pour vous servir
Il faut dire que Sonos a plus que doublé son parc utilisateurs depuis trois ans. L’arrivée des enceintes nomades Bluetooth Sonos Move et Sonos Roam, désormais déclinée en couleurs, mais aussi les produits en partenariat avec Ikea ou même l’ajout des barres de son à la mode à différents prix (en attendant la Sonos Ray encore plus abordable, mais sans micro), ne sont sans doute pas étrangers à la démocratisation des produits. Et Sonos veut voir plus loin. Il y a déjà eu le lancement du service de streaming Sonos Radio, passée en HD et qui ne cesse de s’enrichir de nouvelles stations d’artiste, la dernière en date étant à mettre au crédit de la chanteuse Lorde (SOLARSYSTYM).
Et pour offrir encore plus d’attrait à son Sonos Voice Control, la firme californienne s’est payé le luxe de faire appel aux talents de Giancarlo Esposito pour prêter sa voix à la version anglaise. L’acteur de The Mandalorian a été choisi pour sa voix « réconfortante et engageante ». Un choix qui peut prêter à sourire quand on le sait aussi connu pour ses rôles de tueur au sang froid, de Usual Suspects aux séries Breaking Bad et Better Call Saul, voire en dictateur sanguinaire dans le jeu vidéo Far Cry 6.
Sonos Voice Control sera disponible le 1er juin aux États-Unis et dans le courant de l’année en France.
Notre test de Sonos Voice Control
Nous avons pu tester la version française bêta de l’assistant vocal de Sonos — qui est fondamentalement une aide vocale plus qu’un assistant. Ici, pas de voix de « star » pour le moment sur la version bêta, mais une voix assez classique, neutre. La configuration sur une enceinte ou une barre de son est des plus simples et se déroule de la même manière que pour ajouter Alexa ou Google Assistant. Vous pouvez d’ailleurs tout à fait utiliser les deux en parallèle sans qu’ils ne se brouillent.
Premier constat : Sonos Voice Control est très réactif au fameux « Hey Sonos ». Il manque peut-être un petit carillon pour indiquer qu’il vous écoute à la première interjection (en revanche, vous l’entendez s’il ne vous comprend pas bien), mais il vous écoute rapidement, même avec un peu de bruit autour. Il suffit de lui parler naturellement et il vous comprend parfaitement.
Ses réponses sont d’ailleurs tout aussi naturelles et Sonos explique avoir justement travaillé à cela lors de l’enregistrement. Les milliers de phrases captées sont traitées par le machine learning des algorithmes afin d’offrir un rendu qui ne sont pas trop « mécaniques ». Et le résultat est prometteur. En anglais, cela est encore plus flagrant avec la voix de Giancarlo Esposito. Si vous avez sa voix en tête, vous aurez l’impression qu’il vous parle à proximité.
Sonos voulait que son Voice Control soit rapide et efficace dans ses réponses. C’est pour le moment majoritairement le cas. Demander un morceau spécifique sur un service de streaming est bien compris, comme de jouer dans une zone particulière de la maison, de monter ou baisser le volume, et même de passer en mode nuit.
Avantage non négligeable, cela marche aussi bien sur les enceintes connectées en Wi-Fi que sur celle en Bluetooth comme la Roam sur laquelle nous avons pu aussi l’essayer. Il faut l’avoir tout d’abord appairé au système Sonos en Wi-Fi pour pouvoir en profiter en balade. C’est peut-être pour le moment la situation où l’assistant a été le moins réactif à comprendre les commandes.
Sonos Voice Control s’avère déjà très simple à utiliser. Il peut même répondre à quelques questions annexes comme le niveau de batterie de votre enceinte Bluetooth, quel est le nom de la chanson qu’il diffuse, quelle heure il est, et même allumer ou éteindre votre téléviseur si vous avez une barre de son branchée en HDMI CEC. Il n’y a pas besoin de répéter la commande « Hey Sonos » si vous enchaînez vos questions. Il comprend bien la succession si vous ne tardez pas trop (six secondes après la première activation).
En revanche, SVC ne remplacera pas Google ou Amazon pour gérer votre maison connectée. Le contrôle du son est sa seule mission. Et si vous vous demandez ce qu’il peut faire d’autre, et bien il suffit… de lui demander.
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