9 mois avec la PlayStation 5 : excellence et péché d’arrogance

La console va encore s'améliorer

 
À l’approche du premier anniversaire de la PlayStation 5, la console de Sony a parfois mauvaise presse. Retour sur neuf mois d’utilisation de la console nouvelle génération.
La PlayStation 5 pourrait être rapidement en rupture de stock
Source : Sony

Bien qu’elle soit encore difficile à trouver et acheter, la PlayStation 5 de Sony est déjà un succès. Elle se vend même mieux que la PlayStation 4 en son temps tout en subissant cette pénurie. La demande est donc extrêmement forte. Pourtant en cette fin d’été 2021, la console peut parfois avoir mauvaise presse. Le magazine en ligne Input a notamment publié un article « The PlayStation 5 sucks, actually » que l’on pourrait traduire en « La PlayStation 5 craint, en fait » pour rester courtois. Un article à charge on l’aura compris qui revient sur plusieurs fautes de la console et pourtant, il s’agit peut-être de l’une des meilleures consoles de nouvelle génération jamais fabriquée.

Je l’ai utilisé depuis sa sortie, et voici mon retour sur cette console qui commencera bientôt sa deuxième année. Ce sera aussi l’occasion de pointer ses défauts de jeunesse.

Le design reste très discutable

Je pense que c’est objectivement l’élément sur lequel on peut le plus facilement faire des reproches à Sony : le design de la PlayStation 5 n’est clairement pas son point fort. On l’avait compris dès lors que la marque refusait de communiquer sur sa taille jusqu’au dernier moment. La PlayStation 5 est très imposante, il faut lui trouver une place et le système de socle bien que malin n’est pas forcément utilisé correctement par tout le monde. Même Sony s’est trompé lors d’une campagne de communication en plaçant la console à l’envers.

De gauche à droite : Xbox Series S, Xbox Series X, PS5, PS4 Pro // Source : Frandroid / Arnaud GELINEAU

Ici la comparaison directe avec la Xbox Series X sortie au même moment se fait au détriment de Sony. Microsoft est parvenue à intégrer plus de puissance brute dans un bien plus petit volume, c’est indéniable. Pour autant, le design reste une affaire de goût et on sait que les préférences entre les deux consoles sont partagées sur ce point. Je dois avouer qu’avec la console à la verticale, je ne sais toujours pas dans quel sens je dois insérer un disque pour qu’il soit lisible par la console sans y réfléchir.

Un refroidissement très efficace

Au-delà de sa taille imposante, que l’on peut imaginer rectifier par un modèle ultérieur, la PlayStation 5 a le mérite de ne faire aucun bruit en fonctionnement, ou presque. On peut facilement entendre le lecteur Blu-ray gratter régulièrement, mais sinon la console reste infiniment plus discrète que la PlayStation 4.

Une extension de stockage qui fait débat

Toujours concernant le design de la console, cet été a été marqué par le lancement de la beta permettant d’ajouter un SSD à la console pour en augmenter le stockage interne. Ce choix de design n’est pas surprenant pour Sony qui proposait déjà d’échanger les disques durs internes sur PlayStation 4. Ici l’ajout du SSD se fait en supplément du SSD interne soudé à la carte mère. La proposition est moins simple à comprendre et mettre en œuvre que celle de Microsoft, qui propose une extension externe plug & play.

L’emplacement pour le second SSD dans la PS5

Mais au-delà de cette comparaison directe, l’installation d’un SSD sur la PS5 est relativement simple : il faut retirer le capot et une vis, installer le SSD et remonter le tout. La partie complexe est de déterminer si un SSD est compatible avec la PS5. Aucun doute que les marques vont rapidement mettre en avant sur leurs produits lorsque c’est le cas. Surtout le grand avantage de la solution de Sony est de faire jouer les prix, puisque l’on achète les mêmes SSD que l’on peut trouver dans des PC.

Les jeux : Sony a fait une pause, mais on a été rassasié

C’est un autre reproche que l’on peut trouver sur le web concernant la PS5 : où sont les jeux exclusifs à la nouvelle console ? Cette interrogation s’est faite de plus en plus vocale lors de cet été. Je pense qu’il est facile de comprendre les raisons. D’abord, le dernier événement fort de Sony date de septembre 2020. La firme a très peu pris la parole depuis pour présenter de nouveaux jeux et le calendrier des prochaines sorties devient donc assez flou. D’autre part, Microsoft commence (enfin) à étoffer le catalogue de sa Xbox Series X depuis ce mois de juillet, et par contraste cela peut donner l’impression d’un manque de jeux sur PlayStation. Les prochaines sorties prévues comme Horizon Forbidden West semblent en plus avoir été retardées par Sony.

Les PlayStation Studios ont déjà sorti de plusieurs titres sur PS5

Pourtant, le lancement de la PlayStation 5 a été accompagné d’un nombre de jeux de qualité invraisemblable. Il semble impossible de s’ennuyer avec une PS5. D’abord pour les exclusivités, en quelques mois nous avons eu : Astro’s Playroom, Demon’s Souls, Godfall, Returnal et Ratchet & Clank Rift Apart. À cela s’ajout les excellents Spider-Man Miles Morales, Sackboy a big Adventure, Death Stranding Director’s Cut, Ghost of Tshushima Director’s Cut et Final Fantasy VII Remake. Ces derniers jeux sont également disponibles sur PlayStation 4, mais ils s’expriment beaucoup mieux sur la nouvelle console de Sony.

Sur les 10 mois d’existence de la console, ça fait 5 jeux totalement exclusifs à la PS5 et 5 jeux exclusifs PlayStation également disponibles sur PS4. En plus de cela, il faut compter tous les jeux tiers disponibles comme Assassin’s Creed Valhalla ou Final Fantasy XIV et la rétrocompatibilité qui permet de continuer de jouer à ses jeux PS4, le plus souvent dans de meilleures conditions. Croyez-moi, beaucoup de consoles dans le passé et même aujourd’hui rêveraient de proposer aussi vite autant de jeux de très grandes qualités.

L’interface : du bon et du moins bon

Pour la PlayStation 5, Sony a fait le pari de proposer une nouvelle interface qui n’a plus rien à voir avec celle de la PS4. Ce choix s’est peut-être transformé en péché d’arrogance avec la pandémie qui a dû toucher de plein fouet le développement. Je dois avouer que si j’aime bien que l’on propose du neuf visuellement, l’interface de la PS5 a quelques défauts de jeunesse. Pendant plusieurs mois, il fallait notamment faire attention à installer la bonne version du jeu et encore aujourd’hui je ne suis pas sûr de lancer la version PS5 ou PS4 d’un titre.

La barre de navigation du bouton PS

La nouvelle interface a été l’occasion de supprimer des fonctions qui étaient appréciées des utilisateurs comme la création de dossiers ou la possibilité d’installer des thèmes. Parmi les autres reproches que l’on peut lire sur le web, l’absence de support du 1440p par la console. C’est un inconvénient si vous souhaitez la brancher sur un écran de PC avec cette définition.

Elle apporte aussi de nouvelles choses évidemment comme les « activités », ces cartes qui vous proposent des choses à réaliser dans les jeux avec le temps nécessaire pour chaque activité ou les guides vidéos proposés par les développeurs pour débloquer des situations. Pour le moment je n’ai jamais senti le besoin d’utiliser ni l’un ni l’autre et les deux éléments d’interfaces ne sont pas vraiment configurables.

Mon grief personnel concerne plutôt l’extinction de la console.

Comment éteindre une PS5 ?

Tous les appareils de la planète ont adopté un raccourci simple : si vous appuyez longuement sur le bouton qui sert à réveiller le produit, vous accédez à un menu permettant de l’éteindre. Quasiment tous les appareils électroniques suivent ce principe, même la PS4, mais pas la PS5. Sur PlayStation 5 pour éteindre la console, il faut appuyer une seule fois sur le logo PlayStation, puis naviguer jusqu’aux options d’alimentation et choisir d’éteindre la console.

Cela peut sembler très puéril comme remarque, mais cela fait beaucoup d’étapes pour une action si fréquente : éteindre la console. Surtout, je ne comprends pas pourquoi Sony a voulu réinventer la roue et n’a pas juste choisi le même concept que la PS4. Étant très habitué à la précédente console de Sony, j’ai encore de mauvais réflexes pour éteindre la console.

Une vraie console « next-gen »

La PlayStation 5 est une console de nouvelle génération. C’est dans l’ADN de la machine, encore davantage que du côté de la Xbox. Cela passe par cette toute nouvelle interface ou par les jeux réservés à la PS5, mais cela passe aussi et surtout par l’expérience utilisateur. C’est simple, elle est incomparable avec celle de la PlayStation 4.

D’abord, l’utilisation d’un très rapide SSD dans la console a permis de réduire voir faire disparaitre les temps de chargement. C’est un vrai point fort des nouvelles consoles, et c’est un confort auquel on s’habitue vraiment très vite. Surtout, la PS5 a un grand atout nommé la DualSense.

Source : Frandroid / Arnaud GELINEAU

Bien qu’à titre personnel je préfère l’ergonomie en main d’une manette Xbox, la DualSense de la PS5 est indiscutablement l’un des meilleurs périphériques de jeu sorti ces dernières années. Il préfigure de ce que devront proposer les prochaines manettes de Nintendo et Xbox pour être au niveau. Microsoft semble d’ailleurs en être consciente. Cela passe par l’utilisation d’un système de vibrations plus agréable et précis. La vibration des anciennes manettes est pour moi un facteur de stress, comme le vibreur d’un téléphone, alors que la vibration d’une DualSense est bien plus agréable et subtile. À ce système sont associées les gâchettes à retour de force qui permettent de débloquer de nouvelles actions en jeu.

La meilleure démonstration reste à ce jour Astro’s Playroom, fourni avec la console, mais d’autres jeux commencent à utiliser la manette de la PS5 comme Returnal et Ratchet & Clank Rift Apart.

Les services : Sony s’améliore

Soyons clairs, le Xbox Game Pass est la grande réussite de Microsoft ces dernières années. Il n’y a pas une seule semaine sans que le service ne fasse parler de lui dans l’industrie. Il est devenu en très peu de temps incontournable et prend désormais le centre de la stratégie de Microsoft dans le jeu vidéo. Du côté de Sony, les choses ont peu évolué depuis la génération précédente. Le PlayStation Now, qui propose de streamer ou télécharger des jeux depuis un catalogue, ne propose aucun titre PS5 pour le moment par exemple.

C’est bien le PlayStation Plus qui réunit pour le moment le gros des investissements de Sony pour ce qui est des services. Il permet pour rappel de jouer en ligne et d’accéder chaque mois à des titres à télécharger. Sony a mis le paquet en début d’année pour proposer chaque mois des gros titres sur son PlayStation Plus comme Control Ultimate Edition ou Final Fantasy VII Remake. La firme semble encore réfléchir à la façon d’améliorer son service pour mieux se distinguer du Game Pass tout en étant pertinent.

Le défaut de la PS5 : l’arrogance de Sony

Finalement, la seule chose qui peut me faire grincer des dents lorsque j’utilise une PlayStation 5 pourrait venir de l’arrogance de Sony. La firme est leader de l’industrie avec sa console, et de loin pour le moment, même si la Switch de Nintendo est aussi très populaire. Sony n’est donc pas forcément poussé à être le plus compétitif qu’il puisse être. Dans mon usage, cela se ressent quand il est plus souvent nécessaire de payer un supplément pour passer de la version PS4 d’un jeu à sa version PS5, là où Microsoft le propose gratuitement et de façon intelligente avec Smart Delivery. Quand Final Fantasy VII Remake est offert sur le PlayStation Plus, mais que le passage à la version PS5 du jeu est bloqué sur cette version spécifique du jeu, cela fait grincer des dents.

La PlayStation 5 // Source : Frandroid / Arnaud GELINEAU

J’aimerais aussi qu’en 2021 Sony propose enfin une sauvegarde gratuite et généralisée dans le cloud des sauvegardes de jeux. Ce serait d’autant plus pratique que la firme semble désormais prête à sortir ses jeux sur PC. Ne pas avoir à repayer les jeux quand ils sortent sur PC serait d’ailleurs un joli plus. Enfin, je ne peux pas m’empêcher de partager un élément qui me chagrine : l’absence de rétrocompatibilité avec les premières consoles PlayStation. La PS5 est fournie avec l’excellent Astro’s Playroom qui est une ode à l’histoire de la marque PlayStation et ses grandes licences (Wipeout, Metal Gear Solid, Twisted Metal, Resident Evil, Final Fantasy, etc.) et pourtant impossible d’en retrouver des anciens épisodes sur la console. Sony semble à la fois conscient du trésor de guerre que constitue son histoire dans le jeu vidéo, et ne pas permettre à ses fans d’y accéder facilement sur un support moderne. Vraiment dommage.

Cette arrogance peut se ressentir également dans l’absence de support de certains standards. Pas question ici de proposer du Dolby Vision ou du Dolby Atmos sur PS5. Non il faudra passer par les technologies de Sony comme le 3D Audio, alors que personne dans l’industrie du cinéma ne va les supporter. De même, Sony ne prend pas en charge pour le moment le Variable Refresh Rate, ce qui va devenir un désavantage comparé aux Xbox sur des jeux où les performances ne sont pas parfaites.

Une console convaincante qui va s’améliorer

Si l’on a testé une PlayStation 5, il est quasi impossible de revenir à la génération précédente. Les temps de chargement beaucoup plus court, voire inexistant, et le silence de fonctionnement de la console sont deux atouts sur lesquels je ne pourrais plus faire de compromis. À cela s’ajout des jeux avec de bien meilleures performances et une capacité à s’afficher en 4K UHD de façon beaucoup plus stable que sur PlayStation 4 Pro ou Xbox One X. Quand elle est bien prise en charge, la DualSense peut aussi transformer l’expérience que l’on a d’un jeu et la meilleure démonstration reste Astro’s Playroom. La PS5 bénéficie en plus déjà d’un joli catalogue de jeux dont certains finiront sans aucun doute dans les listes des meilleurs jeux de l’année 2021.

Pourtant on a listé plusieurs reproches que l’on peut faire à la console de Sony à travers son interface ou les services proposés. Ce sont des éléments sur lesquels Sony travaille déjà et qui vont s’améliorer de mises à jour en mises à jour. On peut difficilement reprocher à Sony quelques défauts de jeunesse sur une console sortie en pleine pandémie. Pour la PS5, le meilleur reste à venir. C’est quelque chose qui s’est vérifié avec chaque génération de consoles quand les développeurs arrivent à tirer parti des nouveautés de la machine. Mais déjà avec cette première année, la console de Sony a fait ses preuves.

À l’horizon, hormis une amélioration espérée des services comme le PlayStation Plus, je suis impatient de voir ce que Sony nous réserve avec son prochain casque de réalité virtuelle. Le surnommé PS VR 2 devrait proposer une excellente expérience associée à des titres de qualité. Il n’y a jamais eu meilleur moment pour jouer aux jeux vidéo.


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