La PS5 Pro a un gros problème : Sony place ses profits avant les désirs de sa communauté

 
La PS5 Pro débarque et fait déjà polémique. Entre son tarif stratosphérique et son lecteur Blu-ray en option, Sony joue avec le feu.

On savait que la PS5 Pro allait faire du bruit, mais là, c’est carrément un feu d’artifice de polémiques qui explose sur la toile.

Autant vous dire que c’est évolution de la stratégie sur le marché des consoles de jeu. Cette annonce soulève de nombreuses questions quant au positionnement de Sony.

Revenons sur ce qui a été annoncé, même si l’article dédié est bien détaillé.

La PS5 Pro se distingue par des améliorations techniques notables. Sony annonce une unité graphique 45 % plus rapide et des capacités de ray-tracing doublées par rapport à la PS5 standard. L’introduction de la technologie « PlayStation Spectral Super Resolution » (PSSR) basée sur l’IA pour l’amélioration d’image.

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Évidemment, il faut que le jeu soit compatible pour profiter de ces nouveautés : Sony a déjà confirmé quelques titres qui bénéficieront des améliorations de performances de la PS5 Pro.

Il s’agit entre autres d’Alan Wake 2, Assassin’s Creed : Shadows, Final Fantasy 7 Rebirth, Gran Turismo 7 et Marvel’s Spider-Man 2. Ces jeux recevront le label « PS5 Pro Enhanced » et profiteront de nouvelles fonctionnalités, de graphismes améliorés et de fréquences d’images plus élevées. Il est prévu qu’une cinquantaine de titres soient optimisés au lancement en novembre.

Le défi de la justification du prix premium

Le positionnement tarifaire de la PS5 Pro à 799,99 euros représente une augmentation énorme par rapport à la PS5 Slim. Huit. Cents. Euros. Sans le lecteur Blu-ray, s’il vous plaît ! Cette stratégie de prix s’inscrit dans une tendance plus large de l’industrie vers des modèles économiques basés sur la segmentation du marché, car, effectivement, les deux versions de la PS5 Slim restent en vente.

Cette stratégie tarifaire courageuse (pour rester poli) soulève de nombreuses questions. Sony cherche-t-il à tester les limites de ce que les consommateurs sont prêts à débourser pour du matériel gaming haut de gamme ? Ou est-ce simplement une façon de compenser les coûts de production élevés de cette nouvelle console ? Concernant ce second point, on a du mal à le croire, l’évolution du matériel n’est pas non plus significative au point de parler d’un investissement énorme de la part de Sony.

Sony mise sur le tout-dématérialisé

Le choix de proposer le lecteur Blu-ray en option est autre gros sujet. D’un côté, cela permet à Sony de réduire les coûts, tout en proposant 2 To en SSD de base. De l’autre, c’est un pari risqué sur l’avenir du gaming : Sony mise gros sur le tout-dématérialisé.

Mais sommes-nous vraiment prêts pour ça ? Beaucoup de joueurs apprécient encore le fait d’avoir des jeux physiques, que ce soit pour les collectionner ou simplement pour pouvoir les revendre. De plus, dans certaines régions du monde (et en France), l’accès à Internet haut débit n’est pas encore généralisé, rendant le téléchargement de jeux volumineux problématique.

En poussant vers le tout-dématérialisé, Sony soulève une question : que se passera-t-il quand les serveurs seront débranchés ? C’est un sujet qui mérite qu’on s’y attarde. Peut-on vraiment parler d’achat quand il s’agit de jeux en full digital ? Ne serait-ce pas plutôt une forme de location longue durée, qui dure tant qu’on nous permet de les télécharger ?

C’est un débat qui agite la communauté des joueurs depuis un moment. Sur PC les joueurs sont déjà habitués depuis longtemps à se passer des disques d’installation. Sur console, la part d’achat en physique reste très importante, de l’ordre de 50 % sur une console comme la PlayStation 5.

Avec la PS5 Pro et son lecteur Blu-ray optionnel, Sony semble pousser encore plus loin cette logique, au risque de fragiliser la notion même de propriété dans le jeu vidéo. C’est un aspect que les consommateurs devraient sérieusement prendre en compte avant de sauter le pas.

Une déception à plusieurs titres

Au final, il n’est pas surprenant que la PS5 Pro suscite une telle déception parmi les joueurs et joueuses. Et pour cause :

Premièrement, le prix exorbitant de 800 euros représente un investissement considérable, qui met la PS5 Pro en concurrence directe avec le PC. Pour beaucoup, c’est tout simplement inabordable. Les passionnés de jeux vidéo se sentent ainsi exclus d’une expérience qu’ils attendaient avec impatience.

Deuxièmement, le choix de rendre le lecteur Blu-ray optionnel fragilise l’attachement des joueurs à leurs jeux physiques. C’est une partie de la culture gaming qui disparaît petit à petit, et avec elle, la nostalgie des boîtiers alignés sur une étagère ou l’excitation de déballer un nouveau jeu.

Troisièmement, cela soulève des inquiétudes légitimes sur la durabilité et la propriété des jeux à long terme. Les joueurs craignent, à juste titre, de perdre l’accès à leur bibliothèque de jeux si les serveurs venaient à fermer un jour.

Enfin, cette annonce donne l’impression que Sony place les profits avant les désirs de sa communauté. Les joueurs se sentent considérés comme de simples portefeuilles sur pattes plutôt que comme des passionnés dont les besoins et les envies devraient être au cœur de la stratégie de l’entreprise.

Pour certains, cela rappelle d’ailleurs les débuts difficiles de la PlayStation 3. Dans les deux cas de figure, Sony était dominant sur le marché jeu vidéo, loin devant les ventes de Xbox et dans les cas de figure, Sony lance une console de jeu jugée très chère. La marque avait dû faire amende honorable au lancement de la PS4 en s’affichant « pour les joueurs ».

En somme, la PS5 Pro symbolise pour beaucoup un éloignement des valeurs qui ont fait le succès de PlayStation jusqu’ici : l’accessibilité, l’innovation au service du joueur, et le respect de la culture gaming. Il est donc tout à fait naturel que cette annonce laisse un goût amer à la communauté.

L’avenir nous dira si Sony saura écouter ces critiques et ajuster sa stratégie en conséquence. Mais, ça semble important que les joueurs et joueuses fassent entendre leur voix. Reste à voir si le géant japonais saura y être attentif pour réconcilier ses ambitions commerciales avec les attentes de sa base de fans.

Cet article est un édito de la rédaction. Il apporte un éclairage supplémentaire sur une actualité récente tout en permettant à l’auteur de développer son avis personnel et argumenté.


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