DualSense drift de la PS5 : un véritable problème qui ne va pas aller en s’arrangeant

 
Les ingénieurs du site américain iFixit ont démonté la manette DualSense de la PS5 pour comprendre d’où pouvait venir le récent problème de drift. Et ils n’ont rien trouvé de bien encourageant… si ce n’est un problème qui pourrait concerner toutes les manettes du marché.
La manette DualSense de la PS5 ouverte // Source : iFixit

Après le Joy-Con Drift de Nintendo, le DualSense Drift pour Sony. Depuis quelques semaines, des joueurs ont fait remonter des problèmes de manettes PS5 qui n’en faisaient qu’à leur tête.

Comme pour Nintendo après ses soucis de Joy-Con qui dérivaient tous seuls, Sony pourrait se préparer à un recours collectif de joueurs.

« Une longue histoire de problèmes »

Pour comprendre l’origine du problème de la manette DualSense, qui concentre une bonne partie de l’innovation de la PlayStation 5, iFixit, spécialiste du démontage et de la réparation de produit, est allé voir dans les entrailles du contrôleur. Et pour ses spécialistes, il n’y a pas vraiment de surprise et tout cela était prévisible.

L'ergonomie de la manette DualSense, la bonne idée de la PS5
L’ergonomie de la manette DualSense, la bonne idée de la PS5 // Source : Frandroid / Arnaud GELINEAU

« Tout le monde aurait dû voir cela venir », clame iFixit. Selon le site, la DualSense utilise du matériel informatique prêt à l’emploi avec « une longue histoire de problèmes prévisibles et évitables. » Rien de vraiment rassurant et ce ne sont pas les détails énumérés qui vont démontrer le contraire…

Sony a vanté le mérite de ses gâchettes adaptatives et de son retour haptique pour montrer que sa manette entrait dans une nouvelle ère du jeu vidéo. Une bonne idée. Mais selon iFixit, qui a décortiqué la DualSense, les composants utilisés sont vieillots, parfois très anciens, et bien moins sophistiqués que ceux de joysticks de la fin des années 1990.

Désossage de la manette DualSense par iFixit
Désossage de la manette DualSense par iFixit // Source : iFixit

Un mauvais point pour le futur du jeu vidéo, mais une situation fréquente, déplore iFixit. « Sony n’est pas la seule entreprise à utiliser des modules de joystick standards, mais, comme Microsoft, ils ont rendu difficile la réparation de ce composant consommable », écrit-il, regrettant une espérance de vie connue et même répertoriée dans la fiche produit du fabricant. Et de se demander « s’il s’agit d’un calcul délibéré de réduction des coûts de la part des fabricants de consoles de ne pas offrir de joysticks plus fiables ou remplaçables. » 

Le constat général est assez terrible pour la DualSense, une manette au demeurant fort agréable et qui renforce l’immersion dans le jeu. Mais qui n’est donc pas exempte de petits soucis, comme le montre une vidéo sur la chaîne YouTube du site.

Des débris plastiques dans les joysticks

Premier souci : les potentiomètres. Les joysticks sont directement fixés sur la carte contrôleur de la manette et les potentiomètres (deux perpendiculaires par sticks) servent à répondre à la demande de direction. Le problème vient alors de leur usure. Au fil du temps, ils se détériorent à force de frictions d’avant en arrière ou sur les côtés et la lecture des commandes devient incorrecte. À cela s’ajoute un problème sur le mécanisme de maintien en position neutre des joysticks qui se détend au fil des usages et se décale, créant un décentrage qui fausse la commande et la compréhension de la position « neutre ».

Le potentiomètre des joysticks de la DualSense est fixé sur la carte contrôleur
Le potentiomètre des joysticks de la DualSense est fixé sur la carte contrôleur // Source : iFixit

Mais l’usage répété des sticks finit aussi par créer de la « poussière de particules plastiques », comprenez des débris à l’intérieur du mécanisme à force de tout donner pour accélérer dans Gran Turismo ou enchaîner frénétiquement les mouvements dans Call of Duty. Pour iFixit, l’utilisation de plastiques autolubrifiants dans les manettes modernes afin d’adoucir les actions engendre une autodégradation plus préjudiciable. « Les joysticks travaillent en partie en sacrifiant des quantités infimes de leur propre matériel », précise la vidéo.

La contamination de notre environnement est aussi en cause. Les potentiomètres des manettes sont sensibles aux températures extrêmes, à l’humidité, à la corrosion et aux petites particules. Autant de possibles désagréments rencontrés par tout un chacun.

Après avoir ouvert la manette, les spécialistes ont réussi à éliminer le drift de la DualSense en nettoyant les composants internes du potentiomètre avec différents produits. Pour cela, ils ont dû ôter et remonter tous les composants de la manette pour être certains de retirer toute la poussière.

209 jours d’espérance de vie

Si vous êtes victimes du DualSense Drift, iFixit conseille de renvoyer la manette au fabricant pour obtenir une réparation, de réaliser la réparation ou de la faire faire par un spécialiste pour les plus audacieux, ou d’en acheter une nouvelle.

En regardant la fiche technique des joysticks conçus par l’entreprise Alps Alpine, iFixit a repéré la durée de vie annoncée pour les potentiomètres, éléments clés : 2 000 000 cycles. Un chiffre qui tombe même à 500 000 cycles si vous appuyez sur les sticks (les fameux contrôles L3 et R3). Pour les ingénieurs, selon le jeu utilisé et donc la moyenne d’appuis nécessaires sur les sticks (jusqu’à 120 par minutes pour les plus intensifs), la DualSense a donc une durée de vie à 100 % de ses capacités d’environ 417 heures en moyenne (moins d’heures si vous vous attelez à un jeu de tir moins nerveux). À raison de deux heures de pratique par jour, les sticks pourraient donc vous lâcher au bout de 209 jours pour un usage classique. Alps admet une durée de vie des sticks entre 4 et 7 mois… si vous n’êtes pas confiné !

Un potentiomètre de manette DualSense pour la PS5 // Source : iFixit

Mais le véritable problème, pour le site tech américain, c’est de voir des fabricants passer des heures sur la R&D d’un produit qu’ils veulent innovant pour le concevoir avec des matériaux de moindre qualité, difficile à réparer qui plus est alors qu’il s’agit là d’une consommable qui doit durer. « Les contrôleurs sont moins chers à produire désormais, mais plus chers à réparer lorsqu’ils ont un problème », déplore iFixit qui incrimine aussi la recherche de profit pour expliquer la multiplication de problèmes pareils.

A noter, comme le met en avant la chaîne YouTube VR4Player, que ces joysticks conçus par Alps Alpine se retrouvent également sur les manettes Xbox One, Xbox Series, Xbox Elite 1 et Nintendo Switch Pro. Une référence presque identique à une lettre près : 22400V pour la DualShock4 ainsi que les manettes Xbox et Nintendo. Mais un 22400R pour la DualSense, ce qui pourrait expliquer le problème rencontré dont n’ont pas encore semblé souffrir les concurrents.

Pour aller plus loin
PS5 : la manette DualSense, « une trinité de sensations pour créer l’illusion et l’immersion »