Jusqu’à récemment, la fonctionnalité « Conduite automatisée en ville » de Tesla (aussi appelée FSD pour Full-Self Driving) était uniquement disponible aux États-Unis, pour certains clients triés sur le volet. Elon Musk a annoncé sur son compte Twitter le 24 novembre 2022 que la fonctionnalité serait désormais disponible à tous les clients ayant payé l’option. Hasard du calendrier, c’est ce même jour qu’a eu lieu un accident impliquant une Tesla Model S a priori en conduite semi-autonome.
La conduite autonome chez Tesla
Actuellement vendue 15 000 dollars, le FSD permet aux Tesla (Model 3, Model Y, Model S et Model X) de conduire de manière totalement autonome, en transportant le conducteur et les passagers d’un point A à un point B. La voiture prend alors toutes les décisions de conduite, et c’est assez bluffant lorsqu’on regarde les vidéos outre-Atlantique des trajets 100 % autonomes. Comme la vidéo suivante.
Mais, le système n’est pas reconnu légalement comme totalement autonome, puisqu’il s’agit de la conduite autonome de niveau 2. Et non pas de niveau 3, comme le système Drive Pilot de Mercedes, pourtant moins évolué que celui de Tesla.
La conséquence, c’est que le conducteur d’une Tesla reste responsable de la conduite de sa voiture, et doit donc continuer à surveiller la route et son environnement. Dit autrement, en cas d’accident, c’est le conducteur qui est responsable et non pas le constructeur. Chez Mercedes, c’est l’inverse si le Drive Pilot est activé.
L’accident du 24 novembre 2022
Et en parlant d’accident, l’annonce d’Elon Musk intervient à un moment délicat. En effet, le 24 novembre 2022, un accident de la route impliquant une Tesla Model S, à première vue en mode conduite autonome, a eu lieu. La vidéo de cet accident vient tout juste d’être publiée par le média The Intercept.
On y voit alors une Tesla Model S blanche qui active son clignotant, change de voie pour se mettre sur la file la plus à gauche, puis freine brutalement. Il s’ensuit un carambolage impliquant au total huit voitures, et faisant quelques blessés.
Selon le rapport de police qui cite le conducteur, la Tesla était en « Full self-driving mode« . Le problème, c’est qu’a priori, sur le lieu de l’accident (le Bay Bridge de San Francisco), il est impossible d’activer le FSD selon le compte twitter de Whole Mars Catalog, un utilisateur régulier du FSD à Los Angeles. À la place, seul le mode Autopilot est disponible.
L’utilisateur pense même savoir pourquoi la Tesla aurait si fortement ralenti à cet endroit précis. Le GPS de la voiture aurait un bug d’identification des limitations de vitesses sur la voie la plus à gauche du pont, faisant ralentir la voiture à 25 MPH (environ 40 km/h). En cause : la présence d’une sortie en amont de l’accident, comme on peut le voir sur le deuxième angle montré sur la seconde vidéo. La voiture pourrait alors croire se trouver sur la bretelle de sortie et non pas dans le tunnel, en l’absence de signal GPS précis.
Pas d’accident pour le FSD de Tesla ?
Quoi qu’il en soit, l’information la plus importante à retenir est le fait que la voiture n’était, a priori, pas en mode FSD, mais en mode Autopilot. Et la différence est majeure, puisque l’Autopilot de Tesla est un « simple » régulateur adaptatif de vitesse couplé à une aide au maintien dans la voie. Aux États-Unis, et contrairement à l’Europe, les Tesla peuvent toutefois prendre la décision de doubler d’elles-mêmes en mode Autopilot.
Que ce soit en FSD, ou en Autopilot, le conducteur a mal réagi à ce freinage, que l’on peut appeler freinage fantôme. C’est lorsque la voiture pense apercevoir un obstacle et freine pour l’éviter. Dans ce genre de situation, qui est étudiée de près par la NHTSA (la sécurité routière américaine), le premier reflexe à avoir est d’appuyer sur la pédale d’accélérateur. Ce qui permet d’annuler le freinage fantôme.
Sur la vidéo, on voit que le conducteur a totalement laissé faire la voiture et a été jusqu’à l’arrêt, après avoir été heurté par une autre voiture. Il aurait fallu que le conducteur accélère dès les premiers signes du freinage fantôme. Puisque comme on peut le voir sur la vidéo, aucune voiture ne le gênait devant lui.
Un problème propre à Tesla ?
Cet accident aurait donc très bien pu arriver à une voiture d’une autre marque, puisque les freinages fantômes interviennent chez de nombreux constructeurs, comme l’ont montré les récentes enquêtes de la sécurité routière américaine. En revanche, cet accident risque de ralentir Tesla sur la conduite autonome, car Elon Musk souhaitait pouvoir retirer l’obligation pour les conducteurs de tenir le volant entre les mains lors de l’activation du FSD. À la place, pour s’assurer que le conducteur est encore conscient, les Tesla utiliseraient uniquement la caméra de l’habitacle, présente vers le rétroviseur central.
Cette solution semble d’ailleurs plus sécurisante que les capteurs sur le volant. Ces derniers peuvent être trompés facilement, et rien ne prouve qu’un conducteur qui tient le volant entre ses mains surveille activement la route. À l’inverse, en analysant le regard du conducteur, Tesla peut plus facilement savoir si le conducteur est encore conscient de son environnement.
Tesla : les voitures les plus sûres au monde ?
Encore un autre hasard du calendrier : la vidéo publiée par The Intercept a été accompagnée de deux annonces majeures de Tesla liées à la sécurité routière. La première provient de l’Euro NCAP : l’organisme européen de crash-test décerne aux Model S et Model X de Tesla de nombreux prix, grâce à leur très bon score en cas d’accident, mais aussi des technologies embarquées pour prévenir ces derniers.
L’autre annonce de Tesla, c’est la mise en ligne des chiffres d’accidents de la flotte de voitures électriques de la marque américaine. Ce qui permet de comparer le taux d’accident de trois types de modèles : les Tesla avec l’Autopilot activé, celles sans cette fonctionnalité et enfin le reste des voitures du parc américain. Comme avec les précédentes études sur le sujet, les Tesla sont plus sûres que les autres modèles en circulation aux Etats-Unis, et largement plus lorsqu’elles ont l’Autopilot actif.
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