Tesla : on a essayé la nouvelle aide au stationnement… on vous explique pourquoi on est déçus

 
Une nouvelle mise à jour très attendue vient d’arriver sur les Tesla dépourvues de capteurs à ultrasons (USS), permettant de mieux se garer, grâce à Tesla Vision. Enfin, c’est la théorie. En pratique, cette solution, nommée Tesla Vision Parking Assist, basée sur les caméras est largement perfectible. Faisons le point sur ce qui va et ce qui ne va pas.

La fameuse mise à jour qui rétabli les aides au stationnement pour les Tesla qui ne sont pas dotées de capteurs à ultrasons est arrivée en France. Cette version 2023.6.9 apporte en effet une nouveauté que l’on attendait depuis septembre 2022, soit un peu plus de six mois.

Certains plaçaient beaucoup d’espoir sur cette fonctionnalité, et imaginaient en substance que la solution basée sur les caméras allait faire mieux que ce dont étaient capables les capteurs de proximité. Bien entendu, nous pouvions d’avance imaginer certaines limitations physiques, lorsque la visibilité est réduite par exemple. Mais même quand tout va bien au niveau des conditions extérieures, peut-on faire confiance à Tesla Vision pour se garer ?

Nous allons revenir plus en détail sur ce qui était promis par Tesla, ce qui est en effet proposé en ce moment, et reviendrons sur le fonctionnement des capteurs à ultrasons qui n’étaient pas parfait non plus. Enfin, nous verrons si Tesla a la possibilité de drastiquement améliorer Tesla Vision pour le stationnement, ou si nous sommes condamnés à devoir composer avec l’imperfection actuelle ad vitam aeternam.

Tesla Vision pour le stationnement : une promesse écrite depuis six mois

Sur le site de Tesla, nous pouvons encore lire le texte suivant :

Dans un avenir proche, une fois que ces fonctionnalités auront atteint les mêmes niveaux de performances que ceux des véhicules actuels, elles seront rétablies via une série de mises à jour logicielles à distance.

Si l’on considère que la mise à jour 2022.6.9 apporte l’aide au stationnement via Tesla Vision, c’est que le constructeur considère que cela a atteint le même niveau de performances que les véhicules équipés de capteurs à ultrasons.

Ce qui est appelé « Park Assist » n’est pas la seule fonctionnalité qui a été supprimée par Tesla sur les véhicules livrés sans capteurs à ultrasons, mais c’est la seule qui est revenue pour le moment. Le Parking Auto, la Sortie Auto et la Sortie Auto Intelligente sont encore à ce jour indisponibles pour les véhicules qui ont les options correspondantes.

Si les premiers tests du Park Assist via Tesla Vision paraissaient prometteurs, maintenant que nous l’avons sur nos véhicules, il est temps d’examiner ce que cela donne en pratique, dans des situations classiques.

La théorie de Tesla Vision face aux limites physiques

L’intérêt d’une assistance au stationnement dépend de sa fiabilité

. En effet, comment faire confiance à un système qui apporte une information inexacte, soit parce que les distances sont surévaluées, soit parce qu’un obstacle n’est pas détecté ? C’est tout le challenge qui attend Tesla Vision, puisque des limites physiques semblent bel et bien exister.

En effet, le placement même des caméras sur les Tesla fait que certains endroits situés à proximité du véhicule sont invisibles, et sans mouvement il n’est donc pas possible de déterminer le placement des objets environnants. Plus précisément, ce qui se trouve à une distance de moins d’un mètre du pare-choc avant, et à moins de cinquante centimètres de haut est totalement invisible des trois caméras situées en haut du pare-brise.

L’Autopilot de Tesla ne repose plus que sur des caméras // Source : Tesla

Le hardware 4 qui est, lui aussi, grandement attendu pourrait permettre de palier cet angle mort, si des caméras sont bel et bien installées sur le pare-choc avant. Mais en l’état, il n’y a pas de miracle, Tesla ne peut pas combler le manque de visibilité dû au placement de ses caméras avant à l’heure actuelle.

La théorie de Tesla Vision est donc de se reposer sur un réseau d’occupation basé sur les caméras, pour à la fois identifier les objets, les différencier, mais également affiner le positionnement du véhicule dans l’espace.

Autrement dit, cela doit permettre de mesurer à quelle distance se situent les objets environnants, mais également où et comment est positionnée votre Tesla par rapport à ce qui l’entoure. Voyons si cette promesse est respectée en pratique dans différentes situations.

Une assistance au stationnement utile ou gadget ?

Le premier test pour savoir si l’on peut faire confiance ou non à Tesla Vision pour se garer est simple : voit-il correctement l’environnement, de manière fiable ? En conditions normales, de jour, la réponse est généralement oui. Par exemple, vous pouvez voir ci-dessous ce que nous indique une Tesla Model Y Propulsion garée en marche arrière contre une haie, entre deux voitures.

Ce que voit Tesla Vision // Source : Bob JOUY pour Frandroid

Les lignes symbolisent bien l’environnement proche de part et d’autre du véhicule, et l’indication de 83 centimètres vers l’avant est assez fiable, puisqu’au niveau de la ligne orange se situe une personne debout, visible des caméras. Un premier raté pointe toutefois le bout de son nez à l’arrière : la ligne rouge semble être à l’intérieur du véhicule, comme si nous étions reculés contre la haie, alors qu’il reste plus de 15 centimètres avant d’arriver à son contact.

La caméra arrière reste donc bel et bien votre meilleur allié pour les manœuvres en marche arrière en Tesla, car elle permet de mieux voir où se trouve l’obstacle à l’arrière que les lignes dessinées par Tesla Vision sur la partie gauche de l’écran. Bien entendu, cela n’est valable que lorsque la caméra est propre, sans quoi elle n’est d’aucune aide. Mais dans ce cas précis, un message s’affichera sur l’écran, indiquant que l’aide au stationnement (qui repose sur les caméras) est elle-aussi indisponible.

Un cas qui ne peut pas vraiment se présenter avec des capteurs à ultrason, puisqu’ils sont largement moins sensibles à la saleté.

Nous avons bien compris que dans certains cas, l’aide au stationnement ne sera pas disponible, mais lorsqu’elle l’est, peut-on vraiment lui faire confiance ? Nous avons testé plusieurs situations et il est malheureusement assez simple de mettre en défaut le système Tesla Vision. Notez que si vous êtes embêtés par le fameux « bip bip » intempestif et peu utile de cette aide au stationnement, vous pouvez la désactiver dans le menu correspondant.

Le réseau d’occupation basé sur la vision va tenter de deviner non seulement le placement d’une bordure, mais aussi sa hauteur, alors qu’elle n’est pas visible par les caméras. Ainsi, se garer en marche avant avec un trottoir de 15 centimètres de haut va parfois se transformer en un mur de plusieurs dizaines de centimètres de haut, bien plus proche qu’en réalité, lorsqu’il est imaginé par Tesla Vision.

Quelques essais montrent les limites actuelles de Tesla Vision

Nous en avons fait les frais lors de nos essai, comme vous pouvez le voir sur le Tweet ci-dessous, où nous avons décidé de faire confiance à l’assistance au stationnement lorsqu’elle indiquait qu’il ne fallait pas se rapprocher plus de l’obstacle présent.

Contrairement à la marche arrière où une seconde vérification peut être faite à l’aide de la caméra, dans le cas de la marche avant, nous n’avons pas d’autre manière de voir ce qu’il y a devant le pare-choc qu’avec notre point de vue au poste de conduite. Bien sûr, sans assistance au stationnement, nous nous serions avancés bien plus que sur la photo, mais que faire lorsque le véhicule vous somme de vous arrêter pour ne pas percuter un obstacle ?

La confiance que l’on accorde à Tesla Vision pour l’assistance au stationnement est donc fortement ébranlée après ces quelques jours de test, mais saluons tout de même une chose : pour le moment, Tesla Vision semble être souvent trop prudent, et pas le contraire.

En effet, il serait bien plus grave d’avoir des obstacles non détectés, où l’on imaginerait en substance pouvoir continuer à s’avancer, car le véhicule n’indique aucun danger environnant, et au final percuter un objet invisible. Malheureusement, bien que moins fréquent, ce cas de figure arrive dans certaines situations, donc prenez garde à ce que vous affiche l’ordinateur de bord.

Mais en l’état, en marche avant comme en marche arrière, s’arrêter lorsque c’est suggéré vous fera sortir de votre Tesla, puis l’avancer ou la reculer tellement vous êtes loin d’être idéalement positionné. En pratique, les indications de distance s’arrêtent à 30 centimètres, suite à quoi l’indication « STOP » apparaît, ce qui peut être anxiogène. Mais c’est également le cas avec les Tesla dotées de capteurs à ultrason.

Si d’ailleurs vous tentez de faire confiance à votre voiture sur un Superchargeur en reculant, vous vous retrouverez probablement trop loin de la borne pour pouvoir vous brancher, ce qui est tout de même cocasse. À moins qu’il ne s’agisse d’une borne V4, avec son câble bien plus long.

Enfin, lorsque vous redémarrez votre Tesla qui était stationnée, l’aide au stationnement Tesla Vision est indisponible pendant de longues secondes, en attendant de récupérer les dernières informations enregistrées sur l’environnement proche.

Vous l’aurez compris, l’aide au stationnement proposée par Tesla Vision aujourd’hui est largement perfectible, mais qu’en était-il des capteurs à ultrasons ? Nous allons voir qu’il existait également des situations où ces derniers n’étaient pas si utiles que cela.

Les capteurs à ultrasons étaient-ils meilleurs ?

La vraie interrogation maintenant que Tesla Vision pour le stationnement est disponible est donc la suivante : par rapport aux capteurs à ultrasons, dans des conditions comparables, comment se comparent les deux solutions ? Il est important de garder en tête que les capteurs à ultrasons ne sont pas une solution digne de confiance dans 100 % des cas, comme vous pouvez le constater sur la vidéo ci-dessous.

Dans cette situation du quotidien où l’on rentre une Tesla Model 3 dans notre garage, les capteurs à ultrasons ne donnent donc aucune information pertinente, puisqu’ils indiquent régulièrement une distance erronée sur la partie gauche de l’écran de la voiture.

Cependant, nous pouvons tout de même remarquer de nombreux cas où les capteurs à ultrasons restent meilleurs que Tesla Vision à l’heure actuelle. Tout d’abord, les capteurs à ultrasons ne sont pas dépendants de la luminosité ou des conditions météo. Cela signifie que lorsque les caméras sont mouillées ou sales notamment, les aides au stationnement via Tesla Vision sont indisponibles, alors que les capteurs à ultrasons fonctionnent de manière nominale.

Enfin, lors des manœuvres plus conventionnelles consistant à s’approcher d’un mur en marche avant ou arrière, les capteurs à ultrasons offrent plus de précision que Tesla Vision et son affichage approximatif. C’est aisément compréhensible, puisque d’un côté la distance est estimée à l’aide des caméras, et de l’autre, c’est simplement un calcul précis grâce à des capteurs dédiés. Un point commun que l’on retrouve toutefois entre les deux solutions : il n’y a pas de mesure sous 30 centimètres. Autrement dit, si vous souhaitez vous approcher d’un obstacle à moins de 30 centimètres en marche avant ou arrière, vous ne verrez que l’indication « STOP » à l’écran, avec ou sans capteurs à ultrasons.

Avec les capteurs

Bien que l’on puisse espérer une amélioration de Tesla Vision avec le temps, il faut modérer ses attentes pour ne pas être déçu. En effet, il est fort probable que l’implémentation actuelle n’évolue pas ou très peu, tant les limites physiques sont ce qui empêche les caméras de voir correctement en toutes circonstances. Le fameux hardware 4 sera sans doute ce qui résoudra le tout pour les futures Tesla, mais pour les actuelles, il faut composer avec cette solution imparfaite pour le moment.

 


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