Tesla triche-t-il vraiment sur l’autonomie de ses voitures ? Pas tout à fait, on vous explique pourquoi

Ce n'est pas si simple

 
Une enquête réalisée par Reuters révèle que Tesla aurait créé une équipe dédiée pour calmer les ardeurs des clients déçus de l’autonomie réelle de leur nouvelle voiture. Tentons d’éclaircir les particularités du constructeurs qui ne fait décidément jamais rien comme les autres.
Source : Tesla

L’agence de presse Reuters vient de publier une longue enquête concernant une supposée équipe embauchée par Tesla pour clôturer les demandes d’intervention de la part des clients mécontents par l’autonomie réelle inférieure aux promesses du constructeur.

En réalité, tout est probablement normal, et il n’y a pas de quoi s’inquiéter. C’est en tout cas ce que déclare Tesla, et nous allons revenir plus en détail sur ce qui rend les voitures de la firme d’Elon Musk particulières (mais pas trop non plus) au niveau de l’autonomie affichée.

Une autonomie affichée qui est tout sauf réelle

Autant le dire dès le début : l’affichage de l’autonomie en kilomètres sur une Tesla ne reflète pas forcément l’autonomie réelle que vous aurez en conduisant votre véhicule. Des explications plus détaillées sont proposées sur Numerama, mais en substance, l’affichage est basé sur une valeur fixée par l’EPA, et elle n’est pas basée sur vos habitudes de conduite. En d’autres termes, il s’agit de l’autonomie que peut parcourir la voiture selon la consommation « officielle », basée sur un parcours censé représenté une consommation mixte.

De nombreux constructeurs choisissent quant à eux d’afficher une autonomie plus réaliste, qui est basée sur l’historique de consommation du véhicule.

Ainsi, une Tesla Model 3 Grande Autonomie neuve va afficher autour de 570 kilomètres d’autonomie, et si vous pensez pouvoir parcourir cette distance sur autoroute, vous aurez à coup sûr une très mauvaise surprise. En cause : la consommation sur autoroute, largement supérieure à la consommation mixte théorique.

Source : Robin van Geenen

Fort heureusement, le planificateur d’itinéraires embarqué dans le système de navigation permet de visualiser aisément (et de manière assez précise dans la plupart des cas) le niveau de charge auquel vous allez arriver, et au besoin vous dirige vers des Superchargeurs pour remplir suffisamment la batterie.

C’est loin d’être le cas de la majorité des véhicules du marché, et à ce petit jeu, nous pouvons même dire que Tesla fait figure d’exemple. L’intégration des bornes de recharge à la navigation associée à la simplicité d’utilisation de son planificateur en font l’une des références actuelles.

Certains constructeurs ne disposent même pas d’un planificateur embarqué, quand d’autres offrent une solution tellement imparfaite qu’elle est inutile. On peut citer le planificateur d’itinéraire de Volkswagen, qui s’adapte assez mal à la consommation réelle du véhicule, si jamais vous changez subitement votre manière de conduire.

L’hiver, malheureusement, fait du mal aux véhicules électriques

Nous enfonçons là une porte ouverte pour la plupart des personnes étant familières avec la mobilité électrique, mais comme le montre l’enquête de Reuters, il est important de le rappeler.

Avec la baisse des températures, il est normal de constater une baisse drastique de l’autonomie de sa voiture électrique, Tesla ou non. D’après le rapport, certains conducteurs affirment perdre plus de 50 % de l’autonomie annoncée, ce qui reviendrait par exemple à considérer une Tesla Model Y Propulsion comme ayant autour de 210 kilomètres d’autonomie seulement. Contre 455 km d’autonomie théorique en cycle mixte.

Possédant ce véhicule, je n’ai aucun mal à croire cette affirmation, puisque dans des conditions difficiles, il nous arrive de perdre énormément de batterie. Pour autant, je ne considère absolument pas le véhicule comme étant défectueux, car ce phénomène affecte l’ensemble des voitures électriques.

Tesla fait le choix de conserver un affichage en kilomètres basé sur une constante fixée par l’EPA, ce qui est bien entendu flou. Le constructeur a d’ailleurs dû à différentes reprises modifier son affichage pour mieux respecter les autonomies homologuées par l’agence environnementale américaine. Mais, le plus important, c’est que l’autonomie calculée par le GPS tient compte de la température, et vous ne serez donc jamais trompé par celui-ci.

Il n’y a que les personnes qui voyagent à l’aide de cartes papier à l’ancienne qui pourraient se faire avoir par l’autonomie réelle de la voiture.

Une partie de la batterie cachée sous 0 %

Ce qui permet à Tesla d’afficher une autonomie en kilomètres plus importante que ce que constatent les conducteurs avant d’arriver à 0 % vient également du fait qu’une petite partie de la batterie se cache sous 0 %.

En pratique, 4,5 % du pack de batterie est disponible lorsque l’affichage est à 0 %, ce qui peut vous éviter de tomber en panne sèche si vous avez mal calculé votre coup (ou si vous aimez profiter de la totalité de votre batterie).

Ceci signifie par exemple que pour que sur un cycle d’homologation WLTP, une Tesla Model Y Propulsion parcoure les 455 kilomètres annoncés, elle ne doit pas se contenter de partir à 100 % et arriver à 0 %.

Elle doit en plus aller jusqu’à vider intégralement la batterie et s’arrêter, ce qui consomme donc les 4,5 % cachés sous 0 %. Ce qui pourrait faire dire à certains que Tesla triche avec l’autonomie, puisque rouler sous les 0 % de batterie ne doit pas arriver à grand monde. Ce qui signifie que la plupart des conducteurs ne peuvent pas utiliser (par crainte) pas la totalité de la batterie au quotidien.

Nous en avons déjà parlé, mais l’autonomie WLTP n’a d’utilité que pour comparer les voitures électriques entre elle, en aidant éventuellement à prendre une décision avant achat. Elle n’a pas vocation à représenter l’autonomie en conditions réelles d’une voiture en particulier.

Tesla triche-t-il sur l’autonomie de ses voitures ?

Il est faux d’affirmer que Tesla triche sur l’autonomie de ses voitures électriques. Ce qui est réel, c’est qu’atteindre l’autonomie promise (qu’elle soit WLTP, EPA, ou affichée via une constante sur l’ordinateur de bord) est utopique dans l’immense majorité des situations. Sauf à rouler régulièrement dans un milieu urbain ou péri-urbain, permettant d’abaisser la consommation.

Reuters a choisi de faire un article « à charge » sur Tesla, là où l’angle opposé aurait pu être considéré. En effet, il existe des personnes arrivant à parcourir plus de kilomètres avec une seule charge que ce qui est promis par le constructeur. Pour autant, ils ne considèrent pas qu’ils ont une voiture exceptionnelle.

Certains médias testent les voitures électriques jusqu’à la panne, et calculent la différence d’autonomie entre la théorique annoncée et la réelle. C’est le cas de cette récente étude norvégienne. Tesla n’est d’ailleurs pas trop mal placé. Mais attention toutefois, car l’organisme de certification américain EPA a déjà demandé à Tesla par le passé de modifier (à la baisse) l’autonomie annoncée, à cause d’une différence d’environ 3 % entre la valeur annoncée par la marque et la valeur mesurée par l’organisme.

Reuters affirme également que sous 50 %, l’affichage de l’autonomie deviendrait plus pessimiste. Pour éviter que les clients ne tombent en rade de batterie. Ce n’est pas une particularité qui a été remarquée par ailleurs, ce qui nous laisse assez dubitatifs sur la réalité de la chose.

Tesla Model X Plaid // Source : Robin Wycke pour Frandroid

Cependant, ce ne serait pas la première fois qu’un algorithme de calcul d’autonomie ou de vitesse de charge traiterait différemment les cas, selon que l’on soit proche de 100 % ou de 0 %, comme on avait pu le voir sur la Nissan Ariya.

L’autonomie affichée sur l’ordinateur de bord n’est que peu utile, et nous ne pouvons que vous conseiller de basculer l’affichage en pour-cent lorsque c’est possible.

D’ailleurs, en Tesla, le planificateur embarqué ne vous propose qu’un niveau de batterie en pour-cent à chaque étape, et s’affranchit de l’autonomie en kilomètres. Et c’est bien ceci le plus utile lors des grands voyages.


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