Depuis 2012 et l’arrivée de la Tesla Model S, l’entreprise américaine a eu le temps de s’améliorer pour proposer des véhicules presque parfaits. Malheureusement, cela reste loin d’être le cas en 2023, comme nous allons le voir.
Pour devenir des voitures irréprochables, il manque non seulement certains composants physiques, mais le développement logiciel laisse aussi à désirer. Nous allons tenter de comprendre ce qu’il manque à la marque d’Elon Musk pour rendre ses voitures excellentes.
Les fonctionnalités manquantes
Lorsque l’on dresse un comparatif des technologies embarquées d’une Tesla, la liste est relativement courte par rapport aux autres références du marché. En effet, même si la marque américaine apparait toujours dans l’inconscient collectif comme l’une des plus avancées sur le côté high-tech, la réalité est bien différente.
Tout d’abord, Android Auto et Apple CarPlay n’existent pas à bord d’une Tesla, tout du moins nativement. Certains bricolages permettent de retrouver un ersatz de réplication de l’écran de votre smartphone, mais rien qui ne soit réellement satisfaisant, et encore moins à la portée de tout le monde. Le logiciel embarqué de la marque est cependant assez complet pour pas que cela ne soit un manque indispensable. Même si beaucoup apprécieraient de retrouver Waze ou leur application de podcasts préférée directement dans l’interface de leur Model 3 ou Model Y.
Tesla étant une marque américaine où la législation relative aux caméras à la place des rétroviseurs n’est pas la même qu’en Europe, elle ne propose pas ce que l’on a pu découvrir sur l’Audi e-tron ou la Honda e, ou bien encore plus récemment la Renault Mégane E-Tech. Que ce soit au niveau du rétroviseur avant ou de ceux de part et d’autre du véhicule, on reste aux bons vieux miroirs sur les voitures de la firme d’Elon Musk.
Les Tesla ne manquent pas de caméras sur le papier, puisqu’elles en ont plusieurs à l’avant, plusieurs sur les côtés, et une à l’arrière. Malgré tout, nous ne pouvons pas profiter d’une vue à 360 degrés en réalité augmentée, chose qui est désormais assez classique chez beaucoup de constructeurs concurrents. L’une des raisons est sans aucun doute l’absence de caméra au niveau du pare-choc avant, bien que Tesla l’ait furtivement laissé apparaître sur les visuels de la nouvelle Model 3 Highland, et qu’on en trouve sur le Cybertruck actuellement en cours de finalisation. L’avenir nous dira si cette vue en réalité augmentée arrive sur les futurs modèles, mais pour le moment, il n’en est rien.
Autre manque pourtant bien présent chez la concurrence : l’affichage tête-haute. Que ce soit Mercedes, Hyundai ou Ford, tous proposent un affichage tête-haute en face du conducteur, sur le pare-brise. Comme sur les Tesla Model Y et Model 3, il n’y a qu’un seul écran au centre de la planche de bord, avoir les informations importantes pour le conducteur bien en face peut manquer.
Nous avons d’ailleurs présenté un écran qui s’intègre correctement dans l’habitacle, qui est une solution tierce pour les propriétaires en manque d’écran. Toujours est-il qu’une intégration d’un affichage tête-haute serait bienvenue, mais rien ne dit que cela arrivera.
Pour pallier certains manques matériels, le constructeur américain tente parfois le tout pour le tout, avec une politique axée uniquement sur le logiciel. Voyons si cette méthode donne vraiment satisfaction à tous les niveaux.
Mettre fin au « tout logiciel » devient urgent
Pour faire face au choix de faire abstraction de certains composants, Tesla doit adapter son logiciel, souvent très rapidement. L’une des premières grosses controverses fut la disparition du radar à l’avant des véhicules. Utilisé pour gérer la distance avec le véhicule précédent lors de l’utilisation du régulateur de vitesse adaptatif, le radar présentait de nombreux avantages face à la solution actuelle, qui est de n’utiliser que les caméras du pare-brise.
En l’occurrence, nos expériences récentes avec l’arrivée du temps hivernal montrent à quel point il était prématuré pour Tesla de se baser uniquement sur les informations issues des caméras. En effet, sur voie rapide, le régulateur de vitesse adaptatif et l’Autopilot sont régulièrement indisponibles si une mauvaise visibilité est constatée. Plus récemment, l’abandon des capteurs à ultrasons nous a laissé le même goût amer : la solution de remplacement est insatisfaisante et les manœuvres de stationnement sont plus pénibles qu’auparavant.
Ce serait compréhensible dans certains cas où effectivement on y voit rien, mais en pratique, il y a énormément de faux positifs. En l’occurrence, lorsque le soleil rasant éblouit légèrement la caméra frontale, dite adieu aux aides à la conduite. Trop de pluie, ou un léger brouillard ? C’est pareil. Et clou du spectacle, récemment, un message indiquant que la vitesse de l’Autopilot est limitée à cause de la visibilité est apparu. C’est particulièrement surprenant quand tout le monde roule à 100 km/h autour de vous, et que votre voiture veut se caler à 50 km/h.
Tous ces cas où les assistances à la conduite sont limitées n’existaient pas lorsque le radar était présent et utilisé. C’est d’ailleurs assez malheureux pour les anciennes Tesla, dont le radar n’est désormais plus que décoratif. En effet, le logiciel a été mis à jour pour ne plus prendre en compte les informations du radar, et ces véhicules se comportent alors comme les Tesla neuves d’aujourd’hui. Tout ceci ne fait pas le bonheur des propriétaires, bien au contraire, comme nous allons le voir ci-après.
Trop de bêta nuit à l’expérience
Tesla use et abuse d’un mot propre au développement logiciel : bêta. Derrière ce terme, l’entreprise américaine se cache pour proposer des fonctionnalités qui n’en sont qu’à leur balbutiement à ses clients. Pour certains conducteurs, c’est une attitude très louable, car elle permet de profiter petit à petit des avancées en matière de logiciel que font les équipes de Tesla.
Cependant, en pratique, une fonctionnalité sort en bêta et… reste en bêta. D’autres entreprises se servent de logiciels en bêta (comme Apple avec iOS ou Google avec Android) pour recueillir l’avis d’une population assez large avant de sortir une version finale où la majeure partie des bugs aura été corrigée. Tesla procède différemment en ce sens où le logiciel est continuellement en bêta.
Par conséquent, les propriétaires ne sont pas vraiment légitimes pour critiquer certaines fonctionnalités, étant donné que Tesla affiche clairement que l’on ne doit pas s’attendre à ce que cela fonctionne correctement. Une petite recherche sur le mot-clé « BETA » montre de nombreux résultats sur le manuel d’une Tesla Model 3, comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Et le souci avec toutes ces fonctionnalités qui ne sont pas abouties, est que leur usage est presque obligatoire. Nous pouvons par exemple citer les essuie-glaces et les feux de route automatiques, qui sont activés en même temps que le régulateur de vitesse adaptatif. En pratique, il n’est pas rare de rouler par grand beau temps, et de constater subitement que les essuie-glaces se mettent en mouvement, sur un pare-brise parfaitement sec.
Tesla est donc à un carrefour où certains clients — les plus technophiles — acceptent de profiter de nombreuses fonctionnalités avant qu’elles soient parfaitement abouties, tandis que d’autres pestent presque quotidiennement sur des fonctions basiques qui ne sont pas au niveau d’une voiture de cette gamme. Voyons pourquoi, malheureusement, le futur ne s’annonce pas meilleur pour les clients de la marque.
Pourquoi malheureusement ça ne va pas changer
Si l’on regarde les chiffres de vente de Tesla ces derniers trimestres, on constate une chose claire : les clients sont plus que jamais au rendez-vous. La Tesla Model Y bat régulièrement des records de vente, allant même jusqu’à être la voiture la plus vendue au premier semestre 2023. La Tesla Model 3 vient d’être restylée, ce qui devrait relancer ses ventes, surtout avec un tarif aussi attractif.
Ainsi, les équipes marketing de Tesla faisant le bilan des changements de ces dernières années ne peuvent que constater que tout ce qui est retiré n’empêche pas à la marque de se développer. Nous pourrions même aller jusqu’à dire que les équipes d’Elon Musk ont eu raison, puisqu’en retirant des composants, la fabrication est à la fois plus rapide et moins chère, tandis que la production peine encore à suivre les commandes.
La nouvelle Tesla Model 3 est un bon exemple, puisqu’elle fait l’impasse sur encore un élément considéré par tout le monde comme indispensable, à savoir les commodos derrière le volant. Beaucoup critiqueront sans aucun doute ce choix, cependant on ne peut nier que cela permet à la firme d’améliorer encore son processus de fabrication, et de réduire le nombre de pièces nécessaires pour produire une voiture. Et forcément, cela baisse le coût de production d’une Tesla Model 3, et par conséquent augmente encore la marge de Tesla.
La seule manière de montrer à Elon Musk que certains choix ne sont pas les bons serait de ne pas acheter une Tesla, mais en l’état actuel du marché, c’est une chose très difficile. Nous avons d’ailleurs expliqué ce paradoxe qui fait que malgré tous ses défauts, votre prochaine voiture sera probablement une Tesla. Les cartes sont bien entre les mains des consommateurs, même s’il est irréaliste d’imaginer Tesla changer son fusil d’épaule prochainement.
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