Pourquoi la grève Tesla en Suède pourrait avoir des répercussions sur la Model Y en France

 
Depuis le 27 octobre dernier, une grève complique les opérations de Tesla en Scandinavie. Si celle-ci avait débuté avec un petit groupe de mécaniciens, elle s’est propagée à tous les pays d’Europe du Nord et pourrait même menacer le cours de l’action de la marque en bourse. Des répercussions plus profondes pourraient être à prévoir dans toute l’Europe, notamment pour les livraisons des Tesla Model Y produites en Allemagne.

Tesla reste actuellement le leader de l’électrique dans le monde et est en passe de battre son record de l’année dernière. Sur le papier, tout va bien pour la firme, qui se fait tout de même fortement chahuter par les constructeurs chinois, et notamment BYD qui pourrait lui passer devant. D’autant plus que l’entreprise d’Elon Musk doit faire face à de nouvelles difficultés.

Une grève de grande ampleur

Tout a commencé le 27 octobre dernier, dans les ateliers de réparation du constructeur américain. 130 mécaniciens, alors répartis dans une dizaine d’établissements de la marque en Suède ont répondu à l’appel du syndical IF Metall afin de protester contre le refus de cette dernière de signer une convention collective sur les salaires. Et pour cause, cette dernière constitue pourtant la base du modèle du marché du travail nordique puisqu’elle couvre 90 % des employés suédois.

Ainsi, le syndicat estime que les employés de la marque ont « des salaires inférieurs, ne bénéficient pas des mêmes assurances et ont des retraites inférieures » par rapport aux autres travailleurs dans le même domaine. La protestation aurait pu s’arrêter là, si Elon Musk avait accepté de négocier afin d’offrir gain de cause aux salariés mécontents. Mais l’homme d’affaires n’est pas réputé pour plier aux revendications sociales, comme il l’avait prouvé quelques mois plus tôt.

Photo de la Gigafactory de Berlin // Source : Tesla

Le bras de fer est donc engagé entre le constructeur et ses salariés, à tel point que plusieurs syndicats ont décidé de se joindre aux grévistes. Résultat, de nombreuses entreprises suédoises ont décidé de ne plus travailler pour Tesla. Ainsi, les électriciens refusent de réparer les bornes de recharge tandis que les dockers ne déchargent plus les voitures de la marque dans les ports suédois. Mais cette protestation prend aussi des formes plus inattendues.

En effet, depuis quelques semaines, les facteurs refusent de livrer les plaques d’immatriculation des Tesla et les pièces détachées. À tel point que Tesla a attaqué l’agence des transports du gouvernement en justice. De même, le ménage n’est plus fait dans les concessions de la marque et les ordures ne sont plus ramassées devant ces dernières.

Une expansion soudaine

Et la situation ne semble pas prête de s’arranger pour le constructeur américain, qui mise beaucoup sur le marché scandinave. Ce dernier misait sur la Norvège pour tenter de s’en sortir et notamment éviter le blocage des dockers. Mais les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille et ont également décidé de se joindre au mouvement, comme le rapportent les journalistes de Numerama.

C’est désormais toute la Scandinavie qui proteste contre Tesla. Depuis le 5 décembre, le Danemark refuse de décharger les voitures de la marque et il sera suivi le 20 décembre par ses voisins, la Norvège et la Finlande. Ce qui rendra impossible la livraison des nouvelles voitures de la marque aux clients, dont la Tesla Model 3 que nous avions récemment pu découvrir à Munich.

De plus, l’entreprise Hydro qui produit les pièces en aluminium de la Tesla Model Y produite à Berlin a stoppé sa production. Est-ce que la marque américaine a changé de fournisseur ? On ne le sait pas.

Un mouvement qui pourrait peser dans les finances de la marque. Car en plus de retarder les livraisons, cette grève a également un impact sur la stabilité de Tesla en bourse. Le fond d’investissement PensionDanmark aurait notamment revendu pour 64 millions d’euros d’actions, tandis que d’autres investisseurs pourraient lui emboîter le pas si Elon Musk ne réagit pas. D’autres en revanche souhaitent conserver leur participation afin d’exercer une pression sur l’homme d’affaires.

Ce qui ne semble pas fonctionner pour le moment, alors que le PDG fait la sourde oreille, se permettant même un trait d’humour sur X (anciennement Twitter). Un comportement qui pourrait causer beaucoup de tort à l’entreprise, puisque plusieurs fonds d’investissement ont envoyé un courrier à Musk afin de lui demander de régler le confit.

Pour le moment, la grève ne concerne que la Scandinavie. Mais va-t-elle s’élargir et toucher les autres pays européens ? On pense notamment à l’usine de Berlin, qui produit une partie des Tesla Model Y livrées en Europe. Affaire à suivre…


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