Comment est calculée la consommation sur une Tesla

Où passent vos kWh ?

 
Tesla ne fait pas tout comme les autres, notamment au niveau de la consommation des véhicules. Entre consommation vampire, niveau de batterie qui baisse, ou addition des kilowattheures consommés qui ne correspond pas à ce que l’on attend, le compte n’y est pas. Faisons le point.

Tesla annonce des consommations WLTP très honorables pour ses voitures électriques, notamment la Model 3 et la Model Y. En l’occurence, avec une batterie de seulement 60 kWh pour les versions Propulsion, l’autonomie WLTP atteint jusqu’à 554 kilomètres pour la Model 3 avec des jantes de 18 pouces.

Pour ce faire, il faut donc consommer 108 Wh/km, soit moins de 11 kWh aux 100 kilomètres : mieux vaut ne pas compter là-dessus, sauf dans quelques circonstances très particulières. Pour autant, même en gardant une consommation affichée très basse, le compte n’y est pas.

Il y a plusieurs raisons à cela, et nous allons tenter d’expliquer ce qui fait que Tesla n’affiche pas tout à fait les bons chiffres. En tout état de cause, n’ayez crainte : votre batterie de Tesla n’est probablement pas défectueuse si vous trouvez qu’il vous manque plusieurs kilowattheures au bout de l’addition.

WLTP vs. Réalité

Nous en avons déjà parlé dans d’autres articles, mais l’autonomie WLTP est peu représentative des conditions réelles. Comme dit au-dessus, avec une Tesla Model 3 Propulsion toute neuve, l’autonomie certifiée WLTP en jantes 19 pouces est de 513 kilomètres, et estimée à 554 kilomètres avec les jantes 18 pouces.

Pour aller plus loin
WLTP, EPA, CLTC, NEDC : comment mesure-t-on l’autonomie des voitures (électriques) ?

Or, la consommation d’énergie combinée WLTP mise en avant par Tesla est de 13,2 kWh/100 kilomètres comme vous pouvez le vérifier sur le site du constructeur. Mais pour faire 513 kilomètres en consommant au total 13,2 kWh/100 km, il faut une batterie de 68 kWh, là où la Model 3 en a une de seulement 60 kWh.

Les 13 % d’énergie en plus viennent des pertes au moment de la recharge, autrement dit, pour remplir la Tesla Model 3 avec sa batterie de 60 kWh, on aura consommé 68 kWh à la prise. Le problème qui est souvent remonté — et qui n’est pas spécifique à Tesla — est qu’il est donc impossible d’effectuer le nombre de kilomètres WLTP promis en respectant scrupuleusement sur le tableau de bord la consommation WLTP annoncée.

Autonomie WLTPConsommation WLTPConsommation réelle pour atteindre l’autonomie WLTPÉcart
513 kilomètres13,2 kWh/100 km10,8 kWh/100 km– 18,2 %

Comme vous pouvez le voir ci-dessus, pour atteindre l’autonomie WLTP de la Tesla Model 3, il faut consommer en pratique 18 % de moins que la consommation WLTP certifiée. Mais ça, c’est la théorie. Nous allons voir que même si l’ordinateur de bord vous indique une telle consommation, ce n’est pas garanti de parcourir autant de kilomètres que prévu.

La consommation affichée ne prend pas tout en compte

Outre les habitués des voitures thermiques, les possesseurs de voiture électrique d’une autre marque sont souvent déroutés lors des premières semaines en Tesla. En effet, il est très fréquent de ne pas arriver à une addition qui a du sens si l’on observe uniquement l’ordinateur de bord d’une Tesla.

La consommation y est affichée soit dans une petite fenêtre à gauche de l’écran, soit dans l’onglet « Trajets » dans les réglages du véhicule. On retrouve plusieurs compteurs différents, dont deux qui existent dans tous les cas : le total consommé depuis la recharge, et la consommation du trajet en cours.

Naïvement, tout un chacun peut imaginer que si une batterie de 60 kWh est remplie à 100 % en fin de charge, et que la voiture est actuellement à 50 %, 30 kWh auront été consommés depuis la recharge. C’est bien vrai, mais ce n’est pas pour autant que ce sera affiché de cette manière dans la voiture, malheureusement.

Tout d’abord, rappelons que 4,5 % du pack de batterie est caché sous 0 % dans toutes les Tesla. Ceci signifie qu’entre 100 % et 0 %, vous aurez au maximum pu consommer uniquement 95,5 % de votre batterie. Les 60 kWh dont on parlait plus tôt deviennent alors 57,3 kWh.

De plus, toute consommation lorsque votre Tesla est stationnée n’est pas prise en compte dans l’affichage de l’ordinateur de bord. Autrement dit, si avec le mode sentinelle qui tourne toute une journée, vous passez de 100 % à 90 %, la consommation depuis la recharge ne va pas augmenter. Pour autant, vous aurez bel et bien perdu 10 % de batterie, soit entre 5 et 6 kWh que vous ne retrouverez pas au moment de faire les comptes.

14 % de consommés depuis la recharge et 6,6 kWh : une batterie d’une capacité de 47 kWh seulement ? // Source : Bob JOUY pour Frandroid

Enfin, pour balayer une idée reçue que l’on retrouve souvent sur les groupes de possesseurs de Tesla, rappelons que la consommation liée à la climatisation ou au chauffage est quant à elle bien comptabilisée lorsque la voiture roule. Pour le constater, il suffit de faire le même trajet avec et sans chauffage : l’impact sera bien visible.

Un coût d’utilisation parfois doublé

En hiver, si vous usez et abusez du pré-conditionnement de l’habitacle, enchainer les petits trajets aura une consommation globale extrêmement importante. Imaginez, si vous consommez 2 kWh pour pré-conditionner l’habitacle le matin, et que vous faites 15 kilomètres à une moyenne affichée de 200 Wh/km, l’ordinateur de bord d’une Tesla va afficher uniquement 3 kWh consommés (15 km * 200 Wh/km). Or, 5 kWh au total auront été puisés de la batterie depuis que vous avez garé la voiture, soit 67 % de plus.

Vous comprenez bien qu’en faisant ça au quotidien, 60 kWh auront été consommés en 12 jours, et vous serez à 0 %, mais la voiture affichera une consommation de 36 kWh seulement. Bien entendu, votre batterie n’est pas défectueuse au point d’avoir perdu 40 % de sa capacité, c’est simplement que l’affichage proposé par Tesla manque de transparence.

52 kWh utilisés entre 100 % et 0 % : le compte n’y est pas // Source : Bob JOUY pour Frandroid

De même, la consommation moyenne affichée à l’issue de ces 12 jours sera de 150 Wh/km (qui correspond à la consommation en roulage), mais seulement 180 kilomètres auront été parcourus avec 100 % de batterie (60 kWh) : la vraie consommation est donc de 333 Wh/km, soit plus du double. Et c’est là bel et bien ce que vous aurez à payer en électricité si vous chargez chez vous, sans compter les pertes à la recharge qui pourront ajouter autour de 10 % de consommation.

Au final, vous avez sur votre Tesla un joli affichage de consommation moyenne à 150 Wh/km, ce qui est très honorable —en particulier en hiver—, mais en pratique, vous avez une consommation réelle à la prise de plus de 350 Wh/km. Dit autrement, l’écran de votre voiture vous promet de rouler pour 3 euros aux 100 kilomètres, quand vous payez finalement plutôt 7 euros aux 100 kilomètres.

Vers plus de transparence ?

Depuis plus d’un an, Tesla propose des détails intéressants dans son application énergie, qui regroupe les différents postes de consommation du véhicule depuis la charge. On y voit notamment l’impact de la veille, du chauffage ou encore des conditions climatiques lorsqu’on est en route.

Malheureusement, il n’y a pas de quantification précise, ou de manière de voir la consommation réelle totale du véhicule comme expliquée plus haut. Il pourrait y avoir un second compteur de consommation qui inclus toutes les pertes pendant le stationnement, et qui correspondrait donc bien à la réalité de la quantité d’énergie qui est sortie de la batterie depuis sa recharge.

Tesla sait toutefois que sa manière de faire lui permet de profiter d’un affichage très positif, là où d’autres marques qui sont plus transparentes n’arrivent pas à avoir une consommation affichée sur le tableau de bord aussi faible.

Mais entre une Tesla Model Y qui affiche 150 Wh/km au tableau de bord et qui en consomme réellement 350 Wh/km à la prise, et un autre véhicule qui affiche 200 Wh/km sur le tableau de bord et en consomme réellement 230 Wh/km, qui s’en sort le mieux ? Sur une photo de l’écran central, la Tesla a fière allure, par contre sur la facture d’électricité, la concurrente peut parfois se vanter d’être moins chère à l’usage.

Les confusions liées à la consommation affichée par Tesla font partie des discussions qui intéressent les passionnés, et qui font souvent l’objet de vidéos tentant d’expliquer ce qu’il se passe, comme celle de La Chaîne EV. On constate que Tesla masque beaucoup de consommations annexes, surtout lorsque la voiture est stationnée. À quand une consommation plus proche de la réalité sur l’ordinateur de bord ?

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