Ce n’est pas que depuis 2024 que l’on entend parler du robotaxi de Tesla, qui est censé révolutionner la manière dont on se déplace. Il y a déjà 5 ans lors du fameux Autonomy day de 2019, Elon Musk présentait au monde son idée d’un véhicule totalement autonome, destiné à l’auto-partage et qui pourrait rapporter des dizaines de milliers de dollars par an à son propriétaire.
Retour à la réalité une demi-décennie plus tard, avec dans le meilleur des cas pour le moment, une assistance à la conduite de niveau 2 qui sort tout juste de bêta. Ce n’est bien entendu pas le premier retard de Tesla sur le sujet, et probablement pas le dernier, mais nous nous rapprochons sérieusement d’une date importante dans cette quête d’autonomie : Elon Musk a annoncé un événement le 8 août 2024, présentant le Robotaxi de Tesla.
Ceci intervient quelques heures seulement après avoir démenti les dernières informations qui annonçaient un abandon de la Tesla à 25 000 dollars que l’on connaissait sous le nom de Model 2, et qui serait l’éventuelle voiture qui propulserait Tesla dans une autre dimension en termes de volumes de vente.
Nous allons donc revenir sur ce fameux Robotaxi et ce qui en est attendu, sans pour autant occulter la future Tesla ayant vocation à être produite en masse. Ces deux véhicules pourraient finalement n’en être qu’un seul, et avoir leur destin étroitement liés.
Tesla Robotaxi : 1 million sur les routes en 2020
Le PDG de Tesla est bien connu pour faire des annonces très (trop ?) optimistes depuis toujours. En ce qui concerne la conduite autonome, il se permet toujours de promettre des choses qui mettent longtemps à se réaliser, et est donc de moins en moins pris au sérieux. Depuis 2017 a minima, Elon Musk affirme en substance que la conduite 100 % autonome est pour très bientôt.
L’idée de fabriquer des voitures sans pédales ni volant été annoncée en 2019 lors du fameux Autonomy Day, il y a donc 5 ans. Simultanément, il a été dit qu’il y aurait 1 million de robotaxis sur les routes en 2020. Musk parlait à cette époque des Tesla Model 3 qui deviendraient alors éligibles au FSD bêta, qui est lui-même sorti en très petit comité à l’automne 2020.
Comme l’a montrée l’histoire, toutes ces prédictions ne se sont pas réalisées. À la place, le FSD sort tout juste de bêta, mais est toujours une assistance à la conduite de niveau 2 seulement. Nous sommes encore loin de l’autonomie complète où la responsabilité incomberait au fabricant du véhicule et non plus au conducteur. D’ailleurs, selon ce qui a été dit à l’Autonomy Day de Tesla, il y a 3 étapes vers l’autonomie totale :
1. Avoir les fonctionnalités complètes
2. Fonctionnalités complètes et aucun besoin pour le conducteur d’être attentif
3. Obtenir l’approbation des régulateurs
À ce jour, nous débutons seulement la première étape, puisqu’il reste de nombreux cas où le FSD de Tesla n’est pas fonctionnel. Lorsque le PDG de Tesla a annoncé que le Robotaxi allait être présenté le 8 août 2024, il faut donc probablement tempérer nos attentes quant à ce qui devrait être proposé cet été à l’issue de l’événement.
Une voiture sans volant ni pédales, vraiment ?
Si en face du terme robotaxi vous vous imaginez un véhicule sans pédales et sans volant, ce n’est sans doute pas la Tesla que nous allons pouvoir acheter prochainement en Europe. En effet, derrière le robotaxi se cache probablement une voiture ayant la capacité de se déplacer sans conducteur, sans pour autant être vendue sans aucun moyen de la contrôler manuellement.
Tout d’abord, compte tenu des législations au moment d’écrire ces lignes, il serait utopique d’imaginer une telle voiture sur les routes (en particulier hors USA voir même hors de certaines villes) dans le futur proche. Ensuite, le niveau de la conduite autonome chez Tesla ne permet absolument pas de proposer une voiture qu’il serait impossible de contrôler manuellement, tant il y a de cas rendant impossible son utilisation.
Toutefois, Tesla n’est pas du genre à s’empêcher de présenter lors d’une conférence des choses inédites, bien loin d’être prêtes à être commercialisées. On se rappelle par exemple la première conférence dédiée au Tesla Bot, qui présentait en réalité une personne déguisée en robot, faute de pouvoir montrer du matériel capable de quoi que ce soit à l’époque.
Nous pourrions donc avoir une présentation d’un robotaxi qui n’est bien entendu nullement fonctionnel, puis Tesla annoncerait son plan pour fabriquer et commercialiser un tel véhicule dans les prochaines années. Compte tenu des délais classiques entre la première conférence et la sortie d’un modèle — doit on rappeler qu’il a fallu plus de 4 ans entre l’annonce et la livraison du Cybertruck ? —, la conférence de 2024 pourrait vouloir dire que le robotaxi foulerait les routes pour la première fois à la toute fin de la décennie en cours.
Il ne serait d’ailleurs pas impossible que Tesla profite de la présentation du robotaxi pour faire d’une pierre deux coups, en faisant la part belle à un autre véhicule qui partagerait énormément de similitudes avec ce robotaxi…
La fameuse « Tesla Model 2 » pourrait-elle être la vraie star de l’année ?
Il a déjà été rappelé dans la biographie d’Elon Musk que la plateforme qui produirait les robotaxis serait mutualisée avec la « Tesla à 25 000 dollars », celle qui est destinée au marché de masse. Mais pour produire des gros volumes, Tesla a malheureusement pris du retard. Nous nous rappelons bien sûr des ambitions complètements démesurées qui indiquaient que Tesla avait pour objectif de produire 20 millions de voitures en 2030, soit quasiment 11 fois plus que la production de 2023.
Pour y parvenir, il faut deux conditions soient naturellement remplies :
- Tesla doit avoir assez d’approvisionnement en batteries pour 20 millions de véhicules, et d’usines pour les produire
- Tesla doit avoir assez de clients potentiels pour écouler toute cette production
Le premier point ci-dessus est celui qui a pris du retard ces derniers temps, notamment à cause des décisions politiques aux USA qui ont empêché le géant chinois CATL de s’implanter en Amérique du Nord. En décembre 2023, l’administration américaine du service des impôts a exclu les entreprises chinoises de bénéficier d’un crédit d’impôt qui aurait permis de baisser drastiquement le coût de production des batteries.
Le résultat est donc qu’en attendant que les détails soient réglés pour éventuellement trouver une parade et tout de même bénéficier d’une réduction des taxes, l’implantation des giga usines de CATL est mise en pause. À ce jour, Tesla aux USA ne parvient pas à produire des cellules au format 4680 en nombre suffisant pour permettre une production qui se compte en millions, et la future gigafactory du Mexique n’est pas sortie de Terre.
Et 2030 n’est plus dans 10 ans, mais dans moins de 6 ans. Dit autrement, nous sommes aujourd’hui plus proches de 2030 que de la sortie de la Tesla Model 3, et il manque une énorme capacité de production pour la firme américaine afin d’arriver à ses fins.
Concernant le deuxième point, écouler des dizaines de millions de véhicules implique d’avoir une offre avec des prix qui peuvent convaincre autant de clients. C’est-à-dire qu’il y a besoin de proposer une voiture moins onéreuse que les Model 3 et Model Y qui restent à ce jour l’entrée de gamme de la marque. On nomme souvent cet hypothétique futur véhicule la Tesla Model 2, bien que cela ne soit probablement pas le nom retenu au final.
Sur le plus gros marché en devenir de Tesla qu’est la Chine, la concurrence est très rude sur les segments des véhicules plus petits et moins onéreux. C’est pourquoi le besoin d’une voiture moins chère, qu’Elon Musk a déjà teasé depuis des années, est bien présent. En plus du coût, il y a beaucoup d’attentes en Europe et en Asie autour d’une plus petite Tesla, car les véhicules de 4,70 mètres ou plus ne sont pas toujours pertinents en ville.
Cependant, des rumeurs d’abandon de la Tesla Model 2 sont apparues récemment, avant qu’Elon Musk lui-même ne monte au créneau en disant que c’était faux. Le designer en chef de Tesla, Franz von Holzhausen a publiquement rappelé ne pas croire tout ce qu’on lisait sur le sujet, et de rester à l’écoute, comme s’il s’avait que son annonce était imminente.
Ce véhicule a probablement plus de sens que le robotaxi car il permettrait de propulser Tesla dans une autre dimension, bien sûr si la capacité de production nécessaire existe. Sans aller jusqu’aux micro voitures électrique que l’on retrouve en Chine, une compacte ou une citadine Tesla, avec un prix bien plus doux que celui de la Model Y ou Model 3, aurait probablement beaucoup de succès.
Récemment, Rivian a encore devancé Tesla (après avoir devancé sur le segment des pick-ups électriques) puisque la Rivian R3 a été révélée, et nul doute que Tesla souhaitera proposer une alternative. Hors des USA, les constructeurs européens et chinois continuent petit à petit de proposer des modèles plus compacts tout en grapillant des parts de marché, et d’augmenter leur cadence de production. Que nous réserve donc Tesla pour faire face à toute cette concurrence ?
Quelle suite pour Tesla ?
Malgré les prédictions récentes d’Elon Musk, nous avons pu constater que les trimestres de records ne s’enchaînent pas toujours chez Tesla. Le premier de l’année 2024 a d’ailleurs été en berne par rapport aux précédents, et il faut remonter au début de l’année 2022 pour trouver pire en termes de livraison.
Les deux derniers véhicules de Tesla, le Semi et le Cybertruck, n’en sont pas encore à des niveaux de production très élevés, et nul doute que le pick-up va être la priorité des prochaines années aux USA. Autrement, dit, il n’y a pas encore la place pour produire un Robotaxi ou une Tesla Model 2 sur le sol américain.
Les Gigafactories de Fremont et Shanghai sont de leur côté à pleine capacité, quand celles d’Austin et Berlin ont encore de la marge. Mais à Berlin, pas question de produire autre chose que des Model Y pour le moment, destinées au marché européen. Du côté d’Austin au Texas, tout est mis en œuvre pour produire des cellules et des Cybertrucks, et il n’y a pas de surplus disponible pour se consacrer à un nouveau véhicule.
Si l’on en croit les derniers plans de Tesla qui sont connus, des expansions d’usines sont bien prévues en Chine et en Europe, mais elles accusent, elle aussi, du retard. Nous pensons par exemple à Giga Berlin qui doit faire face aux réticences des locaux, quand elle n’est pas la cible de sabotage ou de manifestations allant à l’encontre des volontés de la marque.
Le Robotaxi serait sans aucun doute destiné au marché américain dans un premier temps, et sans nouvelle usine sur le continent permettant de produire à bas coût, il est difficile d’imaginer que la voiture présentée en août prochain sera réelle rapidement. Les travaux de la Gigafactory du Mexique n’avancent pas vraiment pour le moment, et l’objectif d’être opérationnel pour 2026 semble difficile à tenir.
Quoi qu’il en soit, Tesla va bel et bien présenter un Robotaxi le 8 août 2024, en s’attaquant à un marché potentiellement deux fois plus important que celui des Tesla Model 3 et Model Y si l’on en croit les chiffres partagés lors de l’Investor Day 2023. Reste tout de même une grande inconnue lorsque l’on pense au tarif : avec 12 000 dollars demandés aujourd’hui pour le FSD aux USA, combien coûterait une voiture qui n’a pas la possibilité d’être conduite autrement ?
Difficile de l’imaginer sous la barre des 25 000 dollars, à moins que ce ne soit pas un véhicule dispnible à l’achat, mais seulement destinée à un abonnement pour pouvoir être conduit dans une Tesla autonome, à l’instar de Waymo outre-Atlantique ? Il nous reste encore quelques mois à attendre pour avoir tous les détails.
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