Pourquoi Tesla pourrait bientôt se désintéresser de l’automobile

La fin de l'ère des voitures Tesla ?

 
Elon Musk n’a jamais vraiment défini Tesla comme une entreprise automobile, mais plutôt comme une entreprise de robotique. Les dernières actualités autour de la marque prouvent plus que jamais que Tesla oriente son avenir vers d’autres horizons que la voiture comme produit pur et dur. Jusqu’à totalement lâcher l’automobile ?
Tesla Optimus // Source : Tesla

Tesla va-t-il arrêter de faire des voitures ? Loin de nous cette idée, mais avec les dernières actualités autour de la marque, quelques anciennes déclarations (et nouvelles aussi) d’Elon Musk, le patron de Tesla, et notre vision du constructeur actuellement, cette éventualité, si elle venait à se concrétiser à moyen ou long terme, ne nous étonnerait pas.

Elon Musk l’a toujours affirmé : Tesla n’est pas une marque d’automobile à 100 %, c’est avant tout une marque de robotique. Plus le temps passe et plus on comprend où voulait en venir le dirigeant. Les dernières actualités autour de Tesla tournent davantage autour de l’univers de la tech à proprement parler que de la voiture, même si elle n’est jamais très loin encore.

Entre le système de conduite autonome FSD, le futur robotaxi présenté le 8 août prochain ou encore le robot humanoïde Optimus qui pourrait remplacer certains humains dans des tâches fastidieuses et complexes, on se demande où sera la place de la voiture chez Tesla dans quelques années, d’autant plus que la gamme a tendance à vieillir.

Tesla veut-il s’affranchir des inconvénients de l’univers automobile ?

Dans l’industrie, c’est bien connu, il n’y a pas grand-chose de pire que l’automobile, surtout quand on part d’une quasi-feuille blanche.

Pourtant, Tesla est parvenu à se hisser parmi les meilleurs dans l’univers de l’électrique avec des produits, des solutions et des technologies que nous ne vous détaillerons pas ici dans cet article, sinon il y en aurait pour des heures.

Le problème, c’est que l’automobile est loin d’être le microcosme que l’on pense être. Beaucoup de choses tournent autour de la voiture, des choses que Tesla entend bien révolutionner à certains égards, mais la marque se heurte et s’est déjà heurtée à des habitudes bien (trop ?) ancrées.

Les inconvénients du marché automobile sont nombreux. Premièrement, il y a la fluctuation du marché. Les ventes peuvent être sensibles aux fluctuations économiques et aux changements dans les habitudes d’achat des consommateurs. Tesla y est actuellement confronté avec une baisse de ses ventes après avoir mangé son pain blanc pendant plusieurs années. Pourtant, le constructeur n’est pas le plus sévèrement touché, notamment grâce à des produits au rapport qualité/prix encore difficilement atteignable par la concurrence.

Usine Tesla // Source : Tesla

La concurrence justement, parlons-en. Parce que oui, comme vous n’êtes pas sans le savoir, le secteur automobile est très concurrentiel, avec de nombreux constructeurs luttant pour attirer les clients avec des innovations, des prix compétitifs et des campagnes marketing.

L’avènement de l’électrique n’a fait qu’accentuer ce phénomène, et Tesla est particulièrement ciblé par les constructeurs historiques qui comptent bien surpasser la firme californienne qui fait encore office de référence aujourd’hui.

L’automobile, c’est aussi un puits sans fond de normes en fonction des marchés. L’Europe détient certainement la palme, et cela peut évidemment décourager certains acteurs. Les constructeurs doivent se conformer à une multitude de réglementations en matière de sécurité, d’émissions, de normes environnementales et de normes de fabrication, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires et des défis opérationnels.

Même si Tesla s’en sort plutôt bien avec ses technologies avancées en termes de sécurité et l’absence d’émissions polluantes à l’échappement du fait de l’électrique, l’avenir devrait sans doute encore réserver quelques surprises en matière de normes.

La dépendance à l’égard des fournisseurs est aussi un facteur clé et les constructeurs dépendent d’un réseau complexe de fournisseurs pour les composants et les matériaux nécessaires à la fabrication des véhicules. Les interruptions de la chaîne d’approvisionnement peuvent avoir un impact sur la production. On l’a notamment très bien vu avec la fameuse crise des semi-conducteurs.

Bref, nous n’allons pas vous faire tout l’inventaire des inconvénients de l’industrie automobile qui pèse sur ses acteurs, mais on pourrait aussi ajouter que l’évolution rapide de la technologie oblige les constructeurs à constamment innover pour rester compétitifs. La volatilité des prix des matières premières, les problèmes de qualité et de rappels, l’évolution des préférences des consommateurs ou encore la gestion d’un service après-vente et d’un réseau de distribution sont autant de facteurs à prendre en compte, même si Tesla a largement essayé de rationaliser tout ça dans sa manière de faire.

Les produit à venir et les incertitudes

Actuellement chez Tesla, il y a quatre produits clé que sont les Model S, Model X, Model Y et Model 3. À cela s’ajoute le Cybertruck disponible depuis quelques mois en Amérique, et le futur Tesla Roadster qui tarde encore à arriver. Vous l’aurez compris, depuis le Model Y qui a pointé le bout de son nez en 2020, il n’y a pas eu de gros lancements chez Tesla. Il y a bien eu le restylage de la Model 3 en 2023 et celui du Model Y qui arrive cette année, mais la plupart des produits commencent à vieillir.

Tesla Roadster // Source : Tesla

Elon Musk avait prévenu, le cycle de vie des Tesla sera différent des autres voitures. Habituellement de sept ans, Tesla s’est concentré à développer et dessiner des voitures capables de bien vieillir dans le temps et de recevoir des mises à jour.

Le meilleur exemple, c’est la Model S, âgée de 10 ans, mais encore tout à fait dans le coup esthétiquement et technologiquement par rapport à la concurrence que sont les Porsche Taycan et autres Mercedes EQS. Volvo s’inspire d’ailleurs du modèle Tesla et a annoncé que le cycle de vie de ses voitures allait s’allonger et que les restylage ne seront plus « esthétiques » mais « technologiques » via des mises à jour OTA.

Encore dans le coup, même si elles évoluent encore pendant des années, les Tesla pourraient à plus ou moins long terme ne plus l’être, tout simplement parce que leur cycle de vie prend fin, le marché se lassant peu à peu du produit même s’il est encore mis à jour. Pour le coup, même si une voiture peut vivre pendant des décennies (Porsche l’a notamment prouvé avec sa 911 depuis 60 ans), il faut sans cesse apporter des nouveautés et se réinventer, et Tesla ne semble pas encore prêt à lancer de nouvelles générations de produits déjà existants.

La prochaine grosse nouveauté de Tesla, ce sera la Model 2. Mais comme pratiquement à chaque lancement chez Tesla, tout est très opaque.

L’histoire autour de la future Tesla Model 2 à 25 000 dollars n’est pas très claire, puisqu’il y a quelques jours, Reuters annonçait l’annulation du projet. Elon Musk avait alors pris la parole, indiquant que Reuters racontait n’importe quoi. Un adjoint du dirigeant avait quant à lui précisé ne pas croire tout ce qu’on lit sur Internet.

Pour tenter d’éteindre l’incendie, le dirigeant a donné rendez-vous le 8 août 2024 pour l’officialisation du robotaxi, un modèle 100 % autonome qui pourrait être basé sur la plateforme de la Tesla Model 2. Mais alors, cette dernière est-elle annulée au profit du robotaxi ? Chez Survoltés, nous n’y croyons pas.

La Tesla Model 2 imaginée par l’intelligence artificielle

D’après le média américain Electrek « le programme, appelé NV9, a été reporté, selon des sources proches du dossier ». Dans la pratique, la Tesla Model 2 ne serait donc pas annulée, mais mis en pause. Le problème, c’est que le média américain précise que « tous les fonds ont été retirés du projet, et de nombreuses personnes impliquées ont été licenciées, avec la récente vague de licenciements ». Rappelons, en effet, que Tesla vient de procéder au licenciement de 10 % de sa masse salariale.

Toujours est-il que, visiblement, Tesla mise beaucoup plus sur son robotaxi que sur sa Model 2. Preuve d’un désintérêt autour de la voiture telle que nous la connaissons ? Peut-être, d’autant plus que les produits à venir chez Tesla, même s’ils sont liés de près à la mobilité, indiquent l’ouverture d’un nouveau chapitre pour le constructeur.

Qu’est-ce qui arrive concrètement chez Tesla d’ici les prochaines années

Du côté automobile, nous vous l’avons dit, la Model 2 devrait être la principale nouveauté à venir chez Tesla. Mais quand ? Certains rêves d’une présentation mutuelle avec le robotaxi le 8 août prochain, et ça ne nous étonnerait pas tant Elon Musk adore les surprises (et faire augmenter significativement le cours des actions Tesla…), mais tout porte à croire qu’il va falloir attendre quelques années avant sa commercialisation, même si ce produit est présenté cet été.

En réalité, il se peut que Tesla annonce la Model 2 via un robotaxi sans volant ni pédale pour les États-Unis. Pour les autres marchés, le robotaxi sera la Model 2, avec un volant et des pédales donc, cependant face à la complexité autour de la voiture autonome aujourd’hui et à court et moyen terme, on image que Tesla va finalement « transformer » son robotaxi en véhicule électrique « pas cher » fabriqué au sein des usines de Mexico et de Shanghai.

Quant au Tesla Roadster, aucune date n’est encore avancée. Néanmoins, cette sportive censée abattre le 0 à 100 km/h en moins de 2,0 secondes sera sans doute un outil de communication avant d’être un véritable succès commercial. Pendant ce temps, le Cybertruck continue de donner du fil à retordre à la marque, et c’est à se demander si Elon Musk ne regrette pas déjà d’avoir lancé un produit aussi clivant et techniquement compliqué.

Outre le robotaxi, que l’on attend donc avec impatience, il y a aussi le robot Optimus. Présenté en 2021, le robot Tesla à l’apparence humanoïde avait bien fait sourire les observateurs pour une raison très simple : à la place d’un robot, c’était un humain déguisé qui avait fait son entrée sur scène. Deux ans plus tard, le Teslabot, renommé Optimus, est bien réel, et la marque a montré dans une vidéo les progrès réalisés.

Sur son site internet, Tesla précise sa volonté de créer un robot humanoïde autonome, polyvalent et bipède, capable d’effectuer des tâches dangereuses, répétitives ou monotones.

La vidéo est axée sur la manipulation d’objets délicats. L’idée est de montrer qu’avec les progrès réalisés non seulement sur la partie logicielle, mais aussi sur de nouvelles mains révolutionnaires, Optimus semble bien capable de prendre des objets fragiles et cassants, pour les déplacer en toute sécurité.

Il n’y a pour le moment pas de date de disponibilité d’un tel robot à destination des géants de l’industrie, ni même de confirmation de tarif.

Il faut garder en tête que la vision de départ est encore loin d’être réalisée, même si les progrès en deux ans sont remarquables. Toujours est-il que nous en savons plus sur ce robot que sur la future Model 2. La première génération de ce robot pourrait, par exemple, arriver dans une usine Tesla pour effectuer des tâches fastidieuses et, à terme, l’idée serait évidemment de proposer cette technologie à d’autres entreprises, mais forcément dans le milieu automobile.

Tesla bientôt fournisseur pour d’autres marques ?

Et justement, le « partage de services », ce serait aussi là l’une des idées de Tesla pour son futur. Et ça, ça se matérialise dès maintenant. Outre les voitures à proprement parler, Tesla dispose de l’un des meilleurs réseaux de recharge au monde. À la fois dense et fiable, avec l’avènement de la voiture électrique, ce réseau fait évidemment des envieux, mais les investissements demandés pour établir un tel réseau ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans quand Tesla a commencé.

Longtemps réservé aux propriétaires de Tesla, le réseau de Superchargeurs s’ouvre peu à peu à tous. Tesla n’a pas encore communiqué officiellement quant à l’ouverture de l’intégralité de son réseau de chargeurs rapides aux autres marques, cependant certains observateurs ont remarqué de subtils changements ces derniers mois, notamment d’ancien Superchargeurs V2, souvent avec bien moins de bornes que les implantations récentes, qui viennent d’être ouverts à tous en France.

Une Ford électrique qui recharge sur un Superchargeur Tesla

Même constat en Espagne, où 85 % du réseau est ouvert aux véhicules tiers. D’après les statistiques disponibles, nous retrouvons en France au 31 août dernier 1 300 bornes de recharge Tesla ouvertes à toutes les marques. Il reste encore environ 700 bornes qui sont réservées aux Tesla.

Qui plus est, le tarif étant plus élevé pour les non-Tesla, la firme s’assure des revenus substantiels grâce à ses Superchargeurs ouverts à tous. Même avec les prix les plus chers pour les non-Tesla aux heures pleines (autour de 0,43 €/kWh), les Superchargeurs Tesla restent plus intéressants que la concurrence, ce qui devrait assurer à Tesla de prendre une partie des clients des autres réseaux. De quoi permettre à Tesla d’engranger enfin de plus larges revenus grâce à son réseau, qui pourrait devenir à plus ou moins long terme l’un des meilleurs actifs du constructeur, avec moins de contraintes que la voiture en elle-même.

Tesla, c’est aussi la conduite autonome. Enfin, si l’on se réfère aux six niveaux différents de conduite autonome, le compte n’y est pas. En effet, bien que baptisée « capacité de conduite entièrement autonome », l’option idoine de la firme d’Elon Musk n’est en réalité qu’un système autonome de niveau 2.

C’est le cas sur tout ce que Tesla propose depuis 2016, à savoir l’Autopilot, l’Autopilot amélioré et la capacité de conduite entièrement autonome. Cette dernière option est connue aux USA sous le nom de FSD pour full self-driving. C’est ce qui est le plus abouti à ce jour et d’ailleurs, le FSD n’est plus sous forme de bêta depuis quelques semaines aux États-Unis.

Tesla FSD // Source : Frandroid

Nous ne développerons pas tout ce que Tesla est capable de faire en termes de conduite autonome, nous vous avons concocté un dossier spécifique dessus, mais cette technologie, non sans défaut, certes, mais plutôt convaincante à bien des égards, pourrait bien bénéficier à d’autres constructeurs qui ne sont pas à un niveau aussi avancé.

Pour aller plus loin
Tesla dévoile enfin le prix de son abonnement au logiciel Full Self-Driving (FSD)

En 2020, Elon Musk avait d’ailleurs indiqué dans un tweet que Tesla n’était pas contre l’idée d’autoriser des concurrents à utiliser son système Autopilot sous licence. L’homme d’affaires estime que cela servirait « l’intérêt général ».

Aujourd’hui, ce n’est pas franchement d’actualité compte tenu que la conduite autonome a été reléguée au second rang avec l’avènement de l’électrique et des coûts de développement que cela implique, mais à moyen terme, l’Autopilot pourrait bien devenir aussi un actif pour Tesla et équiper des modèles concurrents.


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