Si Tesla a été l’un des pionniers de la conduite autonome avec son système Autopilot, la firme est régulièrement dans le collimateur des autorités, en raison d’ accidents ayant eu lieu alors que le système était enclenché. Mais dans certains cas, ce dernier n’a rien à voir, comme c’est le cas pour un drame qui avait eu lieu en 2021.
Le rapport final enfin dévoilé
Il y a trois ans, un accident effroyable avait fait les gros titres, vous vous en rappelez probablement. Une Tesla Model 3 avait foncé à très grande vitesse dans la foule en plein cœur de Paris, et plus précisément dans le 13ème arrondissement de la capitale. Une collision dramatique, qui avait causé la mort d’un cycliste sur l’avenue d’Ivry et qui avait blessé pas moins de 21 personnes. Une affaire qui avait incité les Taxis G7 à interdire l’utilisation de la berline électrique durant plusieurs semaines.
Le conducteur, un chauffeur de taxi âgé de 61 ans avait été placé sous contrôle judiciaire en attendant les conclusions de l’enquête. D’autant plus que du matériel urbain avait été également endommagé, dont une station de Vélib’ et un feu tricolore. Une fourgonnette avait également été percutée durant la course folle de la Tesla. Mais où en est-on trois ans après le drame ? Et bien voilà que le BEA-TT, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre vient de rendre son rapport final.
Ce dernier rappelle les faits, qui se sont déroulés le 11 décembre 2021, à 20h45. Il explique qu’au milieu de l’avenue d’Ivry, « la voiture freine brusquement du fait de l’activation de l’AEBS (freinage automatique d’urgence, NDLR), probablement du fait d’une réaction intempestive de ce système, car aucun obstacle proche n’est identifié par le conducteur. Pensant probablement qu’il s’agit du freinage à récupération associé à la pédale d’accélérateur, et pour éviter un arrêt du véhicule, le conducteur appuie fortement sur l’accélérateur sans s’en rendre compte. L’AEBS est désactivé et dès lors le véhicule accélère fortement ».
Il est surpris et continue d’accélérer, maintenant inconsciemment son pied sur la pédale de droite. Il parvient cependant à « diriger son véhicule et au niveau d’un carrefour profite de l’absence de glissière béton pour s’insérer dans la piste cyclable qui est peu fréquentée, lui permettant d’éviter de heurter les autres véhicules routiers ». Il percute finalement le cycliste à la vitesse de 118 km/h, et termine sa course à 140 km/h dans un container à verre. Celui-ci explose sous la puissance du choc et blesse une vingtaine de personnes.
Tesla n’est pas responsable, mais…
Le rapport apporte la conclusion suivante : « La cause principale de l’accident a été l’incapacité du conducteur à comprendre son erreur d’appui sur la pédale d’accélérateur au lieu de la pédale de frein ». La responsabilité du constructeur semble définitivement écartée, alors qu’il est confirmé que le chauffeur n’avait pas activé le système de conduite semi-autonome Autopilot. C’est donc uniquement une erreur humaine qui a causé cette collision mortelle, mais cependant, Tesla s’est tout de même fait épinglé. D’autant plus que ce type de situation, connue sur le nom de freinages fantômes, peuvent parfois mettre en danger et est assez répandue.
De ce fait, le BEA-TT a émis quelques recommandations à destination du constructeur américain. Il demande à ce dernier de « ne pas rendre possible l’annulation de l’activation de l’AEBS par un appui sur l’accélérateur ». Il a également interpellé la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC) en charge du dossier, afin de proposer une modification du règlement des Nations Unies qui va dans ce sens. Les enquêteurs demandent aussi une augmentation de la durée et de la fréquence d’enregistrement des données du véhicule en cas d’accident.
Enfin, il demande à Tesla de mieux informer les conducteurs « sur les capacités d’accélération du véhicule », et ce alors que le couple instantané des autos électriques peut être déstabilisant. Mais l’affaire n’est pas encore terminée. Si le conducteur avait été mis en examen pour homicide involontaire, il avait a déposé plainte contre le constructeur pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Cependant, les conclusions du bureau d’enquêtes devraient mettre à mal sa défense. Car au printemps dernier déjà, l’expertise soulignait qu’aucun appui frein n’avait été détecté.
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