
Le vent tourne, et très vite pour Tesla. Il y a de cela six mois seulement, l’action du constructeur américain allait commencer une hausse exceptionnelle jusqu’au milieu du mois de décembre 2024. Depuis, c’est la douche froide : livraisons en baisse, appels au boycott et sentiment global de raz le bol envers son PDG Elon Musk ont rapidement fait plonger l’action comme jamais auparavant. Tesla est-elle sur la pente descendante pour de bon, ou n’est-ce qu’une mauvaise passe ?
Si au début de l’année 2024, tout le monde parlait des records de ventes de la Tesla Model Y qui était le véhicule le plus vendu au monde en 2023, le début de l’année 2025 est bien moins joyeux pour la firme américaine. En effet, outre les mauvais chiffres trimestriels de fin d’année 2024, depuis qu’Elon Musk semble plus concentré sur ses responsabilités politiques que sur celles de PDG de Tesla, les véhicules de la marque sont devenus associés à la politique menée par le président américain.
Par conséquent, de plus en plus de personnes voient d’un mauvais œil la marque liée à Elon Musk, et cela se ressent sur les ventes en ce début d’année 2025. Enfin, c’est ce que l’on peut croire de prime abord en voyant les chiffres sans les mettre dans le contexte lié à l’annonce de la nouvelle Tesla Model Y, qui n’est livrée qu’à partir de la fin du premier trimestre. Quoi qu’il en soit, Tesla ne semble plus avoir autant de popularité qu’avant, non pas à cause de ses voitures, mais plutôt de l’attitude de son PDG.
Peut-on dissocier Elon Musk l’homme politique d’Elon Musk le PDG de Tesla ? Est-il envisageable de voir Tesla tout de même cartonner en 2025, ou bien le déclin amorcé au tout début de l’année signe seulement le début d’une période difficile pour la marque ? N’en fait-on au final pas trop en dramatisant la situation ? Voyons ce qu’il se passe pour Tesla aujourd’hui, et imaginons la suite ensemble.
Elon Musk fait-il plus de mal que de bien à son entreprise ?
Personne en 2025 ne peut faire semblant de ne pas savoir ce qu’il se passe autour d’Elon Musk. Depuis quelque mois, c’est un homme politique qui accessoirement est le PDG d’une entreprise qui fabrique des véhicules électriques. Qu’on se le dise, ce n’est pas un personnage public seulement depuis la fin de l’année 2024, mais il est entré dans une autre dimension au moment de la dernière campagne politique américaine.

En l’occurrence, il a apporté rapidement son soutien à Donald Trump, duquel il est devenu un allié de taille, allant jusqu’à présider le département de l’efficacité gouvernementale depuis janvier 2025. Qui dit prise de position politique dit nécessairement controverse, puisqu’il y aura une grande partie de la population qui sera contre les idées de l’administration en place. C’est une manière de dire les choses qui peut s’appliquer à tous les bords politiques, mais les sorties de route de Musk sur des sujets sensibles (immigration, transidentité ou encore conflit en Ukraine) font qu’il fait parler de lui très rarement en bien.
Par conséquent, le personnage politique Elon Musk ne peut plus être dissocié de ses activités entrepreneuriales : Tesla est le premier dommage collatéral du comportement du milliardaire. C’est ainsi que des appels au boycott ont été lancés dès le rapprochement entre Trump et Musk, et semblent avoir été suivis en masse puisque les chiffres de janvier 2025 sont assez alarmants pour Tesla. De plus, plusieurs incidents ont été relevés aux USA où des Tesla sont fréquemment vandalisées, où des concessions sont prises à partie, et l’Europe n’est pas épargnée non plus : la Gigafactory de Berlin a été le théâtre d’une projection du tristement célèbre salut nazi à la fin du mois de janvier.
Alors lorsque nous regardions les chiffres de vente de Tesla en Europe au mois de janvier, il était facile de faire le rapprochement entre l’impopularité de Musk et le refus de clients potentiels d’acheter une Tesla : seules 9700 avaient été livrées en janvier 2025, contre 18 000 en janvier 2024. Comment expliquer la division par deux des ventes si ce n’est pas par boycott de son PDG et de tout ce qu’il représente ?
Le timing ne joue pas en la faveur de Tesla
Séparer Elon Musk de Tesla est impossible, et il est alors tout naturel d’attribuer une mauvaise passe du constructeur à l’attitude de son dirigeant. Cependant, on ne peut pas occulter le fait que ces mauvais chiffres de livraison arrivent à un moment somme toute assez logique pour Tesla.
Tout d’abord, s’il y avait un réel effet boycott de Tesla dû au rapprochement de Musk et Trump, cela aurait dû se ressentir dès le dernier trimestre 2024 (les élections ont eu lieu la première semaine de novembre). Or, les chiffres de fin d’année en Europe sont très corrects, avec plus de 25 000 livraisons en novembre, et 44 000 en décembre. Que s’est-il passé en janvier pour que les livraisons soient divisées par plus de 4 ?

L’une des raisons principales n’est autre que la nouvelle Tesla Model Y, annoncée début janvier, mais dont les livraisons ne commencent que plus tard dans l’année. Autrement dit, qui achète et se fait livrer de la voiture la plus populaire de Tesla en janvier 2025 en Europe ? Pas grand monde si l’on en croit les chiffres, puisqu’il s’agit d’un mois à moins de 6 500 livraisons, du jamais vu depuis 2022.
Qui plus est, si les chiffres de janvier ont été repris à peu près partout pour annoncer que Tesla s’écroulait en Europe en 2025, avec une chute de plus de 75 % des livraisons par rapport au mois précédent, il n’y a pas eu beaucoup de bruit suite aux chiffres de février, montrant une hausse de l’ordre de 60 % des livraisons en Europe par rapport à janvier. Autrement dit : le boycott que l’on pouvait imaginer ne semble pas avoir lieu.
Ne pas juger trop vite les chiffres de Tesla
Les chiffres catastrophiques de janvier montrent qu’il ne faut pas aller trop vite à juger Tesla, qui est fortement assujettie à des vagues de livraisons en fin de trimestre. En effet, entre 50 et 60 % des livraisons d’un trimestre en Europe ont lieu le dernier mois du trimestre en cours, avec le premier mois qui représente parfois seulement 15 % du total. Ce n’est donc jamais linéaire, et les mois se suivent sans se ressembler.
En 2024, Tesla avait livré 18 000 véhicules en janvier, 28 000 en février et près de 40 000 en mars. En 2023, 9 000 en janvier, 23 000 en février et plus de 61 000 en mars. Cette même année, il y avait par exemple eu 741 Tesla vendues en France en janvier, mais 8710 en mars, soit presque 12 fois plus. Vous comprendrez donc aisément que conclure sur un déclin de la marque à l’aide des chiffres d’un seul mois n’a que peu de sens.

Tesla a d’ailleurs réalisé son meilleur trimestre de l’histoire en Europe au premier trimestre 2023 (94 242 livraisons), alors que seules 9 492 véhicules avaient été livrés en janvier. En 2025, il y a eu 9 724 livraisons en janvier, ce qui n’était donc pas forcément alarmant. Par contre, les moins de 16 000 livraisons en février 2025 contrastent avec le gros mois de février 2023 (plus de 23 000), et montrent bien une baisse du rythme.
Le mois de mars sera donc déterminant, mais avec les livraisons de nouvelle Model Y qui débutent seulement, Tesla n’arrivera pas à redresser la barre suffisamment pour que le premier trimestre 2025 ne soit pas en berne pour la firme. Les trois suivants montreront si Tesla arrive tout de même à maintenir son hégémonie sur le vieux continent, ou s’il y a bel et bien un problème de demande qui ne suit plus la production.
Prendre du recul sur l’impact réel du comportement d’Elon Musk sur les ventes de véhicules
Vous l’aurez compris, il ne faut pas aller trop vite à juger Tesla, en particulier sur une période de temps très courte, pour tirer des conclusions sur les comportements des consommateurs en réponse à celui du PDG. D’ailleurs, il est probable que plus de clients achètent une Tesla tout en étant en désaccord total avec Elon Musk plutôt qu’ils se rabattent vers un autre véhicule.
D’ailleurs, lorsque l’on compare le best-seller de Tesla à la concurrence, le résultat est souvent le même : le meilleur véhicule est celui de Tesla. La nouvelle Model Y reste parmi ce qu’il se fait de mieux en rapport qualité-prix, et c’est logiquement ce qui va compter pour les clients bien plus que les rapprochements politiques et autres controverses récurrentes d’Elon Musk.
Qui plus est, c’est loin d’être la première fois que le PDG de Tesla est sous le feu des controverses, même si l’on doit bien reconnaître que l’ampleur du personnage atteint des niveaux bien plus élevés qu’il y a quelques années.

Enfin, avec Tesla tout va toujours très vite, et le constat de janvier 2025 n’est déjà plus d’actualité moins de deux mois après. Qui peut présager de ce qu’il peut se passer d’ici la fin de l’année ? Que ce soit l’action (qui est au moment d’écrire ces lignes à + 63 % sur les 12 derniers mois, à + 6 % sur les 6 derniers mois, à – 22 % sur les 30 derniers jours et à + 19 % sur les 5 derniers jours), les livraisons ou l’attitude de sont PDG, Tesla est imprévisible, mais déchaîne toujours autant les passions.
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