
Tesla, c’était l’étoile montante des voitures électriques, une marque qui faisait rêver avec ses innovations et son patron charismatique, Elon Musk. Mais aujourd’hui, l’ambiance est bien moins rose. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les ventes plongent, notamment en Europe et en Chine, et la valeur boursière, bien qu’elle ait repris un peu de couleur récemment, reste sous pression.
Alors, que se passe-t-il chez le constructeur le plus valorisé au monde ? Est-ce juste à cause des frasques de Musk, ou y a-t-il des soucis plus structurels ?
Commençons par le contexte. Ces derniers mois, Tesla a vu ses immatriculations – c’est-à-dire le nombre de voitures officiellement enregistrées – dégringoler. En Europe, par exemple, les ventes chutent par rapport à l’an dernier. En Chine, un marché clé, c’est pas beaucoup mieux. Et pourtant, Tesla reste évalué à plus de 850 milliards de dollars en bourse. À titre de comparaison, Volkswagen, qui vend cinq fois plus de voitures, vaut « seulement » 55 milliards d’euros. Ça pose question : est-ce que Tesla vaut vraiment ce prix, ou est-ce une bulle qui commence à se dégonfler ?
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Elon Musk, c’est le visage de Tesla. Son style et ses idées ont porté la marque au sommet. Mais aujourd’hui, beaucoup pointent du doigt son image publique.
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Résultat ? Certains clients, surtout ceux sensibles à l’écologie et à la technologie – le cœur de cible de Tesla –, se détournent. On voit même des propriétaires coller des stickers sur leurs voitures pour dire « je ne suis pas Musk » ou carrément les revendre (même si ce n’est pas flagrant en France).

Mais réduire tout ça à Elon Musk serait trop simple. Jürgen Stackmann, un expert automobile qui a bossé chez Volkswagen, le dit bien : « Elon Musk a boosté Tesla, mais il n’explique pas tout. »
Le vrai souci, c’est que Tesla commence à ressembler à un constructeur automobile classique, avec ses forces, mais aussi ses failles. Et ça, ça ne colle pas avec une valorisation qui ressemble plus à celle d’une boîte tech qu’à un vendeur de voitures. Pendant ce temps, la concurrence se réveille, et pas qu’un peu.
Une concurrence qui ne rigole plus : Xpeng, BYD et les Allemands en force
L’autre gros caillou dans la chaussure de Tesla, c’est la montée en puissance des rivaux. Pendant longtemps, la marque avait une longueur d’avance : des batteries au top, une autonomie impressionnante, un Autopilot efficace, un infodivertissement loin devant, et un réseau de superchargeurs inégalé. Mais aujourd’hui, les autres ont rattrapé leur retard, et certains l’ont même dépassé. Prenons les Chinois, par exemple. Xpeng, avec ses G6 et G9, fait sensation.
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Et puis il y a BYD, le géant chinois qui ne plaisante pas. Avec des ventes annuelles dépassant les 100 milliards de dollars en 2024, BYD a carrément doublé Tesla en revenus. Leur arme secrète toute récente ? Une technologie de charge révolutionnaire : 1 000 kW, soit 400 km d’autonomie en 5 minutes chrono.
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Mais les Chinois ne sont pas seuls. Les constructeurs allemands reviennent en force. Prenez Mercedes, qui vient de dévoiler sa nouvelle CLA électrique. Avec une autonomie allant jusqu’à 792 km et une recharge rapide qui dépasse les standards européens, elle vise directement la Tesla Model 3.
Côté Tesla, les modèles vieillissent. Le Model Y, qui a été la voiture la plus vendue au monde en 2023, et la voiture électrique la plus vendue en 2024, vient de sortir en version « facelift » – un restylage, en français. Problème : les nouveautés se limitent à quelques retouches esthétiques. Pas de grosse révolution sur l’autonomie ou la charge rapide, ce que les clients attendaient. On a publié un comparatif sur les SUV électriques qui se comparent bien au nouveau Model Y.
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Sans oublier les promesses non tenues de Musk : le Cybertruck, un flop commercial avec des rappels à répétition ; le Cybercab, ce taxi autonome, toujours pas là ; et le « Model 2 », une voiture abordable censée élargir la clientèle, repoussé aux calendes grecques. À force, ça use la patience des investisseurs et des acheteurs.
Orienter Tesla vers l’intelligence artificielle et la conduite autonome, au point d’en faire une entreprise technologique plutôt qu’un constructeur automobile classique, est un pari risqué.
Si cette stratégie vise à justifier une valorisation boursière colossale (plus de 850 milliards de dollars) en misant sur des innovations comme le Cybercab ou le système Full Self-Driving, elle expose Tesla à plusieurs écueils.
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D’abord, la technologie de conduite autonome est encore loin d’être fiable à 100 % : les rappels fréquents et les critiques sur le FSD montrent que Tesla traîne face à des concurrents comme Xpeng ou BYD, qui avancent vite sur ce terrain. Les réglementations peinent à ouvrir les routes à la conduite autonome.
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Ensuite, en délaissant le développement de nouveaux modèles abordables – comme le tant attendu Model 2 –, Tesla risque de perdre des parts de marché dans le secteur automobile, où la demande reste forte pour des voitures électriques accessibles.
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Enfin, cette transition dépend énormément de la confiance des investisseurs et des clients en Elon Musk, dont l’image est déjà fragilisée. Si les promesses d’IA ne se concrétisent pas rapidement, Tesla pourrait se retrouver coincé entre un rêve technologique inachevé et un marché automobile qu’il aura négligé.

Enfin, Elon Musk a longtemps misé sur la Chine, et ça a payé : des liens solides avec Pékin, une usine à Shanghai sans partenaire local – un privilège rare pour un constructeur occidental – et une image de marque au top. Mais ce joli tableau se fissure. D’un côté, Trump, que Elon Musk a soutenu, prépare une guerre commerciale sans merci contre la Chine, avec des taxes douanières salées sur tout ce qui traverse les frontières – Mexique, USA, Chine, peu importe.
Pour Tesla, qui exporte depuis Shanghai vers l’Europe et ailleurs, ça veut dire des coûts en hausse et une compétitivité en berne. Elon Musk se retrouve coincé entre son allié chinois et un Trump prêt à tout faire flamber.
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