Tesla Model 3 : le bilan après 2 ans d’utilisation et 70 000 km parcourus

Un acheteur de la première heure

 
Tesla propose sa Model 3 depuis maintenant plus de deux ans en Europe. Si beaucoup s’y intéressent aujourd’hui, qu’en pensent les acheteurs de la première heure ? Comment la voiture vieillit-elle ? Combien cela coûte-t-il à l’usage ? On vous dit tout.
La Tesla Model 3 dans le massif de l’Esterel // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Depuis plus de deux ans, la Tesla Model 3 est notre unique voiture. Nous étions parmi les premiers en Europe à prendre livraison en mars 2019 de ce qui était sans doute la voiture électrique la plus attendue de l’histoire. Depuis, passée l’excitation des premières semaines, quel bilan dresse-t-on de ce véhicule après 70 000 km parcourus sur les routes d’Europe ?

De la commande à la livraison

Chez Tesla, on ne fait pas vraiment comme partout ailleurs. Pas besoin de concession, d’aller négocier un bon de commande, ou quoi que ce soit. On commande une Model 3 comme on commanderait un smartphone : en 3 clics c’est fait, et on peut patienter jusqu’à la livraison. Entre-temps, j’avais lu bon nombre de comptes-rendus de livraisons de Model 3. Sachant pertinemment que Tesla n’était pas réputé pour la qualité de ses peintures, alignements ou autres finitions, je m’attendais au pire.

Et malheureusement pour nous, notre livraison n’était pas parfaite du tout. Le bouclier avant était fortement rayé en dessous, et les personnes en charge de préparer et livrer les véhicules « n’avaient pas vu » l’état dans lequel il était.

Voilà comment était notre pare-chocs avant le jour de la livraison // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Il faut s’y attendre, car même si l’immense majorité des Tesla livrées n’ont pas ou peu de défauts, il n’est pas rare d’avoir, comme ce fut le cas pour nous, de très mauvaises surprises. Dans tous les cas, Tesla fera le nécessaire a posteriori pour corriger ce qui ne va pas, mais le jour de la livraison revient parfois à faire une liste de tout ce qu’il y aura à corriger et prendre rendez-vous pour que ce soit fait ultérieurement.

Ce fut le cas pour nous. Quelques semaines après la livraison, la voiture a été reprise en carrosserie, et est revenue exempte de défauts. Qu’à cela ne tienne, une fois au volant, il est presque impossible de regretter l’achat.

L’euphorie des premiers mois

Une Tesla, outre le fait que ce soit une voiture électrique, pour la plupart des gens, c’est une voiture puissante, et dotée d’aides à la conduite qui la rendent partiellement autonome. Lorsqu’on est amené à en conduire une pour la première fois, c’est alors tout naturellement qu’on va vérifier ce que l’on pense, et ça ne déçoit pas.

L’accélération est franche et permet de déposer tout ce qui se trouve autour de nous en toutes circonstances, et le pilote automatique nous permet d’avaler les kilomètres en grands trajets dans une sérénité déconcertante.

Ainsi, les premiers trajets procurent un plaisir certain, dans une voiture du futur que l’on conduit au présent, où l’on découvre tout ce que Tesla nous propose au quotidien, entre les mises à jour logicielles et l’application mobile. On arrive dans une sorte d’écosystème inédit dans le monde de l’automobile.

En Autopilot sur autoroute, un confort dont on ne se passe plus // Source : Bob Jouy pour Frandroid

La Model 3 que nous avons avec ma femme est un modèle Grande Autonomie, qui était vendue à l’époque comme ayant 560 kilomètres d’autonomie WLTP, promettant ainsi à l’aide du réseau de Superchargeurs Tesla des voyages longues distances sans contraintes, ou presque.

Malgré les restrictions de déplacements qui nous touchent tous depuis un an maintenant, nous faisons en moyenne 35 000 kilomètres par an, avec une majorité de grands trajets sur autoroute avec autour de 1 200 kilomètres au cours d’un week-end plusieurs fois par mois. Autant vous dire que si pour rouler en Model 3, se recharger et faire de longs trajets étaient fastidieux, nous n’aurions plus cette voiture depuis longtemps.

Une voiture évolutive

Ce dont on ne se rend pas bien compte avant de rouler en Tesla Model 3, c’est que c’est encore à ce jour l’une des seules voitures qui évolue et s’améliore avec le temps, grâce aux mises à jour à distance, comme pour un smartphone. Le jour où l’on prend possession de sa voiture, c’est sans doute le jour où elle sera le moins bien, car quelques semaines plus tard, de nouvelles fonctionnalités ou améliorations verront le jour, rendant l’expérience de conduite encore plus agréable.

Une mise à jour de la voiture, via l’application Tesla

Par exemple, ce n’est que plusieurs mois après notre livraison qu’un mode de conduite à une pédale (allant jusqu’à l’arrêt complet de la voiture sans avoir à toucher la pédale de frein) fit son apparition : le mode serrage. Et aujourd’hui, c’est quelque chose qui est tellement confortable qu’il nous paraît difficile de faire sans. C’est la force de Tesla, proposer sans cesse des améliorations non seulement pour les futurs clients, mais aussi pour les anciens.

Des bonnes surprises

Nous prenons rapidement des habitudes qui font qu’une Model 3 n’est pas une voiture comme les autres. Le plus flagrant est la clé sur le smartphone. En pratique, nul besoin de carte-clé, de télécommande ou autre. Le smartphone se trouve dans notre poche ou sac, et en appuyant sur la poignée d’une porte, la voiture se déverrouille. C’est aussi simple que ça, et si vous avez pris l’habitude de ne sortir qu’avec votre smartphone même pour payer (via Apple/Google/Samsung Pay), vous comprendrez aisément le gain en confort au quotidien que représente la clé sur smartphone.

De plus, les profils de conduite qui enregistrent les positions du siège conducteur, volant et rétroviseurs sont liés à votre smartphone. Selon la personne qui va ouvrir la voiture, le siège sera déjà donc positionné comme il faut, très pratique dans notre cas où nous avons 25 cm d’écart de taille entre les deux conducteurs.

Nos bagages pour 2 semaines de vacances dans le coffre arrière de la Tesla Model 3 // Source : Bob Jouy pour Frandroid

L’intérieur minimaliste nous convient parfaitement bien, et il n’y a rien au quotidien qui nous manque, pas même un écran derrière le volant ou un affichage tête-haute. Dépourvue de hayon, la Model 3 bénéficie tout de même d’une capacité de chargement honorable, avec un compartiment sous le coffre arrière et un petit coffre avant permettant de partir en vacances sereinement, sans se limiter sur ce que l’on emporte.

Pilote Automatique : l’indispensable compagnon des longs trajets

Aujourd’hui, le Pilote Automatique est de série sur les Tesla Model 3. Il permet de combiner un régulateur de vitesse adaptatif à un maintien actif dans la voie de circulation, pour vous permettre de rouler plus sereinement partout où il y a un marquage au sol correct.

C’est particulièrement confortable sur autoroute, où les actions que l’on a à faire entre deux péages se limitent à enclencher les clignotants pour changer de voie. Nous avions opté à l’époque pour l’achat de l’option « Capacité de conduite entièrement autonome », qui est aujourd’hui vendue 7 500 euros.

Même si nous faisons l’immense majorité de nos kilomètres sur autoroute, soyons clairs : cette option ne vaut, aujourd’hui, pas du tout son prix. Surtout depuis que Tesla propose à nouveau l’option « Autopilot amélioré », permettant d’utiliser 90 % des fonctionnalités de la « Capacité de conduite entièrement autonome » pour la moitié du prix — 3800 euros exactement.

Dans notre cas, c’était bien différent lors de la commande en fin d’année 2018, où il n’y avait pas d’Autopilot de série, et où l’option « Capacité de conduite entièrement autonome » était vendue 3 200 euros.

La dégradation de la batterie après 2 ans et 70 000 km

De nombreux acheteurs potentiels peuvent être intéressés par l’évolution des batteries dans le temps pour les véhicules électriques, notamment pour savoir si les promesses d’une voiture à durée de vie exceptionnelle sont tenues. Je mesure depuis le début de l’année 2020 la dégradation de la batterie toutes les semaines. Et après 2 ans et 70 000 km, la dégradation est autour de 8,5 %. Pour effectuer les relevés de dégradation de batterie, j’utilise un outil qui s’appelle Scan My Tesla, disponible sur iOS et Android, permettant d’interpréter les signaux du CAN bus.

Source : Bob Jouy pour Frandroid

Aujourd’hui, la batterie approche des 250 cycles de charge, et la majorité de notre énergie chargée vient des Superchargeurs, ce qui peut participer à une dégradation plus prononcée. Dans notre cas, la dégradation n’a rien d’anormal compte tenu du kilométrage et de l’âge de la batterie. Tesla garantit les batteries pendant 8 ans ou 192 000 kilomètres sur la Model 3, avec une limite de 70 % de la capacité initiale. Sauf incident majeur sur un pack de batterie qui se révélerait défectueux, il est très peu probable que cette garantie soit déclenchée.

Concrètement, avec 8 % de dégradation, sur un grand trajet où deux Superchargeurs sont séparés de 200 kilomètres, il faudra recharger à peine 2 minutes de plus par rapport à une batterie toute neuve sans dégradation. Nos habitudes de charge n’ont pas eu à changer sur les mêmes trajets qu’il y a deux ans. Cette dégradation que l’on mesure est plutôt à caractère informatif. Nous ne la remarquons pas du tout dans la pratique.

Le vieillissement de l’intérieur

Nous avons choisi l’intérieur « Noir et Blanc », malgré les inquiétudes que l’on peut avoir sur le vieillissement d’un intérieur clair. Nous n’avons pas le moindre regret quant au choix que nous avons fait, les sièges blancs n’accusant pas de marques indésirables ou autres tâches dues au transfert de couleurs de vêtements par exemple.

 

Le coût d’utilisation et d’entretien

Une voiture électrique, c’est une promesse de coûts d’entretien réduits par rapport à une voiture thermique : vidange, remplacement des bougies ou des plaquettes de frein ne sont plus du tout au programme. Si certains constructeurs de véhicules électriques demandent encore un entretien annuel pour conserver la garantie, Tesla a fait le choix de supprimer ses programmes d’entretien, permettant au conducteur de ne jamais aller en concession si tout va bien sur sa voiture.

Et c’est notre cas, en deux ans nous n’avons eu aucun coût d’entretien ni de pièces à changer à nos frais. Les seuls problèmes qui sont arrivés ont été pris en charge intégralement par Tesla dans le cadre de la garantie limitée (4 ans ou 80 000 kilomètres) : remplacement des feux arrière pour cause d’infiltration d’eau et changement d’un bras de suspension qui était bruyant.

Sur les 70 000 kilomètres effectués, la consommation moyenne affichée sur la voiture est de 182 Wh/km. Comme dit précédemment, la majorité de nos charges sont effectuées sur les Superchargeurs, et aujourd’hui le prix affiché par Tesla est de 0,37 € par kWh en France. Avec une Model 3, sur autoroute aux vitesses légales, il faut compter sur une consommation autour de 200 Wh/km. Cela signifie que le coût aux 100 kilomètres sur autoroute sera autour de 7,4 euros aujourd’hui.

En bas à droite, le coût de la session de « supercharge » s’affiche // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Cela peut paraître très cher, mais il faut prendre en compte l’utilisation globale sur l’année de la voiture pour pouvoir déterminer son coût au kilomètre. À domicile, si vous chargez, vous paierez en moyenne 0,17 € par kWh. Même dans un cas comme le nôtre avec 55 % de « Supercharges », le coût aux 100 kilomètres en moyenne serait de 5,10 euros, soit un coût total de 3 567 euros pour 70 000 kilomètres.

À titre de comparaison, un véhicule thermique qui consommerait en moyenne 6 litres aux 100 kilomètres, à 1,40 euro le litre, aurait coûté uniquement en carburant 5 880 euros, soit 65 % plus cher que notre Model 3.

Gardez en tête que ces chiffres sont calculés sans aucune optimisation pour la Model 3. Sachant que de nombreux centres commerciaux ou parkings proposent des bornes de recharge gratuites, cela permet de faire baisser drastiquement le coût global. Aussi, si vous avez la possibilité de recharger votre véhicule à votre travail, le coût moyen au kilomètre sera en chute libre.

Les grands trajets, une formalité

Au quotidien, si vous avez une possibilité de recharger votre voiture au travail et/ou à votre domicile, une voiture électrique ne vous ajoutera aucune contrainte. Pour les grands trajets par contre, il faudra nécessairement modifier vos habitudes si vous faisiez partie de ceux qui avalaient 600 kilomètres d’autoroute en faisant à peine une pause de 3 minutes à mi-chemin.

L’avantage de Tesla, c’est de se reposer sur son réseau de Superchargeurs, parfaitement intégré à la navigation sur l’écran central de la Model 3. Indiquez votre destination finale, et il vous sera suggéré des arrêts intermédiaires aux Superchargeurs les mieux placés sur votre trajet.

Le réseau de Superchargeurs Tesla, visualisé directement sur l’écran de la Tesla Model 3 // Source : Bob Jouy pour Frandroid

En pratique, il faut savoir qu’une Model 3 charge moins rapidement à mesure que la batterie se remplit. Pour comprendre comment cela fonctionne, imaginez que vous ayez une bouteille d’eau, un robinet devant vous, et que vous ayez pour consigne de remplir la bouteille le plus vite possible, mais surtout, sans qu’elle ne déborde. Au départ, vous pouvez ouvrir le robinet à fond, et au fur et à mesure du remplissage, il faut modérer le débit pour éviter tout débordement.

Tesla Model 3 se rechargeant sur une borne iONITY // Source : Bob Jouy pour Frandroid

C’est exactement la même chose sur un chargeur rapide : lorsque la batterie est presque vide, la puissance de charge est très grande, puis elle baisse graduellement en fonction du niveau de charge.

Ainsi, le comportement le plus efficient lors de longs voyages est d’utiliser la plage de batterie 5 % ➞ 70 % autant que possible, ce qui vous permet de parcourir environ 200 kilomètres sur autoroute sereinement. Généralement, à 70 %, nous avons assez de batterie pour rallier le prochain Superchargeur ou notre destination, et il n’y a pas d’intérêt à charger plus que cela. Comptez autour de 25 minutes pour ajouter 65 % de batterie sur un Superchargeur en conditions normales, vous permettant de parcourir sereinement 200 kilomètres de plus en Model 3 Grande Autonomie.

Exemple de trajet Nantes – Saint-Jean de Luz en Tesla Model 3 Grande Autonomie : 37 minutes de charge en 2 arrêts // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Parmi les statistiques sur les longs trajets réalisés, pour vous donner un ordre d’idée, les trajets 550 kilomètres en moyenne nécessitent 40 minutes de recharge en deux fois (par exemple une recharge de 15 minutes, et une autre de 25 minutes). Sur des trajets plus longs — entre 850 et 1000 kilomètres –, comptez environ 1h20. Si dans votre long trajet vous incorporez une pause repas là où il y a un point de charge rapide, cela vous permet d’optimiser les temps de recharge et ainsi moins voir les contraintes forcées de la mobilité électrique d’aujourd’hui.

Notez toutefois que nous ne partons quasiment jamais à 100 %, même pour les longs trajets. Nous sommes fréquemment autour de 70 % au départ seulement, ce qui suffit pour rallier le prochain superchargeur. Sur les trajets de 500 kilomètres par exemple, partir à 100 % nous permettrait de supprimer un arrêt de recharge.

Le bilan, 2 ans après

Pour conclure, nous n’avons bien entendu pas de regrets d’avoir été parmi les premiers à rouler en Model 3 en Europe. Pour le moment, les promesses d’une voiture simple, évolutive, au coût d’utilisation réduit et permettant de voyager partout sereinement sont tenues. Tesla est toujours parmi les constructeurs ayant les fonctions d’assistance à la conduite les plus développées et utilisables dans beaucoup de circonstances, et surtout, le seul ayant son propre réseau de recharges, avantage encore extrêmement important aujourd’hui.


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