Deux ans se sont écoulés depuis notre première prise en main du VanMoof S5. Dernier modèle de la marque néerlandaise, nous n’avions à l’époque pas eu l’occasion de l’essayer en bonne et due forme, lors d’un essai complet basé sur notre protocole.
Surtout, VanMoof a fait faillite en 2023 pour plusieurs raisons : des prix trop bas et donc des marges trop faibles, mais aussi et surtout un manque cuisant de fiabilité qui engendrait des coûts de SAV énormes, en particulier sur ses S3/X3.
Sauvé par McLaren Applied par l’intermédiaire de sa filiale Lavoie, le blason batave a restructuré l’entreprise et s’est tourné vers un réseau de revendeurs et de réparateurs, plutôt que de tout faire en interne. Selon le co-PDG Eliott Wertheimer, les produits ont été lancés trop vite, VanMoof S5 inclus.
La nouvelle direction a dû faire des réajustements avant de le relancer : c’était impératif, car le S5 et le 15 étaient les seuls produits de la gamme en attendant la future trottinette électrique fin 2024. Disponible de nouveau en France depuis le 17 mai, le S5 – et la version à cadre bas A5 – a subi de nombreuses améliorations : étanchéité, freins, e-shifter (boîte auto) et logiciel.
Mais après 2 ans, VanMoof est-il toujours au niveau de Cowboy qui s’est bonifié avec le temps, ou encore en avance comme le clame le patron français ? Nous avons parcouru plus de 100 km à son guidon pour juger ce vélo électrique connecté. On le rappelle, le VanMoof S5 est à l’heure actuelle vendu 3298 euros.
Fiche technique
Modèle | VanMoof S5 (2024) |
---|---|
Vitesse max | 25 km/h |
Puissance du moteur | 250 watts |
Nombre d’assistances | 4 |
Autonomie annoncée | 150 km |
Temps de recharge annoncé | 270 min |
Batterie amovible | Non |
Bluetooth | Oui |
GPS | Oui |
Écran | Non |
Poids | 23 kg |
Couleur | Noir, Gris |
Phares | Oui |
Feu arrière | Oui |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à partir d’un modèle prêté par la marque.
Le VanMoof S5, un bien bel objet
VanMoof, c’est d’abord un look. Depuis les débuts, ses vélos se font remarquer grâce leur tube supérieur qui traverse le vélo (du moins pour la version à cadre haut), intégrant l’éclairage. Jusqu’à ce S5, la recette n’a pas changé, si ce n’est une fourche plus robuste et des tubes plus larges. Ces derniers augmentent l’effet de robustesse et accueillent la batterie ainsi que l’électronique.
L’effet « wahou » a disparu depuis longtemps, mais ce vélo électrique reste un superbe objet de mobilité. Le VanMoof S5 présente un design épuré, mais révèle toutefois des soudures bien visibles, certaines plus polies que d’autres. Elles ne sont pas évidentes au premier abord, cachées derrière une peinture de bonne qualité, toujours mise en avant comme un argument de solidité prôné en Europe du Nord. Loin de la légèreté de son rival belge, le Cowboy 4, le S5 est lourd, pesant 24 kg.
Un bon équipement, aux détails à parfaire
Ce poids est considérable, sachant que le vélo n’a pas de porte-bagages : celui-ci est toutefois disponible en option pour 78 euros. Une plateforme avant avec tendeurs et un second phare avant (le premier étant obstrué) sont également disponibles pour 139 euros. Le VAE hollandais reste bien équipé avec ses garde-boue à bavette et sa béquille stable. Cette dernière est en revanche trop proche du pied gauche, car notre pied frotte a parfois frotté en pédalant.
Le bel atout de ce VanMoof S5, c’est l’intégration de l’éclairage. Oui, le phare avant n’est pas ajustable, mais il est suffisamment puissant pour une utilisation en ville et dispose d’une fonction d’appel de phare. Le feu arrière est esthétique et surtout visible, mais sa fonction-stop ne s’est jamais manifestée malgré son activation dans l’application. VanMoof y ajoute des clignotants dans ses halos, peu visibles de jour et invisibles de l’arrière : il faut donc continuer à tendre le bras pour indiquer ses directions.
Une expérience électronique augmentée
Le VanMoof S5 (2024) dispose de deux anneaux lumineux situés sur le guidon, qui compensent l’absence d’écran. On peut les configurer, mais par défaut, celui de gauche sert de jauge de batterie, tandis que celui de droite affiche soit le niveau d’assistance, soit la puissance délivrée par le moteur. Pour plus d’informations, l’écran est remplacé par le smartphone.
La pièce maîtresse de VanMoof est son application et, plus largement, son système électronique. L’allumage en soi est une expérience : les halos s’animent et le vélo génère un son typique de VanMoof. Ce son varie lors du verrouillage ou du début de la recharge.
Parlons du verrouillage : il est possible de l’activer grâce au Kick Lock, un bouton situé à gauche de la roue arrière. Une simple pression suffit, en alignant les lignes blanches du moteur avec celles du carter de chaîne, et le VanMoof S5 devient inutilisable : il s’éteint et bloque totalement la roue arrière, rendant impossible son déplacement.
Pour le déverrouiller, la marque offre plusieurs options : un déverrouillage automatique lorsque vous vous approchez du cycle, via l’application (en Bluetooth), ou par un code à trois chiffres à entrer sur le bouton de gauche (c’est long et très bruyant !).
En cas de vol, le vélo sonne très fort, son éclairage clignote et les halos virent au rouge : c’est très dissuasif. Annoncé comme fiable, le vélo nous a toutefois réservé un petit bug : une alarme déclenchée malgré le déverrouillage physique, un clignotement qui continue quelques minutes et des halos éteints durant premières minutes de roulage. En pratique, tout n’est donc clairement pas réglé.
Une application fluide et fiable
Au-delà de ce bug unique, l’expérience de l’application est excellente. La connexion au vélo est rapide et l’utilisation intuitive et fluide, la connexion restant active sans avoir à redémarrer l’appli sans cesse. Il existe trois menus principaux, dont celui d’accueil qui affiche la position géographique, le compteur, l’état de la batterie et le dernier trajet. Chaque vignette permet d’accéder à un sous-menu : un compteur étendu, le réglage des notifications de batterie, les paramètres ou le détail du trajet.
Un deuxième menu nommé « Ride » est dédié aux trajets. Ils sont détaillés avec le kilométrage, la vitesse et l’heure, ainsi que le nombre d’arrêts, mais sans géolocalisation. VanMoof ajoute un diagramme pour encourager la régularité, et quelques statistiques de trajets dans sa ville et dans le monde afin de créer un sentiment de communauté.
Enfin, les réglages sont nombreux. Il est possible de régler l’éclairage pour qu’il soit automatique ou manuel, de choisir parmi trois sonnettes électroniques (on adore la hollandaise ding dong !), ou de sélectionner plusieurs modes de boîte automatique. Chaque modification est validée par un son sur le vélo, permettant ainsi de savoir exactement ce qu’on fait.
Cela peut sembler beaucoup à assimiler dans les premiers jours, mais la technologie est finalement peu intrusive. L’esprit VanMoof, c’est surtout de rouler avec un vélo électrique épuré où rien – ou presque – n’est à faire.
Un VanMoof S5 fluide et performant
Conduire un VanMoof, c’est choisir la simplicité. Une fois déverrouillé, il n’y a absolument rien à faire, à part peut-être choisir son mode d’assistance parmi les quatre disponibles. Sur ce vélo équipé d’un haut-parleur, chaque changement d’assistance produit un son : plus aigu en montant, plus grave en mode 0 (sans assistance).
Ce vélo électrique est doté d’une boîte automatique à trois rapports qui change de vitesse au fil de l’accélération. C’est sensible, car le braquet diffère franchement, mais sans à-coups notables. Le rétrogradage, lui, est imperceptible. Cependant, la vitesse d’exécution n’est pas parfaite malgré le capteur de couple : si l’ou souhaite apporter une forte cadence de pédalage au démarrage… et bien le capteur de couple ne semble pas saisir votre besoin. Conséquence : cela ne fonctionne pas, et vous pédaler dans le vide le temps de 4 ou 5 tours de pédalier. Ce n’est pas normal.
On constate également quelques rares « petits sauts de vitesses » lorsque l’on appuie trop fort sur les pédales. Il est difficile de parfaitement décrire cette sensation, mais c’est comme si le système claquait légèrement sous nos pieds. La chaîne, elle n’a jamais sauté et est protégée en outre par carter.
Un moteur nerveux accompagné par une transmission véloce
Hormis ces mini désagréments, l’expérience est très bonne et fluide, car on en vient à oublier que le moteur est à l’avant, une position considérée comme désuète en 2024. Bien sûr, le patinage typique sur gravier ou sur des surfaces peu adhérentes est de mise, mais seulement en mode 4. Il n’empêche, un moteur avant sur un vélo électrique à plus de 3000 euros reste une anomalie, même s’il ne se fait que peu sentir.
L’accélération est heureusement vive, accompagnée d’un tout petit sifflement audible uniquement hors de la circulation.
Les 25 km/h sont atteints en une poignée de secondes, tandis que le freinage (amélioré selon VanMoof) est très performant pour s’immobiliser. L’arrêt est progressif et rassurant, bien que l’on puisse facilement bloquer la roue arrière. Attention donc sur les surfaces mouillées.
Même en cas de perte de contrôle, le VanMoof S5 reste facile à remettre dans le droit chemin. Bien que le cintre courbé ne le prédestinait pas à une précision de conduite, il offre un beau compromis entre confort (position semi-active) et maniabilité. Il est ainsi moins dynamique qu’un Cowboy ou qu’un Angell, mais pas moins joueur que leurs versions ST/Cruiser ou M.
Une batterie fixe et longue à recharger
La batterie de ce vélo électrique n’est pas amovible, ce qui représente sans doute un point de blocage pour la plupart des badauds qui nous ont interrogés sur ce VanMoof S5. Il est donc nécessaire de le brancher dans son garage, dans un local à vélos — souvent peu accessible — ou de le transporter dans son appartement.
Il est conçu pour les grandes villes, et beaucoup vont devoir le monter dans l’ascenseur (bien qu’il soit compact et puisse entrer dans certains) ou dans l’escalier. Pour cette dernière option, le poids important n’est pas un atout. Sinon, il reste à le laisser dans la rue, d’où l’importance de l’attirail de sécurité. Mais dans les faits, il manque globalement de praticité en ce qui concerne la recharge. C’est dommage et préjudiciable.
La prise est située derrière le tube de selle et est protégée par un cache en caoutchouc, qui n’est pas forcément pratique à remettre. En outre, la recharge est lente. Malgré son statut haut de gamme, VanMoof ne fournit qu’un chargeur de 2 ampères (111 W). Selon le site officiel, on regagne 50 % de charge en 2h30, 75 % en 3h30, mais le chargeur ralentit ensuite : il faut 5h pour atteindre 90 % ou 6h30 pour un plein complet.
Le suivi de la charge est possible depuis l’application (dans le rayon autorisé par le Bluetooth), ou sur le « halo » du guidon. Et, comme pour toute action sur ce VAE, un son est émis dès l’insertion du câble.
Nous avons par ailleurs remarqué que le S5 émet une alerte dans l’application pour prévenir qu’il coupe l’assistance sous 2 % de batterie. En pratique, il est possible de continuer à utiliser le moteur pour les dernières centaines de mètres, jusqu’à atteindre 0 %. Dans ce cas, le VAE néerlandais reste allumé, éclairage compris.
55 km d’autonomie minimum
Avant d’expérimenter la recharge, combien de kilomètres peut parcourir un VanMoof S5 ? Nous l’avons mesuré sur un parcours typiquement parisien, en mode maximal, et parsemé de coups de boost pour avaler les gros dénivelés (disons une dizaine de fois). Le tour de Paris (38 km) se réalise en laissant les trois quarts de la batterie, le dernier quart permettant d’atteindre 55 km. On est ainsi peu ou prou dans ce que propose le Cowboy 4.
Cependant, cela est aux dépens d’une batterie plus grosse sur le S5, d’une capacité de 487 Wh (contre 360 Wh pour le modèle belge). En mode minimal – 1 sur 4 – l’autonomie devrait atteindre 110 kilomètres, si votre parcours est plat et que vous roulez tranquillement. Mais sans assistance, le VanMoof est difficile à utiliser, à cause d’une forte résistance au roulement, et le poids limite la vitesse de croisière à 15 km/h sur du plat.
Changement de réseau et de SAV
Disponible initialement en avril 2022, le VanMoof S5 a stoppé ses ventes fin mai 2023 avant la faillite. Après une séance de fiabilisation, le vélo électrique est revenu en France le 17 mai 2024. Il est disponible uniquement à la commande en ligne pour le moment et livrable chez quelques partenaires à Paris et récemment à Lyon. VanMoof assure la livraison à domicile, mais uniquement aux Pays-Bas et en Allemagne pour l’instant.
Le nouveau réseau de réparations VanMoof, qui ne dépend plus uniquement de son atelier, est constitué de revendeurs ou d’ateliers partenaires. Outre Paris et Lyon, d’autres villes françaises rejoindront ce réseau dans les prochaines semaines.
La garantie standard est de 2 ans, incluant le cadre jusqu’à 7 500 kilomètres. À noter également que les Bike Hunters, ces chasseurs de vélos volés, n’existent plus. Il reste néanmoins la géolocalisation et la possibilité de préremplir une déclaration de vol à envoyer à la police qui, selon ses disponibilités, se chargera de retrouver le VanMoof.
Un tarif élevé, mais le VanMoof S5 ne baissera pas
Dans une interview accordée à Frandroid, le co-PDG Eliott Wertheimer nous a parlé du prix des vélos électriques VanMoof. Étant l’une des causes du gouffre financier causant la banqueroute, car les marges étaient faméliques, les VAE hollandais ont largement augmenté leur tarif.
Si le S3 se vendait sous 2 000 euros en 2021, son successeur S5 a été lancé à 2 998 euros, puis augmenté à 3 498 euros, son prix actuel en 2024. Et la marque ne fera pas de promotions ni ne baissera durablement ce tarif « juste » au regard du développement et des technologies embarquées.
Le problème, c’est qu’au même prix, le VanMoof S5 n’arrive pas à la cheville d’un Iweech 24, un vélo électrique connecté, français et qui a reçu la note de 9/10 dans les colonnes de Frandroid.
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