Bullshit marketing ou vraie bonne nouvelle pour vos clichés ? Le partenariat entre Zeiss et Vivo, au même titre que celui d’Hasselblad avec Oppo et OnePlus ou Leica avec Xiaomi soulève de nombreuses questions.
À l’occasion d’une rencontre avec les ingénieurs de Zeiss, nous avons pu mieux comprendre ce que la marque chinoise de smartphone retirait de ce partenariat. Car ni les lentilles ni les optiques n’ont été fabriquées par le spécialiste allemand de l’image. Non, son rôle est ailleurs. Il s’agit de fournir une expertise dans trois domaines (entre autres) : la qualité des couleurs, la définition et les revêtements antireflet. Nous vous proposons ici un petit tour d’horizon des trois.
Gardez bien en tête que tout ce qui nous a été montré ici ne relève pas du secret industriel et qu’il y a donc lieu de penser qu’il ne s’agit que du sommet de l’iceberg. Néanmoins, ces éléments aident à mieux comprendre la démarche des spécialistes de l’optique qui travaillent sur les smartphones.
Une canette de Coca-Cola et une tablette Milka pour tester les couleurs
Le premier outil utilisé par les ingénieurs de Zeiss que nous avions envie de vous montrer est une simple boîte permettant de reproduire fidèlement certaines couleurs et dont on peut faire varier l’illumination. Ici, pour l’exemple, Zeiss nous a montré une boîte permettant de tester 18 couleurs. L’intérêt étant de voir à quel point les couleurs varient lorsque l’éclairage se réchauffe par exemple. Le vert a par exemple tendance à peu varier. C’est sur cette base que les ingénieurs pourront travailler.
« Ce qu’on essaye de reproduire, ce n’est pas une mesure physique de la couleur, c’est une combinaison entre l’illumination et la manière dont l’œil reçoit la couleur », nous explique David Abreu, ingénieur chez Zeiss, lors d’une rencontre avec la presse. Frandroid y participait.
Puis vient un second test portant toujours sur la couleur, sujet ô combien capital. Il débute de manière pour le moins curieuse avec un tableau contenant notamment une canette de Coca-Cola, un bout de pelouse ou encore une tablette de chocolat Milka. Si cela a l’air un peu burlesque, c’est en réalité très sérieux.
« Il y a ce qu’on appelle les couleurs de mémoire, avance l’ingénieur de Zeiss. Ce sont des couleurs à l’égard desquelles nous savons que les utilisateurs vont avoir des attentes. Ce sont aussi elles qui vont sauter aux yeux immédiatement. »
On pense ici par exemple au vert de l’herbe, au violet de la tablette de chocolat ou au rouge si caractéristique de la canette. Au-delà de l’anecdote, il s’agit là de teintes ancrées dans la mémoire de chacun et chacune. D’ailleurs, l’ingénieur se transforme un temps en philosophe lorsqu’il nous expose : « Les gens se souviennent bien de ces couleurs, mais pas forcément de la même manière que ce qu’on voit réellement dans la scène. On peut aussi avoir des variations entre les régions du monde. C’est quelque chose que nous avons mesuré. » C’est pour cela que Vivo a décidé de laisser le choix entre les couleurs naturelles (appelées couleurs Zeiss) ou celles un peu plus flashy, mais recherchées par le plus grand nombre.
D’autres objets dans ce tableau répondent à une problématique différente. On a par exemple une feuille de papier d’aluminium qui permet de « tester les sources lumineuses très localisées avec beaucoup d’intensité », détaille encore David Abreu. On peut également distinguer un pinceau, qui permet de bien mesurer la reproduction des détails.
Comment tester la définition
Les ingénieurs de Zeiss nous ont également présenté comment ils testaient la définition d’une image. Le but est simple : éviter au maximum les déformations. Le test repose ce coup-ci sur un ensemble de cercles avec des rayures noires et blanches. Le but étant que plus on se rapproche du centre du cercle, plus la définition va être compliquée à distinguer.
L’autre intérêt de ce test est qu’il permet de distinguer s’il y a une asymétrie ou des problèmes sur les bords de l’image. En effet, il n’est pas difficile de remarquer une anomalie sur des lignes parfaites.
Un revêtement antireflet pour jouer avec la lumière
Si vous avez bien regardé le dos du dernier Vivo X80 Pro, vous avez sans doute remarqué un étrange symbole en forme de « T* » rouge.
La présence de ce T* a pour but d’informer le consommateur que les lentilles de cet appareil sont recouvertes d’un revêtement spécial. Le revêtement consiste à appliquer une très fine couche (moins d’un µm) d’une texture très spécifique sur une lentille.
Son but est essentiellement de réduire les reflets créés par les lentilles. Ça a l’air simple comme cela, mais c’est un gros problème. « Sur n’importe quelle lentille, vous avez 95 % de la lumière qui passe. On pourrait dire ‘ce n’est pas si grave’, mais le problème, c’est quand on commence à en placer plusieurs à la suite. » On peut par exemple avoir une lentille au milieu de toutes les autres qui renvoie 5 % de sa lumière vers celle d’avant, qui renvoie vers celle d’après, et ainsi de suite.
C’est d’ailleurs de cette manière qu’on obtient un lens flare, ce fameux effet si cher à JJ Abrams, réalisateur de Star Wars épisode 7. Lorsque cela est maîtrisé, on peut y trouver une certaine esthétique, mais c’est globalement un défaut dans une image que Zeiss promet de corriger en appliquant un revêtement sur les lentilles.
La réduction des reflets a d’autres vertus. On pense par exemple à une hausse considérable des contrastes, car la quantité de lumière diffuse dans l’image est mieux maîtrisée.
Quelle différence avec Leica et Hasselblad ?
Ce travail sur la lentille, même s’il se contente d’ajouter un petit revêtement, nous semble pour le coup une spécificité du partenariat entre Zeiss et Vivo. À notre connaissance, Hasselblad se contente d’aider Oppo et OnePlus sur la calibration des couleurs tandis que la portée exacte du partenariat entre Leica et Xiaomi n’est pas encore connue.
En revanche, il est probable que les procédures sur les couleurs ou encore la définition que nous venons de vous présenter soient globalement les mêmes chez d’autres constructeurs. Ajoutons que de nombreux constructeurs comme Samsung, Apple ou Honor ne recourent pas à de tels partenariats, ce qui ne les empêche pas d’être bien placés dans les différents classements des meilleurs photophones.
NB. Cet article a été rédigé dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Vivo à Berlin, auprès des équipes de Zeiss.
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